Par Gerald Fruhinshold
C’était
le message de Pessah, le 14 nisan 5775, au Jardin de la tombe. La Pâque «
chrétienne » tombait le lendemain. L’on sait que le roi Constantin au 4 siècle,
qui avait déclaré que son empire était devenu « chrétien », avait décrété au
travers des conciles que la Pâque chrétienne ne devait n’avoir aucun rapport
avec la Pâque juive, et ne devait jamais être célébrée en même temps que
Pessa'h. Etait excommunié tout celui qui respectait le shabbat et honorait les
fêtes de l’Eternel. Et l’Eglise inventa ses propres fêtes.
«
Maintenant, nous n’avons plus rien de commun avec la nation détestée des Juifs,
notre Sauveur nous a tracé une autre voie », aurait dit Constantin. L’Eglise a
ainsi coupé ses racines d’avec Israël, la prunelle de l’œil de Dieu. Pouvait-on
sortir indemne de ce divorce, et surtout quelle vraie connaissance peut-on
avoir d’un Dieu déconnecté de ses racines ?...
Le
message du judaïsme concernant Pessah est de vivre Pessah, non de le commémorer
; de réellement vivre la sortie de l’Egypte - en hébreu mitsraïm - limites,
étroitesse. Le soir du seder de Pessa’h,
le croyant juif se dit à lui-même : Sors d’Egypte toi-même » ! ». Depuis 3 500
ans, il a ainsi cette volonté de sortir de son étroitesse et connaître toujours
plus la dimension de son Dieu pour mieux Le servir. Le peuple juif a acquis la
liberté en sortant de l’esclavage de l’Egypte… il a été libéré de la servitude
(avadim) de Pharaon, mais pour être au service (avadim) de Dieu : « Laisse
aller mon peuple, afin qu’il me serve ». Cet ordre fait à Pharaon est prononcé
six fois. D’esclave de Pharaon, le peuple juif devenait serviteur de Dieu.
C’est pourquoi, malgré ses errements, défauts et rébellions, le peuple de Dieu
demeure dans l’alliance, serviteur de l’Eternel : il est toujours le peuple de
l’alliance, destiné à être « la lumière des nations ».
Au service de Dieu, mais quel Dieu ?
Le
chrétien se veut également « au service » de Dieu. Les « vrais adorateurs »
(Jean 4 :23) que le Seigneur recherche sont des ‘avadei haEl ha’amiti’im. Le mot ‘ebed (pluriel avadim ou
avadei) désigne en même temps le serviteur et l’adorateur. Le chrétien est donc
aussi serviteur de l’Eternel. Tout en sachant que si nous avons été « choisis,
élus », si le Seigneur nous a permis de « naître de nouveau », d’avoir accès au
salut et à la vie éternelle, c’est « pour être Son ouvrage, pour (être) de
bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance » (Eph2 :8-10). Le salut n’est pas
« gratuit », il a un prix.
Or,
la qualité du service est fonction de la qualité de la relation du serviteur et
de son maître. La vérité est alors le paramètre indispensable d’une vraie
relation, et d’une vraie connaissance de Dieu. La sincérité de notre foi n’est
pas suffisante, elle doit être vraie. Nombre de religions et de sectes
existent. Quel est le Dieu que nous servons ?... Pour cela, nous avons besoin
de l’Esprit de vérité pour ne pas tomber dans des hérésies… Jésus le savait et
Il nous a donné ce/celui qui nous préserve de toute erreur : « Quand sera venu
le Consolateur, que Je vous enverrai de la part du Père, l’Esprit de vérité,
qui vient du Père, il rendra témoignage de moi » - Jean 15:26. C’est ainsi que
nous ne pouvons avoir connaissance de Dieu que par l’Esprit Saint. Etre baptisé
du Saint-Esprit, être immergé en Lui, est la condition indispensable pour
connaître le vrai Dieu. C’est en Jésus que le chrétien est baptisé, par
l’Esprit.
Jean
4:23 « Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le
Père demande ».
AbraHam et SaraH
Il
est remarquable de faire l’analogie avec Abram devenu AbraHam et Saraï devenue
SaraH. Tous deux ont reçu le « Hé » du Saint-Esprit (1), ou Schekhina, présence
du Dieu Créateur. Leur vie a changé radicalement lors de cette opération divine
(comment Nicodème, le grand docteur d’Israël, n’a-t-il pas pu comprendre que
l’on « naisse d’En-Haut »)... C’est ainsi que le couple prophétique que l’on
définit aussi comme Israël/Eglise (2), devint Père de toutes les nations. Par
l’Esprit, le couple Abraham/Sarah apprit à la fois sa vraie identité, ils
connurent sa vocation, et la réalité du Dieu/El-Schaddaï.
Fils de Dieu, Fils de David, Fils de
l’Homme
Pour
sortir des limites (mitsraïm), il importe de ne pas tomber dans des doctrines
ou des certitudes limitant la connaissance de Dieu et de son Messie. Par
exemple, nous constatons les navrantes divisions dans les différentes familles
chrétiennes, chacune croyant posséder la vérité - « Hors de (mon) église, pas
de salut ». Egalement dans la famille évangélique, l’on voit combien l’emphase
est placée sur le salut : « Je suis sauvé en Jésus, baptisé de l’Esprit, j’ai
l’assurance du salut, et j’attends l’enlèvement, merci Seigneur… ». Tout semble
clair et simple, Jésus est central, au point même que Dieu le Père est mis de
côté. Nous avons également tendance à focaliser sur nos droits « en Jésus »,
mais moins sur nos devoirs : servir l’Eternel, et se consacrer à Lui.
Dieu
n’est-il pas plus grand que nos conceptions humaines ?... Nous devons avoir
peut-être plus d’humilité pour appréhender ce mystère. Lorsque
Elisheva/Elisabeth était enceinte de 6 mois, l’ange Gabriel vint parler Ã
Myriam/Marie, à Nazareth, pour lui faire l’annonce de la naissance du Sauveur :
« Et voici, tu deviendras enceinte, et tu enfanteras un fils, et tu lui
donneras le nom de Jésus/Yeshoua (SALUT). Il sera grand et sera appelé Fils du
Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père. Il
règnera sur la maison de Jacob éternellement, et son règne n’aura point de fin
» - Luc 1 :31-33.
Quelle
annonce incroyable ! De là , Marie pouvait déduire que Jésus serait Fils de
l’Homme (terme utilisé plus de 50 fois par Jésus Lui-même), Fils de David,
appelé à régner sur la maison de Jacob, c'est-à -dire sur Israël, et Fils de
Dieu, un titre qui sera considéré comme blasphème par les religieux.
Shimon/Siméon, au Temple, prophétisera sur Jésus bébé, et dira de Lui : Il sera
« Lumière pour éclairer les nations, et gloire d’Israël, ton peuple » (Luc 2
:31). Sommes-nous conscients qu’Israël attend encore « sa gloire » ?...
Il
est difficile de dire enfin que Jésus a tout accompli à la Croix, et donc que
tout est clos. Oui Christ a prononcé ces paroles, et Il a satisfait la justice
de Dieu en mourant pour tous, mais l’histoire n’est pas finie. Il y a eu la
Résurrection, et Il y aura Son glorieux avènement. Le rôle du Fils de David
n’est pas encore rempli, et l’humanité ne s’est pas encore tournée vers le
Seigneur : « Tous ceux qui resteront de toutes les nations venues contre
Jérusalem monteront chaque année pour se prosterner devant le roi, l’Eternel
des armées, et pour célébrer Soukkot » - Zach 14 :16.
Le
message de Pessa’h/Pâque, c’est aussi cela pour nous chrétiens : sortons de nos
limites, de nos étroitesses d’esprit, et adorons l’Eternel dans la volonté de
participer activement à Ses projets d’amour. C’est aussi une manière d’élargir
notre tente et de bien fixer les piquets, avant la bourrasque. Ne nous
contentons pas d’une foi étriquée ou de certitudes toutes faites. Dieu
recherche des « adorateurs » des serviteurs qui L’adorent « en esprit et en
vérité ».
Source :
http://preparezlechemin.over-blog.com
-------------------------
(1)
Abram et Saraï « se voient pourvus d’un Hé qui marque la présence du souffle
divin du Tétragramme dans leur nom. La tradition décèle dans ces deux Hé
ajoutés la complémentarité des deux sexes pour accéder au divin: les deux Hé
cumulés donnent le nombre 10 qui est la valeur numérique du Yod, autre consonne
du Nom ineffable יהוה / YHVH, qui signifie
le pouvoir et la puissance de Dieu » (commentaire juif)
(2)
Cette parenthèse mérite bien sûr une étude plus approfondie. Je l’évoque dans
une brochure « Abraham, ami et prince de Dieu ». Abraham est « le fruit » et
Sarah est l’écorce, la protection du fruit. Ensemble, ils sont « UN », e’had.
L’Eglise a comme rôle pour les temps derniers de protéger Israël jusqu’à ce
qu’il rentre dans sa destinée finale.