La réalité est faite
de tout ce qui est visible, palpable, concret, mesurable.
Mais la vérité est bien plus large, plus
haute, plus profonde, transcendant nos dimensions pour prolonger la réalité
bien au-delà du visible jusque dans l’incalculable, l’insondable, l’éternel.
L’épître aux Hébreux dit que « ce qu’on voit n’a pas été fait de choses visibles
» (11/3).
Un des enjeux de la guerre
spirituelle qui est menée aux enfants de Dieu, consiste à les enfermer dans le
visible, le sensitif, le rationalisme émotionnel, le mesurable, ce qui revient
en définitive à leur fermer les yeux spirituels, les yeux du cœur. On devient
spirituellement aveugle lorsqu’on ne voit plus que le visible. Le chemin de la
foi devient impraticable. Or sans la foi il est impossible de lui plaire.
Un des enjeux de la vie chrétienne consiste
donc à dépouiller la réalité de sa prétention à définir la vérité, car si nous
laissons la réalité (ce qui est palpable, concret, visible) définir la vérité,
alors il ne faudra pas longtemps pour que nous regardions la foi comme une
illusion, la vie éternelle comme une incertitude, la Bible comme un livre, les
enfants de Dieu comme des pécheurs, le culte comme un théâtre, la présence de
Dieu … comme une absence.
Si nous accordons à la réalité le droit de définir la
vérité, nous élevons l’humain au-dessus du divin, la créature au-dessus du
Créateur, ce qui conduit inexorablement à ne plus croire qu’en soi-même, en son
propre jugement. C’est le fondement de l’iniquité.
Les enfants de Dieu doivent apprendre à donner
autorité, dans leurs pensées, leurs paroles, leurs raisonnements, à la vérité « … parce que nous regardons, non point aux choses
visibles, mais à celles qui sont invisibles; car les choses visibles sont
passagères, et les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4/18).
La réalité nous dit que nous sommes faibles
dans notre nature, mais la vérité nous dit que nous sommes forts lorsque nous
demeurons en Christ[1] et que nous marchons dans la lumière[2].
La réalité nous dit que ceux qui marchent avec
Dieu sont des pécheurs à qui il arrive d’être saints, tandis que la vérité dit
qu’ils sont des saints à qui il arrive de pécher. Ce n’est pas la même chose.
La réalité nous dit que nos ennemis sont plus
nombreux et plus forts que nous, mais la vérité nous dit que ceux qui sont avec
nous (et pour nous) sont en plus grand nombre que ceux qui sont contre nous[3].
La réalité nous ramène toujours sur terre,
tandis que la Vérité nous élève dans les lieux célestes, pour nous y assoir
avec Christ[4].
Elle nous entraîne à penser (et à croire) aux choses qui sont En Haut, et non à
celles qui sont sur la terre[5].
Dieu veut conduire nos pensées, notre vision, et notre raisonnement en dehors
du cadre de notre réalité[6].
La réalité nous dit que nous sommes indignes
d’être aimés de Dieu à cause de notre corruption, tandis que la vérité nous dit
que Dieu a donné son fils unique pour nous, alors que nous n’avions pas encore
eu la possibilité de tourner nos pensées vers lui. C’est la plus grande preuve
d’amour imaginable. Ne laissez pas votre réalité déformer la Vérité de Dieu. Ne laissez pas la réalité dire “qui
est Dieu”.
Affranchissez-vous de ce joug, de cette
dictature, pour entrer dans le conseil de la Vérité. Et vous serez
progressivement libérés ![7] Apprenez à confesser que la réalité
est, de toute éternité, soumise et assujetie à la Vérité, pas le contraire !
La place de la réalité, c’est d’être à genoux
devant la Vérité, afin que vous puissiez, en Christ, mettre votre pied sur son
cou[8].
Nous avons absolument besoin pour notre vie
d’une vision vivante, céleste, spirituelle, et d’entrer dans l’amour de la
vérité. Parce que le réel, c’est la mort[9].
Même le réel religieux, même le réel extraordinaire, même le réel brillant. Il
faut donc chercher une vision, prier pour une vision, parce que seule, une
vision qui vient du Ciel nous permettra de rencontrer, d’affronter et de
vaincre la mort sous toutes ses formes. De notre vivant.
« Tenez donc ferme: ayez à vos reins la vérité
pour ceinture » Ephésiens 6/14
Jérôme Prekel©www.lesarment.com
[1] 2
Corinthiens 12/10 : «C’est
pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les
calamités, dans les persécutions, dans les détresses, pour Christ; car, quand
je suis faible, c’est alors que je suis fort.»
[2] 1 Jean
1/7 : «Mais si
nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous
sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son Fils nous purifie de
tout péché.»
[3] 2 Rois
6/16 : «Il répondit: Ne crains
point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont
avec eux.»
[4] Ephésiens
2/6 : «il nous
a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux
célestes, en Jésus-Christ»
[5] Colossiens 3/1 à 3 : «Si donc vous êtes ressuscités avec
Christ, cherchez les choses d’en haut, où Christ est assis à la droite de Dieu.
Pensez aux choses d’en haut, et non à celles qui sont sur la terre.»
[6] Romains
12/2 : «Ne vous
conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement
de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce
qui est bon, agréable et parfait.»
[7] Esaïe
52/2 : «Secoue
de toi la poussière, lève-toi, assieds-toi, Jérusalem: délivre-toi des chaînes
de ton cou, captive, fille de Sion!»
[8] Josué
10/24
[9] Matthieu 8/22 : «Mais Jésus lui répondit: Suis-moi,
et laisse les morts ensevelir leurs morts».