par E.M. Bounds
La dévotion est un état d'esprit qui se trouve chez quelqu'un
d'entièrement consacré à Dieu. C'est un esprit de révérence, d'émerveillement,
de crainte de Dieu. C'est un état de cœur qui se manifeste devant Dieu dans la
prière et l'adoration, qui est opposé à tout ce qui ressemble à la légèreté
d'esprit, la plaisanterie mondaine, le bruit et la fanfaronnade. La dévotion a
sa demeure dans le royaume du calme; elle se tait devant Dieu. Elle est
sérieuse, pensive, méditative. La dévotion appartient à la vie intérieure, elle
habite "en cachette", mais apparaît aussi dans les réunions publiques
du sanctuaire. Elle fait partie de l'esprit même de la véritable adoration, et
relève de l'essence même de l'esprit de prière.
La dévotion appartient à l'homme dévot, pieux, dont les pensées et les
sentiments sont consacrés à Dieu. Un tel homme a abandonné son esprit
entièrement à la vie chrétienne, il possède une profonde affection pour Dieu et
un amour ardent pour Sa maison. Corneille était un homme "pieux et
craignait Dieu, avec toute sa maison; il faisait beaucoup d'aumônes au peuple,
et priait Dieu continuellement". "Des hommes pieux ensevelirent
Etienne." "Un homme nommé Ananias, homme pieux selon la loi"
(Actes 22:12) était envoyé vers Saül pendant son état de cécité, pour lui dire
ce que le Seigneur voulait qu'il fasse. Dieu peut se servir des hommes de cette
qualité de façon merveilleuse, car les hommes pieux sont des agents de choix
pour faire avancer Ses plans.
La prière développe l'esprit de dévotion, tandis que la dévotion
favorise les meilleures prières. La dévotion fait progresser la prière et aide
à conduire la prière droit vers le but qu'elle recherche. La prière s'épanouit
dans une atmosphère de véritable dévotion. Il est facile de prier lorsque nous
sommes dans un esprit de dévotion. L'attitude de notre intellect et l'état du cœur requis par la
dévotion rendent la prière efficace, pour qu'elle atteigne le trône de la
grâce. Dieu a Sa demeure là où réside l'esprit de dévotion.
Toutes les grâces de l'Esprit sont nourries et poussent vigoureusement
dans l'environnement créé par la dévotion. En effet, ces grâces ne poussent
nulle part ailleurs. L'absence de l'esprit de dévotion entraîne la mort de ces
grâces, nées dans un cœur
renouvelé. La véritable adoration se plaît dans une atmosphère créée par un
esprit de dévotion. Certes la prière est favorable à la dévotion, mais en même
temps la dévotion rebondit sur la prière et nous aide à prier. La dévotion
engage le cœur dans la prière. Il
n'est pas tâche facile pour les lèvres de prier alors que le cœur est absent. Le
reproche que Dieu faisait à Son peuple Israël dans les temps anciens était
qu'ils L'honoraient de la bouche et des lèvres, mais que son cœur était éloigné de Lui.
L'essence même de la prière, c'est l'esprit de dévotion. Sans la
dévotion, la prière n'est qu'une coquille vide, des paroles en l'air. Il est
triste de constater que cette forme de prière est très courante dans nos
églises aujourd'hui. Nous vivons dans une ère toujours pressée, affairée,
active, et c'est esprit d'agitation a envahi l'Eglise de Dieu. Ses prouesses
religieuses sont nombreuses. L'Eglise travaille la religion avec l'ordre, la
précision et la force d'une vraie machine. Mais trop souvent elle travaille
avec le même manque de cœur
qu'une machine. Il y a de ce mouvement de manège dans notre routine incessante
d'activités religieuses. Nous prions sans prier. Nous chantons sans chanter
selon l'Esprit. Nous avons de la musique sans que les louanges de Dieu y soient
présentes. Nous fréquentons l'église à force d'habitude, et nous sommes très
contents de revenir chez nous lorsque la bénédiction finale est prononcée. Nous
lisons notre chapitre habituel dans la Bible, et nous nous sentons plutôt
soulagés lorsque la tâche est accomplie. Nous prions machinalement comme un
ouvrier qui récite sa leçon par cœur, et nous ne sommes pas chagrinés lorsque le
dernier "amen" est prononcé. Le christianisme touche tout, sauf nos cœurs. Il engage nos mains
et nos pieds, il s'empare de nos voix, il empoigne notre argent, il touche même
notre posture corporelle, mais il ne s'empare pas de nos affections, de nos
désirs, de notre zèle, pour nous rendre sérieux, éperdument fervents, pour nous
faire taire et devenir des adorateurs dans la présence de Dieu.
Pourquoi donc tous ces tristes défauts dans notre piété? Pourquoi cette
perversion moderne de la vraie nature de la religion de Jésus-Christ? Pourquoi
le genre moderne du christianisme ressemble-t-il tellement à un coffret Ã
bijoux sans les bijoux à l'intérieur? La grande défaillance de l'Eglise
moderne, c'est l'absence de l'esprit de dévotion. Nous entendons des sermons
dans le même état d'esprit que nous écoutons un cours magistral ou un discours.
Nous nous rendons à la maison de Dieu comme si ce n'était qu'un lieu ordinaire,
au même niveau que le théâtre, la salle de cours à la convention. Nous
manipulons les choses sacrées comme s'il s'agissait des choses du monde. Il
faut que nous mettions l'esprit de dévotion dans les affaires du lundi, aussi
bien que dans la louange du dimanche. Il nous faut l'esprit de dévotion pour
nous rappeler la présence de Dieu, pour faire continuellement la volonté de
Dieu, pour diriger toutes choses toujours vers la gloire de Dieu.
L'esprit de dévotion met Dieu dans toutes choses. Il met Dieu non
simplement dans ses prières et dans sa fréquentation de l'Eglise, mais dans
toutes les occupations de la vie. "Soit donc que vous mangiez, soit que
vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la
gloire de Dieu" (1 Corinthiens 10:31). L'esprit de dévotion rend les
choses ordinaires de ce monde sacrées, et les petites choses, grandes. Par cet
esprit de dévotion, nous allons au travail le lundi dirigés par cette même influence
et inspirés par ces mêmes influences qui nous ont poussés à fréquenter l'église
le dimanche. L'esprit de dévotion transforme le samedi en sabbat, et le magasin
ou le bureau deviennent le temple de Dieu.
L'esprit de dévotion empêche le christianisme d'être simplement un mince
vernis et le met dans la moelle et dans l'essence même de notre âme. Notre
religion cesse d'être simplement un travail, elle devient un cœur qui envoie son sang
nourrissant à travers chaque artère, qui bat selon les pulsations d'une vie
énergique et radieuse. Toute l'ardeur de la dévotion se trouve dans la prière.
Dans le quatrième chapitre de l'Apocalypse, au verset huit, nous lisons: "Ils
ne cessent de dire jour et nuit: Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le
Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient!" L'inspiration et le
centre de leur dévotion pleine d'extase sont la sainteté de Dieu. Cette
sainteté de Dieu réclame leur attention, elle embrase leur dévotion. Il n'y a
rien de froid, de morne, de lassant chez eux, ni dans leur adoration céleste.
"Ils ne cessent jour et nuit": quel zèle! Quelle ardeur
infatigable, quel ravissement perpétuel! Le ministère de la prière, s'il est
digne de ce nom, est un ministère d'ardeur, c'est un ministère d'une envie
intense et inlassable de Dieu et de Sa sainteté.
Cet esprit de la dévotion remplit entièrement les saints au ciel, et
caractérise l'adoration des intelligences célestes, les anges. Aucune créature
dépourvue de l'esprit de dévotion n'existe là -haut dans le monde céleste. Dieu est
là , et Sa présence même engendre l'esprit de révérence, de crainte émerveillée,
et de la peur véritable. Si nous souhaitons réellement y participer avec eux
après la mort, nous devons d'abord apprendre cet esprit de dévotion ici-bas,
avant d'arriver là -haut. Ces êtres vivants, de par leur attitude inlassable,
infatigable marquée par la soif de Dieu, symbolisent et manifestent
parfaitement la véritable prière et son ardeur. La prière doit être enflammée.
Son ardeur doit consumer. La prière sans ardeur est comme le soleil sans
lumière ni chaleur, ou comme une fleur sans beauté ni flagrance. Une âme
consacrée à Dieu est une âme fervente, et la prière est la manifestation de
cette flamme. Celui-là seul qui est tout enflammé pour la sainteté, pour Dieu,
et pour le ciel, peut vraiment prier.
L'activité n'équivaut pas à la force. Le travail n'équivaut pas au zèle.
L'activisme est souvent le symptôme reconnu de la faiblesse spirituelle: il
peut nuire à la piété lorsqu'il se substitue à la véritable dévotion dans notre
adoration. Le poulain est beaucoup plus actif que sa mère, mais c'est elle qui
porte le plus gros du poids, tirant la charge sans bruit ni fanfaronnade ni
vantardise. L'enfant est plus actif que son père, qui lui porte peut-être la
gouvernance et les fardeaux de tout un empire sur ses épaules et dans son cœur. L'enthousiasme est
plus actif que la foi, alors que l'enthousiasme n'est pas capable de déplacer
des montagnes, ni d'invoquer aucune des forces omnipotentes que la foi peut
commander.
L'activité se fait souvent au dépens des éléments plus solides, plus
utiles, et généralement s'accompagne d'une négligence totale de la prière. Être
trop occupé par les affaires de Dieu pour communier avec Dieu, être trop occupé
par le travail de l'Eglise pour prendre le temps de parler avec Dieu de Son
œuvre, voilà le chemin royal qui amène les gens à rétrograder; et nombreux sont
ceux et celles qui, leur âme immortelle en souffrant, ont foulé ce chemin.
Source: The Watchword
Référence: "Essentials of Prayer" (Les Fondements
de la Prière), E.M. Bounds
Traduit par Nicole de Girardier pou ERM
Source :
http://sentinellenehemie.free.fr