De tels témoignages nous aident à ressentir, en tant qu'Eglise libre
d'Occident, une partie de l'agonie et de l'affliction des chrétiens de l'Eglise
du silence, pour lesquels suivre JĂ©sus-Christ Ă©quivaut Ă une sentence de mort.
En face d'un engagement si total pour le Sauveur, nos modèles
d'adoration, de consécration et de maturité chrétiennes dans nos pays libres,
ne semblent-ils pas devenir en réalité bien fades. Qu’avons-nous fait de la
Croix du Sauveur? Que signifie pour nous "renoncer Ă tout pour suivre
Christ"? Quels sont nos modèles de foi et d'excellence chrétiennes? Avons-nous
un seul moment intégré l'idée de la souffrance et de la persécution dans notre
croix quotidienne et dans notre vie communautaire d'Ă©glise? Y sommes-nous
préparés?...
La sclérose de la foi en Occident ne peut être imputée qu'à la pléthore
de nos richesses et Ă la multitude de nos occupations individuelles ou
ecclésiales, en apparence légitimes et nécessaires, mais ne constituant
certainement en vérité que des oeuvres inutiles et mortes dont nous ne pouvons
pas nous passer. Il est fort probable que nous soyons devenus si riches en
nous-mêmes que nous n'avons plus besoin de Dieu, et que nous ne Le désirons pas
au point que ce désir soit devenu une question de survie, et même de vie ou de
mort. Nos maisons sont remplies d'abondance et fleurissent dans le confort de
notre société de consommation et de hautes technologies - et dehors, le monde
soupire et agonise, croûle dans la misère et meurt dans ses péchés! Notre
christianisme rejette vigoureusement la promesse des persécutions que nous a
laissée Jésus (Marc 10:30). Notre piété est bien souvent un vêtement de paille
qui n’a pas en elle la force pénétrante de l’amour sacrificiel véritable pour
Christ. Cette parole du pieux Sadhou Sundar Singh
ne peut être plus appropriée : "Dire que le christianisme est un échec
en Europe et en Amérique est une grave erreur et n'est pas basé sur
l'expérience. Pourtant, dans mes voyages en Occident, j'ai trouvé les gens si
occupés par leur travail, leurs affaires, leur bureau, leur commerce, qu'ils
n'ont plus de temps pour prier et recevoir les bénédictions de l'Evangile."
Richard Wurmbrand a dit : "Dans un pays libre, pour ĂŞtre membre
d’une église, il est suffisant de croire et d’être baptisé. Dans l’Eglise
souterraine, ce n’est pas suffisant d’en être membre. Vous pouvez être baptisés
et vous pouvez croire, mais vous ne serez pas un membre de l’Eglise souterraine
Ă moins que vous ne sachiez comment souffrir... Il est fort probable que vous
ayez la foi la plus puissante du monde, mais si vous n’êtes pas prĂ©parĂ©s Ă
souffrir, alors le jour oĂą vous ĂŞtes pris par la police, vous aurez deux
claques et vous ne déclarerez rien. Ainsi la préparation à la souffrance est
l’un des éléments essentiels dans la préparation du travail souterrain. Un
chrétien ne panique pas s’il est jeté en prison. Pour le croyant ordinaire, la
prison est un nouvel endroit où il peut témoigner pour Christ. Pour un pasteur,
la prison est une nouvelle paroisse. C’est une paroisse sans grands revenus
mais avec de grandes opportunités de travail. Je parle un peu de cela dans mon
livre " With God In Solitary Confinement " (Avec Dieu en Cellule
d'Isolement)."
Dans nos propres pays démocratiques, nous hésitons à témoigner de Christ
ouvertement de peur d’être traités de sectes ou de fanatiques; la crainte des
hommes nous entraîne même à dénoyauter l’Evangile de sa substance vivifiante,
pour ne communiquer Ă la place qu’un message sans force en nous rabaissant Ă
employer des méthodes impies des mondes du spectacle, du marketing ou de la
publicité pour "faire passer le message sans choquer" et pour éviter
de porter l'opprobre de JĂ©sus. Combien faible sera notre foi lorsque la
persécution ouverte fondra sur les enfants de Dieu !
Vivre "les mêmes souffrances qui sont imposées à nos frères dans le
monde" (1 Pierre 5:9) ne peut pas s'improviser du jour au lendemain. Une
préparation est nécessaire. Bien-aimés saints de Dieu, armons-nous de la pensée
de souffrir pour la cause de Christ et pour Son nom, car le moment vient
bientôt où chacun de nous devra se trouver confronté à la décision ou non de
suivre Christ quoi qu'il en coûte. Reconnaissons comme l'apôtre Pierre notre
confiance excessive en nous-mêmes et notre humble besoin de la grâce de Dieu.
Oh! que nous soyons déterminés à nous repentir de nos tiédeurs et compromis, en
prenant le sac et la cendre, et en nous humiliant nous-mĂŞmes sous Sa main
puissante car l’heure est déjà avancée, et la fournaise ardente annoncée par
les prophètes vient !
Il est quelque chose de grave et de solennel que le Seigneur veut nous
faire revivre en Occident, c'est l'épreuve de notre foi, plus précieuse que
l'or périssable (1 Pierre 1:7), à travers la souffrance et la persécution. Les
plus grands saints dans l'histoire de l'Eglise, ceux qui nous ont transmis les
révélations les plus profondes sur la beauté de Christ et l'immensité infinie
de Sa grâce, sont ceux qui ont été purifiés, façonnés, et travaillés dans les
détresses les plus inimaginables et les prisons les plus solitaires : Daniel,
Joseph, Elie, Jérémie, l'apôtre Paul, Jean-Baptiste, Jérôme Savonarole,
John Bunyan, Watchman Nee,
Samuel Rutherford, etc.. Tertullien avait raison d'affirmer que le sang des
martyrs a toujours Ă©tĂ© la semence de l'Eglise. Tiendrons-nous devant Lui Ă
l’heure de l’épreuve, de la persécution, du rejet, de la famine?
Souvenons-nous de ces quelques pensĂ©es que John Bunyan nous livre Ă
propos de son incarcération lorsque viendra la persécution :
"Avant mon incarcération, j'avais prévu ce qui devait m'arriver et
deux choses brĂ»laient dans mon cĹ“ur sur la façon dont je pourrais faire face Ă
la mort, si j'en arrivais là . Je fus poussé à prier, à demander à Dieu de me
fortifier "Ă tous Ă©gards par sa puissance glorieuse, en sorte que vous
soyez toujours et avec joie persévérants et patients. Rendez grâces au
Père."
Pendant toute
l'année qui précéda mon arrestation, je ne priais presque jamais sans que ce
verset des Ecritures ne me revienne Ă l'esprit et sans que je ne comprenne que
pour souffrir avec patience et surtout avec joie, il fallait une grande force
d'âme.
"La seconde
considération fut dans le passage suivant: "Et nous regardions comme
certain notre arrĂŞt de mort, afin de ne pas placer notre confiance en
nous-mĂŞmes, mais de la placer en Dieu, qui ressuscite les morts." Grâce Ă
ce verset je compris que si j'en arrivais Ă souffrir comme je le devais,
premièrement je devais condamner à mort tout ce qui appartenait à notre vie,
considérant ma femme, mes enfants, ma santé, les plaisirs, tout, enfin, comme
morts pour moi et moi pour eux.
"Je résolus, comme
dit Paul, de ne pas regarder les choses qui se voient, mais celles qui ne se
voient pas; parce que les choses qui se voient sont temporelles alors que
celles qui ne se voient pas sont Ă©ternelles. Et. je compris que si je m'Ă©tais
prĂ©parĂ© seulement Ă la prison, je pourrais Ă l'improviste ĂŞtre appelĂ© aussi Ă
être fouetté ou attaché au pilori. De même si je m'attendais seulement à ces
châtiments, je ne supporterais pas celui de l'exil. La meilleure façon de
supporter les souffrances Ă©tait d'avoir confiance en Dieu, pour ce qui Ă©tait du
monde à venir, et pour celui-ci, il fallait considérer le tombeau comme ma
demeure, dresser ma couche dans les ténèbres et dire à la décomposition: c'est
toi mon père et à la vermine: Ma mère et ma sœur (Job 17:13-14)."
Par la bouche de Paul, le Saint-Esprit nous dit que c'est par les
tribulations du Royaume que la profondeur incommensurable de l'amour de Christ
pourra être expérimentée pleinement dans nos coeurs. Par dessus tout, le
Seigneur Lui-mĂŞme saura nous fortifier et nous affermir afin que notre foi ne
défaille pas. Même dans les tragédies les plus sombres, nous serons cachés dans
l'amour du Sauveur, ayant l'espérance de l'éternité de gloire avec Celui qui
nous a tant aimés.
"Qui nous
séparera de l’amour de Christ? Sera-ce la tribulation, ou l’angoisse, ou la
persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée? selon qu’il est
écrit: 'C’est à cause de toi qu’on nous met à mort tout le jour, qu’on nous
regarde comme des brebis destinées à la boucherie.' Mais dans toutes ces choses
nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.Car j’ai l’assurance
que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses
présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur,
ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en
Jésus-Christ notre Seigneur.” (Romains 8:35-39).
Ainsi, la souffrance est l'unité de mesure de l'amour de Dieu révélé
à nos coeurs, dans la dimension de l'éternité divine, ainsi que l'instrument de
choix de Dieu pour nous rendre semblables Ă Son Fils. La glorification des
fils de Dieu passe par cette pédagogie divine, douloureuse mais purificatrice -
seuls l'amour véritable pour Jésus et notre abandon confiant à Sa grâce feront
de nous des vainqueurs de la foi tels ceux d’Hébreux 11.
"L'amphithéâtre de Rome… Une poignée d'hommes et de femmes firent
leur entrée. Certains priaient, certains chantaient, même des chants de louange
! Ils ne semblaient pas voir les yeux injectés de sang des bêtes rendues folles
par la faim. Tous les yeux étaient levés. Ils lèvent les yeux haut, haut vers
les montagnes d'où leur viendra le secours, et jetés entre les mains d'un
sacrifice sanglant, ils élèvent une foi que toute la puissance de la terre et
de l'Enfer n'a pas été capable de détruire (...).
En plongeant notre
regard dans cette image venue des siècles, une grande question remplit nos
cœurs: D'où venait leur force? D'où venait leur courage ? (...) Ne les
trouvons-nous pas dans cette source qui envoya dix mille fois, dix mille des
âmes les plus brillantes, les plus précieuses dans notre monde désertique - la
source de l'Amour? Plantée il y a 19 siècles sur le mont du Calvaire, en
s'élevant tout droit à côté de la tombe et détruisant l'aiguillon de la mort,
et apportant la guérison aux nations, son essence n'a t-elle pas été la
motivation de tout vrai renoncement offert par les disciples du Crucifié, à la
fois au temps des martyrs et Ă notre propre Ă©poque?
C'Ă©tait l'amour !
C'Ă©tait l'amour qui endurait. A travers les longues nuits sans sommeil des
froides prisons, Ă deux pas de la torture, lorsque le corps Ă©tait affaibli par
le manque et la faim, c'Ă©tait les pulsations de l'amour qui battaient fort;
c'était l'amour qui tenait ferme à travers les feux et n'était pas brûlé.
C'était l'amour qui traversait la mort et n'était pas anéanti.
Serez-vous trouvé
parmi ce nombre? La même grâce, la même victoire, le même Ciel sont nôtres pour
le temps présent et l'éternité par la puissance du même amour. Des batailles
aussi sombres peuvent être livrées, des luttes aussi longues et plus longues
peuvent être menées, et des conquêtes aussi grandes peuvent être gagnées, afin
qu'ici et dans l'au-delĂ devant Son trĂ´ne, nous puissions nous joindre Ă la
grande et éternelle chorale de louange qui célèbre la grâce victorieuse."
- Love Is All (L'Amour Est Tout), Evangeline Booth.
Source :
http://sentinellenehemie.free.fr