Barman et chrétien.
Â
Philippe Malidor: Jean-Luc, tu tiens un petit café, et celui-ci est original: j'y ai vu
quelques posters avec des versets bibliques.
Â
Jean-Luc Burnod : Oh! Il doit y avoir
d'autres cafés décorés de la même façon! Mais c'est vrai que depuis quelques
années je suis chrétien. Ou plutôt, j'ai compris ce que signifie être chrétien;
auparavant, je pensais l'être, mais depuis ce changement-là , je cherche à faire
connaître Celui qui m'a sauvé, Celui qui dirige ma vie maintenant; c'est pour
cette raison que j'ai des posters bibliques dans mon bar.
Â
- Quelque chose me laisse à penser que ton histoire ne doit pas être très
ordinaire. Déjà , le café et le fait d'être chrétien, ça ne va pas ensemble, aux
dires des gens...
Â
- C'est vrai, et nous avons affronté ce
problème, ma femme et moi: car nous étions patrons de bistrot lorsque nous nous
sommes convertis.
Dans
un premier temps, nous avons désiré vendre ce bar pour nous séparer de cette
manière de vivre consistant à donner à boire aux gens un peu plus que
nécessaire, ce qui nous aidait... à gagner notre vie. Puis un jour, j'ai été
interpellé par un texte du prophète Habakuk : « Malheur à celui qui fait
boire son prochain (...) afin de voir sa nudité » (Hab. 2: 15). Après
tout, quand on faisait une bonne journée, c'est que certains avaient trop bu;
et c'était ces bonnes journées qui nous permettaient de vivre. Nous avons alors
mis ce bar en vente, mais il ne se vendait pas; jusqu'au jour, où, en priant et
en réfléchissant avec d'autres chrétiens, nous comprenions que le but de Dieu
n'était pas qu'on le vende. D'ailleurs, il nous l'a confirmé de différentes
manières que je n'ai pas la place de détailler ici. Puisque le problème ne
semblait pas relatif au bar lui-même, mais à l'alcool, nous avons cessé d'en
vendre à partir de mars 1984.
Â
la secte, c'est les
autres
Â
- Je crois savoir que tu as « fait» 20 ans de secte...
Â
- D'abord, il faut dire une remarque au
sujet du mot «secte », parce que la secte n'est jamais l'endroit où on est...
J'ai pour ma part passé 20 ans dans une secte, tout en disant: «Ce n'est pas
une secte! ». Ceux qui m'écoutent ou me lisent sont peut-être en train de se
poser précisément la question: suis-je ou non dans une secte? J'ai cru Ã
l'époque vivre une démarche chrétienne. Mes parents sont entrés dans un
mouvement qui, au début, n'avait pas l'aspect d'une secte. D'ailleurs, c'était
plutôt un petit groupe de personnes, comprenant un «pasteur» ayant un don de
guérison, en rupture avec son milieu d'origine, et sa femme qui faisait valoir
un «don de prophétie »... Mes grands-parents étaient athées, et mes parents
avaient été amenés à se convertir dans l'Église protestante. Mais le train-train
journalier, l'école du dimanche, le culte, voire une réunion dans la semaine,
ne représentait pas pour eux la plénitude de la vie chrétienne. Avec ce
«pasteur-là », ils ont cru entrevoir une réponse à leur recherche et se sont
ainsi laissés embrigader pour une vie entière, où il fallait se donner
complètement à Dieu. Cette idée-là n'est certes pas contestable en soi; mais,
en l'occurrence cela voulait dire tout bonnement se soumettre à ce «pasteur» et
à son pouvoir autoritaire.
Â
- Cette communauté, vivait-elle en autarcie? Était-elle séparée de la société
?
Â
- Non, pas vraiment au départ. C'est en
Savoie que cela a démarré; ce pasteur voulait créer une maison de guérison (un
healing-home, dit-on en Anglais). Au début, cela avait l'air très gentil, très
engagé chrétiennement: il y avait des moments de prière, et même certaines
guérisons dont bénéficiaient telles ou telles personnes, quelquefois situées Ã
l'autre bout de la France, et qui avaient sollicité la prière en leur faveur.
Mais la déviation n'a pas tardé: le groupe pouvait dès lors être assimilé à une
secte. Je précise au passage que ce mot « secte » a dépassé la connotation
qu'il avait à l'origine: «se séparer de ». Le Nouveau Testament rapporte par
exemple que les premiers chrétiens étaient qualifiés quelquefois de secte
(Actes 24: 5 et 14). Aujourd'hui, il n'en reste plus que le sens péjoratif,
toujours associé à la notion d'exploitation de l'homme.
Â
- De toute façon, une petite église est éventuellement considérée comme une
secte par bien des gens, comme tout groupement religieux de faible taille. En
quoi distingues-tu petite église et secte ?
Â
- C'est toute mon histoire qui m'a aidé Ã
faire la distinction entre les deux. La secte a besoin de quelqu'un qui lui
donne des ordres, alors que le chrétien prend les siens auprès du Seigneur pour
les implications de toute sa vie. Il ne faut pas pour autant récuser toute
notion de soumission à l'autorité en place dans l'église. Mais celle-ci doit
avoir ses limites: la conscience du bien et du mal dont Dieu nous a pourvus, et
l'enseignement dispensé par sa Parole. Ces deux armes nous rendent capables de
juger des directives, lesquelles ne devraient jamais se traduire pas des
ordres. Or, le principe de base de la secte où je me trouvais était le suivant:
obéir à l'autorité du dirigeant, c'est obéir à Dieu ! Un tel principe,
évidemment, a entraîné des excès effrayants.
Mes parents ont été contraints de vivre
séparément, à l'intérieur de la secte: donc démantèlement de la cellule
conjugale, puis démantèlement de la cellule familiale. Or, le prétexte à cela
était ce texte de l'Ancien Testament : « Lévi dit de son père et de sa
mère: je ne les ai point vus! Il ne distingue point ses frères, il ne connaît
point ses enfants. Car ils observent ta parole, et ils gardent ton
alliance. » (Deutéronome 33: 9). Ainsi, il n'y avait plus de famille,
on devenait tous « frères ». Interdiction dès lors d'appeler mon père « papa »,
interdiction d'appeler ma mère « maman »; nous portions désormais un prénom que
nous avions choisi.
Â
- On perdait même son identité officielle ?
Â
- Complètement! C'était une «
déprogrammation» complète. Cela s'est passé en Suisse, en 1962, où la «
communauté» avait émigré. Depuis un an déjà , le processus de sectarisation
était amorcé, mais il s'est très vite accéléré. Nous avons passé deux ans sans
informations extérieures, sans poste de radio, sans journaux, sans livres. Même
sans Bible, pendant un moment... Il ne subsistait plus qu'un matraquage de
toutes sortes de doctrines et de données qui nous tombaient dessus.
En 62, j'avais 11 ans, il est évident que
j'ai tout gobé, comme mes deux frères.
Â
Quand le jour filtre par
les fissures
Â
- Au fil des années, qu'est-ce qui t'a alerté? Car tu pourrais encore être
prisonnier de cette secte...
Â
- Peu de choses m'ont alerté, puisque
j'avais admis les bases : ne pas réfléchir, ne pas critiquer l'autorité, parce
que s'opposer, c'était faire l'œuvre de Satan. Donc, je ne réfléchissais pas,
comme tous ceux qui sont à l'intérieur. C'est la miséricorde de Dieu qui m'a
permis d'en sortir. D'abord ma mère s'est échappée très vite. En 64, elle a
compris que ça n'avait plus rien à voir avec la démarche chrétienne et
évangélique à laquelle elle aspirait. Dieu lui a ouvert une porte, et elle a eu
le courage de s'en aller, contrairement à nous qui étions sous une forme
d'hypnose. Elle a rencontré des chrétiens, qui l'aidèrent d'une manière
admirable, puis elle a commencé à prier pour sa famille, qui restait dans les
griffes de cette communauté, et Dieu lui a donné la certitude qu'on en
sortirait; et, 25 ans après, il n'y reste aujourd'hui plus que mon père. Nous
sommes quatre enfants (trois frères et une sœur), tous sortis de la secte.
Â
Ma libération a été le fruit de
circonstances (qu'il serait trop fastidieux de raconter) qui me rendaient
insupportable pour eux... Je devenais un concurrent qui se mettait à réfléchir,
à prendre son indépendance. Et un jour, ils m'ont dit : « Va-t-en! »
Â
- Ils ont eu peur que tu gangrènes la communauté...
Â
- C'était un drôle de problème, parce que j'étais officiellement propriétaire de la maison et des terres sur lesquelles
ils étaient. C'est à travers cela que je reconnais l'œuvre de Dieu : sans cette
clause, ils m'auraient gardé par tous les moyens. Et je me suis retrouvé au
dehors. J'ai passé un an sans comprendre ce qui m'était arrivé. Je craignais
même d'avoir abandonné l'appel que Dieu m'avait adressé... Mais je voulais
étouffer ce sentiment de culpabilité en essayant de faire quelque chose pour
les autres. J'ai voulu aller à Terre des Hommes, puis à l'Unesco. Mais, sans
diplôme, ils n'ont pas voulu de moi! Il faut être diplômé pour espérer aider les
gens dans le Tiers Monde...
Â
Le vrai visage de Dieu
Â
- Tu aurais pu finir - comme beaucoup de gens, d'ailleurs - écœuré de «la
religion», écœuré de Dieu, et peut-être écœuré de la Bible...
Â
- J'avais une Bible: je l'avais emportée,
et je suis resté sans la lire pendant un an. Je ne pouvais plus.
Car chaque fois que je l'ouvrais,
revenaient à mon esprit les concepts en vigueur dans cette secte; ils étaient
là , dans ma tête, me matraquant au moment où je lisais le texte, porteurs
d'interprétations faussées... Et puis, à Noël 81, ma mère m'a payé une Bible
(d'étude) dite « à la Colombe » que j'ai toujours. J'étais alors à ce moment-lÃ
dans une démarche orientaliste. Je pratiquais l'aïkido, le Zen, un peu de
yoga...
Â
Je cherchais un autre sens de vérité,
évidemment insatisfait de ce que je venais de laisser tomber. Mais j'ai
commencé à lire cette Bible dont la traduction était neuve pour moi, avec ma
femme. J'avais exploré beaucoup d'ouvrages de philosophie de tous les bords,
mais ils ne m'avaient pas apporté de réponse à un problème fondamental de mon
existence : j'avais le désir de faire le bien, mais c'était toujours le mal que
je faisais, à moyen et long terme. Ma première réaction consistait bien Ã
renoncer un peu à moi-même, mais dès qu'il fallait prolonger, l'égoïsme
reprenait le dessus... Certaines choses me dépassaient et elles me faisaient
faire bien plus de mal que je ne l'aurais jamais pensé.
Â
- C'est ce qu'on lit dans l'épître aux Romains: « Je veux faire le bien mais
je commets le mal, et je ne comprends même pas pourquoi. »Â
Â
- Exactement. Et je pensais arriver, dans
l'aïkido, à trouver une force qui me permettrait de maîtriser cette mauvaise
tendance en moi. En fait, l'aïkido frise la magie, puisqu'on se laisse d'abord
investir par un « esprit », comme dans la plupart des arts martiaux japonais.
On fait un vide mental et on attend que l'Énergie nous remplisse... Mais le
vrai sens du mot japonais « Ki », c'est : « souffle » ; «esprit». En fait,
après quelques années de pratique, j'en étais arrivé à la conclusion que
j'avais des capacités accrues... de faire le mal également.
- En commençant à lire la Bible avec ma
femme, je me suis dit: Quand je me suis mis à lire ces bouquins, à pratiquer
l'aïkido, il a fallu que j'admette des concepts qui m'étaient totalement
étrangers; sinon, je ne pouvais ni pratiquer ni comprendre ce que je faisais.
Je vais donc procéder de même avec la Bible: je vais l'admettre. Or, il y avait
un livre biblique qui était très dur pour moi à admettre : le livre de Job.
Alors, j'ai débuté avec celui-là . Si j'admettais Job, j'admettais tout, et je
connaîtrais les bases des lois de la Bible - je raisonnais à l'époque en termes
de loi-. Cette lecture a été une véritable bataille. Heureusement, nous étions
deux, car il nous arrivait de ne pas avoir envie de lire, mais nous avions
décidé que, une demi-heure par jour, on lirait cette bible, jusqu'à ce qu'on
arrive à comprendre.
Â
-Â Le livre de Job n'est pas celui de la logique: c'est au contraire le livre
de l'illogique du mal, de la souffrance.
Â
- Mais on insistait. Il y avait
quelquefois des choses qui m'arrêtaient. Je me disais : « Alors là , Dieu, il
exagère ! »
Â
-Â Et au bout de cette lecture ?
Â
- En lisant Job 33 je suis tombé sur un
texte qui m'a parlé du Seigneur, du Christ, où il est dit que Dieu a trouvé une
rançon et qu'il fait grâce (verset 24). J'avais une bonne connaissance de la
Bible, l'ayant lue pendant 20 ans (évidemment avec une vision fausse); mais ce
jour-là , en lisant ce texte, tous les autres passages me sont revenus en mémoire,
disant que Jésus avait donné sa vie en rançon pour plusieurs, qu'il avait payé
à notre place. D'un coup, j'ai compris que tous ces fardeaux qui pesaient sur
moi, tous ces péchés que ma vie - ma nature - tordue m'avait fait commettre, je
pouvais les confesser à Dieu. Avec ma femme, nous avons entrepris cette
confession qui a duré quelques mois. Tout ce qui remontait de notre passé, nous
le présentions à Dieu : « Mon Dieu, je te demande pardon, et je sais que tu
m'as pardonné; et s'il y a d'autres choses, tu me les rappelles, tu me les
montres. »
Â
- Il vous a rafraîchi la mémoire, le ménage a été fait.
Â
- Oui, ça a été le grand nettoyage. Et Ã
la suite de ça, notre vie chrétienne à tous les deux a pris son essor, c'était
merveilleux. Au début de ma conversion, je me réveillais la nuit en disant: « Mon Dieu, je t'aime ». Je ne suis pas hyperémotif. À l'époque je ne l'étais
absolument pas : j'étais une lame d'acier. Mais là , j'avais découvert quelque
chose, quelque chose qui résonnait en moi.
Â
Erreurs de jeunesse
Â
- Comment travailles-tu à faire connaître l'Évangile ? Je crois que ton bar
t'aide, finalement.
- Puisque Dieu m'a voulu dans ce bar, il
est évident que c'est là que j'ai à parler de lui. Il y a d'autres endroits,
c'est vrai, chez des amis; il y aura d'autres moyens, on va le dire tout Ã
l'heure. Pour ce qui est du bar, les choses n'ont pas été faciles: j'ai
commencé à parler non pas de l'Évangile, mais de tout ce qu'il ne fallait pas
faire. Bien que cette démarche ne soit pas très intelligente, c'est pourtant
celle de beaucoup de chrétiens qui démarrent dans la foi: ne faites pas ci, ne
faites pas ça. Méfiez-vous des choses occultes, et encore de ci et de ça. J'en
oubliais complètement de parler du Seigneur.
Un jour, je m'en suis rendu compte en m'entretenant
avec un gars qui faisait la route (il avait 63 ans); il connaissait la nature
humaine. Je lui ai parlé pendant un bon moment, puis brusquement, il m'a
regardé en me disant: «Tu sais, si tu ne me regardes pas dans les yeux quand tu
me parles, c'est pas la peine de réciter tes trucs.» Quelle gifle ! Mais j'en
remercie le Seigneur, parce que ce gars-là m'a lancé ce qu'aucun chrétien
n'avait été capable de me signaler. Et j'ai compris que c'était vrai; je lui ai
répondu: « C'est vrai: j'ai récité; mais en même temps, je sais que c'est vrai,
ce que je vous ai récité.»
Â
Cela dit, il est impossible de parler de
Dieu correctement, sans son aide. Je passais mon temps à essayer de démontrer
que j'avais fait une bonne démarche en croyant en Dieu. Je « m'amenais » en
même temps que Dieu. Je n'ai pas vu de conversion à cette époque. J'ai vu des
gens avoir des expériences avec le Seigneur, mais pas de conversion. Car je
pratiquais le témoignage comme j'avais pratiqué les arts martiaux: je devenais
une sorte de zombie, avec quelque chose de superpuissant qui parlait à travers
moi. La réalité, au contraire, c'est que Dieu nous laisse libres de décider.
C'est récemment que j'ai compris qu'il m'appartenait de décider d'arrêter
certaines manières de parler, de penser, de faire de l'ombre au Seigneur. Et
maintenant, oui, je commence à voir des fruits, parce que ce n'est plus moi que
je mets en avant, mais le Seigneur qui devient de plus en plus vivant en moi.
Je l'avais connu au moment de ma conversion, mais hélas, il y a eu un moment où
je l'ai presque perdu - perdu de vue.
Â
Le Seigneur ne s'exprime pas au moyen
d'une seule phrase. Il nous parle tous les jours de notre vie. Mais une fois,
j'ai reçu une vision dans ma tête: mon œil regardait la Bible, et au-delà du livre,
il y avait Jésus. J'ai réalisé qu'en fait, je nourrissais l'obsession suivante:
je ne veux plus retomber dans une secte, donc, pour me prémunir, il faut que je
connaisse à fond la Bible, afin de pouvoir démasquer tout de suite une secte.
Hélas, je me méfiais de tous les chrétiens, dans la mesure où aucun n'est
doctrinalement tout à fait juste.
Â
- Cette méfiance n'a-t-elle pas quelque chose de salutaire ?
Â
- Oui, mais seulement, elle ne se basait
pas sur la confiance que j'aurais eu en Dieu auquel j'aurais dit: « Ne
me soumets pas à la tentation », mais elle se fondait sur mon
intellect. Ce que je mettais en avant, forcément, c'était ma puissance. Et puis
un jour, Dieu m'a montré : « regarde ce que tu fais: tu regardes la Bible pour
y trouver une solution, mais n'oublie pas que c'est le Seigneur qu'on doit
regarder, à travers cette Bible. »
J'avais de vieilles habitudes, que
j'ignorais, mais qui m'handicapaient pour rechercher Dieu. Alors, Dieu s'est
révélé à moi, et il m'a révélé à moi-même, de différentes manières. Plus
j'avance dans la vie chrétienne, plus je me rends compte que je n'ai pas la
main haute sur mes actions. Je suis un être que Dieu peut employer -
imparfaitement -, parce que cet être ne se soumet pas parfaitement...
Â
S'engager avec foi
Â
Un jour un couple vient me voir, surchargé
de problèmes: sans emploi, les enfants recueillis par la DASS parce qu'ils
dormaient dans la voiture. Une assistante sociale me téléphone, sachant que
j'avais des chambres meublées à l'étage: « Est-ce que vous pouvez les loger?
Ils auront de l'argent, mais il faut que vous fassiez crédit. » C'est moi
qu'elle avait contacté parce que j'étais à peu près le seul sur la ville qui
acceptait de telles conditions. J'avais justement une chambre de libre.
L:après-midi, ce couple m'a demandé si je connaissais quelqu'un qui pourrait
leur trouver du travail - le mari était chômeur depuis trois ans. Sur le coup,
j'ai su ce que j'avais à répondre. Mais j'ai dit que j'essayerais de voir, que
je connaissais des gens, etc. En fait, ce fut un fiasco complet, et le soir,
avant de m'endormir, j'ai prié: « Mon Dieu, je savais que j'avais à parler de
toi, et je ne l'ai pas fait. Alors donne-moi une autre occasion.
Celle-ci s'est présentée un ou deux jours
plus tard. Ils m'ont redemandé la même chose: « Écoutez, leur ai-je dit, je
vous ai mal répondu avant-hier, mais maintenant, sachez qu'il n'y en a qu'un
qui peut vous aider. Il y a 2500 chômeurs à dans cette ville, vous ne trouverez
pas de boulot. Mais si on demande à Dieu, il peut vous le donner, parce qu'il a
dit : « Si deux ou trois s'accordent pour demander quelque chose, il le leur
donne. » Est-ce que vous voulez vous accorder avec moi, pour lui demander ce
travail? »
Â
Le mari a refusé. Mais elle, est restée:
- « Vous savez, j'ai déjà prié, j'ai
offert des cierges ».
- « Dieu n'a jamais dit d'offrir des
cierges, il a dit de prier au Nom de son Fils. Alors, est-ce que vous voulez le
faire avec moi?»
Et nous avons prié ensemble. À la fin de
semaine, j'ai reçu un coup de téléphone : le travail était là . Seulement, la
veille au soir, le mari était parti, en colère: ne trouvant pas d'emploi, il
était parti essayer d’en chercher ailleurs. Sur le coup, j'en avais parlé Ã
d'autres chrétiens qui trouvaient que j'avais pris un gros risque. C'était
vrai, mais au moment où je l'avais fait, je savais que j'avais raison; c'est
ensuite que j'ai craint de m'être trompé. La leçon que j'en ai tirée, c'est
qu'on peut avoir la foi de demander quelque chose à Dieu, et ne pas avoir la
foi de le recevoir.
Â
Par le seul Nom de Jésus
Â
Mais la première histoire m'est arrivée au
moment où ma femme et moi étions en train de confesser tous nos péchés, sachant
que Dieu nous pardonnait. Un jour, nous lisions Deutéronome 18, dans lequel un
texte très précis condamne toutes les pratiques magiques, parce qu'elles sont
une abomination aux yeux de Dieu. Or, ma femme avait fait tourner des tables,
avant que je la connaisse. Elle avait d'ailleurs interrogé des objets, des
esprits. Elle avait pris soin de ne pas interroger des personnes décédées
qu'elle avait connues, car elle nourrissait quand même une certaine crainte Ã
cet égard. Mais elle était parvenue au stade où des phénomènes de lévitation
s'étaient produits, etc. Elle a demandé pardon à Dieu. Mais elle s'exprimait ainsi:
«Mon Dieu, je ne vois pas ce que je faisais de mal, je faisais ça pour rigoler,
avec des copains.» (C'est toujours la motivation invoquée au départ)
Â
Et un soir où nous étions en train de
prier ensemble, elle s'est exclamée: «Arrête! Arrête!» Je l'ai regardée: elle
avait un rictus sur le visage : « J'ai un ricanement dans la tête, c'est
horrible! ». Je me suis demandé si on n’était pas en train de « débloquer »
tous les deux, ayant lu trop de livres sur les dangers de l'occultisme. Mais ma
femme continuait, m'affirmant aussi qu'elle avait des visions de bestioles
absolument horribles, gluantes. Moi, j'essayais d'apprécier la situation. Mais
j'ai pris une décision qui a fait date dans ma vie chrétienne: j'ai cessé
d'être une aiguille indiquant de quel côté penche la balance : sommes-nous
fous, oui ou non? Je voyais ma femme aux prises avec un problème grave.
Â
Une des choses qui m'avaient aidé au
départ de ma vie chrétienne, c'était la certitude que dans le Nom de Jésus, on
peut être entendu de Dieu, et que c'est vraiment Lui qui répond. Et je lui dis:
« Demande à Dieu, dans le Nom de Jésus-Christ, qu'il te libère de ce que tu as
en toi: ça vient sûrement des tables que tu as fait tourner. » Elle a essayé de
prier: impossible. Elle pouvait dire « Mon Dieu », elle
pouvait dire « Seigneur », mais elle ne pouvait pas dire:
« Dans le Nom de Jésus-Christ ». Ce Nom-là , elle ne pouvait
pas le prononcer. Les puissances qui étaient en elle (je le formule ainsi
maintenant) l'empêchaient de le prononcer.
Â
Alors, j'ai sauté dans un plateau de la
balance (et j'y suis toujours!) et j'ai prié : « Mon Dieu, dans le Nom de
Jésus-Christ, je te demande d'ouvrir la bouche de ma femme. » À ce moment là ,
elle a pu prononcer le Nom de Jésus; et à l'instant, elle a dit : « Je suis
propre. »
Le lendemain matin, au bar, les gens
s'étonnaient : « Mais qu'est-ce que tu as de changé? » Car son visage n'était
plus le même. Il y avait une douceur, une détente inconnues auparavant. Le
conflit entre cet esprit de mort qu'elle avait invoqué et le désir de vivre que
Dieu lui avait donné était résolu.
Â
La radio qui n'a pas
froid aux yeux
Â
-Â Tu fais aussi de la radio, sur une station locale qui arrose ta ville.
- Oui, je fais une heure d'émission par
semaine. LÃ aussi, le Seigneur a ouvert une porte en permettant que cette
émission existe.
Â
- Et qu'as-tu vu derrière cette porte ?
- Jusqu'ici, il s'est passé une chose
assez terrible; pour moi, ça prouve qu'on est dans la bonne direction: les
satanistes n'ont pas du tout apprécié et ont essayé de nous faire peur. La
première fois, c'était avec un coup de fil, où des invocations sataniques
étaient répétées six fois au téléphone pendant l'émission. Ça fait froid dans
le dos sur le coup. J'ai pu réagir et proclamer la victoire du Seigneur dans ce
téléphone à l'autre bout duquel je savais que quelqu'un combattait cette
réalité, sans peut-être même le savoir, ignorant qu'il s'opposait en fait à son
propre salut. Je sais que cela a travaillé dans le cœur de la personne qui a
entendu ce jour-là .
Elle qui n'osait pas parler à ce moment-lÃ
a entamé un dialogue, certes après coup, mais qui a eu le mérite d'exister.
Â
Plus récemment, « ils» nous ont envoyé un
crucifix en marbre chargé de graffiti magiques - correspondant probablement Ã
toutes sortes d'invocations préalables. Mais ce fut là l'occasion d'un
témoignage auprès des gens de la station, qui voyaient bien que je ne
m'inquiétais pas de ce défi. Je suis certain que le Seigneur a vaincu toutes
ces puissances et qu'il me gardera. Il nous a donné le pouvoir de marcher sur
toute la puissance de l'ennemi, nous est-il dit, et je le crois. D'ailleurs, j'ai été moi-même la cible de procédés magiques destinés à me faire du mal: ils
ne m'ont fait aucun effet ; au contraire, la personne qui me visait s'est
demandé ce qui se passait.
Â
Sur cette radio, on émet différentes
choses. Actuellement, je diffuse une série de témoignages de gens que j'ai
connus personnellement, ou dont un sympathique studio de production (*) me
fournit les interviews, Ã charge pour moi de les diffuser. J'assure la
présentation ainsi que l'illustration musicale.
Â
Où faut-il voir le
diable?
Â
- Ton histoire dans cette secte, ainsi que ces expériences avec les
satanistes, tout cela ne te donne-t-il pas une tendance à voir le diable un peu
partout? Par exemple, ce crucifix en marbre, n'est-ce pas une plaisanterie
sinistre? Qu 'est-ce qui te laisse à penser que les épisodes de ce genre sont Ã
prendre au sérieux ?Â
Â
-J'ai vécu personnellement une possession:
le Seigneur m'en a libéré, ma femme aussi. Il existe vraiment des puissances
d'en-haut ou d'en-bas dont parle l'apôtre Paul. Dans un premier temps, quand
j'ai découvert ce monde-là , je les voyais partout. C'est vrai qu'elles sont
partout. Mais ce n'est pas sur elles qu'il faut avoir les yeux fixés. L’apôtre
Paul, dans l'épitre aux Phillipiens, nous dit: « Que tout ce qui est
vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur,
tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l'approbation, ce qui est vertueux
et digne de louange, soit l'objet de vos pensées. » (4:8).
Â
N'ayant pas eu cette attitude pendant une
longue période, je voyais Satan partout, et ça ne m'aidait pas dans ma vie
chrétienne. Maintenant, je ne peux pas dire que je le vois moins: je sais qu'il
est présent et que parfois on doit faire preuve de discernement pour identifier
le lieu où il se cache, où il agit. Ce crucifix est arrivé jusque dans mes
mains par un processus qui me prouve que c'était par l'intermédiaire de
personnes liées à l'occultisme, jusqu'à celui qui me l'a donné. Je voyais toute
une chaîne qui rendait ces gens suffisamment soumis à ces puissances pour se faire
leur instrument. Aujourd'hui, je regarde plutôt à ce que le Seigneur veut
faire, même chez les gens qui sont animés de cette force mauvaise. Car la
vision du Seigneur pour eux ce n'est pas la condamnation, même s'il existe une
loi qui blâme leurs pratiques, c'est une vision de salut, et il veut les
sauver. Je vais essayer de regarder les gens comme Christ les regarderait.
Comme il a pu regarder Judas pendant trois ans.
Â
Donner à boire aux
hommes
Â
- Je suppose que tu as conscience d'avoir quelque chose à faire, en tant que
chrétien ?
Â
- Si je ne suis pas mort le jour de ma
conversion comme le brigand sur la croix, c'est que le Seigneur a encore besoin
de moi. J'ai la chance de pouvoir continuer à vivre et à témoigner,
contrairement à ceux qui se sont convertis sur leur lit de mort. Il a fallu que
je demande un jour à Dieu: Que veux-tu que je fasse? J'étais prêt à accomplir
plein de choses pour lui, encore fallait-il que je lui demande son avis. Quand
le Seigneur m’a appelé, je n’étais pas pêcheur, mais barman et professeur
d’arts martiaux; je ne pêcherai donc pas d'hommes, mais j'aurai à les abreuver
et à leur apprendre à se battre dans le combat spirituel. Voilà ce que je peux
dire de mon appel; le Seigneur me l'a confirmé d'une manière pratique. Quant Ã
nos actes, ils doivent confirmer nos paroles et non pas les infirmer (ce qui
m'arrive encore quelquefois). Toute démarche chrétienne cherche à  honorer Celui
qui nous a sauvés; cela implique pour moi une reconnaissance complète de tout
ce qui ne va pas en moi, et la capacité de l'admettre devant ceux qui l'ont
constaté.
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L'orgueil, c'est plus dur à plier, et
c'est pourtant fondamental qu'il le soit, dans la vie chrétienne. Ça se traduit
automatiquement par l'amour des autres, par une volonté d'être soumis aux lois
que Dieu a faites et aux autorités qu'II a mises en place.
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Mais il est nécessaire de s'acharner : je
ne ferai plus ça; si je le refais, je recommencerai à me mettre à genoux chaque
fois en disant: « Mon Dieu, pardonne-moi, je ne veux plus recommencer! » Et
vient un moment où Dieu révèle des racines qui nous font retomber dans le même
péché, des choses qui n'ont pas été confessées, parfois très vieilles, datant
souvent de l'adolescence. Dieu fait un travail très profond de
psychothérapeute.
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Obéir sans traîner
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Pour conclure, je demande que personne ne
généralise mon histoire. Ce que j'ai vécu, c'est moi qui l'ai vécu.
Un autre patron de bistrot venant de se
convertir aura un autre appel, complètement différent...
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- Peut-être devra-t-il quitter son bistrot, celui-là ...
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- Exactement. Donc, que chacun cherche Ã
imiter le Seigneur plutôt que celui dont le témoignage sort un peu de
l'ordinaire. Loin de s'efforcer de copier une Å“uvre ou de s'identifier Ã
quelqu'un, les chrétiens doivent s'attacher à ressembler à une seule personne:
Christ. Le seul homme idéal c’est le Christ.Â
Ne faites pas ce que j'ai fait,
car j'ai commis bien plus d'erreurs que je ne viens d'en révéler, j’ai fait
beaucoup de chutes qui ne sont pas racontées. Je raconte ce que le Seigneur a
fait, Lui.
On peut faire moins de chutes que moi, on
peut gagner du temps, obéir beaucoup plus vite à ce que le Seigneur montre. Il
s’est écoulé un an et demi entre le moment où Dieu m’a montré que je devais
arrêter l’alcool et le moment où je l’ai fait : c'était trop long, je m’en
rends compte maintenant. J'ai hésité longtemps. C’était un manque de foi de ma
part. Mais pour ceux qui auront écoutés cette émission, si vous savez quelque
chose et que le Seigneur vous le montre précisément, n'attendez pas cinq
minutes : répondez tout de suite.
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(*) Radio Réveil et Paroles de Vie...
Jean-Luc Burnod interviewé par Philippe Malidor de « Radio Réveil et Paroles de Vie » (1987).Â
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Source : http://blog-porte-parole.blogspot.fr
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Commentaire :
1.    La question :
Savez-vous ce qu'est un "chrétien psychique"
?
Connaissez-vous la différence entre l'âme et l'esprit ?
"L'Epée de l'Esprit a-t-elle séparé les deux en vous ?
Avez-vous été délivré de "l'esprit guerrier" des arts martiaux ?
Avez-vous demandé pardon, dans une repentance totale, pour ceux que vous
agressé avec cet esprit ?
2.    La réponse de Jean-Luc Burnod :
- Savez-vous ce qu'est un "chrétien
psychique" ?
Oui je connais, j'en ai malheureusement été un.
- Connaissez-vous la différence entre l'âme et l'esprit ?
Évidemment! Et le Seigneur me l'apprend un peu plus tous les jours.
- "L'Epée de l'Esprit a-t-elle séparé les deux en vous ?
Effectivement. Mais c'est une oeuvre qui n'est pas terminée et qu'Elle continue
a faire quotidiennement (Apoc. 22. 11.).
- Avez-vous été délivré de "l'esprit guerrier" des arts
martiaux ?
{ :-)) Le Seigneur m'a libéré de ces concepts non-scripturaires qui ont
cours dans les milieux de la « délivrance ». Le Seigneur m'a
effectivement délivré de tous les esprits qui dominaient ma vie à l'époque et
qui me rendaient incapable de faire Sa Volonté. Mais ce n'est pas un
« esprit guerrier » (ou dénommé tel dans les milieux aveuglés de la
« délivrance ») qui règne dans les arts martiaux, mais différents
esprits démoniaques qui ont malheureusement bien d'autres sinistres occupations
que l'agressivité et le combat.
Il serait plus conforme à l'Écriture de me parler de « l'esprit mauvais
qui était entré dans ta vie par ta peur et se manifestait à cause de cela par
de l'agressivité contre les autres », mais aujourd'hui on préfère employer
beaucoup de raccourcis...
Ce qui est important à savoir pour entrer dans une pleine délivrance, c'est ce
qui permet à ces esprits de s'installer dans une vie, de façon à ne plus leur
laisser la porte ouverte, ni un petit trône où ils ont l'habitude de s'assoir,
ni l'apéro et les petits-fours qu'on leur sert par nos mauvaises attitudes
mentales et qui leurs donnent envie de revenir dans ce qu'ils considèrent de
plus en plus comme leur domicile personnel et accueillant...
C'est pour cela que je considère que chasser des « squatteurs », n'a
pas beaucoup d'utilité sans un complet changement de nos schémas de pensée. Car
ils reviendront sous une autre forme par les accès qui leur sont donnés et ceux
qui auront cru les expulser en les « nommant », seront
malheureusement aveuglés sur leur véritable identité lorsqu'ils reprendront
discrètement leur place.
Les « esprits mauvais » ne sont pas aussi spécialisés qu'on le
raconte dans ces milieux qui s'imaginent faire de la « délivrance ».
Ils prennent des attitudes variables et ont des actions différentes en fonction
du milieu et des schémas de pensée, mais ils se reconnaissent à leurs oeuvres
de séduction et de malheur.
- Avez-vous demandé pardon, dans une repentance totale, pour ceux que
vous agressiez avec cet esprit ?
J'ai évidemment demandé pardon à ceux que
j'avais agressé injustement. C'est une des première choses que le Seigneur nous
montre pour nous sortir de la culpabilité.
Mais je voudrais te faire remarquer que ce concept d'« esprit
guerrier » est dangereux car il pose une considération négative sur le
fait d'être des combattants.
Pourtant, nous sommes des guerriers depuis le jour où nous avons quitté le camp
du Prince de ce monde pour faire partie des soldats du Christ. Donc avoir une
mentalité qui ne craint pas les confrontations est une base indispensable au
véritable combat spirituel.
Ce qu'il est important de ne pas oublier, c'est que nous n'avons pas Ã
combattre des humains, mais des puissances spirituelles qui s'opposent à la Vie
d'En Haut (Eph. 6.) et qui (pour une partie d'entre elles) agissent dans le
domaine des pensées.
C'est pour cela que Paul accordait une grande importance à amener par ses
enseignements fondés sur l'Écriture « toute pensée captive Ã
l’obéissance de Christ. » (2 Cor. 10. 5.)
Jean-Luc B
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