Avant de débuter la rédaction de cet
article, j’ai eu la vive impression que les paroles qui suivent feraient du mal à l’ennemi, (j’utilise ici les mots
exacts que j’ai eu à coeur). J’ai été un peu étonné, car le
sujet ne me semblait pas particulièrement menaçant. Puis en débutant
l’écriture, j’ai rencontré des difficultés majeures pour mettre de l’ordre dans
mes idées et ne pas dévier du message central. J’ai même été assailli par
de fortes tentations. Tout cela semble indiquer que le sujet
abordé est d’une grande importance, surtout qu’il s’agit d’un sujet qui est
généralement peu abordé dans l’Église.
La séduction du monde
Vous savez, le sexe n’est qu’un des
appâts que l’ennemi utilise pour éloigner les gens de Dieu ou s’assurer qu’ils
ne le connaissent jamais. Mais il existe une myriade d’autres
leurres. Ce monde est rempli de choses scintillantes, de parfums suaves,
d’ambiances électriques qui envoutent la chair et endorment la conscience.
En mai dernier, j’ai eu l’opportunité
de travailler au centre-ville de Montréal, au Square Victoria, dans la Tour de
la Bourse. Ce milieu de travail est aux antipodes du bureau oĂą je travaille
habituellement, situé dans une petite ville de moins de 800 habitants,
nichée dans les montagnes gaspésiennes.
Pendant ce séjour de 10 jours, j’ai
profité de mes soirées pour me balader en ville avec ma douce moitié.
L’air était chaud. Les terrasses étaient ouvertes. Partout, on
voyait le bonheur des gens qui profitaient de la première vague de chaleur
significative de l’été. L’ambiance était vraiment festive. Le long
du trottoir étaient garées des voitures luxueuses qui ne semblaient pas avoir
le moindre grain de poussière. Des voitures sport aux courbes racées, des
VUS noirs avec des garnitures chromées et un fini impeccablement lustré qui
reflétait les lumières du centre-ville. Les terrasses laissaient jaillir
des Ă©clats de rires et le bruit des coupes de vin, de la vaisselle et des
ustensiles qui s’entrechoquaient. Ici et là , nous pouvions voir des
couples ou des groupes d’amis sortir des restaurants, la plupart impeccablement
vêtus, les femmes habillées de robes délicates et portant leurs menues sacoches
design. Les hommes en chemise ou veston, affichant une allure fière, sûre
d’eux. En croisant ces gens, on pouvait humer de subtiles effluves
de parfums musqués ou fruités.
Puis Ă chaque
matin, je me rendais au travail. J’entrais dans l’un
des nombreux ascenseurs pour monter au 30ième étage, côte à côte avec des
hommes et des femmes qui travaillaient pour la plupart à l’étage de l’Autorité
des Marchés Financiers. Ils respiraient le luxe et la
prestance. Des hommes discutaient affaire en jetant un oeil
sur leur montre en argent ou en ajustant leur cravate. L’aura propre
à cette catégorie de gens était palpable.
Un matin, je me suis retrouvé
seul, le temps de monter les derniers étages, avec une femme très belle, jeune
et visiblement à l’aise financièrement. J’échangeai quelques mots avec
elle, relatant un incident qui s’était produit la veille avec l’un des
ascenceurs, puis je suis sorti au 30ième. Une autre fois, en remontant du
stationnement sous-terrain de l’hôtel, je me retrouvai dans un ascenceur exigu,
cette fois en compagnie de quatre jeunes femmes rutilantes qui
échangeaient des blagues et jetaient un oeil sur leur téléphone intelligent.
Pourquoi décrire tout cela?
C’est que toute cette activité humaine, toute cette ambiance avait sa propre
pulsation. Une sorte de rythme, de chant envoûtant. Je sentais ma
propre chair trépigner et vouloir se joindre à ce monde. Certains
seraient d’avis qu’il n’y avait pourtant aucun mal
virulent dans tout ce que j’ai décris. Peut-être. Mais tout
cet univers enivrant était dépourvu de Dieu. C’était le domaine exclusif
de l’homme, où la beauté, le succès, le luxe, les apparences et le culte du soi
représentent les règles indiscutables et fondamentales. Le monde
comporte bien des facettes, tout aussi vaines les unes que les autres, mais
pendant ce détour, j’expérimentais la quintessence de l’humanité sans Dieu.
Ce qui est troublant, c’est que je
n’étais pas indifférent à ce monde. Le vieil homme en moi, pourtant
crucifié avec Christ, reprenait conscience et remuait. Il entendait la
voix du Prince de ce monde, qui disait: "Si tu le veux, tu peux avoir tout
cela. Tu peux goûter à la fortune, tu peux être aimé et désiré par
ces jolies femmes. Tu peux être quelqu’un. Pense à tes talents musicaux,
à tes talents littéraires. Tu pourrais être une star! Tu
pourrais avoir une belle vie!"
Si vous pensiez que j’étais une sorte
de saint qui flotte au-dessus des nuages, je me réjouis de vous apprendre que
je suis comme vous. Je suis sensible aux suggestions de l’ennemi.
Je ne demeure pas indifférent en regardant la beauté. Je dois
m’intérioriser et réaffirmer mon allégeance à Dieu. Le combat n’est pas
aussi difficile que dans les débuts, mais la guerre n’est pas terminée pour
autant. Et il arrive parfois des moments oĂą je me sens las du combat et
où j’aurais envie tout simplement de m’abandonner. Tout serait tellement
"plus facile". Sauf que…
Je n’appartiens pas à ce monde.
J’y suis né, j’en ai été jadis l’esclave, mais Christ a versé son sang afin de
me racheter. J’ai alors été retiré de l’emprise de ce monde. J’ai
été éveillé de la transe qui me tenait captif de ce rythme envoûtant. Et
je suis devenu citoyen du Royaume de Dieu. J’ai reçu une nouvelle
identité. J’étais auparavant un pécheur. Je suis maintenant un
saint. C’est le nom que Dieu m’a donné. J’étais autrefois de ceux
qui poursuivent le vent et ruinent leur vie dans l’abîme de l’égoïsme.
Mais j’ai reçu un coeur et un esprit nouveaux, j’ai reçu le désir consumant
d’aimer Dieu et le prochain. Je n’ai donc rien à regretter. Je n’ai
pas à tourner la tête et à revenir en arrière.
Prendre conscience de notre identité
et de notre citoyenneté royale est un puissant antidote à ces moments de
tentation où le monde semble si beau et délectable. Lorsque la chair
s’éveille et veut s’éclater dans les rues de Babylone, nous devons voir au-delĂ
des apparences et nous transporter hors du temps et de l’espace pour saisir le
portrait d’ensemble. Nous devons chasser les mirages et revenir en
contact avec la réalité. Et la réalité se résume ainsi:
Les plaisirs de ce monde ne durent
que quelques instants. Et s’ils s’opposent aux lois de Dieu, ils
laissent un goût amer dans la bouche et n’apportent aucune
satisfaction. La beauté des femmes tarit rapidement. La force
et la prestance de l’homme se dissout avec la vieillesse. Le luxe est
temporaire. Tout finit un jour dans la pourriture et la rouille.
L’approbation des autres est une quête vaine et douloureuse. Elle mène
l’homme à la captivité. Vouloir faire partie des "grands" de ce
monde implique de vendre notre âme au prince de ce monde.
Avez-vous vu à la télé ou sur
Internet les images des tsunamis survenus dans les dernières années?
Avez-vous vu les milliers de voitures balayées par les vagues? Il devait
y avoir parmi ces voitures de très beaux modèles dont les propriétaires
devaient être fiers. Des voitures qui leur donnaient l’impression, en se
garant en ville, qu’ils étaient quelqu’un de significatif! Mais en un
instant, leur symbole a été balayé comme un vulgaire déchet. La tôle a
été froissée, déchirée et réduite en lambeaux. Le rêve a été éclipsé par
la réalité, et cette réalité est que rien de tout cela n’a de valeur et tout
peut nous être enlevé en un instant. Seul Dieu importe.
Bientôt, quelque chose d’encore plus
désastreux qu’un tsunami surviendra sur terre. Il s’agit de
l’apocalypse. Ce monde d’apparences, ce rêve futile que les gens
entretiennent afin de remplacer Dieu, sera balayé par des désastres d’une telle
ampleur que personne n’y échappera:
"Les rois de la terre, les
grands, les chefs militaires, les riches, les puissants, tous les esclaves et
les hommes libres, se cachèrent dans les cavernes et dans les rochers des
montagnes. Et ils disaient aux montagnes et aux rochers: Tombez sur nous, et
cachez-nous devant la face de Celui qui est assis sur le trĂ´ne, et devant la
colère de l’agneau" (Apocalypse 6.15-16)
Ces mots puissants proviennent d’une
prophétie de l’apôtre Jean. Il s’agit des paroles que Christ lui a révélées
directement. Ils nous rappellent que nous n’avons absolument aucun
avantage Ă investir quoi que ce soit dans un empire qui appartient au diable et
qui est voué à une destruction imminente. Nous ne sommes pas de ce
monde. À moins que nous voulions être détruits avec lui.
Le chrétien est un fils de
Dieu. Un fils du Royaume. Et il n’est plus sur terre pour alimenter
la BĂŞte mais pour la combattre. Il n’est plus sur terre pour participer Ă
cette folie collective qui prévaut. Il est sur terre pour aimer, délivrer
et guérir. Il est sur terre pour poursuivre
le ministère de réconciliation de Christ. Il est sur terre pour combattre le bon combat. Il est un émissaire, un ambassadeur du Ciel. Il est la lumière dans les ténèbres. Il a reçu la volonté et le pouvoir de révolutionner le monde et de
fracasser les portes de l’enfer. Il n’a pas été destiné à se
retrancher derrière un buisson, rempli de honte comme Adam. Il a été revêtu de la Puissance d’en-haut. Par le sang de Jésus, il a été déclaré juste
et l’ennemi ne peut plus l’accuser. Même lorsqu’il chute et
rechute. Car son identité n’est
plus définie par ses fautes, mais par ce qui a été accompli sur la Croix pour
lui. Lorsque le Père voit ses enfants, il ne dit plus, comme au temps
des patriarches: "je n’irai pas au milieu de vous, car vous êtes un peuple
rebelle et je pourrais être amené à vous exterminer pendant le voyage (Exode
33.3) car sa justice a été satisfaite par le sacrifice de Jésus. Sa
colère est donc apaisée et il déverse désormais en nous grâces par dessus
grâces. Lorsque Dieu nous regarde, il ne tient plus compte de notre
corruption mais du vêtement de justice dont il nous a revêtu… et il nous
déclare, comme il l’a déclaré à Jésus: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui
qui fait toute ma joie" (Matthieu 17.5)
Penser en fonction du Royaume de Dieu
signifie que nous cessons de nous identifier à ce monde. Satan n’est plus notre maître. Les démons n’ont plus d’autorité sur nous.
C’est nous qui avons l’autorité sur eux. Car notre Royaume est au-dessus du royaume du prince de ce monde.
Cette terre et tout ce qu’elle contient est frappée par la malédiction du
péché. Elle est infestée d’esprits mauvais. Elle est tourmentée par
la violence, la destruction et la mort. Et elle est sur le point d’être
détruite, comme au temps de Noé.
Nous n’avons plus rien en commun avec
ce monde et sa façon tordue de penser. Nous ne souscrivons plus à ses
valeurs Ă©goĂŻstes. Nous sommes des enfants de Dieu. Mais parce que
nous sommes sur terre, notre nature humaine succombe encore parfois Ă la
séduction. Nous nous laissons captiver par les mirages. Nous sommes
envoûtés par la beauté, la popularité, l’approbation, le luxe, la
jouissance. Alors nous perdons de vue les véritables enjeux de notre vie.
Nous oublions que notre vie n’est pas
consacrée à la recherche de ces futilités mais à la poursuite de la justice.
Et lorsque nous tombons, l’ennemi se présente devant nous et dit: "Tu
vois, tu es comme tous les autres". Mais nous ne sommes pas comme tous les autres. Car notre coeur ne se
complait pas dans le péché. Nous avons seulement été faibles.
Et cette faiblesse ne nous définit pas. Elle signifie que nous avons besoin de la grâce de Dieu pour
gagner le prochain combat.
Penser en fonction du Royaume
signifie que nous gardons les yeux fixés sur l’éternité. Nous considérons
notre vie et l’existence humaine en général dans le contexte du plan de
Dieu. Nous ne nous laissons pas
séduire par ce qui scintille. Nous voyons la corruption de toutes choses
et apprécions la supériorité des trésors du ciel sur ceux de la terre.
Avec un tel état d’esprit, nous sommes beaucoup moins enclins à tomber dans les
pièges de l’ennemi. Et nous commençons à vivre véritablement en fonction
de notre statut royal.
Source :
http://parsagrace.net