La
louange est un business désormais ! Et même un business florissant à en croire
certains ! Sans doute qu’écrire ce genre de
choses va choquer, déplaire, déranger, mais je suis convaincu qu’il est
important d’en parler. Peut-être me direz-vous : «Mais de quel droit ?» Ou
bien encore : «Quelle est votre légitimité pour parler ainsi ?». Alors, pour
éviter de passer trop de temps à répondre à ces questions, je le fais de suite.
J’ai travaillé dix ans de ma vie en tant que pasteur- organisateur de tournées
en France et en Europe. J’ai ainsi travaillé à préparer plus de 500 concerts
dits «de louange».
Au
sein de ce petit monde-lĂ , on trouve une multitude de gens dont les motivations
ne sont pas toujours aussi claires qu’on pourrait l’espérer ou le souhaiter,
loin s’en faut ! Sur une tournée par exemple, il y a l’artiste, certes, mais
aussi les musiciens qui l’accompagnent, les choristes, les techniciens et puis
toute la partie logistique et c’est souvent dans tout cet entourage que le bas
blesse. Si j’ai eu la chance de travailler avec des gens sérieux, il m’est
aussi arrivé d’en croiser de bien moins consciencieux !
Oui,
quelques-uns sont juste lĂ pour se faire plaisir ! Oui, certains sont
profondément ennuyés à l’idée que vous ouvriez la Bible dans un concert
chrétien, tout simplement parce que seule la partie musicale les intéresse !
C’est la triste vérité de constater qu’à tous les niveaux, artiste de renommée
internationale ou entourage parfois très proche – et je ne parle même pas des
auditoires que nous avons habitués à n’aimer que la musique – un trop grand
nombre reste dans la théorie en ce qui concerne la piété personnelle et
l’adoration qui revient à Dieu. L’adoption de postures propres à ces
adorateurs d’un nouveau genre – yeux fermés, mains levées, airs contrits et
pénétrés d’une gravité trop souvent surfaite - vient encore un peu
plus troubler le jeu. On ne sait plus reconnaître le vrai du faux, du moins vue
d’en bas ! C’est dans la pratique de la vie courante que se vérifiera
l’authenticité ou non de leur adoration, et là , attention ! Déceptions en vue !
Dans
un concert, il n’est pas rare aujourd’hui de devoir demander aux musiciens et
artistes de manifester plus de sérieux au moment de la prédication – quand elle
a encore droit de cité – et même parfois, de bien vouloir rester avec le
«petit peuple» pour écouter le message annoncé. Sinon, et ce n’est pas si
rare, ils sortent pour se retrouver entre eux et ne reviennent que pour
terminer leur show ! La moindre des choses, venant de croyants consacrés à la
louange serait d’entendre leurs voix se mêler à celle de l’Eglise. Mais non,
ils font leur job et puis s’en vont !
Oui,
c’est vrai que toutes ces postures extérieures citées plus haut peuvent donner
l’impression aux autres qu’on est un adorateur. Tout ceci trompe souvent
l’auditoire. Il est aussi juste de constater qu’il convient de
soigner ses attitudes, de les entretenir et de les favoriser pour pouvoir
vendre son CD ! Mais le cœur n’est parfois que si peu concerné !
J’ai
aussi vu, en dix ans de travail sur le terrain, la nouvelle génération des
«leaders de louange» – déjà l’expression peut faire peur – arriver ! Et
là , c’est encore autre chose ! La « peopolisation », est la norme,
tout est organisé pour ! Tenue vestimentaire, discours limite arrogant de
gamins qui croient tout savoir pour être passés dans telle ou telle
école biblique formant à la louange – concept surréaliste s’il en est -
vidéos promotionnelles laissant croire que l’artiste, inconnu jusque là , évolue
devant une salle bondée, alors que l’auditoire se compose de quelques dizaines
de personnes !
Faut-il
parler du nombre important – et même à en croire certaines statistiques, très
important, puisqu’on va jusqu’à évoquer le chiffre de 80% – de divorces
constatés chez les artistes chrétiens en francophonie ! C’est vrai que le
divorce est hélas, une mode dont on se passerait bien, mais la proportion est
dans ce domaine, ni plus ni moins Ă©norme !
Je
dois vous avouer ma lassitude de voir toutes ces jeunes filles ayant une jolie
voix – car c’est parfois le cas, mais pas toujours – se sentir obligées de «
faire leur CD », mais à quel prix ? Et que penser de tous ces
jeunes gens de nos Eglises, qui, après s’être sévèrement endettés,
partent presque tous vers le Canada, talent en bandoulière pour
ensuite revenir en France faire « carrière » ! Le retour à la réalité est
souvent cruel ! Personne ne leur a donc dit qu’ils pouvaient être simplement
très utiles dans leur Eglise locale ? Et que la bonne formation était d’abord
dans leur chambre, dans une authentique vie de piété, ainsi que Jésus
l’enseigne ? C’est si triste de voir des Eglises perdre leurs jeunes, recrutés
par des « Eglises » exclusivement musicales. Pas de prière, pas de louange personnelle
donc, un comble, et pas de prédication, ou alors le strict minimum pour ne pas
embêter le monde et se donner bonne conscience, mais de la musique de qualité –
enfin là , c’est discutable – et des chants répétitifs à n’en plus finir !
Juste
un mot sur le contenu de ces chants qui pour beaucoup sont traduits, plus ou
moins bien d’ailleurs et souvent moins bien que bien. Presque tous sont des
chants d’amour qui pourraient s’adapter à n’importe quel sujet : Dieu, Jésus,
Mahomet, un conjoint, une maîtresse, un amant, un petit copain ! Le manque de
sérieux et de rigueur de certains traducteurs va jusque-là , trop
contents qu’ils sont, de voir leur nom accolé à un « tube évangélique » !
Je crois que notre destinée est d’être des adorateurs en esprit
et en vérité, c’est-à -dire d’abord sur le plan spirituel et avec des
conséquences dans la vie pratique de tous les jours. Est-il besoin de préciser
qu’un véritable adorateur en esprit, ne fait pas de dette ou encore qu’il
ne trompe pas son conjoint ? Cela c’est le : « en vérité » ! Je ne me
reconnais plus du tout dans ces directeurs de louange tellement pénétrés de
leur importance, qu’ils ne sont soi-disant plus qu’en « communion avec Dieu »,
sans jamais un seul regard pour l’auditoire.
Sans
doute que le processus engagé est irréversible et un article comme celui-là n’y
changera pas grand-chose. Mais au moins, peut-ĂŞtre pourrions-nous Ă©viter de
rentrer dans une forme de starification malsaine concernant certains « artistes
» et refuser de leur donner l’Eglise comme moyen de se fabriquer leur petite
gloriole personnelle !
Ce
serait la moindre des choses, n’est-ce pas ?
Par Samuel
Foucart
Source : http://actualitechretienne.wordpress.com/