Dans les Écritures, le vêtement blanc illustre
souvent le Salut : « Après
cela, je regardai, et voici, il y avait une grande foule, que personne ne
pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute
langue. Ils se tenaient devant le trône et devant l’agneau, revêtus de robes
blanches, et des palmes dans leurs mains … Et l’un des vieillards prit la
parole et me dit:Â Ceux qui
sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus? Je
lui dis: Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit: Ce sont ceux qui viennent de
la grande tribulation;Â ils ont
lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’Agneau.»(Apocalypse
7/9 et 14).
Cette image du vêtement de justice avait été
employée par Esaïe : « Je me
réjouirai en l’Eternel, Mon âme sera ravie d’allégresse en mon Dieu; car il m’a revêtu des vêtements du
salut, Il m’a couvert du manteau de la délivrance, comme le fiancé s’orne
d’un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux» (61/10).
Un autre passage prophétique évocateur se trouve
dans une vision de Zacharie :
« Il me fit voir Josué, le souverain
sacrificateur, debout devant l’ange de l’Eternel, et Satan qui se tenait à sa
droite pour l’accuser. L’Eternel dit à Satan: Que l’Eternel te réprime, Satan!
que l’Eternel te réprime, lui qui a choisi Jérusalem! N’est-ce pas là un tison
arraché du feu? Or Josué était
couvert de vêtements sales, et
il se tenait debout devant l’ange. L’ange, prenant la parole, dit à ceux qui
étaient devant lui: Otez-lui
les vêtements sales! Puis il dit à Josué: Vois,
je t’enlève ton iniquité, et je te revêts d’habits de fête. Et je dis: Qu’ils mettent une tiare
pure sur sa tĂŞte; et ils mirent la tiare pure sur sa tĂŞte, et le revĂŞtirent de
vêtements; et l’Ange de l’Éternel se tenait là . L’ange de l’Eternel fit à Josué
cette déclaration : Ainsi parle l’Eternel des armées : Si tu marches dans mes
voies et si tu observes mes ordres, tu jugeras ma maison et tu garderas mes
parvis, et je te donnerai libre accès parmi ceux qui sont ici» (3/1 à 7).
La question importante qui découle de
l’exhortation à l’église de Laodicée est la suivante : pourquoi Dieu
demande-t-Il d’acheter un vĂŞtement blanc alors que Lui seul peut l’accorder ?Â
En effet, le vêtement du salut n’est le fruit d’aucune œuvre, et il ne
peut donc PAS être acheté de quelque manière que ce soit, puisque c’est par la
foi seule que nous sommes sauvés : «Il
nous a sauvés… non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et
selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels…» (2 Tim. 1/9), «…il nous a sauvés, non à cause des
oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le
baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit…»(Tite
3/5), «Ce n’est point par les
oeuvres, afin que personne ne se glorifie» (Éphésiens 2/9).
La robe du Salut est gratuite, parce que le Salut
est gratuit : «à celui qui ne
fait point d’œuvre [référence au verbe “acheter”], mais qui croit en celui qui
justifie l’impie, sa foi lui est imputée à justice» (Romains 4/5).
La signification de l’exhortation à Laodicée est donc AUTRE : «Je
te conseille d’acheter de moi … des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et
que la honte de ta nudité ne paraisse pas » (Apocalypse 3/18).
L’élément le plus important qui va guider notre
réflexion, en direction d’une réponse, est le suivant : nous savons que Dieu
s’adresse ici à une église, à  Son
église (Laodicée). Le
destinataire de cette exhortation est un chrétien, même si nous admettons que
la pratique de son christianisme n’est pas entièrement conforme à Son modèle. L’altération est un phénomène qui est en action
dans toutes les églises évoquées dans l’Apocalypse — mais bien davantage : dans
tous les réveils. Le réalisme spirituel nous invite à considérer l’altération comme un principe
spirituel inhérent au terrestre. Et Dieu ne considère pas qu’un chrétien en
phase d’altération de la révélation, ou de rétrogradation, n’est plus un
chrétien. Puisqu’il est écrit que «si
nous sommes incrédules, Lui, demeure fidèle» (2 Tim. 2/13). Le chrétien de
Laodicée, même «aveugle, misérable et nu» demeurera un enfant de Dieu jusqu’au
moment où l’échéance du jugement se produira.
Pour bien comprendre l’exhortation, il faut donc
aller plus loin. C’est justement la
pensée de l’auteur de l’épître aux Hébreux : «C’est
pourquoi laissant la parole qui n’enseigne que les premiers principes du
Christianisme, tendons Ă la perfection, [et ne nous arrĂŞtons pas] Ă jeter tout
Ă nouveau le fondement de la repentance des Ĺ“uvres mortes, et de la foi en
Dieu, de la doctrine des baptêmes, et de l’imposition des mains, de la
résurrection des morts, et du jugement éternel …» (6/1, v. Martin).
La conclusion qui s’impose à nous est donc que
Laodicée est une église chrétienne, bien connue de Dieu, au bénéfice du Salut
par Grâce, mais qui a besoin d’acheter malgré tout des vêtements blancs.
Â
Il existerait donc deux sortes de vêtements
blancs. Mais Ă quoi correspond le second ?
- «Réjouissons-nous et soyons dans l’allégresse, et
donnons-lui gloire; car les noces de l’Agneau sont venues, et son Epouse s’est
préparée, et il lui a été donné d’être vêtue de fin lin, éclatant et pur, car
le fin lin, ce sont les justices des saints»(Apocalypse 19/7 et 8).
- La seconde robe blanche, dont parle l’Esprit Ă
l’église de Laodicée, est faite des justices des saints, c’est-à -dire de leurs
œuvres justes accomplies en marchant par la foi et par l’esprit, en suivant
Christ.
On peut noter ici un détail important dans la
marque du pluriel qui est commune aux deux pensées : «Je te conseille d’acheter DES
vêtements blancs» et : «le fin lin, éclatant et pur, ce
sont LES justices des saints (ou
: les œuvres justes)».
Nous sommes donc ici dans une exhortation qui se
situe AU-DELÀ du Salut. Les vêtements blancs se réfèrent à la marche chrétienne
qui va suivre la réception de la justice de Dieu. Et le message à l’église de
Laodicée nous révèle une chose importante : un
chrétien racheté et couvert de la justice de Christ peut néanmoins être
spirituellement nu. De la même manière que le serviteur de la parabole des
talents s’est présenté devant son Maître sans que son talent ait porté le
moindre fruit. C’est de cette nudité dont il est question. Le talent représente
le Salut reçu, le Salut gratuit, offert … qui devait produire quelque chose.
Parce que le Salut est une œuvre accomplie (par Christ) qui doit être achevée (par le racheté).
Nous trouvons une autre illustration de ce
principe dans l’évangile de Matthieu :
JĂ©sus y raconte une parabole au cours de laquelle
un grand nombre de gens sont invités à une noce.
« Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau
en paraboles, et il dit:Â Le Royaume
des cieux est semblable à un
roi qui fit des noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces; mais ils ne voulurent
pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant: Dites aux conviés:
Voici, j’ai préparé mon festin; mes boeufs et mes bêtes grasses sont tués, tout
est prêt, venez aux noces. Mais, sans s’inquiéter de l’invitation, ils s’en
allèrent, celui-ci à son champ, celui-là à son trafic; et les autres se
saisirent des serviteurs, les outragèrent et les tuèrent. Le roi fut irrité; il
envoya ses troupes, fit périr ces meurtriers, et brûla leur ville. Alors il dit
à ses serviteurs: Les noces sont prêtes; mais les conviés n’en étaient pas
dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez
aux noces tous ceux que vous trouverez. Ces serviteurs allèrent dans les
chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, méchants et bons, et
la salle des noces fut pleine de convives. Le roi entra pour voir ceux qui
étaient à table, et il aperçut là un homme qui n’avait pas revêtu un habit de
noces. Il lui dit: Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Cet homme eut la bouche fermée.
Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-lui les pieds et les mains, et jetez-le
dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de
dents [déception et amertume]. Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu
d’élus» (Matthieu 22/1 à 11).
Cette parabole s’inscrit dans la même logique que
le message adressé à l’église de Laodicée. Elle ne parle pas de Salut par grâce
seulement (représenté ici par l’invitation adressée à tous, «bons et
méchants»), mais du fait que le
Salut est un ensemble constitué par un appel, et par une réponse : Dieu montre qu’Il peut inviter aux
noces des personnes injustes et justes, bons et méchants, et Il s’acquite
Lui-Même en quelque sorte du droit d’entrer. C’est Lui qui décide de
l’éligibilité. Les invités sont tous des étrangers et des inconnus qui
n’étaient pas concernés, en première intention, par ce repas de noces. Mais
pour autant, Il exige une chose de l’homme afin
que l’appel se transforme en élection :
et c’est là encore une question de vêtement — et une question de vêtement de
prix — dont il convient de faire l’acquisition.
L’homme sans robe ne peut rien répondre et ceux
qui entendent cette parabole, du temps de JĂ©sus, le comprennent bien : ils
saisissent que ce roi a fait un immense honneur à cet homme, qu’il appelle «mon
ami», et que cet homme ne rend pas honneur à ce roi (venir à une noces, surtout
royale, sans un vêtement adéquat est une marque de mépris), car il ne s’est pas
investi : «où est l’honneur
qui m’est dû ? Si je suis maître, où est la crainte qu’on a de moi ? dit
l’Eternel des armées à vous, sacrificateurs, qui méprisez mon nom, Et qui
dites: En quoi avons-nous méprisé ton nom ?» (Malachie 1/6).
Que faisons-nous de notre Salut ? De quelle manière avons-nous confirmé que Dieu dit effectivement la
vérité (sur la vie, sur la mort, sur l’Homme, sur le bien et sur le mal) ? Dieu
nous a justifiés, mais avons-nous justifié Dieu devant les hommes, devant les
anges et devant les démons ? C’est en marchant et en faisant ce qu’Il dit, que
nous Le justifions, à la face du monde. Nous avons chanté qu’Il est le Seigneur
de tout, mais dans quelle mesure sommes-nous entrés dans la réalité de cette
proclamation ? Nous avons lavé notre robe dans le sang de l’Agneau, mais qu’en
est-il de la robe des noces, celle dont nous avions à faire l’acquisition pour
nous rendre Ă Son invitation ?
L’invitation, c’est la justice de Dieu, et la robe
de noce, ce sont les justices des saints.
La révélation de la justification est un ensemble
qui ne peut pas être amputé d’une de ses parties. À la fin, elle ne doit pas
être seulement justice de Dieu, mais le résultat d’une unité de notre cœur et
du Sien, dans un mouvement qui contient notre propre réponse, qui est notre
vraie louange : « Et
j’entendis dans le ciel une voix forte qui disait: Maintenant le salut est
arrivé, et la puissance, et le règne de notre Dieu, et l’autorité de son
Christ; car il a été précipité, l’accusateur de nos frères, celui qui les
accusait devant notre Dieu jour et nuit. Et eux l’ont vaincu à cause du sang de
l’agneau et à cause de la
parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre
la mort» (Apocalypse 12/10 et
11). Il est tout à fait clair que la victoire de ces personnes est composée de
plusieurs éléments, dont le premier est le sang de l’Agneau. Mais ce n’est pas
le seul : l’engagement et la confiance grandissante jusqu’à devenir entière, en
fait partie Ă©galement.
Le Salut est une Ĺ“uvre accomplie qui doit ĂŞtre
achevée, de la même manière que le pays de Canaan avait été DONNÉ à Israël par
l’Eternel, alors qu’il fallait s’en EMPARER. Et si elle doit être achevée,
c’est que d’une certaine manière elle est incomplète. La culture protestante
(et évangélique) nous dicte d’affirmer et de croire que le sang de Jésus est
SUFFISANT pour le salut des âmes, et que rien d’autre n’est nécessaire pour
sauver de la condamnation. Mais il est tout aussi vrai que la foi sans les
œuvres qui doivent l’accompagner (en réalité : la démontrer) est morte.
«Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours
obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non seulement comme
en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je suis absent» (Philippiens 2/12).
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