Pasteur Gerald
Fruhinsholz
En
étudiant la paracha CHOFTIM (fin août 2014), j’ai été surpris de l’originalité
de ce passage tellement "évangélique". Et je me suis mis à penser
combien le Seigneur devait vibrer dans son cœur à chaque passage parlant de Lui
- Lui qui EST la Parole, et qui s’identifie à cette parole créatrice et
fondatrice dans le monde… Pouvons-nous réaliser que le jeune Yeshoua’, fidèle
participant de la synagogue, lisait régulièrement les lectures prévues de la
Torah - la paracha et la haftara – en plus des prières... ; combien cela
pouvait lui parler ?
En
aimant notre Messie juif, je ne peux que me tourner vers Son peuple Israël,
survivant miraculeux de 20 siècles de persécutions, et toujours en butte aux
moqueries du monde, toujours haï et combattu. Et j’ai à l’esprit également tous
ces chrétiens vivant le martyre au Moyen-Orient, en Irak, en Syrie, et pas
seulement (en Corée du nord aussi), des jeunes gens chrétiens qui refusent de
renier leur foi et périssent décapités ou crucifiés, des jeunes filles vendues
pour 1000 dollars à des Islamistes... Aujourd’hui au 21e siècle, qui va dire
que l’homme va en s’améliorant ? La barbarie et la violence n’ont jamais été si
choquantes, forçant les regards, présentes par la technologie sur tous les
Ă©crans.
Israël
survit au milieu de ce Moyen-Orient en Ă©bullition, lisant avec constance la
paracha de la semaine. Dans Choftim, il est dit que le roi devait lire la Torah
chaque jour : "Quand il s'assiera sur le trĂ´ne de son royaume, il Ă©crira
pour lui, dans un livre, une copie de cette loi (Torah), qu'il prendra auprès
des sacrificateurs, des LĂ©vites. Il devra l'avoir avec lui et y lire tous les
jours de sa vie, afin qu'il apprenne Ă craindre l'Eternel, son Dieu, Ă observer
et Ă mettre en pratique toutes les paroles de cette loi et toutes ces
ordonnances ; afin que son coeur ne s'élève point au-dessus de ses frères, et
qu'il ne se détourne de ces commandements ni à droite ni à gauche; afin qu'il
prolonge ses jours dans son royaume, lui et ses enfants, au milieu
d'Israël" - Deut 17:18.
Israël
n’est pas parfait, loin de là , mais que c'est émouvant de voir les tankistes
sur le champ de bataille, s’envelopper de leur talit et prier les prières du
shabbat. Et jusqu’au bout de la chaîne de commandement, le Ramatkal/Chef d’Etat
major[1] ou le Premier Ministre, sont des hommes qui respectent la vie,
respectent la foi de leurs pères, et pour certains, la vivent sérieusement.
Loin de là d’enjoliver Israël, ou de croire que cette nation est « sainte » ou
sans défaut. Mais elle est sainte/qadosh dans le sens biblique, elle est
spéciale, mise à part. Ces guerres en Israël n’ont rien de naturel ou d'anodin,
elles sont sous le regard du Ramatkal spirituel, le Chef de l’armée céleste qui
rencontra Josué/Yehoshua près de Jéricho (Jos 5 :13).
Dieu
a permis par cette confrontation avec le Hamas qu’Israël évite une tragédie qui
aurait véritablement déstabilisé le pays. Grâce à la découverte des tunnels
offensifs, "grâce" au martyre des trois jeunes étudiants, ce drame
qui a été le déclencheur, leur mort n’aura pas été vaine…
Paracha Choftim – Deut 16 :18 – 21 :9
Je
vois dans cette paracha l'importance et l'exigence de l’amour de Dieu, de
l’amour de la vie, et de l’amour du prochain. Au travers du judaïsme, le peuple
juif s’est imprégné de ces maximes et de cette philosophie de vie. Nous
constatons d’ailleurs combien les Juifs sont coutumiers des prix Nobel,
peut-être parce qu’il y a dans leurs gènes… l’amour du prochain et le souci
humaniste dans son sens le plus noble. Et l'on peut voir dans leurs réussites
et les succès qui sont les leurs, le « coup de pouce » du Seigneur. Le principe
du succès est le même pour les chrétiens adorant le même Dieu.
Edison,
inventeur américain ayant déposé plus de 2000 brevets, déclara : "Mon
grand respect et ma vive admiration va pour tous les ingénieurs, mais surtout
pour le plus grand d'entre eux : Dieu !". On peut mentionner quantité de
chrétiens scientifiques qui ont beaucoup fait pour l’humanité[2] : Galilée et
Kepler (16e siècle), Pascal et Isaac Newton (17e), Newton étant nommé le 1er
chrétien sioniste de l’histoire, Lavoisier (18e), Henri Dunant (19e), autre
chrétien sioniste, et au 20e siècle, Georges Mendel, Louis Pasteur, Henri
Poincaré, etc.
JĂ©rĂ´me
Lejeune, un généticien français mort en 1994, a dit : "S'il y a un seul
témoignage que je peux vous laisser, c'est que nous sommes dans la main de
Dieu, je l'ai vérifié en plusieurs circonstances".
Comment
ne pas saisir en considérant ces choses, que le chrétien et le Juif doivent
marcher main dans la main ?... Ils se complètent dans leur foi, comme l'homme
et la femme se complètent dans le couple. Ils sont e’had/UN dans la main de
Dieu. Le Juif est le croyant de la Torah, tandis que le chrétien est le croyant
de la prophétie. Mais paradoxalement, c’est le Juif qui nous oblige, nous
chrétiens, à considérer le futur messianique. Un commentateur résumera les
choses ainsi : « Les deux ensemble portent témoignage de la vérité totale de
Dieu ; les chrétiens proclamant "déjà ", les Juifs "pas
encore", mais le couple "déjà pas encore", comme l’ont montré
Kierkegaard et Barth, caractérise exactement la foi dans le Dieu d’Abraham et
de Jésus »[3].
Le
rappel de ces croyants au service de l’humanité nous montre l’importance de la
justice dans la paracha Choftim - Deut 16:18 : "Tu Ă©tabliras des juges
(CHOFTIM) et des magistrats (CHOTRIM) dans toutes les villes que l'Eternel, ton
Dieu, te donne, selon les tribus ; et ils jugeront le peuple avec
justice"... (20) Tu suivras ponctuellement la justice, afin que tu vives
et que tu possèdes le pays que l'Eternel ton Dieu, te donne".
La
traduction affaiblit quelque peu le texte. Le premier verset dit ceci : choftim
vechoterim titen lekha bekol she’arikha… shaftou et ha’am michpat-tsedek.
(littéralement : "Tu te donneras des juges et des magistrats dans toutes
tes portes... ils jugeront le peuple avec justice-justice").
Il
y a une singularité dans la fin du verset : michpat-tsedeq. On pourrait aussi
traduire une "justice juste", ou un "juste jugement", selon
Chouraqui. Ces deux mots en fait parlent de JUSTICE : michpat et tsedeq.
On
pourrait dire que MICHPAT (d’où vient chofet, et choftim au pluriel) est la
justice transcendante, verticale, tandis que TSEDEQ (d’où vient le mot tsedaqa)
est la justice pour autrui, c’est la partie horizontale.
Cela
ne nous fait-il pas penser aux bras d’une croix... de la CROIX ? Il y a un sens
vertical, c'est la justice qui vient d’En-haut, et une justice qui s’exerce
horizontalement, celle qui s'exerce à l’égard du prochain. Donner la tsedaqa,
donner aux pauvres dans le judaĂŻsme est une obligation (Deut 15 :11) ; JĂ©sus
n’a pas supprimé ce commandement.
La
justice d’En-haut évoque également le jugement divin, qui a été effacé à la
Croix. Ô combien ce mystère est grand ! Le Créateur a voulu une humanité
soucieuse de justice, et par Son amour pour l’homme, Il a pris sur Lui le
Jugement sur le monde, en envoyant Son Fils unique mourir sur le bois.
Cette
Croix est "un poteau indicateur" extraordinaire, elle indique aux
hommes : "Confiez-vous en SA justice, et poursuivez et cultivez l’amour du
prochain, quel qu'il soit".
"Justice, justice, poursuis-la…"
C’est
le verset 20 : Tsedeq tsedeq, tirdof - "Justice, justice,
poursuis-la". Cela nous rappelle le commandement (mitsva) de l’Eternel :
"Aime ton prochain comme toi-mĂŞme" (Deut 19 :18). Car le tsedeq,
c'est la grâce, la compassion..
Galates
5 :14 nous donne la portée de cette mitsva – elle accomplit la Torah toute
entière : "Car toute la loi est accomplie dans une seule parole, celle-ci
: Tu aimeras ton prochain comme toi-mĂŞme".
Est-ce
que nous entendons ici le cri de Dieu, l’appel divin ?
Cette
justice, c’est le tsedeq – c’est notre part, celle du croyant. Elle correspond
à la compassion, à l’amour du prochain, à la miséricorde que nous devons
manifester. Par l’Esprit que Dieu a mis en nous, Dieu fait bouger nos
entrailles ! Dans les temps que nous vivons, la pire chose pour un chrétien
serait de vivre sa vie « tranquillement ». Dieu ne veut pas nous laisser tranquille
! Il veut par-dessus tout que nous exercions le TSEDEQ, que nous devenions des
tsadiqim, des Justes, des croyants tsedeq.
Le Prophète… le CHOFET par excellence
Deut
18 :15 - "L'Eternel ton Dieu, te
suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète comme moi : vous
l'écouterez !... (18) Je leur susciterai un prophète comme toi, Je mettrai mes
paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que Je lui commanderai. (19) Et
si quelqu'un n'Ă©coute pas mes paroles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui lui
en demanderai compte".
Cette
parole prophétique se trouve au milieu de CHOFTIM. C’est comme un diamant dans
l’écrin d’une paracha évoquant la justice et le Royaume. Qui peut désigner le
Prophète par excellence ? - Un homme qui est comme Moïse - un sauveur, un roi…
il est issu du peuple… il transmet les paroles de Dieu Lui-même… et il est le
bras du Jugement divin !
Sans
aucun doute, il s’agit du Fils de Dieu/ Ben Elohim, du Mashia’h qui est venu
une première fois pour accomplir la Justice de Dieu, et vient une deuxième fois
pour rétablir toutes choses, notamment la Justice sur la terre et la Paix dans
un monde renouvelé.
Les
Juifs de l’époque des apôtres ne s’étaient pas trompés : "Ces gens
disaient : Celui-ci est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde"
- Jean 6:14, 7 :40.
ArrĂŞtons-nous
là . Et concluons en nous remémorant Deut 16 :20 : "Poursuis la justice,
afin que tu vives et que tu possèdes le pays que l'Eternel ton Dieu, te
donne".
Rappelons-nous
l’appel divin - tsedeq, tsedeq, tirdof !, et voyons ce que Dieu nous promet :
La
vie - afin que tu vives..."
L’héritage
du Royaume - "afin que tu possèdes le pays que Dieu te donne..."
C’est
la Vie et l’Héritage que Dieu promet - à Israël et à nous-mêmes chrétiens.
Poursuivons donc la justice, et exerçons la miséricorde en ces temps troublés…
Intercédons, prions, agissons en vérité.
[1] Le chef d'Ă©tat-major,
appelĂ© aussi commandant en chef des Forces de DĂ©fense d'IsraĂ«l (hĂ©breu : ראש המטה הכללי, Rosh HaMateh HaKlali, abbr. Ramatkal) est le chef
suprême de Tsahal. Aujourd’hui, le ramatkal est Benny Gantz.
[2] Voir la liste faite
sur ce pdf : http://remi.sentis.perso.sfr.fr/ListeSavant.pdf
[3] « Le Traité sur les
Juifs », de F. Mussner.
Source : http://preparezlechemin.over-blog.com