«Le coeur des sages est dans la maison
du deuil,
et le coeur des insensés dans la
maison de la joie»
Ecclesiaste 7 :4
Par Jérôme Prékel
Combien
cette pensée est éloignée de la vision contemporaine ! La «maison de la joie» —
métaphore d’une existence tournée vers les plaisirs, c’est-à-dire d’influence
hédoniste[1] —
représente un style de vie insouciant auquel aspire l’homme naturel; mais
l’Ecclésiaste, auteur de cet aphorisme, donne ici une autre direction.
L’ensemble de sa réflexion, dans ce chapitre 7, s’inscrit dans une logique qui
n’est justement pas naturelle : «Mieux vaut le chagrin
que le rire, dit-il, car le coeur est rendu meilleur par la
tristesse du visage».
Il serait
difficile de faire un best-seller aujourd’hui avec ce thème ! Ou de faire le
buzz avec un article sur le Net … Parce que la chose n’est pas évidente à
entendre (voire même complètement déplacée), surtout à une époque où “la
dépression” est devenue un des fléaux du siècle : on cherche davantage, et par
tous les moyens, à fuir la tristesse, l’affliction, sous toutes ses formes. La
tendance contemporaine dirait plutôt : mieux vaut le rire que
le chagrin : le cœur est rendu meilleur par la joie !
On aura
compris qu’il s’agit là d’une sagesse qui ne s’inscrit pas dans l’air du temps,
et qui pourrait être contredite jusqu’à l’intérieur d’un certain christianisme,
influencé par les aspirations à l’épanouissement personnel prôné par la société
postmoderne (ou hypermoderne)[2]. Il est donc logique qu’en première
lecture, cette vision biblique soit perçue avec peu d’enthousiasme, et qu’elle
soit même soupçonnée de véhiculer une forme de névrose religieuse.
Pourtant,
l’auteur ne suggère pas de passer sa vie dans les cimetières, ou de se priver
de cultiver une certaine joie de vivre[3], puisque la joie est un don de Dieu[4]. Mais il veut rappeler que se détourner
de la mort, de son sens et de sa perspective (la maison de deuil) conduirait
l’âme humaine dans une forme de déni de réalité, puis dans une fuite en avant à
la recherche du bonheur terrestre sans Dieu, qui représente à ses yeux l’exact
contraire de la sagesse.
C’est en
effet la mise en présence avec la pensée de LA fin (en général) et de notre
propre fin (en particulier) qui constitue un moment de réflexion d’une
profondeur irremplaçable, nous rappelant la fragilité, et donc la valeur de
l’existence[5]. La vie nous a été donnée sans que nous
l’ayons demandée et nous la recevons, conscients de ce qui nous précède et de
ce qui nous survivra, de toute éternité. La pensée de la fin n’est en ce sens
pas morbide, mais porteuse d’une promesse qui nous relie à l’absolu, c’est
pourquoi il est important que les vivants n’oublient pas la mort, qu’ils ne la
dés-intègrent pas de leur existence, car elle est l’ultime expérience que
chacun doit vivre.
La « maison
de deuil » représente en définitive une certaine philosophie de la vie,
essentielle, fondamentale, qui contient un ensemble de pensées et de questions
existentielles, dont le faisceau dirige les regards vers Dieu et vers
l’éternité : c’est précisément au travers de ce processus de réflexion que «l’Éternel a mis dans le
coeur des hommes la pensée de l’éternité, bien qu’ils ne puissent pas vraiment
saisir la plénitude de l’oeuvre que Dieu fait, du commencement jusqu’à la fin » (Ecclésiaste 3/11). Et qu’est-ce qui
conduit à la pensée de l’éternité, sinon l’acceptation d’un questionnement dont
la réponse ne peut pas être trouvée dans l’Homme ? Cette impasse intellectuelle
pousse l’esprit à trouver le chemin d’une vérité en dehors de lui, au-delà de
ce que son esprit peut circonscrire, c’est-à-dire vers Dieu.
Pour
Cicéron[6], philosopher c’est justement apprendre à
mourir :
«Que faisons-nous
lorsque nous détachons notre âme du plaisir (c’est-à-dire du corps), des
affaires privées (qui en dépendent étroitement), des affaires publiques, bref
de tout ce qui est synonyme d’activité, que faisons-nous, dis-je, sinon
l’obliger à se ressaisir, l’inciter à la concentration et surtout l’isoler du
corps ? Or, séparer l’âme du corps, c’est, assurément, apprendre à mourir »[7].
L’empreinte de «la maison de deuil» dans le passé
On raconte
que dans la Rome antique, lors des cérémonies de triomphe des généraux romains,
se tenait un esclave, derrière le héros, sur son char. Il était chargé de lui
souffler cette phrase :«Memento mori !» (Souviens-toi
que tu mourras !). Elle était censée lui rappeler son statut de mortel, dans un
moment d’élévation et d’exaltation de soi,[8] alors
qu’il était sollicité par lavanité des gloires terrestres. La sagesse de
la « maison de deuil » n’était pas loin.
Dans la
suite de l’Histoire, certains grands de ce monde et certains esprits éclairés
se sont montrés sensibles à cette réflexion, tel par exemple Charles Quint qui,
dit-on, se couchait tous les soirs dans un cercueil pour méditer sur sa
condition de mortel [9].
C’est à la
fin de l’époque médiévale que cette philosophie a cherché à diffuser son
influence dans la société, en empruntant le chemin de la culture: le «Memento Mori» est devenu un style pictural, qui
mettait en scène la perspective de la mort et les pensées qui y sont attachées.
Dans le
même temps (et jusqu’au XIXè siècle) est apparu l’ars moriendi, ou l’art de bien mourir. C’était une forme de littérature
populaire, fortement influencée par la pensée religieuse de l’époque, et qui
répondait à un besoin, à un questionnement des sociétés de ce temps, dans
laquelle la mort était très présente. Ces ouvrages, existant sous diverses
formes (y compris à destination des enfants), étaient davantage des supports de
réflexion sur la mort que des manuels de préparation.
Au
Moyen-Âge, les maisons étaient souvent décorées de fresques décrivant des
scènes porteuses de messages philosophiques, ou bibliques. L’une d’elles, bien
connue, datant du 13è siècle, représentait : « les trois vivants et les trois morts ». Trois hommes fortunés (ou trois
rois) rencontraient les cadavres de leurs ancêtres, qui les avertissaient au
moyen d’une formule latine qui était reproduite à chaque fois : Quod Sumus, hoc iritis (voici ce que nous sommes : un jour vous serez
pareils !) ou
encore Quod fuimus, estes; quo
sumus, vos iritis (Ce que nous avons été,
vous êtes; Ce que nous sommes, vous serez !).
L’interpellation
était destinée à rappeler à la conscience de l’homme que la vie est limitée et
que son fil peut être coupé à tout instant. Il faut se souvenir que la
mortalité de ces époques reculées était élevée, et que l’espoir de dépasser la
cinquantaine était très faible. La moitié des enfants disparaissait avant l’âge
de 10 ans [10].
Le Memento Mori a donc été un genre artistique, qu’on
qualifierait sans doute de morbide aujourd’hui. Il fut progressivement
abandonné, pour quasiment disparaître au moment de la Renaissance. Le style a
cependant été longtemps présent, comme une source d’inspiration philosophique :
il n’était pas rare de trouver un crâne humain sur le bureau de Monsieur
Tout-le-Monde, en guise de presse-papier ! On représente Hamlet, de
William Shakespeare, dans une célèbre scène où il s’interroge sur le sens de la
vie, s’adressant à un crâne, dans une formule rendue célèbre : «être ou ne pas être, telle est la question ?».
Ultima Forsans
Une autre
trace de la présence de cette pensée dans la société existait sous la forme
d’une mention gravée par les horlogers sur les cadrans solaires (et sur les
montres à gousset) : «Ultima Forsans !»,
qui signifiait : « La dernière,
peut-être !..»[11]. Il fallait entendre : c’est peut-être la dernière heure : réfléchis !
Cette
tradition ancienne des horlogers était une émanation de cette volonté de rester
proche de «la maison de deuil» dont parle l’Ecclésiaste, grâce à l’inscription
de ces simples mots, pour rappeler une pensée naturellement réfractaire. La
perspective de la fin s’invitait donc régulièrement par ce moyen (à chaque fois
que l’on regardait l’heure !) afin que chaque homme puisse se remémorer que le
temps est compté dans cette vie, et qu’il faut faire face à la réalité d’une
fin, même si elle nous semble toujours éloignée, ou même, curieusement
improbable … Cette démarche participait d’une sagesse à laquelle la Bible nous
invite en toute circonstance :
«
Enseigne-nous à bien compter nos jours, afin que nous appliquions notre coeur à
la sagesse»(Psaume 90/12).
Une perte de contact progressive
Le rapport
à la mort — cette fréquentation de «la maison de deuil» — a progressivement
changé à l’époque moderne, sous la pression d’une volonté de plus en plus
affirmée de la cacher. Avant ce changement, la société affrontait différemment
le trépas, qui n’était couvert d’aucun voile et d’aucun silence :
La mort au
Moyen Age est une mort consciente, de préférence au lit. Le mourant a la
conviction intérieure qu’il va mourir et accepte sa mort (et cela se poursuit à
la Renaissance et jusqu’au XVIIIe siècle). Le fait d’être averti permet de
prendre ses dispositions. Les morts du Moyen Age, croyants, se tournent vers
Jérusalem, dans l’attitude des gisants, face vers le Ciel. Le cérémonial de la
mort comprend plusieurs étapes : le regret de la vie (de courte durée, sans
dramatisation excessive), la demande de pardon du mal qu’on a fait, la
recommandation à Dieu de ceux qui survivent, la prière (pénitence) et
l’absolution. Ce protocole est public : le lit du mort est entouré d’une
assistance parfois nombreuses et qui comprend des enfants. La mort est acceptée
paisiblement, sans drame excessif : c’est la mort apprivoisée[12].
C’est à la
faveur de la Révolution Industrielle (Fin XIXème et début XXème siècle) que le
monde moderne a commencé à se déconnecter progressivement de ses liens avec le
monde naturel, ses cycles et tous les enseignements dont ils étaient porteurs.
Graduellement, les populations ont déserté les campagnes pour s’installer dans
les villes, alors que c’est justement le contact avec la nature qui est le plus
favorable pour conserver le lien avec la vie — et avec la mort. Au siècle
dernier, plus de 80% de la population (Europe et États-Unis) vivait encore à la
campagne. De nos jours, les chiffres sont inversés : plus de 80% des habitants résident dans les zones
urbaines.
La
domestication de l’énergie a mis un terme à la dépendance vis à vis de la
lumière naturelle, qui obligeait les hommes à vivre à son rythme. L’éclosion de
la vie (le printemps) et son crépuscule (l’hiver) sont devenus illisibles dans
toutes leurs nuances, pour le citadin. Les enfants ne sont plus témoins du
miracle de la vie — ni de la réalité de la mort[13]. Ce ne sont plus les saisons qui
rythment la vie, mais plutôt les campagnes publicitaires, qui cadencent la
consommation. Toutes ces transformations ont accompagné ou entraîné une
nouvelle manière de considérer la mort :
Un
changement d’approche de la mort s’est fait
au XXe siècle, d’abord dans les pays anglo-saxons : la mort est devenue un
tabou. Dès la seconde moitié du XIXe, on commence à s’interroger sur la
nécessité de révéler à un malade la gravité de son état, d’abord pour
l’épargner lui, puis pour épargner l’entourage en lui évitant des émotions trop
fortes. La mort ne doit pas troubler ce bonheur constant qu’est la vie.
On observe
un déplacement de la mort dans la première moitié du XXe siècle : on ne meurt
plus chez soi mais à l’hôpital et souvent seul. L’hôpital est le lieu où on
lutte contre la mort mais aussi le lieu où l’on vient mourir [14]. La mort résulte souvent d’une
décision technique (arrêt des soins, précédée d’une perte de conscience qui
constitue une première mort). L’initiative de la mort n’appartient plus ni au
mourant, ni même à sa famille, mais aux médecins. Ceux-ci s’efforcent de rendre
la façon de mourir acceptable pour les survivants. Les rites post-mortem
changent eux aussi. Les condoléances sont limitées, le deuil estompé. Toute
manifestation excessive est jugée comme une anormalité morbide, on cherche à
épargner les enfants en ne pleurant pas devant eux. Le développement de
l’incinération est la solution la plus radicale de faire disparaître les morts.
Les urnes ne sont pas visitées, les cendres sont parfois dispersées. En fait,
il est possible de penser que ce refoulement de la douleur aggrave les
traumatismes liés à la disparition d’un être cher [15].
Des conséquences profondes
Une vraie
distance s’est donc installée, parfois une rupture, qui est le résultat d’un
refoulement graduel de la mort, une sorte de tentative d’exorcisation qui
modifie et dénature un équilibre originel/naturel : si la société des hommes entretient une fausse
considération de la mort, elle nourrira également, par voie de conséquence, une
conception erronée de la vie.
La
philosophe Hannah Arendt a postulé que c’est justement la relativisation de la
mort (sa dénaturation) qui a entraîné comme conséquence l’émergence du concept
des camps de concentration et des chambres à gaz, entraînant des comportement
(in)humains inédits dans leur expression globalisante, à l’intérieur des
sociétés modernes (barbarie, crimes contre l’humanité, génocides)…
Ce
phénomène semble avoir déployé ses effets dans plusieurs compartiments de la
société contemporaine, dans lesquels la perception de la vie, et sa valeur, ont
été sérieusement modifiées, entraînant certaines conséquences :
– Le net développement du
suicide, qui
avoisine aujourd’hui 60% dans certains pays : un million de personnes par
an meurent par ce moyen, soit plus que les victimes de guerres et d’homicides
réunies[16]. Et ce chiffre est sans doute bien plus
important que ne le montrent les statistiques rassemblées par l’OMS[17]. Il s’agit d’un problème qui va en
s’aggravant : on annonce un chiffre de près de 20 millions de tentatives de
suicides par an[18], qui est sans doute lui aussi inférieur
à la réalité. Il révèle une augmentation de la souffrance personnelle, mais
aussi une notion altérée de la valeur de la vie.
– L’augmentation des meurtres gratuits et des
assassinats de masse (dans
les lieux publics, les écoles), phénomènes nouveaux du XXè siècle[19]. On constate une implication croissante
de jeunes, d’adolescents et même d’enfants, qui tuent pour des motifs futiles,
parfois par simple désouvrement[20]. La justice, désemparée, cherche souvent
à requalifier ces “homicides” en “coups et blessures ayant entraîné la mort”,
ce qui ne contribue pas à une saine prise de conscience de leur part de la
valeur de la vie[21].
– La
légalisation de l’avortement, geste
thérapeutique justifiable dans des circonstances particulières, qui est devenu
un acte chirurgical de confort auquel on a recours à grande échelle. L’OMS
avance le chiffre de 50 millions d’IVG annuels dans le monde[22] :
si ce sont de simples gestes chirurgicaux sur des amas cellulaires, c’est un
moindre mal, mais si ces foetus sont des êtres humains, il s’agit alors du plus
grand génocide de toute l’histoire de l’humanité. Qui se répète chaque année.
– Le phénomène des infanticides : les médias font régulièrement état
de destructions de familles. La réalité du phénomène se constate dans l’analyse
des statistiques du CePiDc : les enfants de moins d’un an sont surreprésentés
dans la comptabilisation des décès de la population (en France, ils constituent
3,8% de l’ensemble des homicides, alors qu’ils ne représentent que 1,2% de la
totalité de la population[23]). D’après un récent constat[24], il semble que plus d’un tiers des décès
d’enfants répertoriés comme étant accidentels, ou sans cause connue, soient en
réalité des infanticides.
–
L’émergence de l’euthanasie, qui prend sa place dans la société
comme une évidence moderne : selon un sondage IFOP d’octobre 2014[25], réalisé pour l’Association le droit de
mourir dans la dignité, les Français seraient 96% à souhaiter que la loi
encadre le suicide assisté et l’euthanasie, afin de permettre aux
personnes qui le souhaitent d’en bénéficier. Dans la plupart des pays,
l’euthanasie active est condamnée. Mais la jurisprudence autorise un peu
partout une euthanasie passive (arrêt des traitements à la demande du patient).
–
L’avortement post-natal, autre
phénomène-conséquence lié à la fois à l’infanticide, l’avortement et
l’euthanasie. Des chercheurs[26] ont
commencé à travailler pour porter cette idée dans l’agora de la bioéthique
mondiale[27]. En résumé, puisque le cadre de
définition du statut moral de l’enfant n’est pas défini, alors l’avortement
post-natal devrait pouvoir être permis dans tous les cas où l’avortement l’est,
y compris le cas où le nouveau-né n’est pas handicapé. Pour le moment, l’idée
est irrecevable par la communauté. Mais le fait qu’on publie de telles études
dans des revues prestigieuses (Journal of Medical Ethics) et que des chercheurs
soient financés pour de telles recherches[28] appelle
une attention particulière.
Il existe
bien d’autres signes imputables à la relativisation de la mort, entraînant une
dégradation de la perception de la vie. Dans son livre “La condition de l’homme
moderne”, Annah Arendt anticipait que ce phénomène favoriserait l’émergence de
nouveaux comportements :
… Le fait
de couper l’homme de la mort, de la notion de mort et de la réalité de la mort
devient le meilleur moyen de le ramener vers l’animalité. Le résultat de cette
transformation de la perception de la vie entraîne la perte de la quête de
l’immortalité, remplacée
par la préoccupation du cycle vital propre à la société de consommation.
On peut
parfaitement concevoir que l’époque moderne – qui commença par une explosion
d’activité humaine si neuve, si riche de promesses – s’achève dans la passivité
la plus inerte, la plus stérile que l’Histoire ait jamais connue.
La tendance
à l’inertie, la disparition progressive de toute action, voilà ce que nous
sommes en train de faire. C’est donc l’avenir même de l’homme qui est en jeu et
qui suppose chercher à sauver de l’oubli la quête d’immortalité [29].
Le mensonge de la mort moderne
Nous avons
vu que la sagesse inspirée de Dieu préconise non seulement de ne pas dissocier
la mort d’avec la vie, mais qu’elle conseille d’entretenir un lien continuel
avec elle, opposant «la maison de la joie» (représentant le refuge de
l’hédonisme et diverses philosophies) à la «maison du deuil» (représentant un
face-à-face avec sa propre finitude, qui conduit à la recherche de l’éternité).
C’est là
l’influence que diffusait l’époque médiévale au travers des différents moyens
qui étaient employés (Memento Mori, Ars
Moriendi). L’inspiration
était spirituelle, l’expression était religieuse.
Il en est
autrement dans la société moderne : depuis le milieu du XXè siècle, nous sommes
entrés dans une succession de crises (sociales, économiques, politiques,
civilisationnelles) dont la plus importante est sans doute une déspiritualisation[30], étape préparatoire vers une phase
finale dont parlent les prophéties bibliques[31].
Les
comportements ont donc changé : on évite de se penser comme mortel, on
travaille avec acharnement à faire reculer les effets de l’âge, on cherche
l’éternelle jeunesse, et le chiffre d’affaire annuel de la cosmétique[32] et
de la chirurgie esthétique[33] démontre
bien la réalité de ce phénomène, qui prend de plus en plus d’ampleur.
Cependant,
«la mort» n’est pourtant pas absente de la scène du Monde, et la société
moderne entretient plusieurs types de représentations, qui paradoxalement
travaillent davantage à une forme de banalisation qu’à une stimulation de la
réflexion:
– une
représentation brute de la mort, mais distante, sous la forme d’images qui
s’invitent chaque jour dans notre salon, avant/pendant/après le repas, en
écoutant et en regardant les infos du jour. Accidents, attentats, assassinats,
suicides, meurtres, épidémies, catastrophes : des morts de toutes sortes,
absurdes, choquantes, brutales, mais toujours lointaines. Une mort que nous
n’avons pas le temps d’analyser ou de comprendre, qui dure à peine une seconde,
qui ne nous concerne pas de près et donc ne nous questionne pas, parce qu’elle
est détachée de nous, impersonnelle : c’est ce que la psychologie sociale
appelle «le concept de la mort kilométrique [34]». La société antique apprenait à
accepter sa propre mort, tandis que la société moderne, la mort des autres.
– une
représentation esthétisée à l’excès par l’industrie cinématographique, qui met
en scène une mort fictive, étroitement unie à une violence extrême, — fictive
elle aussi — dans des images puissantes, qui plongent les spectateurs dans des
expériences émotionnelles de plus en plus réalistes dans la forme, tandis que
le sens réel est complètement absent. La mise en scène de la mort ne dure qu’un
instant, et on passe à autre chose. C’est sans doute dans cet espace
théatralisé que le sens de la vie et de la mort a subi le plus de
désinformation et de transformation au cours du XXè siècle.
– une
représentation erronée destinée à l’imaginaire de l’enfance et de
l’adolescence, au travers de jeux électroniques de plus en plus sophistiqués
(3D, réalité virtuelle), où on joue sa vie et celle des autres, simplement pour
performer son score, des «jeux» où la relativisation de la mort est poussée à
l’extrême. Certes, la mort y existe, comme une menace latente pouvant
s’exécuter à tout moment, mais tempérée par la possibilité de recommencer à
l’infini, sorte d’éternité qui conditionne l’inconscient du joueur[35]. Mais c’est en réalité la valeur de la
vie qui est atteinte et modifiée[36].
Les
idéologues de cet opium psychique prétendent que l’idée de la mort — qui est
déstructurante de par son caractère irrévocable et inexplicable — doit être
apprivoisée au moyen d’une multitude de productions imaginaires dans le but
d’atténuer son «pouvoir dissolvant», et par là même, son caractère angoissant.
On utilise (et exploite) la fonction euphémisante de l’imaginaire pour
dénaturer et refouler la vraie mort, alors qu’il faudrait au contraire
l’intégrer: car c’est le seul moyen pour l’être humain de se penser comme
mortel, et c’est là justement le message de l’Ecclésiaste.
On ne peut
donc pas dire que l’exposition de la mort soit absente de la société moderne.
Elle semble au contraire très présente, mais dans une fiction continuelle, qui
contribue à sa banalisation. On parle d’elle, on la montre, mais sans qu’il
soit possible de sonder personnellement sa signification, sinon en
s’identifiant à des personnages et des situations fictives. Cette relation
distante avec la mort n’a bien sûr plus rien à voir avec « la maison de deuil »
dont parle l’Ecclésiaste.
De nouveaux signes sociaux
Les
différents phénomènes qui modifient la perception de la mort conduisent
logiquement à une sous-estimation de son importance, dans l’inconscient de
chacun.
Nous ne
pouvons que constater autour de nous les effets de cette pensée, de ce déni,
lorsque par exemple la société de consommation commercialise des produits qui
donnent la mort (c’est écrit dessus, comme dans le cas du tabac) tandis que des
gens continuent de les consommer, aveugles à la réalité
de la mort, sourds à sa vérité. Parce que la vérité et la réalité sont
occultées par le mensonge, noyées sous un déluge d’images séduisantes et de
fausses promesses, dans une dynamique de recherche du plaisir, qui supplante
tout.
On comprend
donc que l’inconscient collectif, marqué par une relativisation de la mort,
n’oppose pas de résistance à la tentation d’en porter la marque visible : de la
profondeur de jadis à la superficialité moderne, il était logique que la
relation avec la mort devienne simplement une histoire d’image. La mode s’est
donc emparée de l’emblème, qui prend sa place dans la société, n’étant plus un
objet d’aversion ou de crainte, mais une marque comme une autre.
Contrairement aux apparences, nous n’assistons pas ici à un
retour du Memento Mori,
puisqu’ici il n’y a pas de message philosophique, sauf peut-être indirectement
celui du nihilisme[37] qui
est véhiculé par une culture de mort (voir certains courants musicaux comme le
hard/black/death metal).
Le signe de
mort, tel que nous le voyons apparaître un peu partout aujourd’hui,
après avoir été une marque de reconnaissance destinée à véhiculer la peur,
réservé à des groupes marginaux, descend dans la rue pour devenir un emblème —
que les fashion victims payent pour pouvoir le porter. La marque de la mort est
devenue un signe branché pour une communauté de consommateurs anésthésiés qui
n’ont plus peur de rien, puisqu’ils ne croient plus en rien.
Ce pénomène
illustre peut-être, en mode mineur, le mécanisme d’une autre marque : la Bible
annonce qu’à la fin des temps, un grand nombre de personnes prendront
volontairement sur elles ce que les Écritures appellent «la Marque de la Bête[38]» : une marque de perdition, que
logiquement nous ne devrions pas accepter (et encore moins désirer), mais qui
se retrouvera sur certains, malgré tout. Parce que le sens de l’analyse
spirituelle et de la compréhension personnelle des choses sera gravement
altéré.
Les signes d’apostasie
Il est
inévitable que les temps changent, que des transformations s’opèrent de manière
incessante, — et que surviennent des scandales[39]. Il est nécessaire que les choses
puissent évoluer, mais tous les
changements ne sont pas synonymes de progrès, et ce n’est pas là une pensée
réactionnaire[40], ou moralisatrice, mais une réflexion
qui s’inspire d’une sagesse biblique immuable, qui plaide pour que certains
repères, certaines valeurs, survivent dans la génération suivante: «Ne déplace pas la borne ancienne, que tes pères
ont posée»[41]. Contrairement à la sagesse
populaire qui prône «de vivre avec son temps», la sagesse biblique préconise de
«ne pas s’y conformer»[42] :
Vivez dans ce monde, ne cherchez pas à vous y soustraire[43], mais n’oubliez pas que vous appartenez
en réalité à un autre système de valeurs, une autre royaume[44], ou selon un terme plus actuel : une
autre «société».
Nous
enregistrons aujourd’hui tellement de signes d’apostasie (dans la société
occidentale et christianisée) qu’il devient évident, même pour les
commentateurs non-croyants, que nous sommes entrés dans une phase de
déconstruction de l’héritage du judéo-christianisme. C’est exactement ce
qu’évoquent certaines prophéties bibliques :
«Ne vous
laissez pas facilement ébranler dans votre bon sens, et ne vous laissez pas
troubler, soit par quelque inspiration, soit par quelque parole, ou par quelque
lettre qu’on dirait venir de nous, comme si le jour du Seigneur était déjà là.
Que personne ne vous séduise d’aucune manière; car il faut que l’apostasie
soit arrivée auparavant, et qu’on ait vu paraître l’homme du
péché, le fils de la perdition, l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce
qu’on appelle Dieu ou de ce qu’on adore, jusqu’à s’asseoir dans le temple de
Dieu, se proclamant lui-même Dieu » (2 Thessaloniciens 2/2 à 4)
«Sache que,
dans les derniers jours, il y aura
des temps difficiles. Car les
hommes seront égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs,
rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux,
calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres,
emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence
de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Eloigne-toi de ces hommes-là
» (2 Timothée
3/1 à 5).
«Malheur à
ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en
lumière, et la lumière en ténèbres, Qui changent l’amertume en douceur, et la
douceur en amertume!» (Esaïe
5/20).
Le chrétien et la «maison de deuil»
Nous avons
vu que le Monde (la société des hommes sans Dieu) est parcouru d’influences qui
façonnent les mentalités, orientent la culture et alimentent l’inconscient
collectif. Le «progrès» est interprété généralement en terme de protection et
d’augmentation de la liberté personnelle.
Quels sont
les effets sur l’Église ? Les chrétiens sont exposés, comme tout un chacun, à
toutes les influences de l’esprit du Monde, c’est pourquoi ils sont appelés à
vivre dans une veille active[45]. La pression de la recherche du plaisir
est en constante augmentation dans la société qui nous entoure : si les
chrétiens n’y sont pas attentifs, s’ils y succombent un tant soit peu, alors
ils perdront le contact progressivement avec les valeurs qui ne se trouvent que
dans «la maison de deuil»: ils troqueront des valeurs éternelles pour des
valeurs temporelles[46] et
se retrouveront — par un mouvement mécanique logique — dans la «maison de la
joie». C’est-à-dire dans une vie de foi basée sur la recherche des plaisirs
spirituels et d’une marche à moindre coût.
Dans ses
fondements, le christianisme est pourtant lié à «la maison du deuil», dans son
ADN spirituel, au travers du sacrifice du Seigneur Jésus. En effet, il est
entré dans le monde pourmourir
et nous pouvons considérer que chaque pas qu’il a fait en public, chaque
message, chaque action, s’est inscrit dans cette perspective. La mort (la
maison de deuil) faisait partie de sa vie avant même qu’il soit l’heure pour
lui d’y entrer.
Qu’en
est-il pour nous ?
Dans le
point de départ de notre christianisme (la découverte de la justification par
la Grâce), nous avons été acceptés par Dieu tel que nous sommes, sans que rien
ne nous soit demandé, sinon la reconnaissance de l’état de péché de la nature
humaine et la rédemption par Christ :«Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son
Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il
ait la vie éternelle » (Jean
3/16).
Mais les
choses ne s’arrêtent pas là. Ce chemin
de Salut nous entraîne dans une marche vers l’identification avec Christ,
puis dans une incarnation, que Dieu
désire la plus aboutie possible («…jusqu’à ce que Christ soit formé dans vos cœurs
»[47], «… participants de la nature divine »[48]).
Ce
processus d’incarnation, de transformation, est une démarche constante, un
chemin exigeant, qui consiste d’une part au dépouillement de ce que l’apôtre
Paul appelle “le vieil homme”, et d’autre part au revêtissement du nouvel homme [49].
Tout
christianisme qui se refuserait à intégrer le renoncement à soi-même dans
l’existence ne serait plus le christianisme. C’est également là le sens de «la
maison de deuil» dont parle l’Ecclesiaste, et dont la fréquentation vaut mieux
que «la maison de joie». Il faut en effet accepter de réaliser le deuil de ce
que nous possédons, et, bien au-delà, de ce que nous sommes en Adam :
« Ainsi
donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, NE PEUT PAS être
mon disciple »[50] …
« Si
quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses
enfants, ses frères, et ses soeurs, et même sa propre vie, IL NE PEUT PAS
DEVENIR mon disciple »[51] :
il pourra être un croyant, mais il ne pourra pas entrer dans le corps des
disciples (il y a une différence ![52]).
Ainsi,
suivre Jésus impliquera OBLIGATOIREMENT de connaître «la maison de deuil», non
pour s’y établir et vivre une foi misérabiliste et névrosée, mais parce que c’est la composante indispensable
d’une vie spirituelle dynamique : «regardez-vous comme
morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ» (Romains 6/11). Il ne s’agit pas
seulement de considérations théologiques, ou d’une théorie mystique, mais de
vérités qui contiennent une dimension pratique et dynamique.
Pendant les
19 premiers siècles de notre ère, les enseignements fondamentaux de la
perfection spirituelle (la sanctification) ont mis l’accent sur la nécessité d’intégrer
une mort dynamique (note 44) pour le développement de la vie de Dieu dans le
cœur du croyant. Aujourd’hui, quel livre en vogue dans le christianisme moderne
en parle encore ? Un grand nombre d’enseignements sont imprégnés de la
recherche du bien-être, de l’amélioration des conditions de vie, de la
réussite, de la prospérité … en un mot de perspectives terrestres.
La «maison
de deuil», dans le sens de la mort à soi-même, contient un ensemble de vérités
spirituelles qui ne peuvent se recevoir que par l’expérience personnelle, (ce
qui nous protègera d’une gestion intellectuelle du sujet). C’est le seul moyen
d’une véritable progression spirituelle, pour la connaissance de Christ : «Si le grain de blé ne meurt, il ne peut porter de
fruit» (Jean
12/28), et nous savons que Jésus ne parlait pas seulement de lui.
Le grain de
blé doit tomber dans le sol et mourir. Nous, qui prêchons l’Evangile, nous ne
devons pas nous considérer comme des agents des relations publiques, envoyés
pour établir de bons rapports entre Christ et le monde. Nous ne devons pas nous
imaginer chargés de mission pour rendre Christ acceptable auprès du grand
commerce, de la presse, du monde du sport, ou de l’enseignement moderne. Nous
ne sommes pas des diplomates, mais des prophètes, et notre message n’est pas un
compromis, mais un ultimatum. Dieu offre la vie, mais pas la vie ancienne
améliorée. La vie qu’Il offre est une vie qui renaît de la mort [53].
La lumière
de Christ brille dans «la maison de deuil» comme nulle part ailleurs : bien
qu’elle soit perçue extérieurement comme un espace de mort, elle est à
l’intérieur un espace de vie[54]. Pour les enfants de Dieu, pour ceux qui
marchent par la foi, elle est devenue une maison de vie.
C’est grâce
à cette expérience acceptée et vécue, que certains sont rendus capables
d’entrer dans une vision spirituelle libérée, et de voir (par exemple) le
principe de la perte avec un regard différent : « acceptant avec joie
l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui
durent toujours» (Hébreux
10/34).
L’ancienne croix et la nouvelle croix[55]
«Sans la
mort à soi, il n’y a aucun espoir d’échapper à la puissance de satan sur notre
vie»(William Law).
On cherche
beaucoup aujourd’hui à donner une image positive de la croix (lorsqu’on en
parle encore), à la dépouiller de ce qui fait peur, de ce qui fait mal et de ce
qui coûte. C’est une erreur, car la croix est incontestablement un espace qui a
quelque chose à voir avec la souffrance, avec la perte volontaire (renoncement)
avec la mort, notre mort personnelle, en tant que seul moyen d’entrer dans une rupture
de nos esclavages naturels. La croix, c’est un espace de solitude, c’est le
seul endroit où la mort peut exercer son minsitère libérateur… [56]Seul, «celui qui est mort est
libre du péché » (Romains
6/7).
Et la
Parole de Dieu nous demande d’accepter d’être prêts, à tout instant, à nous soumettre à son conseil et à
son jugement[57]. Non pas d’envisager l’ensemble de notre
vie avec une menace quotidienne, un fardeau écrasant, une atmosphère morbide,
mais comme acceptant le joug qui consiste à marcher avec Christ en lui
abandonnant le contrôle de notre destin. Ce ne sera jamais un fardeau pesant
(car son joug est doux, Matthieu 11/30), ce sera au contraire un soulagement,
celui d’avoir changé de maître, et de savoir que ce que nous Lui avons confié est
entre de bonnes mains.
On devrait
donc entendre le mot «mort» dans le sens d’une abdication de principede notre
volonté naturelle, (ce qui ne
va pas sans difficultés) et de l’acceptation du dépouillement du gouvernement
charnel auquel nous sommes liés naturellement. Et cette partie dépend
presqu’entièrement du travail du Saint-Esprit dans nos cœurs et dans nos vies.
Ce dont nous avons besoin, ce que nous attendons, ce après quoi nous soupirons,
c’est que l’ancienne création prenne sa place, “dans la mort”, c’est-à-dire en
retrait, au second plan : « Ignorez-vous que nous
tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour
sa mort? Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort,
afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père,
ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie» (Romains 6/3).
Les
Écritures attestent que la mort du vieil homme est un fait accompli par Christ, mais que ce fait a besoin de devenir une
expérience vivante :
la vie naturelle est là, et
sera toujours présente («et si je vis dans la
chair…»[58]) mais elle doit être, d’une manière ou
d’une autre, placée en retrait, tenue dans une mentalité d’abdication des
droits naturels (souvent en faisant taire les peurs) afin que la vie de Christ
ne soit pas supplantée, détournée, instrumentalisée. Faute de quoi les fleuves
d’eaux vives ne pourraient jamais s’écouler[59], car ils ne jaillissent que dans un cœur
où Christ est Seigneur, lorsque notre couronne est à ses pieds.
«La maison
de deuil» pourrait-elle éviter de résonner de discours et de réflexions sur la
mort ? Le christianisme naturel (charnel) le voudrait, lui qui a la
démangeaison d’entendre des choses agréables[60]. Et ses reproches ne peuvent baisser en
intensité, à mesure que l’apostasie augmentera.
La vieille
croix n’avait aucun rapport avec le monde. Pour la chair orgueilleuse d’Adam,
elle signifiait la mort. Elle mettait à exécution la sentence imposée par la
loi du Sinaï.
La nouvelle
croix, elle, n’est pas opposée à la race humaine; elle en est, au contraire,
une partenaire amicale et, si je comprends bien, elle alimente un flot
d’amusements légitimes et bons et d’innocentes réjouissances. Elle laisse Adam
vivre sans entraves, avec une motivation inchangée; il peut continuer à vivre
pour son plaisir et, maintenant, au lieu de se réjouir à chanter des chansons
douteuses en buvant des boissons fortes, il se réjouit à chanter des cantiques
et à regarder des films religieux. L’accent reste toujours sur la jouissance …
qui se tient sur un plan plus élevé ![61]
La «maison
de deuil» n’est un lieu de mort qu’en apparence, car en réalité, c’est un lieu
de vie, celui de la vie cachée à laquelle tout croyant aspire, et à laquelle
tous sont destinés : «car vous êtes morts,
et votre vie est cachée avec Christ en Dieu» (Colossiens 3/3).
Nous devons
donc tenir fermement cette vision, cette vérité, en nous souvenant que la
réalité spirituelle invisible de la Pentecôte, c’est la Pâque : il ne peut y
avoir de puissance de résurrection sans la croix. Il en est de même du croyant. Sans la foi (celle qui conduit à la mort
effective du vieil homme, le renoncement à ses pensées, l’abdication de ses
forces), il est impossible de
lui plaire[62].
Paul dit à
Timothée : « prends ta part des
souffrances[63]»: était-ce une exhortation mystique
empreinte de religiosité morbide ? Pour ce qui les concernait, ils devaient
faire face à une opposition sévère et cruelle : « celui qui voudra vivre pieusement en
Jésus-Christ sera persécuté » (2
Timothée 3/12). Pour ce qui nous concerne, l’exhortation moderne du vrai
christianisme appelle moins à chercher la souffrance qu’à ne pas la craindre, ne pas
la fuir, ne pas lui tourner le dos. Parce que si le christianisme moderne
déserte la «maison de deuil» pour habiter dans la «maison de joie», alors ce
sera la fin du vrai service, du don de soi, de la fidélité, de l’engagement et
de l’esprit de sacrifice, ce sera la fin du véritable amour, celui qui repose
sur un choix, et non sur un plaisir. Ce sera le triomphe de l’émotionnel, de la
facilité, de l’individualisme, en un mot : de l’humain.
Un croisement de directions
La vie
naturelle est une inclination à emprunter la direction opposée à la croix :
elle cherche la vie, la liberté, le plaisir (l’évitement de la souffrance), la
préservation des intérêts personnels (l’individualisme, l’égocentrisme).
La Croix,
quant à elle, est porteuse de principes parfaitement antagonistes : la mort du
domaine naturel, l’abandon de la volonté propre, l’identification à la mort de
Christ… POUR la vie spirituelle qui en découle : le service de Dieu, l’amour du
prochain comme soi-même.
Cette
démarche, abondament présentée par les auteurs néo-testamentaires, est porteuse
d’une forme de contrainte évidente — l’obéissance de la foi — qui en est la
clé. L’obéissance provoque, de la part de Dieu, la mise à disposition des
ressources nécessaire à l’accomplissement de sa volonté. À contrario, la
résistance à l’entrée de Dieu dans Ses droits sur notre vie («car vous n’êtes plus
à vous-mêmes»[64]) provoque la tiédeur, le désèchement et
rend, au-dessus de nous, le ciel d’airain. La Croix (et le Saint-Esprit en
nous) nous amène à nous défier de l’insouciance (le chemin large et spacieux[65]) et de toutes les philosophies qui utilisent
ces notions, pour leur préférer le chemin étroit, qui mène à la porte étroite.
Les notions
de plaisir et de facilité sont totalement opposées à la croix ancienne, et au
principe de sacrifice que l’apôtre Paul (par exemple) met si souvent en avant. La croix ne véhicule jamais l’idée d’un service
construit sur le plaisir, alors
que des voix s’élèvent dans le christianisme en faveur d’un hédonisme chrétien[66], c’est-à-dire une vie spirituelle dont
le fondement n’est plus la croix. Il s’agit donc d’un christianisme qui ne
pourra éviter de « marcher en ennemi de
la croix ».[67]
La nouvelle
croix (la croix
naturelle, en opposition à l’ancienne croix) ne met pas le pécheur à
mort : elle le réoriente. Elle le renvoie dans une autre direction, dans un
mode de vie plus sain et plus heureux, tout en sauvegardant son amour-propre. A
celui qui est autoritaire, elle dit : «Viens et affirme-toi pour Christ!». A
celui qui est imbu de lui-même, elle dit : «Viens et glorifie-toi dans le
Seigneur !». A celui qui est avide d’émotions, elle dit : «Viens et repais-toi
de communion fraternelle». Le message de l’Evangile est dévié, obliqué, dans le
sens du courant en vogue, pour être accepté du public. La philosophie qui se
tient derrière est sans doute sincère, mais sa sincérité ne l’empêche pas
d’être fausse. Elle est fausse parce qu’elle est aveugle. Elle passe
complètement à côté de la signification fondamentale de la croix[68].
La Croix
amènera notre intérêt personnel à son niveau le plus bas, dans un dépouillement totalement
inverse à la doctrine de la Prospérité,[69] émanation
d’un évangile post-moderne — l’évangile du vieil homme — qui relève d’une
théologie terrestre et humaine[70]. Et nous savons que le christianisme
humain ne pourra éviter de prêcher un Dieu qu’on amène au niveau de l’humain,
(alors que l’évangile fait le contraire) : c’est le péché du veau d’or,
c’est-à-dire un aménagement de la religion dont les exigences anciennes et
révélées sont écartées, pour ne conserver que les formes extérieures
principales : c’est l’humanisme chrétien, qui n’a plus de chrétien que le nom[71].
Pour
Christ, la Croix a été un abaissement et un dépouillement qui précédait la
gloire[72]. Pour nous, l’expérimentation acceptée
de la croix pourra sembler nous appauvrir extérieurement, tandis que dans le
même temps, notre homme intérieur se renouvellera d’une manière
incompréhensible et inattendue[73]. Il s’agit là d’un chemin totalement inaccessible
à la compréhension et aux aspirations du chrétien post-moderne qui n’envisage
la foi que par l’addition et la multiplication, tandis que l’Esprit de vie se
sert du brisement pour faire émerger la vie véritable. Parce qu’alors le Fils
est à sa place.
La Croix
(la maison de deuil) est une folie pour l’Homme livré à ses sens, cherchant son
propre épanouissement, parce qu’il ne cherche qu’à ajouter tandis que son appel spirituel
consiste à accepter le retranchement du Naturel : c’est pourquoi le christianisme
charnel ne pourra éviter de s’opposer à la croix, et par voie de conséquence, à
Christ Lui-Même, tout en se revendiquant de lui[74].
La Croix
est aussi une folie lorsqu’il s’agit pour nous d’accepter de la prendre comme une marque sur notre vie (tandis
que d’autres choisissent de prendre une autre marque,[75] la
marque de la Bête, celle de tous les autres systèmes), et d’accepter de la
porter chaque jour, pour suivre l’idéal et le désir de l’Esprit en nous[76], ce chemin que nous reconnaissons
intérieurement comme le meilleur, le plus haut élevé, celui sur lequel même
l’insensé ne peut pas s’égarer[77].
La vieille
croix est un symbole de mort. Elle représente la fin soudaine et brutale d’une
vie humaine. Du temps des Romains, celui qui se chargeait de sa croix et qui
s’engageait sur le sentier de la mort avait déjà dit adieu à ses amis. Il
savait qu’il ne reviendrait pas. Il partait pour toujours. La croix ne faisait
aucun compromis, elle ne modifiait rien, elle n’améliorait rien, elle
n’épargnait rien; elle immolait tout en l’homme, complètement et
définitivement. Elle n’essayait pas de rester en bons termes avec sa victime.
Elle frappait dur et cruellement, et quand elle avait achevé son oeuvre, il ne
restait rien de l’homme, il n’existait plus.
La race
d’Adam est sous la sentence de mort. Il ne peut y avoir aucune commutation de
peine, aucune échappatoire. Dieu ne peut approuver aucun des fruits du péché,
aussi innocents ou agréables qu’ils puissent paraître aux yeux des hommes. Dieu
doit mettre l’homme «à sac» et le «liquider» totalement, avant de pouvoir le
relever en nouveauté de vie.
Cette
prédication d’évangélisation qui établit des parallèles conciliants entre les
voies de Dieu et celles des hommes est traître envers la Bible et cruelle pour
l’âme des auditeurs.
La foi en
Christ ne va pas en parallèle avec le monde, au contraire, elle le coupe. En
venant à Christ, nous ne haussons pas notre vieille nature à un niveau
supérieur, nous l’abandonnons à la croix[78].
Conclusion
La mise en
opposition de la « maison de joie » et de la « maison de deuil » qui est faite
par le livre de l’Ecclésiaste reflète assez exactement la dualité du christianisme
de la fin des temps, qui nous est annoncé par Dieu comme cédant à la facilité —
et donc tournant le dos à la difficulté :
«Dans les
derniers temps … L’amour du plus grand nombre se refroidira …» [79]
«Sache que,
dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles.… les hommes
préféreront le plaisir plus que Dieu, ayant l’apparence de la piété, mais
reniant ce qui en fait la force »[80].
… Aimant le
plaisir plus que Dieu : il ne s’agit pas seulement de la description du monde
des incroyants, mais également du monde des croyants, une description qui
touche à la maison de la foi. Aimer le plaisir, c’est chercher à vivre une vie
spirituelle qui ne coûte rien, et surtout aucun effort : ce qui entraîne la
disparition du sacrifice de l’autel[81].
Quel est
donc l’appel pour ce temps ? Dieu cherche une Église — un christianisme — qui
ne se coupe pas de «la maison de deuil», Il cherche une foi dans laquelle la
mort peut agir, comme l’exprimait l’apôtre Paul : «la mort agit en nous pour que la vie agisse en
vous» [82]… et non pas seulement un Corps qui
cherche à optimiser toutes les possibilités de plaisirs religieux, afin de
proposer au monde une formule qui soit acceptable par lui.
Mais le
Seigneur trouvera-t-il cette Église et cette foi à son retour ? [83]
Jérôme Prekel®www.lesarment.com/dec2014
La brochure
en pdf Apostasiefinal
—————————————————————————
[1] Hédonisme (du grec ancien : ἡδονή / hēdonē, « plaisir » et du
suffixe -ισμός / -ismós) est une doctrine philosophique grecque selon laquelle
la recherche du plaisir et l’évitement du déplaisir constituent l’objectif de
l’existence humaine.
[2] Parmi les caractéristiques du concept
de la société post-moderne,
on trouve : le culte du présent, la recherche du bien-être personnel, la
fragilisation de l’identité. Dans “Les Tempshypermodernes”, le
sociologue Gilles Lipovetsky estime que depuis les années 80, nous sommes
passés de la recherche de
l’épanouissement de soi à l’obsession de soi (crainte de la maladie, de l’âge…).
L’hypermodernité entraîne un mouvement qui centre toujours davantage les choses
sur l’individu en valorisant l’hédonisme libertaire, favorisé par la
disparition des repères et des structures d’encadrement traditionnel (État,
religion, famille).
[3] Ecclésiaste 2/10, 9/7, Proverbes
10/28.
[4] Galates 5/22 : « Mais le fruit de l’Esprit, c’est
l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité…»
[5] « Ce qui donne un sens à la vie donne
un sens à la mort » (Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, p. 244)
[6] (-106 à -43)
[7] «Devant la mort» (Première Tusculane),
par Pierre Grimal, Arléa, p. 74-75.
[8] Ou selon Tertullien au chapitre 33 de son Apologétique : « Respice post te! Hominem te esse
memento! » (« Regarde
autour de toi, et souviens toi que tu n’es qu’un homme ! »).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Memento_mori
[9] Philippe Martin «Petite anthologie du
bien-mourir»; Charles Quint, (1500-1558)
[10] Claude Masset, Laboratoire
d’ethnologie préhistorique – UMR 7041 du CNRS et de l’Université Paris I. : «À quel âge mouraient nos ancêtres ?»
[11] Photo cadran solaire de Calvisson par
Michel Lalos
http://michel.lalos.free.fr/cadrans_solaires/autres_depts/gard/cs_30_nimes.php
[12] Essai sur l’histoire de la mort en
Occident, du Moyen Age à nos jours, de Ph Ariès.
[13] «Tous les ennuis que nous vaut la vie
moderne sont dus à ce qu’il y a divorce entre la nature et nous». Isaac Asimov (Les cavernes d’acier).
[14] En 2009, 70% des décès ont lieu en milieu hospitalier,
«La mort à l’hôpital», Rapport RM2009-124P de l’Inspection Générale des
Affaires Sociales
[15] Essai sur l’histoire de la mort en
Occident, du Moyen Age à nos jours de Philippe Ariès.
[16] Source OMS : Prévention du suicide,
l’état d’urgence mondial (2014)
http://www.who.int/mental_health/media/en/382.pdf
[17] La sous-estimation du nombre de décès
par suicide peut provenir par exemple d’un défaut de déclaration par les
instituts médico-légaux ou de l’existence de « suicides cachés »
inscrits dans d’autres rubriques de décès comme les accidents ou les
intoxications.
[18] selon le Dr Shekhar Saxena,
responsable du rapport «Prévention du suicide»
[19] Exemples : en 2011, tuerie d’Oslo par
Anders Breivik, chrétien islamophobe : 77 morts, 151 blessés – en 2012, aux
États Unis, 7 fusillades ont provoqué la mort de 68 personnes.
[20] www.leparisien.fr/espace-premium/actu/des-ados-abattent-un-jeune-homme-pour-s-amuser-22-08-2013-3070555.php
[21] D’après le psychologue Franck Ardouin,
spécialiste des adolescents meurtriers
www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/ados-meurtriers_489876.html#MZoLTCOwssq3GoUj.99
[22] Le site de l’OMS indique que sur les
quelques 211 millions de grossesses qui surviennent chaque année, 46 millions
se terminent par un avortement provoqué, soit plus de 20 %. Ce chiffre est à
majorer par tous les actes clandestins, qui ne sont donc pas répertoriés.
(www.who.int/whr/2005/chapter3/fr/index3.html)
[23] Données CépiDc (Centre d’épidémiologie
sur les causes médicales de décès)– Inserm, 2008
[24] Anne Tursz (Inserm U988/Cermes3, Site
Cnrs, Villejuif, 94), qui participait au dernier congrès des Sociétés
médico-chirurgicales de pédiatrie (juin 2014 à Bordeaux). Source : Dr Marielle
ammouche, (site egora)
[25] http://www.ifop.com/media/poll/2818-1-study_file.pdf
[26] Francesca Minerva (Univ. de Melbourne
et Alberto Giubilini, (Univ. de Milan)
[27] www.huffingtonpost.fr/johann-roduit/avortement-postnatal-aton_b_1374577.html
[28] Alberto Giubilini n’est pas un inconnu
en France : il a été invité à participer au colloque « Ethique famille »
organisé à la mairie du XVIe arrondissement de Paris sous l’égide du CNRS, de
l’université Paris-Descartes, de l’Union nationale des Associations familiales,
avec Axel Kahn (www.colloque-ethique-famille.fr/spip.php?rubrique30).
[29] Hannah Arendt : «La condition de l’homme moderne».
[30] «Les étapes du capitalisme libéral au
totalistarisme universel seront précisément les étapes de la déspiritualisation
progressive de l’homme», Georges
Bernanos, (cahiers de la Pléiade, juin 1948)
[31] 2 Thess 2/8-10 : «Et alors paraîtra l’impie, que le Seigneur Jésus
détruira par le souffle de sa bouche, et qu’il anéantira par l’éclat de son
avènement» + Apoc. 13/16
[32] Il est estimé à plus de 425 milliards
d’euros (source : Euromonitor International, 2009–www.cosmetic-valley.com/page/presentation/chiffres-cles).
À titre de comparaison, le montant global de la réponse humanitaire
internationale en 2010 (aide publique au développement comprise) a été estimée
à moins de 200 milliards de dollars. (Global Humanit. Assist. report 2011).
[33] 4,5 milliards d’euros, en croissance
de 10% l’an, grâce aux nouvelles techniques de rajeunissement non invasives
(botox).
[34] Le phénomène du « mort
kilométrique » correspond au fait que les médias accordent de l’importance
aux victimes d’un drame en fonction de la distance qui les sépare du téléspectateur,
auditeur ou lecteur. Parce qu’on a constaté que l’empathie du téléspectateur
est proportionnelle à sa proximité géographique personnelle du drame.
www.psychologie-sociale.com/index.php?option=com_content&task=view&id=219&Itemid=77
[35] www.omnsh.org/ressources/448/la-figuration-de-la-mort-dans-les-jeux-video-de-roles-et-daventures-de-la-fonction
[36] Le Témoignage de JP. Rozenczeig,
président du Tribunal pour enfants de Bobigny (93) :« Un certain nombre de jeunes sont
dans un monde irréel : ils enfoncent un couteau dans le coeur de quelqu’un pour
lui prendre sa montre et ils s’étonnent qu’il ne se réveille pas ».
[37] Le nihilisme (du latin nihil, « rien ») est un
point de vue philosophique d’après lequel le monde (et plus particulièrement
l’existence humaine) est dénué de tout sens, de tout but, de toute vérité
compréhensible ou encore de toutes valeurs.
[38] Apocalypse 13/17, 14/9, 14/11, 15/2,
16/2, 19/20, 20/4
[39] Matthieu 18/7
[40] Qui se montre partisan d’un conservatisme
étroit ou d’un retour vers un état social ou politique antérieur.
[41] Proverbes 22/28
[42] Romains 12/2 : « Ne vous conformez pas au siècle
présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin
que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et
parfait ».
[43] Jn 17/14 : «Je ne te prie pas de les ôter du
monde, mais de les préserver du mal».
[44] Apocalypse 5/9 : «Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant:
Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux; car tu as été
immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de
toute langue, de tout peuple, et de toute nation; 10tu as fait d’eux un
royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre».
[45] 1 Corinthiens 16/13 : «Veillez, demeurez fermes dans la foi, soyez des
hommes, fortifiez-vous», 1
Pierre 5/8 : «Soyez sobres, veillez.
Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il
dévorera»
[46] Hébreux 12/16 : « Veillez à ce qu’il n’y ait ni impudique, ni
profane comme Esaü, qui pour un mets vendit son droit de premier-né. Vous savez
que, plus tard, voulant obtenir la bénédiction, il fut rejeté, quoiqu’il la
sollicitât avec larmes; car son repentir ne put avoir aucun effet ».
[47] Galates 4/19 : « Mes enfants, pour qui j’éprouve de
nouveau les douleurs de l’enfantement, jusqu’à ce que Christ soit formé en
vous…»
[48] 2 Pierre 1/4: « … lesquelles nous assurent de sa
part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous
deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe
dans le monde par la convoitise »
[49] Ephésiens 4/20 à 24 : « Mais vous, ce n’est pas ainsi que
vous avez appris Christ, si du moins vous l’avez entendu, et si, conformément à
la vérité qui est en Jésus, c’est en lui que vous avez été instruits à vous
dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les
convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence,
et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté
que produit la vérité.»
[50] Luc 14/33
[51] Luc 14/26
[52] http://www.lesarment.com/2008/12/fondement-du-discipolat/
[53] A.W.
Tozer. http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/
[54] 2 Corinthiens 2/15 : «Nous sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur
de Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi ceux qui périssent: aux uns, une
odeur de mort, donnant la mort; aux autres, une odeur de vie, donnant la vie».
[55] http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/
[56] www.lesarment.com/2011/03/la-base-inalterable-d’un-ciel-ouvert-c’est-une-tombe/
[57] Jean 16/8 : « Et quand il sera venu, il convaincra le monde en
ce qui concerne le péché, la justice, et le jugement»
[58] Galates 2/20 : « J’ai été crucifié avec Christ; et si
je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; si je vis
maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et
qui s’est livré lui-même pour moi ».
[59] Jean 7/38 : « Celui qui croit en moi, des fleuves
d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture ».
[60] 2 Timothée 4/2 à 4 : «… il viendra un temps où
les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison
d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon
leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront
vers les fables.»
[61] http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/
[62] Hébreux 11/6
[63] 2 Timothée 2/3 : « Prends ta part de souffrances, comme
un bon soldat de Jésus-Christ. Il n’est pas de soldat qui s’embarrasse des
affaires de la vie, s’il veut plaire à celui qui l’a enrôlé; »
[64] 1 Corinthiens 6/19
[65] Matthieu 7/13 : « Entrez par la porte étroite. Car
large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y
en a beaucoup qui entrent par là.»
[66] Prendre plaisir en Dieu (John Piper)
http://www.lesarment.com/2014/08/le-bonheur-de-dieu-la-fondation-de-lhedonisme-chretien/
http://www.lesarment.com/2014/08/mes-freres-songez-a-lhedonisme-chretien-par-john-piper/
[67] Philippiens 3/17 à 19 : « Soyez tous mes imitateurs,
frères, et portez
les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Car il en est plusieurs qui
marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en
parle maintenant encore en pleurant. Leur fin sera la perdition; ils ont pour
dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne
pensent qu’aux choses de la terre.…»
[68] A.W.
Tozer, http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/
[69] http://www.info-sectes.org/pseudo-evangeliques/prosperite.htm
[70] Jacques 3/15 : « Ce n’est pas là la sagesse qui
descend d’en haut, mais une sagesse terrestre, animale, diabolique ».
[71] « Et tous ôtèrent les anneaux d’or qui
étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent à Aaron. Il les reçut de leurs
mains, jeta l’or dans un moule, et fit un veau en fonte. Et ils dirent: Israël! voici ton Dieu, qui t’a fait
sortir du pays d’Egypte … Lorsqu’Aaron
vit cela, il bâtit un autel devant lui, et il s’écria : Demain, il y aura fête en l’honneur de l’Eternel!…» (Exode 32/3 à 5).
[72] Proverbes 15/33 et 18/12
[73] 2 Corinthiens 4/16 : « C’est pourquoi nous ne perdons pas
courage. Et lors même que notre homme extérieur se détruit, notre homme
intérieur se renouvelle de jour en jour ».
[74] Jean 16/2 : «et même l’heure vient où quiconque
vous fera mourir croira rendre un culte à Dieu»
[75] Apocalypse 14/11 : « Et la fumée de leur tourment monte
aux siècles des siècles; et ils n’ont aucun repos, ni jour, ni nuit, ceux qui
rendent hommage à la bête et à son image, et si quelqu’un prend la
marque de son nom ».
[76] Jacques 4/5 : « L’Esprit qui demeure en
nous, désire-t-il avec envie?», Galates
5/17: «Car la
chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de
contraires à ceux de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne
fassiez point ce que vous voudriez.»
[77] Ésaïe 35/8 : « Il y aura là un chemin frayé, une
route, Qu’on appellera la voie sainte; Nul impur n’y passera; elle sera pour
eux seuls; Ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s’égarer ».
[78] A.W.
Tozer, http://www.lesarment.com/2007/12/la-nouvelle-croix/
[79] Matthieu 24/11 : « Plusieurs faux prophètes
s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se
sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira. 13Mais celui qui
persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.…»
[80] 2 Timothée 3/1 et 4, 5
[81] Romains 12/1 : « Je vous exhorte donc, frères, par
les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint,
agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable ».
[82] 2 Corinthiens 4/12
[83] Luc 18/8 : « Mais, quand le Fils de l’homme
viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? »