Après la bataille de Gettysburg, plusieurs centaines de soldats
blessés se trouvèrent dans mon hôpital. Beaucoup d'entre eux étaient si gravement
blessés que je devais m'occuper d'eux immédiatement. Certains eurent leurs
jambes amputées, d'autres, le bras, et quelques-uns, les deux.
Parmi ces patients, se trouvait un jeune homme ayant seulement
servi trois mois dans l'armée. C'était en réalité encore un enfant. Il était
trop jeune pour être soldat, et c'est pourquoi on l'avait engagé comme
“tambour”.
Lorsque mon assistant et l'infirmier voulurent lui donner du
chloroforme avant l'opération, il détourna la tête et le refusa
catégoriquement. Quand l'infirmier insista auprès de lui disant que c’était le
médecin qui l'avait prescrit, ce dernier lui répondit : “ Faites venir le docteur, s'il vous plaît ! ”
Je m'approchai donc de son lit en disant : “ Pourquoi fais-tu cela, jeune homme ? Lorsque je t'ai ramassé sur le
champ de bataille, tu étais si faible ! J'ai alors pensé qu'il ne valait pour
ainsi dire plus la peine de t'emmener. Mais lorsque tu as soudain ouvert tes
grands yeux bleus, cette idée m'est venue : 'Peut-être
as-tu quelque part une mère qui pense à son fils en ce moment’. C'est la
raison pour laquelle je n'ai pas voulu te laisser mourir sur le champ de
bataille. J'ai donc donné l'ordre de t'amener ici, à l'hôpital militaire. Mais
tu avais perdu tant de sang que tu Ă©tais trop faible pour supporter une
opération sans chloroforme. C'est pourquoi tu devrais maintenant accepter de le
prendre.”
Le garçon prit ma main, me regarda droit dans les yeux, et me dit
: “ Vous savez, j'avais neuf ans lorsqu'au cours d'un culte
pour enfants, j'ai donné ma vie à Jésus. Et jusqu'à ce jour, je lui suis resté
fidèle. Lui ne m'abandonnera pas non plus… en ces instants difficiles. Il me
soutiendra pendant que vous amputerez mon bras et ma jambe. ”
Il refusa également le cognac que j'avais essayé de le persuader
de boire. Il me raconta que son père était mort comme alcoolique. Et si maintenant lui-même devait,
selon toute vraisemblance, mourir et entrer dans la présence de Dieu, il ne
voulait pas que ce soit avec de l'alcool dans l'estomac.
Je n'oublierai jamais le regard de ce jeune homme. A l'Ă©poque, je
haïssais Jésus. Mais je respectais la fidélité que ce garçon lui témoignait. Son amour pour Jésus toucha
profondément mon cœur, et
c’est ainsi que je lui demandais - chose que je n'avais jamais faite auparavant
- s'il voulait parler avec l'aumônier militaire. Le regard lumineux, ce garçon
répondit par l’affirmative. Lorsque l'aumônier arriva, il reconnut
immédiatement mon jeune patient. Il l'avait souvent vu lors des réunions, au
sein du régiment. Il prit sa main et lui dit : “ Mon cher Charles, je suis désolé que tu sois si grièvement blessé.
Puis-je encore faire quelque chose pour toi ? ” Là -dessus, le jeune homme
lui demanda de bien vouloir prendre la Bible qui se trouvait sous son oreiller
et dans laquelle se trouvait l'adresse de sa mère. Il le pria de la lui envoyer et de
lui Ă©crire que depuis le jour oĂą il avait dĂ» aller Ă la guerre, il en avait
chaque jour lu un passage, et qu’il avait demandé régulièrement à Dieu de bénir
sa maman.
“ Y a-t-il peut-être encore autre chose que je puisse faire pour
toi, mon garçon ? ”, demanda l’aumônier. “ Oui, écrivez aussi une lettre au
président de mon église, à Brooklyn – New York, s'il vous plaît, et dites-lui
que je n'ai pas oublié son amour fraternel, le bon enseignement qu’il nous a
apporté et les prières de son église. Que Dieu le bénisse également. - C'est
tout. ”
Puis il se tourna vers moi et dit : “ Maintenant, je suis prêt. Je vous promets de ne pas crier pendant que
vous m'amputerez mon bras et ma jambe. ” C'était pour moi, en tant que
médecin, une terrible situation. Lorsque j’en fus à la phase du détachement de
son os, le garçon prit un coin de son oreiller dans la bouche, et je l'entendis
dire doucement tout en gémissant : “ Jésus, mon Seigneur, sil te plaît,
aide-moi ! ”
Cette nuit-lĂ , je ne pus dormir. Je voyais toujours devant moi les
yeux bleus de mon jeune patient. Ses paroles résonnaient encore à mes oreilles
: “ Jésus, mon Seigneur, s'il te plaît,
aide-moi ! ”
Finalement, je me levai et retournai dans la salle de récupération
des malades. J'étais convaincu que le jeune homme était mort entre-temps. “ Non
”, dit l'infirmier, “ il
dort très paisiblement, comme un enfant. ” Et alors, l'une des infirmières raconta que deux chrétiens lui
avaient rendu visite, qu'ils avaient chanté et prié avec lui. L'aumônier
militaire avait aussi été présent, et Charles avait même chanté avec eux.
Je n'arrivais pas à comprendre comment cela avait été possible. Il avait dû surmonter des douleurs
incroyables et devait certainement encore souffrir terriblement.
Cinq jours plus tard, le jeune “tambour” me fit appeler, et me dit
: “ Docteur, ma dernière heure est venue. Je sais que je ne verrai plus le
prochain lever du soleil. Je suis prĂŞt Ă faire mes adieux. Mais avant de
mourir, je tiens à vous remercier de tout cœur pour tout ce que vous avez fait
pour moi. Je sais que vous ĂŞtes Juif. Ce JĂ©sus auquel je
crois de tout mon cœur vient de votre peuple. Restez, s'il vous plaît, près de
mon lit jusqu'à ce que je m'en aille vers lui. ”
J'essayai de rester, mais ne le pus. Je n'avais pas le courage de voir
mourir un ĂŞtre qui croyait Ă ce point Ă JĂ©sus. On
m'avait appris Ă haĂŻr ce JĂ©sus. Je quittai donc la chambre rapidement et allai m'asseoir dans la
pièce voisine. Environ 20 minutes plus tard, un infirmier s'approcha de moi et
me demanda de venir encore une fois auprès de Charles.
“ Mais je viens justement
d'aller le voir ”, répondis-je. “ Oui,
Docteur, mais il dit devoir encore vous parler avant de mourir. ” Je
retournai donc vers lui. J'avais prévu de lui dire encore une parole
encourageante, mais de ne pas non plus me laisser influencer par la moindre
remarque Ă propos de JĂ©sus. Une fois au chevet de son lit, je vis que sa fin
était vraiment très proche. Il prit alors ma main et me dit : “Je
vous aime, Docteur, parce que vous êtes Juif. Le meilleur ami que j'aie trouvé
en ce monde, est Juif : c’est Jésus-Christ. Je désire vous conduire à lui avant
de mourir. Voulez-vous me promettre de ne jamais oublier ce que je vous dis
maintenant ? ”
Je le lui promis et il poursuivit : “ Lorsque vous m'avez
amputé de mon bras et de ma jambe, il y a cinq jours, j'ai prié mon Seigneur de
venir dans votre cœur.
” Ses paroles me touchèrent profondément. Comment pouvait-il, au
milieu de tant de douleurs, penser Ă son JĂ©sus et Ă moi qui ne voulais rien
avoir à faire avec ce Jésus ? Je ne pus rien dire d'autre que ceci : “ Mon cher garçon, tout ira bientôt mieux pour toi. ” Puis il mourut.
Je pris part Ă son enterrement, chose que je n'avais pas coutume
de faire habituellement. J'avais vĂŞtu Charles d'un nouvel uniforme, avant de le
mettre dans un cercueil d'officier. J'étais alors pécuniairement riche. Mais
j'aurais volontiers sacrifié chaque centime de ma fortune si j'avais pu, à la
place, aimer Jésus comme Charles l'avait aimé. Je luttai ensuite pendant dix
ans contre Christ, avec toute la haine que je pouvais manifester en tant que
juif orthodoxe. Puis, la prière du “tambour” fut exaucée.
Environ dix-huit mois après avoir donné, moi aussi, ma vie à Jésus
lors d’une réunion de prière à Brooklyn, je me trouvais alors dans une autre
réunion pendant laquelle une femme âgée s’est levée en disant : “ C'est
peut-être la dernière fois que je peux rendre mon témoignage. Je vais bientôt
revoir mon garçon au ciel. Il n'a pas seulement été un combattant pour sa
patrie, mais s'est aussi engagé comme soldat pour son Sauveur Jésus-Christ.
Blessé à Gettysburg, il fut opéré par un médecin juif. Mais il est mort cinq
jours après l'opération. L'aumônier militaire m'écrivit une lettre et m'envoya
sa Bible. La lettre mentionnait que Charles avait dit au médecin avoir prié
pour lui pendant l'opération, afin qu'il donne un jour sa vie à Jésus ! ”
Lorsque j'entendis le rapport de cette femme, je ne pu rester
insensible Ă ma place. Je me levai, traversai la salle, pris la main de cette
femme et lui dis : “ Dieu vous bénisse. La prière de votre
fils a été exaucée. Je suis le médecin juif pour lequel votre fils a prié. Son
Sauveur est maintenant aussi le mien ! ”.
Transmis par Dorothée Htzakortzian
Source : http://www.compassion-france.com