Cette
vision de Charles Finney a été très controversée à l’époque où il l’a
enseignée, car il était accusé de remettre en cause les enseignements de la
sanctification tels qu’ils étaient prêchés à ce moment. Ce que l’auteur expose
ici est un retour aux fondamentaux enseignés par Paul, qui fait de Christ non
seulement notre salut, mais aussi notre sanctification. Finney s’est élevé
contre une pratique religieuse de la sanctification, pour ramener les
chrétiens à dépendre entièrement de Christ et de sa force pour marcher dans une
union vivante avec Celui qui a été fait pour eux sanctification. Cette vision
n’exonère nullement le croyant de porter sa croix, de marcher par la foi (et de
mettre en action la foi), ou de combattre, mais il replace les choses dans leur
ordre biblique : d’abord le fondement (Christ), puis le moyen (Christ) et enfin
le but (Christ).
Finney
voulait se démarquer nettement des enseignements de l’époque, et, ce faisant,
présentait une pensée tranchante qui pouvait entraîner le croyant dans un excès
inverse que celui qu’il dénonçait. Ce texte précieux a donc été amplifié de
commentaires afin de pallier à l’aspect polémiste de la pensée, qui empêchait
l’auteur de donner une vision plus complète, à une époque pleine de compromis
et de tiédeur.
« Constamment,
au cours de mon ministère, j’ai rencontré beaucoup de chrétiens dans un état
misérable. Ils étaient esclaves du monde, de la chair ou du diable. Ce n’est
certainement pas un état qui convient à un chrétien, car l’apôtre Paul a
clairement dit : “Car le péché n’aura
point de pouvoir sur vous, puisque vous ĂŞtes, non sous la loi, mais sous la
grâce.”
J’ai été
attristé, tout au long de ma vie chrétienne, de voir tant de chrétiens vivre
dans cet esclavage décrit dans le chapitre sept de l’Epître aux Romains. Ils
pèchent, prennent la résolution de changer, et chutent à nouveau. Il est particulièrement triste, et même angoissant,
de voir beaucoup de pasteurs et de conducteurs chrétiens donner des
instructions complètement fausses sur la manière de vaincre le péché.
Je regrette d’avoir à le dire, mais la plupart des conseils qui sont donnés sur
ce sujet se résument à ceux-ci : “Examinez vos péchés en détail, prenez la
résolution de ne plus pécher, et luttez contre vos péchés, dans la prière et le
jeûne s’il le faut, jusqu’à ce que vous obteniez la victoire. Soyez fermement
dĂ©cidĂ© Ă ne pas retomber dans le pĂ©chĂ©. Persistez dans cette attitude jusqu’Ă
ce que vous ayez pris l’habitude d’obéir, et que vous ayez définitivement rompu
avec vos anciennes habitudes pécheresses.”
Bien entendu,
on ajoute généralement : “Dans ce combat, vous ne devez pas dépendre de vos
propres forces, mais de l’aide de Dieu.” Bref, l’enseignement qui est donné
revient en général à dire ceci : la sanctification s’obtient par les
oeuvres, et non par la foi.
(Commentaire
LE SARMENT : Pour un racheté qui se retrouve en échec par un ou plusieurs
problèmes, il peut être néanmoins nécessaire de simplement … renoncer à une
convoitise, une habitude, un péché. Les Écritures contiennent des enseignements
très clairs : « si ton œil est une occasion de chute »… « Vous
n’êtes en rien débiteurs à la chair pour vivre selon la chair »… Dans ce
sens, la Bible nous encourage clairement à l’action directe, ce qui ne devrait pas
nous désolidariser pas de Christ et de sa force, si toutefois nous nous
appuyons bien sur Lui. C’est en ce sens que l’auteur veut insister : une
sanctification sans Christ, qui se construit sur les propres forces, n’est plus
la sanctification.)
J’ai remarqué
que le Dr Chalmers, dans ses conférences sur l’Epître aux Romains, affirme
clairement que l’on obtient la justification par la foi, mais la sanctification
par les oeuvres.
(Commentaire
LE SARMENT : Cette proposition est équivoque, car il est tout aussi aisé de
démontrer bibliquement la chose et son contraire. Finney va certes démontrer
brillament que la sanctification s’obtient par la foi, mais il est nécessaire
d’ajouter qu’elle se conservera également par la foi dans l’œuvre accomplie de
Christ ET par nos choix, notre soumission à la volonté de Christ, donc par
une œuvre. Car, de toutes manières, la foi sans les œuvres est morte.
Finney combattait une doctrine erronnée (la sanctification par la force de
caractère humain), mais il faut prendre garde de ne pas trancher, en même
temps, une partie saine de la vérité, et du combat spirituel. Comme le dit très
bien l’apôtre Paul, « nous avons été sanctifiés en Jésus-Christ, et en
même temps appelés à être saints” (1 cor. 1/2).
Au début de ma
vie chrétienne, j’ai presque été induit en erreur par l’une des résolutions du
Président Edwards, qui soutenait que lorsqu’il était tombé dans quelque péché,
il revenait Ă sa source, puis combattait et priait de toutes ses forces jusqu’Ă
ce qu’il ait obtenu la victoire sur ce péché. Une telle attitude dirige notre
attention sur notre péché et sur sa source. Quand nous prenons des résolutions
et que nous luttons de cette manière, nous gardons les yeux fixés sur le péché
et nous les détournons complètement de Christ.
Il est
important de dire ici que de tels efforts sont pires qu’inutiles. Ils
aboutissent souvent à une séduction. Nous perdons de vue tout d’abord ce qui
constitue réellement le péché, ensuite le seul moyen possible de l’éviter. On
peut certes ainsi réprimer l’acte extérieur, mais nous ne touchons pas du tout
à ce qui constitue réellement le péché. Le
péché n’est pas un acte visible, mais quelque chose d’intérieur.
Ce n’est pas un acte mettant en jeu nos muscles. Ce n’est pas une décision de
notre volonté, qui fait agir nos muscles. Ce n’est pas un sentiment ou un désir
involontaire. Le péché n’est rien d’autre qu’une préférence librement choisie,
une dĂ©cision volontaire de satisfaire un dĂ©sir personnel. C’est cela qui est Ă
l’origine de toutes les actions, intentions, et décisions qui en découlent, et
que l’on appelle communément péché.
Quelle
résolution prendre contre cette religion de résolutions et d’efforts pour
supprimer le péché et se sanctifier ? L’amour est l’accomplissement de la loi.
Mais pouvons-nous produire de l’amour par une résolution ? Pouvons-nous
éliminer l’égoïsme par une résolution ? Certainement pas ! Nous pouvons certes
supprimer telle ou telle manifestation d’égoïsme, en prenant la résolution de
ne plus faire ceci ou cela, ou en priant et en luttant. Nous pouvons adopter
une forme extérieure d’obéissance, et nous forcer à obéir à la lettre des
commandements de Dieu. Mais il est absurde de vouloir éliminer l’égoïsme de
notre nature par une résolution ! De même, il est absurde de se forcer à obéir
en esprit aux commandements de Dieu. On ne peut se forcer Ă aimer, comme la loi
de Dieu l’exige.
Beaucoup
prétendent que le péché commence dans nos désirs. Soit. Mais pouvons-nous
contrôler nos désirs par la force de nos résolutions ? Nous pouvons nous
abstenir de satisfaire un désir particulier par la force d’une résolution. Nous
pouvons faire mieux encore, et nous abstenir de satisfaire nos désirs dans
notre vie extérieure. Mais cela ne nous remplit pas d’amour pour Dieu, car
c’est cela la véritable obéissance. Nous pouvons devenir des ermites, nous
emmurer dans une cellule, et crucifier tous nos désirs et nos appétits. Nous
n’aurons réussi qu’à éviter certaines formes de péché, que nous serons parvenus
Ă contrĂ´ler.
Mais nous
n’aurons pas touché à la racine même du péché. Nos résolutions n’ont pas créé
l’amour en nous. Aimer Dieu, c’est Lui obéir véritablement. Tous nos combats
contre le péché dans notre vie extérieure, par la force de nos résolutions,
n’aboutissent qu’à faire de nous des sépulcres blanchis. Tous nos combats
contre nos désirs par la force de nos résolutions ne mènent à rien. Même si
nous parvenons à supprimer le péché, dans sa manifestation extérieure ou dans
nos désirs intérieurs, cela n’aboutira qu’à la séduction. Nous ne pouvons pas
aimer par la force de nos résolutions.
NĂ©anmoins, il
est important de préciser que l’absence de résistance au péché mènera
certainement à la mort, spirituelle d’abord, et physique ensuite.
Tous ces
efforts pour vaincre le péché sont parfaitement futiles. Ils sont aussi
contraires à l’enseignement de la Bible qu’ils sont futiles. La Bible nous
enseigne clairement que le péché ne peut être vaincu que par la foi en Christ.
Il a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification, et rédemption. Il est
le chemin, la vérité, et la vie. Dieu nous demande de purifier nos coeurs par
la foi (Actes 15 :9). Dans Actes 26 :18, il est affirmé que les saints sont
sanctifiés par la foi en Christ. Dans Romains 9 :31-32, il est affirmé que les
Juifs ne sont pas parvenus à la justice, parce qu’ils l’ont cherchée, non par
la foi, mais comme provenant des oeuvres. La doctrine de la Bible Ă©tablit que
Christ sauve Son peuple du péché par la foi. C’est par la foi que nous pouvons
recevoir l’Esprit de Christ, pour qu’Il demeure dans notre coeur. La foi est
agissante par l’amour. L’amour est produit et maintenu par la foi. C’est par la
foi que les chrétiens peuvent vaincre le monde, la chair et le diable. C’est
par la foi qu’ils peuvent éteindre les traits enflammés du malin. C’est par la
foi qu’ils peuvent se revêtir du Seigneur Jésus-Christ, et se dépouiller du
vieil homme et de ses oeuvres. C’est par la foi que nous combattons le bon
combat. Ce n’est pas par nos résolutions. Par la foi, nous tenons ferme. Par
nos résolutions, nous chutons. La foi est la victoire qui triomphe du monde.
C’est par la foi que la chair peut être dominée et les désirs charnels
maîtrisés.
(Commentaire
LE SARMENT : L’accent est mis ici, avec pertinence, sur l’importance de la foi
(en Christ et dans son œuvre parfaite), et il paraît important d’ajouter encore
que sans œuvres consécutives à la révélation de la foi, cette foi sera morte. Il
est exact que beaucoup de chrétiens ont été égarés dans une vision humaine de
la sanctification, et une pratique reposant sur la volonté ou sur la loi. Et le
texte de Finney repose les bonnes bases de la révélation. Mais il existe
également beaucoup de chrétiens qui espèrent que Dieu fera les choses, s’ils s’emploient
simplement à entretenir la foi qu’il a promis qu’il agirait dans ce sens. C’est
une autre sĂ©duction. Tout ce qui porte Ă l’inaction, et Ă l’indiffĂ©rence Ă
l’égard du péché, voire à la démission de la volonté, est nocif. Nous
constatons donc que la vérité majeure, déterminante, de la vraie
sanctification, a été placée entre deux pôles qui peuvent se révéler tout aussi
nocifs et néfastes l’un que l’autre.)
En vérité,
c’est simplement par la foi que nous recevons l’Esprit de Christ, qui produit
en nous le vouloir et le faire, selon Son bon plaisir. Il répand Son amour dans
nos coeurs, en enflammant le nôtre. Chaque victoire sur le péché est remportée
par la foi en Christ. Si nos pensées s’écartent de Christ, si nous prenons des
résolutions, si nous luttons contre le péché, consciemment ou non, nous
agissons par nos propres forces. Nous rejetons l’aide de Christ, et nous sommes
profondément séduits. Seules la vie et l’énergie de l’Esprit de Christ en nous
peuvent nous sauver du péché. Cette énergie salvatrice en nous ne peut agir que
par la foi. Combien de temps ceux qui enseignent l’Evangile négligeront-ils
cette réalité, tout au moins de manière pratique ?
Jusqu’où
s’enfoncent donc dans le coeur de l’homme les racines de la propre justice et
de la confiance en soi ? Elles sont si profondes que l’une des leçons les plus
difficiles pour un être humain est d’apprendre à renoncer à la confiance en soi
pour s’en remettre entièrement à Christ. Quand nous Lui faisons pleinement
confiance et que nous Lui ouvrons la porte, Il entre et fait en nous Sa
demeure. Il rĂ©pand en nous Son amour et vivifie toute notre âme, qui vibre Ă
l’unisson avec Lui. Il purifie notre coeur par la foi, comme Il l’entend, et
seulement comme Il l’entend. Il maintient notre volonté dans une attitude
d’adoration. Il vivifie et contrôle nos affections, nos désirs, nos appétits et
nos passions. Il devient notre
sanctification.
HĂ©las ! A cause
de son aveuglement qui la déroute complètement, l’âme languit après sa
délivrance de la puissance du péché. J’ai souvent entendu des enseignements
légalistes sur ce sujet, jusqu’au point où j’avais envie de hurler ! Je
suis parfois stupéfait d’entendre des chrétiens critiquer l’enseignement que
j’expose dans cet article, sous prétexte qu’il nous conduit dans un état de
passivité, où nous recevons le salut sans exercer aucune initiative. Quelles
ténèbres dans une telle objection ! La Bible enseigne que nous recevons, par la
foi en Christ, une influence intérieure qui stimule et dirige toute notre
activité. C’est par la foi que nous recevons Son influence purificatrice,
jusqu’au coeur de notre être. La vérité qu’Il révèle directement à notre âme donne la vie à tout notre être intérieur, et nous
place dans une attitude d’obéissance de coeur. C’est la seule manière
de vaincre le péché ! Il n’y en a pas d’autre !
Quelqu’un
pourra dire : Mais l’apôtre Paul ne nous exhorte-t-il pas à travailler à notre
salut avec crainte et tremblement ? N’est-ce pas une exhortation à faire ce que
vous condamnez dans votre article ? Nullement ! Dans Philippiens 2 :12-13, Paul
dit aussi : “Ainsi, mes bien-aimés, comme
vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement,
non seulement comme en ma présence, mais bien plus encore maintenant que je
suis absent ; car c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon
son bon plaisir”. Il s’agit lĂ d’une exhortation non pas Ă
travailler par la force de nos résolutions, mais par une opération intérieure
de Dieu dans nos coeurs. C’est précisément la doctrine que je développe dans
cet article. Paul a constamment enseigné à l’Eglise que Christ dans notre coeur
est notre sanctification, et que nous devons recevoir Son influence par la foi.
On ne peut l’accuser d’enseigner dans ce passage que nous devons travailler Ă
notre sanctification par nos résolutions, en nous efforçant de supprimer nos
mauvaises habitudes pour les remplacer par des bonnes ! Ce passage des
Ecritures souligne parfaitement la coopération de Dieu et de l’homme dans
l’oeuvre de sanctification. C’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le
faire. Mais c’est Ă nous d’accepter par la foi Son oeuvre intĂ©rieure. C’est Ă
nous de vouloir et de faire, selon Son bon plaisir. La foi est un Ă©tat actif et
non passif. Une sainteté passive est impossible et absurde. Que personne ne
dise, lorsque nous exhortons les chrĂ©tiens Ă faire entièrement confiance Ă
Christ, que nous leur demandons d’être passifs vis-à -vis de l’influence divine
qui agit en nous. Cette influence est
morale et non physique. Elle agit par la persuasion et non par
la force. Elle influence notre libre volonté … Elle agit donc par la vérité et
non par la contrainte.
Oh ! Si tous
pouvaient bien comprendre que toute vie spirituelle en nous est directement
reçue de l’Esprit de Christ par la foi, comme le sarment reçoit sa vie du cep !
Rejetons cette religion de résolutions ! C’est un piège mortel ! Cessons tout
effort de vouloir mener une vie sainte, si notre coeur n’est pas rempli d’amour
pour Dieu ! Oh ! Puissent les hommes apprendre Ă regarder directement Ă Christ
par l’Evangile ! Qu’ils puissent demeurer tellement proches de Lui, par un acte
de foi et d’amour, qu’ils seront toujours en harmonie avec Sa pensée ! C’est
cela, et seulement cela, la sanctification ! »
Charles Finney
extrait de «La puissance d’en haut» Chapitre 10
Commentaire
LE SARMENT : Les accusations de prĂ´ner une sanctification passive, dont a
souffert C. Finney, se comprennent parce que la vérité est une ligne droite
tracée entre deux erreurs. Les incompréhensions se glissent vite dans nos
tentatives d’explication, surtout sur un tel sujet qui nécessite non seulement
un enseignement correct, mais surtout une mise en pratique personnelle qui
seule, éclairera complètement la compréhension.
En
définitive, l’auteur plaide pour une communion avec Christ, Celui qui donne en
mĂŞme temps la foi, la force et la vie, qui nous sont indispensables pour
marcher et mener les combats de la foi. Et c’est seulement si les choses sont
vécues dans le bon ordre que nous pouvons ensuite travailler à notre salut et
marcher par l’Esprit dans la sanctification inspirée par Christ. Comme Paul le
dit aux Corinthiens (1/3, v. 10 Ă 15), il convient de poser le fondement, le
bon fondement, et de construire, ensuite, par dessus, au moyen de matériaux précieux.
La mise en
avant de la foi est primordiale et en mĂŞme temps nous devons veiller Ă ce que
l’œuvre de la foi, sa mise en action, ne soit pas occultée. Il est vrai que
partout où l’action est placée avant la foi, c’est la religion qui s’installe,
et la marche par les œuvres. C’est une marche difficile parce que l’âme qui est
dans l’homme résiste à abandonner ses prérogatives, espérant parvenir à une
appropriation de la gloire et de la divinité. Ainsi, la sanctification, telle
que le révèle Finney, est étroitement liée à la croix et à notre crucifixion
personnelle – d’une manière accomplie en Christ, mais aussi d’une manière
réelle et concrète. Pour le chrétien, la mort doit être vécue d’une manière
vivante, sinon elle n’est qu’un concept. Et alors la sanctification demeure une
théorie.
Source :
http://www.lesarment.com