L’UN SERA PRIS ET L’AUTRE LAISSÉ
LE CRI DE MINUIT
Pr Antomarchi
Un
soir, à notre culte de famille, nous avions lu, ma femme, mes deux enfants et
moi, le quatrième chapitre de la première épître de Paul aux
Thessaloniciens.
Avant
d'aller me livrer au repos, assis dans un fauteuil, je réfléchissais aux
derniers versets de ce chapitre.
La
journée avait été très fatigante, et comme d'importantes affaires m'obligeaient
à me lever le lendemain de grand matin, j'allai me coucher plus tôt que
d'habitude.
Mais
je ne pouvais trouver le sommeil.
Ces
paroles mystérieuses, troublantes, que nous avions lues quelques instants
auparavant, me poursuivaient ; longtemps, elles me tinrent éveillé.
« ... Car le Seigneur lui-même, était-il écrit, à un signal donné
à la voix d'un archange et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel :
et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite nous, les vivants,
alors sur la terre, nous serons enlevés tous ensemble avec eux au milieu des
nuées, à la rencontre du Seigneur, dans les airs. et ainsi, nous serons
toujours avec le Seigneur... » 1 Thessaloniciens 4 : 16-18.
-
Quelle étrange chose, me disais-je, et comment doit-on comprendre ces paroles ?
N'est-ce qu'une simple image ? ou devons-nous, au contraire, y voir la
prédiction précise d'un événement dont l'accomplissement littéral est
absolument certain ?
Ma
femme et ma fille. chrétiennes convaincues, très attachées à tout
l'enseignement de l'Écriture, se rangent, sans la moindre hésitation, à cette
dernière opinion.
Mon
fils Pierre et moi restons plutôt sceptiques. C'est si invraisemblable... Et
malgré moi, mon esprit travaillait travaillait...
Après
bien des efforts pour chasser ces pensées, mes paupières finirent par
s'alourdir et je m'endormis profondément.
Un
sursaut brusquement me réveilla. Il faisait grand jour. Je me levai à la hâte,
craignant de m'être mis en retard.
Quelle
ne fut pas, tout d'abord, ma surprise de constater que la place de ma femme
était vide. Supposant, toutefois, que ce n'était qu'une absence de peu de
durée, car ses vêtements étaient 'posés à leur place habituelle, rapidement, je
m'habillai.
Comme
je n'entendais aucun bruit, je me dirigeai vers la chambre contiguë, celle de
notre fille Marie.
-
« Peut-être est-elle malade, me dis-je, et ma femme est auprès d'elle ? » Je
frappe. Point de réponse. Je tourne le bouton de la porte, j'entre : Personne,
-
Voilà qui est vraiment bizarre. Ah ! ça, où peuvent-elles bien être allées
toutes deux ?
J'appelle
dans le couloir : « Marie ! Maman ! Marie ! » Pas de réponse.
Une
étrange émotion me saisit alors, mon coeur se serra, et j'eus toutes les peines
du monde à rester calme.
Je
montai à l'étage supérieur, où se trouvait la chambre de notre garçon, Pierre.
Il
était debout. déjà habillé. D'habitude, il n'était pas aussi matinal, et je le
regardai, surpris. Il avait l'air tout renfrogné.
-
Bonjour, papa, me dit-il, comment vas-tu ? Moi, j'ai passé une mauvaise nuit,
pleine de cauchemars; je me suis réveillé de très bonne heure et, ne pouvant me
rendormir, j'ai préféré me lever. Est-ce toi qui m'as appelé ?
-
Sais-tu ce que sont devenues ta mère et ta soeur ? fis-je, affectant
l'indifférence.
Il
faut croire qu'une certaine inquiétude perçait quand même dans le ton de ma
voix. car il répondit, nerveux
-
« Mais non ! Pourquoi ? Où sont-elles ? ».
Sans
rien ajouter, je redescendis précipitamment dans ma chambre pour achever au
plus vite ma toilette. Comme j'en ressortais, Pierre était là devant moi :
-
Impossible de les trouver. s'exclama-t-il. Mais. le plus fort, c'est que la
porte d'entrée de la maison est fermée à double tour, et la clef dans la
serrure.
Nous
nous regardâmes sans un mot, absolument bouleversés.
Machinalement,
je revins à la chambre de Marie. Sur sa table, bien en évidence, sa Bible était
ouverte. Je m'approchai et lus ce verset, souligné, au chapitre 24, v. 44, de
saint Matthieu :
« Tenez-vous
prêts, car le Fils de l'homme viendra à l'heure que vous ne Pensez pas.»
Ce
passage, me disait toujours ma femme, avec assurance, se rapporte à la venue
soudaine de Jésus-Christ, quand il apparaîtra mystérieusement pour enlever les
siens. - « Mais non, répondais-je, mais non, il s'agit là. tout simplement, de
notre préparation à la mort. »
Un
terrible point d'interrogation venait de se dresser pour moi : Seraient-elles
parties au devant du Seigneur ... ?
Mais
je repoussai de toutes mes forces cette pensée.
Cependant
Pierre, qui ne tenait plus en place, et moi qui voyais à l'évidence que quelque
chose de plus qu'anormal s'était passé, nous décidâmes de ne pas attendre le
déjeuner et d'aller, chacun par un chemin différent, visiter les maisons de nos
intimes, à la recherche de nos bien-aimées.
Je
me rendis tout d'abord chez la soeur de ma femme. Mme Alençon. Elle et son mari
font partie de notre paroisse; lui-même en est le trésorier. En somme,
personnes des plus respectables, aimant leur église, mais fort lancées dans le
monde.
-
Sûrement, personne n'est encore levé, me disais-je, tandis que je sonnais à la
porte. Enfin, ma belle-soeur parut, expliquant avec force excuses qu'elle avait
eu à préparer elle-même le déjeuner :
-
Car, figurez-vous, dit-elle, parlant avec une extrême volubilité, figurez-vous
le tour que nous a joué notre bonne : nous avions passé la soirée chez nos amis
Lemaire, où il y avait une partie de bridge qui n'en finissait pas, et nous
étions rentrés très tard; or, notre bonne que nous avions toujours considérée
comme une fille très sérieuse, affectant même des airs de piété que je trouvais
plutôt exagérés, une vraie petite fanatique, eh ! bien, imaginez-vous qu'elle a
découché et elle est partie je ne sais où... Hélas ! à qui peut-on se fier
aujourd'hui...
Elle
s'arrêta un moment pour reprendre haleine, puis continua de plus belle :
-
Mais, ce qui nous a le plus stupéfaits, c'est que nous avons trouvé toutes les
portes fermées, exactement comme nous les avions laissées hier soir en allant
nous coucher.
Ah
! ça c'est trop fort, m'écriai-je, n'y tenant plus. Et en quelques mots, je dis
les raisons qui m'amenaient à faire une visite aussi matinale.
Quand
ma belle-soeur apprit la mystérieuse disparition de ma femme et de Marie, elle
faillit se trouver mal.
-
Écoutez, lui dis-je, pour donner le change, je n'ai pas encore déjeuné:
permettez-moi de m'inviter chez vous. Et j'entrai.
Mis
au courant, son mari prit la chose en riant, disant que ces dames avaient
probablement voulu me faire une plaisanterie : - « Vous pouvez être certains
qu'elles sont déjà rentrées à l'heure qu'il est, et qu'elles vous attendent,
inquiètes peut-être de votre absence ».
Cette
idée remonta un peu ma belle-soeur, et l'on se mit à table.
-
Ah ! je regrette, mais il faudra se passer de lait, dit Mme Alençon, le front
redevenu soucieux: notre laitier, pourtant toujours si exact, n'est pas encore
arrivé...
Sur
ces entrefaites, on sonna: c'était Pierre.
Très
agité, il nous raconta qu'il revenait de la maison, après avoir vainement
parcouru tout le quartier, et que, dans plusieurs habitations où il était entré
pour demander des nouvelles, le même événement s'était produit.
«
Les rues sont pleines de monde, dit-il en terminant, des gens très excités
courent, en quête, comme nous, de membres de leurs familles. Il en est qui
pleurent à chaudes larmes... Non, vous ne vous imaginez pas l'émotion qui règne
en ville... »
Sa
voix s'altéra et ses yeux se mouillèrent.
On
sonna plusieurs fois avant la fin du déjeuner; c'étaient des amis de la maison
allant aux nouvelles, ou cherchant, eux aussi, des parents disparus.
L'un
d'eux, M. Fernay. ami intime de mon beau-frère, survenant, s'écria, la figure
bouleversée : « Mes deux garçons. l'un de quinze, l'autre de dix-huit ans. nous
ne savons pas ce qu'ils sont devenus! ni leur grand-mère paralysée, et qui
n'avait pas quitté le lit depuis six ans. »
A
cette nouvelle, M. Alençon pâlit, gagné par l'inquiétude générale. Il rapporta
même une conversation qu'il avait eue, la veille, avec un ami dont les idées
religieuses lui avaient paru, confessa-t-il, quelque peu excessives. Cet ami
insistait, disant : « Un trop grand nombre de membres de nos églises ne sont
guère chrétiens que de nom, aimant l'argent et le plaisir plus que Dieu, et se
conformant au monde a un tel point qu'il est impossible de les reconnaître pour
des disciples de Jésus-Christ. L'indifférence des masses pour les choses
religieuses va s'accentuant toujours plus, ajoutait-il avec tristesse, et la
tiédeur spirituelle est la caractéristique de notre temps. Les prophéties
achèvent de s'accomplir. L'ivraie est plus haute que le blé. Le levain a fait
lever et fermenter toute la pâte. L'apostasie bat son plein.
«
Jésus n'a-t-il pas dit : « Quand le Fils de l'homme
viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Luc 18 : 8.
«
Entendez-vous gronder l'anarchie, ajoutait-il; l'autorité s'en va en poussière;
les empires s'écroulent : « les étoiles tomberont du ciel » avait prédit Jésus.
«
Comme pousses par une main invisible, les Juifs rentrent en masse en Palestine
dans des conditions et des circonstances troublantes et singulièrement
analogues à celles du retour de la grande captivité de Babylone.
« Prenez garde ! Les temps sont graves. Jamais les appels de Dieu n'ont résonné
plus solennellement qu'à cette heure. »
«
Il affirmait enfin - et ici la voix de mon beau-frère, devenue plus grave, se
mit à trembler légèrement - qu'au moment choisi par Dieu et connu de Lui seul,
le Christ viendrait soudainement comme un voleur dans la nuit, pour enlever ses
rachetés, les vivants comme ceux déjà morts. Cette transformation inouïe devait
s'effectuer avec la rapidité de l'éclair, « en un clin d'oeil » : il y aurait
un grand cri, un appel de trompette que percevraient seulement ceux auxquels
ils s'adresseront.
«
Et c'est alors, disait mon ami, que s'accomplira cette parole du Christ « Aux jours de Lot. on mangeait, on buvait. on vendait, on
plantait, on bâtissait, et le jour où Lot sortit de Sodome, il tomba du ciel
un, pluie de feu et de soufre qui les fit tous périr. Il en sera de même le
four où le Fils de l'Homme apparaîtra... Je vous le dis. en cette nuit-là de
deux personnes qui seront dans le même lit : l'une sera prise et l'autre
laissée ». S. Luc 17 : 26-37.
Je
crains bien, conclut mon beau-frère, secouant la tête avec une sorte
d'accablement qui contrastait singulièrement avec son air assuré du début, je
crains bien que ce jour ne soit arrivé ; et... fit-il à voix plus basse et à
peine perceptible... Il s'arrêta.
-
Et ? demandâmes-nous, d'une voix anxieuse
-
Et, c'est triste à dire, nous sommes parmi les laissés.
La
matinée s'avançait.
Nous
nous étions levés pour prendre congé, Pierre et moi, le regard chargé d'une
insurmontable tristesse. Il nous tardait de rentrer chez nous.
C'est
en tremblant que je tournai la clé dans la serrure, que je poussai la porte et
que j'entrai.
La
maison, hélas ! était toujours vide. Nous ne nous sentîmes pas le courage d'y
rester, tant était lugubre le silence des chambres désertes, et cette solitude
pesait lourdement sur nos âmes, comme une inexorable condamnation.
Sous
peine de se laisser écraser par le découragement, il fallait à tout prix sortir
de cette angoisse, agir, voir quelqu'un... Rassemblant toute mon énergie, je
proposai 'une voix que je m'efforçais de raffermir :
Si
nous allions un peu à nos affaires ?
Oui,
répondit Pierre, d'une voix sourde.
Le
coeur nous manquait,
Sans
enthousiasme, mon fils se dirigea vers son travail, et moi, le cerveau vide,
j'allai à mon bureau.
En
chemin, j'aperçus un homme qui se dirigeait vers moi, les bras levés, comme
fou. C'était un de nos voisins, incrédule s'il en fut. Sa figure était à peine
reconnaissable tant son air était atterré.
-
« Je viens du cimetière, où est la tombe de mes vieux parents et d'une petite
fille de sept ans que nous avons perdue. Non, vous ne vous imaginez pas,
fit-il, la voix tremblante d'émotion, vous ne vous imaginez pas l'aspect du
cimetière, comme si un tremblement de terre était survenu cette nuit. Des
dalles de tombeaux ont sauté en l'air ; ça et là, des fosses béantes et vides,
des cercueils éventrés ne contenant plus que quelques oripeaux, hideux à voir.
De mes parents, des croyants à l'ancienne mode, je n'ai plus trouvé trace.
Et
de ma petite fille non plus, ajouta-t-il dans un sanglot qui m'arracha les
larmes. Si vous l'aviez connue cette enfant. Elle priait comme un ange et
parlait sans cesse du ciel... Ah ! sûrement, c'est la fin du monde ! »
Et
sur ces paroles il se sauva, comme poursuivi par la plus affreuse vision.
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Des
foules inusitées d'hommes, de femmes et d'enfants, dont les traits contractés,
les yeux fixes, traduisaient l'anxiété intense, remplissaient les rues où toute
la vit semblait s'être jetée.
De
nombreux édifices publics avaient mis leur drapeau en berne et les cloches de
plusieurs églises sonnaient le glas, ce qui accentuait encore la note
d'indicible inquiétude.
Dans
le quartier commerçant, je remarquai très peu de magasins fermés. Mais il ne
paraissait pas s'y traiter d'affaires.
Place
de l'Hôtel-de-Ville, il y avait un rassemblement. Les gens les plus en vue en
matière politique me semblèrent y être au grand complet. Faisant les cent pas,
par petits groupes, ils discutaient avec animation.
Par
contre, tous les cafés étaient ouverts, et, devant des cercles s'étaient formés
où des hommes, avec de grands gestes, parlaient très haut.
Sans
m'arrêter, j'arrivai à mon bureau.
Là,
j'appris que le teneur de livres, ainsi que mon brave commissionnaire, attachés
depuis fort longtemps au service de la maison, ne s'étaient pas encore montrés.
Mes deux commis étaient assis à leur place, le porte-plume en l'air, le regard
dans le vide.
Je
ne me sentis pas plus le courage de leur donner du travail que d'ouvrir mon
courrier.
Ressortant
presque aussitôt, je me dirigeai vers la Bourse.
Pénétrant
dans le grand hall, je constatai que l'affluence y était plus forte
qu'ailleurs. Jamais je n'y avais vu autant de monde.
Mais
au lieu du brouhaha habituel des coulissiers criant à tue-tête, des agents de
change s'interpellant ; au lieu de tout l'assourdissant vacarme bien connu, un
silence profond, d'autant plus impressionnant, et une sorte de stupeur
planaient sur cette foule.
Du
consentement unanime, « selon l'expression même du Président de la Chambre de
Commerce, il avait été décidé qu'un délai de grâce de trois jours serait
demandé aux pouvoirs publics, suspendant toutes les échéances qui tombaient ce
jour-là.
Une
quantité incroyable de raisons furent émises pour tâcher d'expliquer
l'événement qui avait jeté un tel trouble dans la ville. Niais chacun
s'accordait à conclure : « Évidemment, c'est surnaturel ».
On
se sentait envahi par un indéfinissable malaise ; et le sentiment instinctif,
irraisonné, qui dominait était : Que va-t-il, maintenant, se passer ? Ceux qui
restent sont assurément bien à plaindre...
L'heure
du dîner était depuis longtemps passée. Nul n'y avait pris garde.
L'après-midi,
sans qu'il y eût la moindre entente, toutes les affaires furent arrêtées, les
magasins fermés, sauf les cafés, qui, eux, regorgeaient de monde.
Dans
les rues, sur les places, des groupes se formaient une sorte de sympathie
s'établissait entre gens qui ne se connaissaient pas...
Des
crieurs d'éditions spéciales de journaux commençaient à passer. On s'arrachait
les feuilles. L'une d'elles portait en manchette, en gros caractères : « Serait-ce
la fin du monde ? » Après quelques minutes de lecture. déçus de n'y rien
trouver qui apaisât leur inquiétude, les gens les froissaient et les jetaient à
terre, rageusement.
Devant
les maisons où portes et volets étaient demeurés clos, la famille ayant disparu
en entier, maisons très rares, on s'arrêtait, des attroupements se formaient,
on se nommait les habitants du logis ; il y avait là un tel. il y avait là une
telle... On frappait, on appelait ; les commentaires allaient leur train.
Dans
l'un des groupes, un homme pérorait. On l'écoutait avec une attention
extraordinaire. C'était un membre assidu de la réunion de prières hebdomadaire
de notre église, à laquelle ma femme ne manquait jamais d'assister.
Il
disait à ce moment :
-
« Eh ! oui, c'est bien le jour dont Paul parle aux chrétiens de Corinthe
: « Voici un mystère que je vous révèle : nous ne
mourrons Pas tous, mais tous nous serons changés, en un instant, en un clin
d'oeil... » 1 Corinthiens 15 : 51.
«
Le Christ, aussi, avait prédit cet événement.
L'Evangile
nous avertissait : « Tenez-vous prêts, car le Fils
de l'homme viendra à l'heure que vous ne pensez pas... » Matthieu 24 : 44.
«
Pour moi, je suis d'autant plus inexcusable que j'ai toujours admis cette
vérité. J'aimais entendre expliquer les prophéties et je ne rejetais aucune
d'elles ; mais dans l'étude que j'en faisais, il y avait surtout une part de
curiosité intellectuelle, d'attrait du mystère. J'y ai cru, mais avec mon
cerveau et non avec mon coeur ; ma vie n'en restait pas moins égoïste et
superficielle, et pour tout dire, j'étais loin d'attendre le Christ comme on
attend un être tendrement aimé qui peut revenir d'un moment à l'autre...
«
Sans doute, j'aimais les réunions religieuses, mais d'un amour intéressé, pour
les consolations et pour la satisfaction que j'en retirais, et non pas en vue
de ma consécration au service de Jésus-Christ pour le salut des pécheurs. Je me
servais de Dieu, je ne le servais pas. J'étais un parasite de l'Église. Et
quand je chantais « Christ est ma vie », ou bien « Tenons nos lampes prêtes,
chrétien préparons-nous », c'étaient des mensonges qu'inconsciemment je
chantais... »
A
quelque distance de là, sur une petite place, j'aperçus l'un des conférenciers
laïcs les plus connus et les plus écoutés de la ville. Catholique en vue,
avocat de grand talent, il avait toujours montré une activité religieuse
remarquable. Un cercle nombreux l'entourait.
Mais
sa parole avait perdu le ton oratoire. Des phrases simples, courtes, rendaient
plus émouvant son discours.
-
Mes amis, disait-il, nous nous sommes toujours crus très forts en logique. Et
nous l'avons été, c'est sûr, pour tout ce qui a trait aux affaires de ce monde.
Mais au point de vue chrétien. nous avons été des insensés.
«
Nous affirmons, en effet, d'une part tenir l'Écriture Sainte pour la suprême
autorité religieuse, la souveraine règle de notre Foi, et puis, d'autre part,
nous lui donnions, par notre vie, les plus graves démentis.
«
C'est que nous voulions accommoder la parole de Dieu à la sagesse humaine, et
ainsi, sur l'autel du monde et du qu'en dira-t-on, nous avons sacrifié la
fidélité à l'enseignement du Christ et des Apôtres.
«
Et voici que toutes nos oeuvres, toute notre agitation, viennent d'être
éprouvées par un feu que n'ont pas allumé des mains d'hommes. Et nous voyons
que tout a brûlé comme du chaume...
«
Les prophètes, qui parlent du retour de Jésus pour venir enlever son Église
avant la terrible tribulation qui s'approche - simples images, disions-nous,
hyperboles, où l'imagination orientale se donne libre cours. Pourquoi Jésus
parle-t-il ainsi ? simplement pour faire une plus forte impression sur les
âmes. Mais nous n'avons à en retenir qu'une invitation à nous préparer pour la
venue soudaine de la mort.
«
Comme si, s'exclamait l'orateur, Jésus, qui est le Prince de la Vie, avait
jamais voulu s'identifier avec la mort, avec le prince des épouvantements.. !
«
Au fond, la vérité, c'est que nos coeurs incrédules n'admettaient pas, malgré
la lucide et formelle précision des avertissements du Christ et des Apôtres,
qu'un événement aussi prodigieux pût jamais se produire.
«
Encore si nous étions véritablement, sincèrement, préparés à la mort. Mais
avouons qu'aucun de nous ne voulait se détacher assez de ce monde, et renoncer
à soi-même au point' de mettre Dieu et les intérêts de son Royaume en première
place dans sa vie et dans ses pensées. Nous accommodions au mieux de nos
intérêts et de nos affaires, la parole du Christ : « celui qui cherchera à
sauver sa vie, la perdra ; et celui qui la perdra, la retrouvera... quiconque
ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple... » Tout cela
était bien quelque part dans notre tête, mais n'avait pas un sens réel, absolu,
dans notre vie. De l'argent, de l'argent, gagner toujours plus, tel était notre
suprême objectif.
«
De même que la plupart des Juifs, contemporains de Jésus-Christ, avaient refusé
de prendre à la lettre, c'est-à-dire au sérieux, les différentes prophéties qui
précisent, dans l'Ancien Testament, la première venue de jésus, de même, nous
avons traité avec une supériorité dédaigneuse les prophéties du Nouveau
Testament, comme de l'Ancien, relatives à sa seconde venue. Nous avons voulu
passer au crible de nos raisonnements la déclaration du Seigneur : « Voici, je viens bientôt. Heureux celui qui garde
les paroles de la prophétie de ce livre. » Apocalypse 22 : 7, ne comprenant pas, tant nous
étions aveugles, que la durée de nos siècles n'a même pas, devant Dieu, la
valeur d'un millième de seconde. En sorte que la venue soudaine, fulgurante du
Sauveur, nous a trouvés préoccupés de tout, sauf de cet événement !
«
N'allions-nous pas jusqu'à oser prétendre que Paul et les chrétiens de
l'Église primitive s'étaient trompés en prenant à la lettre la promesse du
retour prochain du Seigneur, et en attendant, avec une sainte ferveur, ce
retour ? Nous n'avions pas compris l'enseignement profond de Notre Seigneur qui
voulait que l'Église, Son Épouse, se considérât, à partir du jour de son
Ascension et Jusqu'à Son retour, comme une veuve, et qu'elle portât, en quelque
sorte, Son deuil, dans un monde en révolte contre Lui. St Matt. 9 : 14-16.
«
Au lieu de cela, l'Église s'est installée dans le monde, et elle a déclaré : "Je suis assise en reine; je ne suis point veuve!" Apocalypse 18 : 7-9.
«
Et nos prêtres nous affirmaient que cette seconde venue de Notre Seigneur était
symbolique, qu'elle se produisait toutes les fois que le Christ descend dans
l'hostie. sur l'autel. Il faut le reconnaître : Nos prêtres se sont trompés ;
mais les erreurs ne nous justifient pas...
«
Et dire qu'en discutant ainsi les paroles de l'Écriture, nous avions
l'orgueilleuse prétention de leur donner un sens plus idéal, plus spirituel que
le sens littéral, c'est-à-dire celui que lui attribuaient les Apôtres. Ce
n'est, hélas ! que trop manifeste.
«
Ah ! le terrible réveil !
Le
soir, les églises des divers cultes de la ville étaient ouvertes. La foule s'y
entassait, anxieuse, pour entendre l'explication de cette extraordinaire «
visitation », et aussi dans l'espoir de recevoir quelques paroles de
consolation et de réconfort.
Aucun
groupement religieux, remarquait-on, n'avait été enlevé dans sa totalité.
Nulle
part, il ne fut fait service liturgique. Les assemblées étaient houleuses. Il y
eut même quelques désordres, dans les grandes paroisses. Partout, la surexcitation était extrême. Les uns se lamentaient, sanglotaient ; d'autres
récriminaient ; on dut emporter plusieurs femmes évanouies.
Ceux
qui fréquentaient le moins les églises étaient les plus irrités. Ils
interpellaient violemment au passage les plus assidus aux offices.
- Si vous eussiez été de vrais chrétiens, disaient-ils, vous nous auriez avertis.
Qu'est-ce que vous allez donc faire à l'église, tous les dimanches ?
Ceux-ci
baissaient la tête : « C'est vrai, nous n'avions que l'apparence de la piété, reniant ce qui en fait la force. 2 Timothée 3 : 1-5. Nous nous contentions,
amateurs de beaux discours, de dissertations religieuses sur les événements du
jour. Friands d'éloquence, nous courions les églises à la suite du prédicateur
en renom. Nous nous grisons de belles paroles, préférant infiniment la finesse
d'une pensée philosophique habilement présentée, aux appels fidèles de
l'Evangile, à l'explication toute simple de la Parole de Dieu.
«
Sans bien nous en rendre compte, ce que nous recherchions. dans le culte, nous
le reconnaissons, c'était une jouissance intellectuelle, des émotions
religieuses, et non pas la prédication apostolique, toute rude et toute nue, de
la croix.
«
Nous l'expions cruellement !
Pierre,
curieux de ce qui se dirait dans les églises catholiques, m'avait quitté pour
entrer dans la principale d'entre elles. Il devait me rejoindre à notre lieu de
culte habituel. Comme on était en carême, un dominicain connu occupait la
chaire.
Sa
figure marquait un véritable abattement. Parmi les fidèles, l'agitation était
extrême. Des prières furent récitées qui se perdaient dans le brouhaha général.
Enfin, dans un silence relatif, le missionnaire prit la parole.
A
la surprise de tous, il annonça qu'il lirait d'abord, en français, quelques
textes de l'Écriture. Ce furent précisément ceux qui prédisaient l'événement
prodigieux qui bouleversait en ce moment le monde entier, comme l'avaient
confirmé des dépêches venues de partout. C'étaient le chapitre IV, v. 13 à 18, de
la première épître aux Thessaloniciens, et le chapitre XV, v. 51, 52, de la
première épître aux Corinthiens (voir a ).
-
« Reconnaissons-le loyalement, reprit le père dominicain, si la Sainte Écriture
avait eu parmi nous l'autorité que le Saint-Esprit lui confère, ces paroles
eussent suffi pour nous préserver de l'affreux malheur qui nous arrive. Nous aurions
vécu vraiment détachés de ce monde, de ses pompes et de ses oeuvres, et nous
nous serions tenus prêts, comme les Vierges sages de la Parabole, pour la venue
soudaine de l'Époux divin ; au lieu que l'événement de cette nuit nous frappe
en plein coeur. Malheureusement, ce n'est pas la Sainte Parole qui fait
autorité pour nous, c'est la Tradition. Pour sacrée qu'elle soit, elle n'en est
pas moins parole humaine ; ce sont...
Un
tumulte, des trépignements, des cris hostiles, partant d'un groupe de prêtres
debout dans le choeur, interrompirent le prédicateur, tandis qu'un autre groupe
prenait fait et cause pour lui, et un grand vacarme s'ensuivit.
Craignant
d'être mêlé à de fâcheux incidents, Pierre, qui était debout près de la porte,
se hâta de sortir et vint me retrouver.
Dans
notre église, plusieurs visages familiers manquaient. Mon coeur se serra
douloureusement quand j'aperçus. à la place qu'affectionnaient ma femme et ma
fille, des personnes qui m'étaient inconnues...
Notre
pasteur était là. Il était assis au ban des diacres, le front serré dans ses
deux mains, en une sorte de prostration. Aucun chant. On entendait de grands
soupirs, des plaintes, de ferventes prières d'humiliation.
Ici,
l'on se lamentait sur le départ d'enfants: là, il s'agissait d'un mari, d'une
femme, d'un père, d'une mère...
Le
pasteur monta en chaire, fit un signe de la main et, en quelques mots, adjura
l'auditoire, de s'efforcer au calme.
Puis,
après une courte prière silencieuse, il reprit la parole.
-
« Aucun de vous, dit-il, sur un ton impossible à rendre, ne peut... se faire
une idée de l'amertume de mes sentiments... quand je me vois... devant vous...
avec mes cheveux blancs... et ma longue expérience... et que je mesure... les
terribles responsabilités de mon long ministère ... »
Ces
mots, dits d'une voix brisée par l'émotion, produisirent sur-le-champ une
grande détente dans l'auditoire, en détournant un peu de soi-même, l'attention
de chacun. L'assemblée entière, les yeux fixés sur son vieux et respecté pasteur,
buvait ses paroles.
Après
quelques secondes de pause, il reprit, d'une voix un peu plus assurée :
-
« Je suis accusé... et je m'accuse... de vous avoir entretenus, au cours de mes
visites, de mes prédications et de mon ministère, beaucoup plus des questions
de cette vie, et des pensées des hommes, que des affaires célestes et des
pensées de Dieu.
«
On me reproche, aussi, de vous avoir tenus dans l'ignorance des prophéties de
la Sainte Écriture touchant les choses à venir, comme de la terrible visitation
qui devait se produire, et qui s'est produite, cette nuit, parmi nous.
«
Que pourrais-je dire pour ma justification ?... Seulement ceci je vous ai
enseigné ce que l'on m'a enseigné à moi-même à considérer la Bible comme
contenant, sans doute, la Parole de Dieu, la connaissance du Salut, et la plus
haute morale du monde, mais non comme étant, dans toutes ses parties,
d'inspiration divine et la règle infaillible et sans réserves de notre foi. J'y
voyais un alliage de pensées divines et de pensées humaines, et c'était à notre
raison de faire son choix, les allégories y tenant une très grande place.
«
C'est ainsi, par exemple, que vous m'avez entendu interpréter la seconde venue
du Seigneur en disant que toutes les fois qu'une âme se convertit, Jésus
revient sur la terre, et descend, ainsi, dans cette âme...
«
Ah ! je comprends, maintenant, que ce n'est pas pour les interpréter, que Dieu
nous a donné les prophéties, dans l'Écriture, mais pour y croire...
«
Eh, sans doute, il y a des allégories dans le Saint Livre, mais les
affirmations positives - et que l'on doit prendre à la lettre sous peine de
manquer de respect au texte, - y sont bien plus nombreuses encore. Telles sont
celles qui auraient dû nous préparer à cet événement.
«
Ah ! qui peut sentir, en ce moment, plus que moi, la faiblesse de pareilles
excuses.
«
J'appelais ce livre - et, d'une main qui tremblait, il éleva sa vieille Bible
au-dessus de sa tête - j'appelais ce livre « la Parole de Dieu ». Mais, par une
inconséquence dont je ne puis encore m'expliquer l'aveuglement, j'attribuais
l'origine et l'inspiration d'une bonne partie de son contenu à des cerveaux ou
à des volontés d'hommes...; Je discutais l'autorité de ses prophéties, quand je
ne les niais pas... Je mettais en doute la plupart des miracles, les réduisant
à des faits de l'ordre naturel, grossis ou naïvement rapportés.
«
Je suis même allé - et ces derniers mots furent dits d'une voix que l'émotion
étranglait - jusqu'à nier la valeur expiatoire du sang de l'Agneau sans tache...
«
Mais comment pourrais-je, maintenant, après l'événement qui vient de nous
frapper tous, ne pas croire que la Parole de Dieu, quand elle affirme une
chose, veut dire exactement, et signifie littéralement ce qu'elle dit ? (Ces
derniers mots furent scandés avec un accent émouvant).
«
C'est dans la douleur la plus profonde que je reconnais ma grande erreur, mon
impardonnable faute. et je m'en humilie, devant Dieu et devant vous, de toute
la force de mon âme. »
Et
il s'arrêta, comme dans l'impossibilité de continuer.
Une
vague d'intense sympathie souleva cette foule. Oubliant sa propre détresse,
l'assemblée entière, par un murmure d'affectueux encouragement, chercha à
soutenir le vieillard, presque défaillant sous l'effort de sa poignante confession.
Il
reprit courage et, d'une voix plus ferme, continua :
«
Mais je reconnais aujourd'hui mon égarement, et je vous demande pardon, comme
j'ai déjà demandé pardon à Dieu... »
Personne,
dans l'assemblée, ne put retenir ses larmes devant une confession si touchante.
«
Il me reste quelques mots encore à ajouter. Je vous dois TOUTE la vérité, nous
le savons bien maintenant, c'est la parole, pure et simple, du Seigneur. Ce
matin, après avoir fait dans la prière un humble et sérieux examen des Écritures
touchant les circonstances qui nous angoissent tous, Je suis arrivé à la
certitude qu'il nous faut, hélas ! renoncer au glorieux privilège d'être
enlevés avec les Saints pour avoir part, avec eux, à la première résurrection,
cette « résurrection d'entre les morts», qui ne tenait pour ainsi dire aucune
place dans nos préoccupations religieuses, alors que l'apôtre Paul la
considérait comme la récompense suprême, le sceau glorieux de sa fidélité :« Je regarde toutes choses
comme une perte, afin disait-il de gagner Christ... pour parvenir, si' je puis,
à la résurrection, celle d'entre les morts .» (1)
Philip. 3 : 8-11.
«
Cependant, le Saint-Esprit le déclarait formellement :
« Ils revinrent à la vie et régnèrent avec Christ pendant mille ans... C'est la
première résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la première
résurrection. La seconde mort n'a point de pouvoir sur eux; mais ils seront
sacrificateurs de Dieu et de Christ et ils régneront avec lui pendant mille
ans. » Apocalypse 20 : 4-6.
« Toutes ces déclarations, pourtant si précises, si simples, celles de l'apôtre
Paul aux Thessaloniciens et aux Corinthiens, notamment, et les avertissements
si nets du Seigneur, que nous trouvons aux chapitres 24 de Matthieu, 17
et 21 de Luc, et tant d'autres, auraient dû nous suffire... Mais nos
esprits étaient obscurcis, et nous étions égarés par l'incrédulité et par les
mensonges d'une « science théologique, faussement appelée science », 1 Tim. 6 :
2-21 - lisant notre Bible avec notre raison, discuteuse, et non avec la foi et
la simplicité de coeur de petits enfants - comme aussi par la crainte du
ridicule.
«
Ainsi, nous nous sommes mis sous le joug du monde et nous allons avoir notre
part de son jugement. Car il ne faut point nous le dissimuler, nous allons
passer par une tribulation telle que le monde n'en a pas encore connu de
semblable.
Les
puissances sataniques vont être déchaînées, les représailles terribles de la
justice divine vont s'abattre sur ce monde et sur nos Églises infidèles, et la
terre secouée comme un arbre dont on fait tomber les fruits. « Malheur à la terre et à la mer, est-il écrit, car Satan est
descendu vers nous, animé d'une grande colère... » Apocalypse 12, 12.
«
Voilà ce que voulait nous éviter le Seigneur, quand il faisait déclarer par le
Saint-Esprit à tous les hommes qui se réclament de son nom : « Sortez du milieu de Babylone, mon peuple, afin que vous ne
participiez pas à ses péchés, et que cous n'ayez point de part à ses fléaux : » Apocalypse 18:4.
Et par son ange, Il
encourageait ses Saints en disant : "Parce que tu as attendu avec patience mon retour, et cru à la parole qui l'annonçait, moi aussi Je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur le monde entier pour réprouver les habitants de la terre" Apocalypse 3:10, Luc 21:35.
Comme
l'affirment les textes sacrés, l'Antichrist va paraître, "l'homme de péché", le fils de la perdition, l'adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu, et qui, par la puissance de satan, fera toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers..." 2 Thessaloniciens 2 : 4-11.
Les
hommes seront contraints de porter sa marque sur leur personne, sinon ce sera
la mort. Apoc.alypse 13 : 7, Mais il en est qui triompheront et seront sauvés, comme
il est dit : "Et je vis ceux qui avaient vaincu la Bête et son image, et ils chantaient le cantique de Moïse..." Apocalypse 15 : 2-4.
Le
pasteur, visiblement exténué par l'effort qu'il venait de fournir, fit encore
une pause. paraissant vouloir rassembler tout ce qui lui restait d'énergie pour
une exhortation suprême.
L'assemblée
était haletante sous le poids des révélations qui lui étaient faites. Elle
attendait, toute tremblante. une parole qui lui donnât encore quelques lueurs
d'espoir.
D'une
voix lente et solennelle, le pasteur ajouta simplement ces mots :
«
Et maintenant, frères et soeurs, humilions-nous sous la puissante main de
Dieu... Convertissons-nous de tout notre coeur, plaçons-nous sous l'aspersion
du sang de l'Agneau, faisons appel à la miséricorde divine. et prenons
l'engagement de persévérer par sa grâce, jusqu'au bout, quoi qu'il arrive, afin
que Dieu ait pitié de nous. »
Le
pasteur s'était assis.
Spontanément,
l'assemblée entonna un cantique d'humiliation et de supplication : puis, dans
un silence solennel, sortit lentement du temple et s'écoula à travers les rues
de la cité.
Mon
fils et moi, partageant l'émotion commune, nous reprîmes avec plus de calme le
chemin de la maison, bien que, dans la rue, l'excitation semblât augmenter
d'heure en heure. Arrivés chez nous, du même mouvement spontané, nous tombâmes
à genoux dans la chambre de Marie, près de la Bible restée ouverte aux passages
qui venaient d'avoir un accomplissement si tragique. En pleurant, Pierre
demanda pardon à Dieu d'avoir traité jusqu'à ce jour, avec une si folle
insouciance, Sa parole de vérité et Ses appels remplis d'amour.
Le
sentiment de mes péchés m'étreignait également. Je faisais. pour prier, des
efforts qui secouaient mon être entier, quand un appel angoissé m'amena à la
réalité...
Mon
front et mes tempes étaient couvertes de sueur. Ouvrant les yeux, je vis ma
chère femme devant moi, la figure consternée, qui me tenait les mains.
-
Qu'as-tu donc, me disait-elle. Oh! que tu m'as fait peur...
Et
sans lui répondre, dans un sentiment de joie inexprimable, je m'écriai :
-
Ce n'est donc pas vrai... Tu es encore là... Tout cela ne s'est passé qu'en
rêve... Oh ! merci, mon Dieu!
Un
peu plus tard nous étions réunis, ma femme, mes deux enfants et moi, et je leur
racontai le rêve extraordinaire que je venais d'avoir.
Et
plus j'y pensai, par la suite, plus je fus frappé de l'avertissement qui
m'avait été ainsi donné.
Le
sens positif et absolu des déclarations solennelles de l'Écriture que je venais
de vivre si douloureusement dans ce rêve, m'apparut dans toute sa saisissante
clarté.
Je
me rendis compte qu'il y avait là, en vérité plus qu'un rêve, mais un appel
poignant à cesser de jouer avec la patience de Dieu et avec Sa parole sacrée,
et qu'en définitive, il n'était pas exact d'appeler rêve ce qui pouvait être,
ce qui allait être, la tragique réalité de demain.
Je
compris que, jusqu'à ce jour, j'avais vécu comme les vierges folles de la
parabole, et combien il était URGENT, pour moi comme pour chacun, de tenir sa
lampe garnie et prête afin de pouvoir aller à la rencontre de l'Époux lorsque, « soudain il paraîtra » (Matthieu 25:1-13 ).
Je
suppliai Dieu de pardonner mes péchés, ma tiédeur, mon ingratitude, de purifier
mon coeur dans le précieux sang de l'Agneau mort pour moi, de me donner enfin,
son Saint-Esprit. Dans sa grâce, Il m'exauça. Et je consacrai dès lors, sans
réserve, ma vie à son service.
Le
VOYAGE DU CHRÉTIEN, de Bunyan avait été un rêve. Il n'en approfondi pas moins
dans des multitudes de coeurs les vérités de l'Evangile. Ceci est un rêve ;
continuellement demandé (il en est à son 70e mille) des quantités de
témoignages m'ont assuré qu'il n'avait pas été publié en vain.
(La
première édition de cette brochure a paru en 1912)
« Encore un peu, un peu de temps Celui qui doit venir viendra et Il ne tardera
pas ». Hébreux 10-17.
« Puisque toutes choses doivent se dissoudre, combien ne devez-vous pas être
saints et pieux dans votre conduite, attendant et bâtant. la venue du Jour de
Dieu, ce jour dans lequel les cieux enflammés seront dissous et les éléments
embrasés se fondront. Or, nous attendons, selon Sa Promesse de nouveaux cieux
et une nouvelle terre où la justice habitera ». II Épître Pierre 3-11, 13.
MANIFESTE...
En
communion d'esprit avec tous ceux qui attendent et qui aiment l'avènement de
notre Seigneur Jésus-Christ, nous croyons :
Que
les signes des temps s'accordent à montrer. avec une indiscutable évidence, que
« les temps des Nations » (Luc 11, 24) touchent à leur terme.
Que
le retour du Sauveur, dans le corps qu'il avait au matin de la résurrection,
doit, selon l'ordre du Maître, être attendu à tout moment (Matthieu 16, 44).
Que
le « Corps du Christ ». son Épouse mystique, composé des « vainqueurs », dès
qu'il sera parvenu au nombre fixé par Dieu, ressuscitera d'entre les morts et
sera enlevé « à la rencontre du Seigneur dans les airs et qu'ainsi nous serons
toujours avec le Seigneur (Romains 11, I Thessaloniciens 4: 15-18).
Qu'Israël,
encore que dans l'incrédulité, sera ramené dans son ancien pays. et qu'il se
convertira ensuite tout entier quand, à nouveau, le Christ se manifestera comme
son Messie (Romains 11: 26-33 ; Apocalypse 1: 7).
Que
tous les plans humains de reconstruction de ce monde sont voués à l'échec, le «
rétablissement de toutes choses» étant subordonné au retour du Sauveur (Actes 3: 21) quand toutes les nations seront placées sous son sceptre (Psaume 2: 8). dans « la nouvelle terre » - le Royaume de Dieu attendu.
Qu'il
est pour le chrétien. d'une suprême importance de reconnaître et d'accepter ces
vérités, puisqu'elles ont pour effet de créer l'état d'âme que comportent la
gravité redoutable, autant que l'éventualité sublime de l'heure présente
A
quoi pensez-vous, chrétiens, de thésauriser ces malpropres paniers, et ces jetons, que l'on
s'obstine à appeler de L'ARGENT ! Il fait encore un peu jour ; la nuit rapide
s'approche où vous ne pourrez plus travailler pour le Seigneur.
Le
Seigneur Jésus a tant fait pour vous, que faites-vous pour Lui... ?
-
« Voici, le jour vient, ardent comme une fournaise, le terrible jour de
l'Eternel... Mais pour vous qui craignez, mon Nom se lèvera le soleil de
justice, au jour que je prépare, dit l'Eternel des armées célestes » (Malachie 4 : 1-3).
-
« Dieu a tellement aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique afin que
quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu'il ait la Vie éternelle » (Jean 3-16).
« Le Ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Marc 13-31).
Source : http://www.regard.eu.org
.
(1)
Plusieurs de nos versions françaises ont commis la déplorable, la malheureuse
erreur de traduire ce passage. et les autres analogues, par « résurrection des
morts ». Le texte grec : « d'entre les morts » ce qui est essentiellement
différent.
Sources : http://www.regard.eu.org
Editions
E.P.I.S. Evangélisation Par l'Image et le Son - CP 474 - 2300 La Chaux de Fonds
- Suisse
Les
événements tragiques qui bouleversent en ce moment l'humanité entière donnent à
l'écrit qui suit la plus brûlante actualité. Puisse-t-il toucher votre coeur,
cher lecteur ; car, ne vous y trompez pas, l'heure a sonné où le Christ va
juger l'Église et le monde.
Comment
échapperez-vous si, fermant les yeux et les oreilles, vous négligez, vous
méprisez, ses solennels avertissements ?
Privas, Février 1950.
Cette
brochure est épuisée. Notre frère le Pr Antomarchi a été recueilli près de son
Dieu le 28 septembre 1952.
Nous
considérons comme un devoir de faire rééditer ce message sans y rien ajouter,
il reste d'une tragique réalité.
Que le Seigneur bénisse le
travail de son serviteur.
St-Fortunat, Mars 1962.
B. CHAUVINC,
belle-sœur du Pasteur Antomarchi.