Qu’est-ce que l’humanisme ? Pour répondre à cette question,
il faut se pencher sur l’Histoire. L’origine de l’humanisme se perd dans la
nuit des temps, mais il est devenu une philosophie à la faveur d’influences
philosophiques et religieuses, qui ont façonné sa vision et structuré sa
dogmatique. L’importance de comprendre ce phénomène nous aidera à saisir les
enjeux spirituels d’aujourd’hui et de demain, parmi lesquels la
perception et l’expression du christianisme moderne. Car l’humanisme et le christianisme
cheminent parfois ensemble, au point qu’il est difficile de les dissocier, de
discerner leurs convergences, mais également leurs incompatibilités.
Définition de l’humanisme
À la Renaissance, quelques philosophes décident de donner au
plus grand nombre accès au savoir, qui est captif des
religieux et de ceux qui possèdent et exercent le pouvoir. Il s’agit de rompre
avec le Moyen-Âge. Parmi les premiers humanistes se trouvent des croyants (par
ex. Erasme) qui veulent une autre relation de l’homme avec Dieu afin que
ces derniers puissent Le connaître personnellement par la Bible. Dans ce sens,
il est vraisemblable que l’humanisme de la Renaissance ait préparé le chemin de
la Réforme.
Au fil du temps, les humanistes ont cherché à affranchir
l’humain, dans tous les compartiments de son existence, en proposant de
nouvelles valeurs fondées sur la Raison et le libre-arbitre (les libertés
individuelles) : des valeurs non religieuses, parce qu’ils voulaient créer
un contre-pouvoir à celui de l’Église, et donc faire exister une éthique morale
en dehors de son influence. Le mot d’ordre, c’est la
recherche du bien, le partage des connaissances, l’accès à l’instruction,
l’acquisition de la liberté. Un humanisme libéral, indépendant de la foi, s’est
développé autour de ces objectifs, qui a fini par enfanter le concept
républicain de la laïcité.
L’humanisme moderne
L’axe principal de la pensée humaniste moderne consiste Ã
envisager une construction et un développement de l’humain indépendamment de
toute référence surnaturelle (divine), qui est perçue comme aliénante. L’humanisme a foi dans l’être
humain, et dans sa capacité à évoluer de manière positive[1], ce à quoi la Bible, inspirée par le
Saint-Esprit, oppose une fin de non recevoir. L’humanisme place l’humain au centre
de tout, et travaille à la protection et au progrès de toutes ses libertés — et
sa doctrine va donc combattre contre tout ce qui cherchera à les entraver (y
compris la morale judéo-chrétienne).
L’humanisme exerce sur les hommes un réel pouvoir d’attraction
car il constitue une alternative séduisante au système moral religieux, grâce Ã
la constitution d’une éthique de l’humain par l’humain. La popularité de cette
alternative s’explique en partie par le fait que les hommes qui ne croient pas
en Dieu, observant l’Histoire, constatent que les religions ne sont pas
parvenues à changer le monde, malgré la prétention de certaines à le faire et
malgré un appel à une élévation morale supérieure. Pire : les institutions
les plus visibles se sont parfois décrédibilisées au travers de scandales
(financiers et sexuels) qui ont entaché gravement la fonction ecclésiastique,
dégradant ainsi l’image de Dieu aux yeux des hommes.
Un des précurseurs de l’humanisme, le penseur grec Protagoras[2], disait : «
l’homme doit devenir la mesure de toutes choses ». L’humanisme, qui est une vieille idée,
place donc l’humain au-dessus du divin, ce
qui revient d’une certaine manière à le diviniser.
On ne peut pas parler d’anomie (du grec ἀνομία
« absence de loi, ordre, structure »), puisque l’humanisme travaille à une
Éthique et à un Droit. Mais on peut envisager ce terme dans le sens spirituel,
que la Bible traduit par le mot « iniquité » : «Alors
je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi,
vous qui commettez l’iniquité (anomia)» (Mat. 7/23) et aussi : «Quiconque pèche transgresse la loi
(anomia)» (1 Jn 3/4).
L’anomie spirituelle (l’iniquité), c’est le mépris de la Loi de Dieu, de
l’inspiration de Dieu, de la Parole de Dieu, que Dieu donne à l’homme par
amour, pour son bonheur[3] —
et non pour l’aliéner. Cela provoque un désordre qui conduit dans le chaos et
mène au néant[4]. Le rejet de cette Parole et de cette
intention divine, c’est le début d’un état que la Bible appelle
« insensé » : «L’insensé dit en son coeur: Il n’y a point de
Dieu! Puis ils se sont corrompus, ils ont commis des actions abominables» (Ps. 14/1), un chemin de malheur : «Ainsi
parle l’Eternel: Maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui prend la
chair pour son appui, et qui détourne son coeur de l’Eternel!» (Jérémie 17/5).
Récupération maçonnique
Au fil du temps, la philosophie de l’humanisme a été intégrée
par les mouvements maçonniques qui en ont fait leur vitrine, et l’esprit de
leurs actions et implications sociales, culturelles et politiques[5].
Le Grand Orient de France précise, dans sa Constitution que «
la Franc-maçonnerie a pour objet la recherche de la vérité, l’étude de la
morale et la pratique de la solidarité ; elle travaille à l’amélioration
matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité
», principes
qui recueillent l’assentiment du plus grand nombre.
Les obédiences maçonniques en France ont trois visages: ce sont
à la fois des fraternités, des associations spiritualistes ou philosophiques et
des groupes de combat humanistes[6].
Pour de multiples raisons donc, l’humanisme est largement perçu
comme une philosophie positive, qui vise au développement et à la libération de
l’être humain, pour lui donner accès au savoir, à l’éducation, à la culture, Ã
l’indépendance d’esprit, et l’homme de la rue ne peut qu’approuver ces choses.
Mais pour le chrétien qui prie «Que ton règne vienne», c’est un peu court.
L’humanisme a joué un rôle reconnu dans l’Histoire, comme par
exemple dans le processus de la Révolution française, ou dans l’émergence du
Marxisme. Le premier texte de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
a été rédigé par un franc-maçon, grand humaniste français, en la personne de
René Cassin, (qui fut également un des créateurs de l’UNESCO). Les exemples de
contributions positives de l’humanisme sont innombrables.
Il est de tous les combats qui ont pour enjeu la conquête d’une
plus grande liberté, à commencer par le liberté de pensée et d’expression, et
particulièrement à l’égard du religieux (et donc du spirituel), — qui peut
aller jusqu’à défendre un
droit au blasphème[7].
L’humanisme a combattu contre la peine de mort[8], parce qu’il a confiance dans la capacité
de l’homme à évoluer de manière positive, par la Raison, sans avoir besoin de mesure
de dissuation définitive face aux diverses formes d’expression de la barbarie.
L’humanisme a œuvré en faveur du droit à l’IVG[9], de la liberté de préférence sexuelle,
liberté de changer de sexe, de se marier avec une personne du même sexe,
d’avoir des enfants avec une personne du même sexe, du droit à vivre en somme
comme bon nous semble, sans interdit, sans qu’une religion ne nous dicte de
règle aliénante. Ce faisant, l’humanisme enfin a enfanté sa propre religion[10] : la laïcité[11].
Un esprit de sagesse antichrist
L’humanisme est un esprit, puisqu’il est un courant de pensée,
qui travaille objectivement à façonner la société à l’image de ses propres
doctrines. En la déchristianisant, par exemple. Dans ce sens, il est une
influence et un moyen de nature antichrist, dans le sens premier du terme.
Le programme de l’humanisme n’est pas dénué de bon sens dans
certains domaines (puisqu’il cherche le Bien pour l’homme), mais son chemin ne
peut mener que dans une impasse, car il rejette le conseil de Dieu. L’épître de
Jacques (3/15) nous dit qu’il existe parmi les courants de pensées humaines,
une sagesse qui est spirituellement considérée comme corrompue: «Cette
sagesse n’est point celle qui vient d’en haut; mais elle est terrestre,
charnelle, diabolique». Non
parce qu’elle est occulte ou maléfique, mais parce qu’elle établit un idéal du
Bien sans Dieu. Et qu’elle cherche à l’atteindre par des moyens humains. Tout
cela constitue une négation du besoin d’un Salut, et donc d’un Sauveur.
Conclusion : où mène
l’humanisme sans Dieu ?
La défense et la promotion d’un système moral pour le Bien —
mais antichrist — amènera naturellement l’humanisme à s’opposer au modèle
d’inspiration divine et ira jusqu’à le combattre sur tous les terrains, (comme
toute forme de vérité absolue), afin de contrôler tout ce qui prétendrait
s’élever au-dessus de l’humain et lui dicter des règles.
Comment ne pas penser ici à la prophétie de Paul aux
Thessaloniciens (2 T. 2), qui parle «d’un homme» qui s’oppose et s’élève contre
TOUT ce qui vient de Dieu : «Que personne ne vous séduise en aucune manière,
car ce jour-là ne viendra pas que l’apostasie (le recul et l’abandon de la
vraie foi) ne soit arrivée auparavant et que l’homme de péché (l’homme sans torah, sans Loi, l’homme de l’anomia)
n’ait été révélé, le fils de perdition, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est
un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiera au temple de Dieu,
se présentant lui-même comme étant Dieu (ou : comme Dieu, en tant que Dieu,
sans Dieu au-dessus de lui : en prétendant pouvoir se passer de Dieu, il
se fait Dieu)».
On envisage la plupart du temps cette vision comme annonciatrice
d’un homme, (d’une personnalité publique), qui se proclamera Dieu et qui s’assiéra
au temple de Dieu. Cette interprétation mérite bien sûr notre attention, quoi
qu’il soit difficile d’imaginer qu’un tel homme puisse trouver le plus petit
créneau d’expression dans les médias, plutôt hystériques à l’égard des croyants
— et qu’il faut concevoir que tout cela se passera dans un temple reconstruit Ã
Jérusalem, avec tout ce que cela comporte comme conditions politiques
nationales et internationales à réunir.
En guise d’alternative, peut-être pourrait-on envisager de
considérer que cet « homme de péché » soit un terme générique ?
Et qu’on brosse ici le portrait de l’Homme (l’humain), qui est affecté, à une
époque donnée, d’une moralité de plus en plus dégradée, centré sur lui-même
(donc détourné du Dieu Créateur), farouchement individualiste, tellement épris de
ses libertés qu’il en vienne à s’opposer et s’élever contre l’influence divine
et Ses prétention pour ce monde ? Dans cette perspective, cet Homme (cette
société) deviendrait de plus en plus antagoniste à la chose religieuse, EN
SORTE QUE, finalement, l’ensemble de ce mouvement mû par cet Homme le
placerait, de fait, au-dessus de Dieu, ce qui revient à déclarer qu’il est
Dieu…
Cette description n’est pas sans rappeler le début de la Bible,
lorsque l’ennemi de Dieu soufflait à Eve et Adam cette même pensée, devenue un
projet, qui s’est implanté dans leur conscient et leur inconscient : «vous
serez comme Dieu (ou
comme des dieux)» (Genèse 3/5). Vous pouvez occuper cette place, dans cette
création. Vous n’avez pas besoin de Dieu. Dieu ne dit pas complètement la
vérité. Cette
mentalité est la marque de l’influence de l’ennemi de Dieu. On
la retrouve inscrite au fronton de tous les compartiments de la société
moderne, honorée (et même révérée) par une partie de l’humanité qui la porte, d’une certaine
manière, sur son front (dans ses pensées) avec foi, et sur sa main droite (dans ses actions).
Ce que la Bible appelle «la marque de la Bête»[12] ne
fait pas référence à un sceau physique qu’un monstre hideux apposerait sur des
humains zombifiés, mais à un signe invisible
(https://lesarment.com/2009/04/la-marque-de-la-bete/), spirituel, qui est tout
simplement la signature en bas du contrat que nous avons souscris
volontairement et librement.
L’humanisme sans Dieu mène donc à un
système gouverné par l’homme et pour l’homme, dont l’humain est la finalité.
Cette philosophie est incompatible avec le christianisme, qui place
premièrement Christ au-dessus de toutes choses et qui fait de Lui le but de
toutes choses : «Tout a été créé par Christ et pour Christ. Il est avant
toutes choses, et toutes choses subsistent en lui et il est le chef
du corps, de l’assemblée … afin qu’en toutes choses il tienne,
lui, la première place» (Colossiens 1/16).
JPrekel2017©www.lesarment.com
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Notes et références
[1] On retrouve le germe de cette pensée
dans le Préterisme, adopté par les mouvements hypercharismatiques
dominionistes. La vision eschatologique (des évènements de la fin) est
positive, car l’église va provoquer un réveil mondial qui va faire entrer
l’humanité dans un âge glorieux.
[2] Penseur présocratique et professeur
du ve siècle av. J.-C. (-490 – vers -420) ; extrait de :
« Traité des Dieux »
[3] Deutéronome 4/40 (+5/33 ;
6/3, 18) : «Et observe ses lois et ses commandements que je te
prescris aujourd’hui, afin que tu sois heureux, toi et tes enfants après toi,
et que tu prolonges désormais tes jours dans le pays que l’Eternel, ton Dieu,
te donne».
[4] 1 Samuel 12/21 : «Ne
vous en détournez pas; sinon, vous iriez après des choses de néant, qui
n’apportent ni profit ni délivrance, parce que ce sont des choses de néant.»
[5] NEFONTAINE, Luc « Le
protestantisme et la franc-maçonnerie : des chemins qui se rencontrent »,
[6] «Ce trépied devient de plus en plus
déséquilibré au détriment de l’humanisme militant. Il y a un malentendu
fondamental: l’institution maçonnique a pour objet d’être une conscience de la
République et se doit de porter le combat en faveur de la laïcité, mais, à la
base, elle est surtout pour les frères un lieu à l’abri des turbulences de la
société.» Ludovic Marcos , ancien conservateur
du musée du GO.
[7]Â http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2015/03/12/le-blaspheme-fait-partie-des-droits-de-l-homme-pas-des-bonnes-manieres_4592696_3236.html
[8]Â http://www.atlantico.fr/decryptage/abolition-peine-mort-comment-francs-macons-influencent-notre-vie-publique-emmanuel-pierrat-laurent-kupferman-518733.html
[9]Â http://blogs.lexpress.fr/lumiere-franc-macon/2016/04/14/simone-veil-honoree-par-le-grand-orient/
[10]Â https://www.youtube.com/watch?v=yweQXVnkPY0
[11]Â https://www.youtube.com/watch?v=9W09d-6lZs0
[12]Â Apocalypse 13/12, 13/15, 13/17, 14/9,
14/11, 16/2, 19/20, 20/4
Â