Votre robe, cher lecteur, est-elle lavée dans le sang de l'Agneau ?
Un jour, était-ce un rêve? Je vis un groupe d'hommes et de femmes se
dirigeant vers une porte magnifique, faite d'une seule perle. Elle était
entrouverte et laissait voir une rue pavée d'or pur. Devant cette porte se
tenait un ange, vêtu d'habits resplendissants. Quand il vit le groupe
s'avancer, son regard se voila de tristesse.
En effet, ces voyageurs étaient tous revêtus
de longues robes qui, un jour, devaient avoir été blanches, mais dont la
couleur avait disparu sous la boue et les taches. Cependant ils marchaient
satisfaits, comme des gens sûrs d'atteindre le but. Le dernier du groupe était
le seul qui regardait sa robe sale avec désespoir. Il pleurait amèrement.
Le premier qui arriva à la porte était un
homme à l'air hautain, chargé de quatre sacs pleins d'écus d'or. Il les déposa
aux pieds de l'ange et allait déjà franchir la porte, quand celui-ci l'arrêta.
« Un moment, lui dit-il, qu'est-ce que
cet argent ?
– Voilà quatre millions, largement de quoi
payer mon entrée. Du reste, personne ne m'a jamais résisté sur la terre, tous
se sont inclinés devant moi. Laisse-moi passer. »
Mais l'ange, regardant les sacs à ses pieds,
répondit :
« Ça ne suffit pas ».
Puis après un moment de silence, il
reprit :
« Pourquoi ta robe est-elle sale ? »
– Tu comprends, répondit l'homme aux
millions, on doit souvent ramasser l'argent dans la boue, et je n'ai pas
toujours passé par des endroits bien propres. Mais tout de même je ne la
croyais pas si sale ! »
Mais un homme interrompit cette conversation.
Il avait le dos voûté, les cheveux gris, il avait l'air usé avant l'âge. Il
montra à l'ange un lourd marteau :
« Voici, je t'apporte, pour prix de mon
entrée, mon labeur incessant. »
L'ange le regarda avec pitié. Cependant il
lui dit :
« Ça ne suffit pas. Comment se fait-il que ta
robe soit si pleine de taches ? »
– Si tu crois que j'ai eu le temps de
m'occuper de ça ! Du reste les autres sont encore pire que moi,
regarde ! »
Une femme se détacha du groupe et présenta à
l'ange un gros paquet de lettres :
« Parcours-les, lui dit-elle, il y a eu
toutes sortes de gens à qui j'ai fait du bien ou rendu service. Tous me
remercient chaleureusement. Puisque j'ai été si bonne, le ciel est pour
moi ! »
L'ange ne prit même pas la peine d'ouvrir une
seule lettre :
« Ça ne suffit pas, lui dit-il. Pourrais-tu
m'expliquer pourquoi ta robe est souillée ?
– La belle question ! dit-elle indignée,
en reprenant ses lettres, ne vaut-il pas mieux faire le bien selon sa
conscience, que de s'occuper d'une bêtise pareille ! »
Puis un homme arriva. Il portait une grosse
Bible :
« Voilà le livre que j'ai étudié toute ma
vie, dit-il fièrement à l'ange ; interroge-moi, je répondrai à toutes
questions, si difficiles qu'elles soient. »
Mais l'ange n'en posa aucune :
« Ça ne suffit pas ! dit-il
sévèrement ; ce qui importe c'est la saleté de ta robe. »
L'homme la regarda:
« C'est vrai, dit-il, jamais je n'avais
remarqué sa couleur. C'est sans doute la lumière qui jaillit de cette porte qui
la fait paraître si sale. »
Et honteux, il se mit à l'écart.
Après lui vint une femme dont la robe était
imprégnée d'encens :
« L'odeur de mon vêtement est la preuve de
mon assiduité à l'église, dit-elle. J'y suis allée presque tous les jours.
– Ça ne suffit pas, dit l’ange, ta robe est
parfumée, mais elle est dégoûtante. Tu ne peux pas entrer dans cet état !
– Je n'y comprends rien, car toutes les
semaines, j'ai donné cette robe à la blanchisserie de l'église. On me l'a
rendue dans cet état-là, m'affirmant qu'elle était propre. »
Une autre femme arriva, égrenant un énorme et
long chapelet :
« Je t'apporte mes très nombreuses
prières » dit-elle avec satisfaction.
L'ange secoua la tête :
« Ça ne suffit pas, dit-il; pourquoi ta robe
est-elle si sale ?
– Pardon, dit-elle, on m'avait affirmé qu'à
force de réciter des prières, toutes ces taches disparaîtraient. Hélas !
il n'en est rien » ajouta-t-elle, les yeux pleins de larmes.
A la lumière éclatante de la porte, l'homme
qui suivit montra un pauvre visage ravagé par les larmes:
« J'ai beaucoup souffert, beaucoup souffert »
dit-il.
L'ange le regarda avec compassion :
« Ça ne suffit pas. Ta robe n'est pas assez
propre pour que tu entres ici.
– J'ai pensé que mes larmes finiraient par la
laver parfaitement » dit-il.
Enfin le dernier du groupe s'avança. Il
pleurait aussi et, pour prouver à l'ange son repentir, il lui montra une
discipline :
« J'ai tâché d'expier mes péchés, dit-il,
cependant je m'aperçois que ma robe est toujours souillée, mais j'ai fait
pénitence. »
Une fois encore, l'ange dit :
« Ça ne suffit pas. »
Alors s'approcha un homme à la figure
rayonnante, revêtu d'une robe plus blanche que la neige. L'ange lui sourit et
le laissa passer sans lui poser de question.
« Pourquoi celui-là, qui n'apporte rien,
peut-il entrer plutôt que nous ? » s'écrièrent les premiers arrivés.
L'ange leur répondit : « N'avez-vous pas
remarqué la blancheur de sa robe ? Il l'a lavée dans le sang de Jésus, le
Fils de Dieu, l'Agneau immolé. Cela suffit pour entrer et c'est obligatoire. Ne
vous a-t-on jamais dit que le sang de Jésus purifie de tout péché ?
– Si, si, mais nous avons cru qu'il y avait
d'autres moyens, tout aussi efficaces. Nous nous sommes trompés. Mais
maintenant nous voulons faire ce que tu dis et laver nos robes dans ce sang précieux.
– C'est trop tard, dit l'ange. Il fallait le
faire avant de vous présenter ici. »
Je vis le groupe disparaître dans les
ténèbres en poussant des cris de désespoir.
Puis je revins à la
réalité. Au fond, je n'en étais jamais sorti. La Parole de Dieu ne nous
dit-elle pas que« tous, nous sommes
devenus comme des objets impurs, et toutes nos justices, comme un vêtement
souillé…»(Esaïe 64 v.5)
« Car c’est par la
grâce vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous,
c’est le don de Dieu ; non pas sur la base des œuvres, afin que personne
ne se glorifie. »(Ephésiens 2 v.8-9)
« Le sang de Jésus
Christ, son Fils, nous purifie de tout péché. »(1 Jean 1 v.7)
Votre robe, cher lecteur,
est-elle lavée dans le sang de l'Agneau ?
« Bienheureux ceux qui lavent leur robe, afin
qu'ils aient droit à l'arbre de vie et qu'ils entrent par les portes dans la
cité. »(Apocalypse
22 v.14)