Par Roy Hessein
VI- LE REVEIL DANS NOS FOYERS
Dans le plus
beau des jardins que la terre ait connu, vivaient, il y a des milliers
d'années, un homme et une femme créés à l'image de Dieu. Le but de leur vie
était d'être, à chaque instant, les témoins de la gloire du Créateur aux yeux
mêmes de la création tout entière. Ils acceptaient leur position de simples
créatures vis-à -vis de Dieu dans une soumission et un abandon total à Sa
volonté. Ils ne vivaient pas pour eux-mêmes, mais pour Lui ; de ce fait, ils
étaient aussi soumis l'un à l'autre, et l'harmonie parfaite régnait dans le
foyer. C'était la paix, l'amour, la communion non seulement avec le Seigneur,
mais aussi entre eux. Puis, un jour, le serpent se glissa dans ce foyer fondé sur Dieu, et avec le serpent
entra le péché. Alors, la paix de
Dieu ayant disparu de leur coeur, l'harmonie quitta le foyer. Désormais, ils ne
vécurent plus pour Dieu, mais chacun pour soi. «Ils furent» comme des dieux,
soucieux de leur propre gloire, recherchant l'adoration. Le moi devint le
centre de leur vie. Ne vivant plus pour Dieu, ils ne vécurent plus l'un pour
l'autre. A la paix, l'harmonie, l'amour, la communion, succédèrent la discorde,
la haine, etc. en un mot : le péché.
Le
Réveil commence dans le
foyer.
Le péché est entré d'abord dans le foyer. C'est
sûrement là que nous péchons le plus, aussi c'est bien dans le foyer que le Réveil doit commencer. Certes, le réveil est impérieusement nécessaire dans
l'Eglise, dans le pays que nous habitons, dans le monde tout entier ; mais une
Eglise réveillée, qui serait composée de foyers non réveillés, serait une vaste
hypocrisie. Oui, c'est dans le foyer que
doit commencer le Réveil, et il ne sera durable qu'à cette condition. C'est là ,
peut-être, qu'il est le plus difficile, qu'il coûte le plus, mais c'est lÃ
aussi qu'il est le plus nécessaire.
Avant d'aller
plus loin, redisons ce qu'est le vrai réveil. C'est tout simplement une
nouvelle vie venant d'En Haut, versée dans des coeurs où la vie spirituelle a
baissé. Ce n'est pas une vie faite d'efforts propres, d'activité fébrile, dont
nous aurions nous-mêmes pris l'initiative. Ce n'est pas la vie de l'homme,
c'est la vie de Dieu, la vie de Jésus communiquée par le Saint-Esprit,
remplissant nos coeurs et débordant sur les autres. Cette vie se manifeste par
la communion et l'unité avec ceux avec qui nous vivons : rien entre nous et
Dieu, rien entre nous et notre prochain. C'est avant tout au foyer que nous
devrions faire l'expérience de cette nouvelle vie.
Combien est différente l'expérience de plusieurs d'entre
nous dans nos foyers, nous qui sommes pourtant chrétiens -petites irritations,
sautes d'humeur, égoïsmes, ressentiment, etc. Et même là où il n'y a rien de
grave, on ne voit pas vraiment que l'unité et la communion soient parfaites.
C'est toujours le même principe infaillible ; tout ce qui se place entre nous
et Dieu, se place entre nous et les autres, et vice-versa. Notre communion avec
Christ étant interrompue, nos coeurs ne débordent pas de vie divine, et les
rapports avec les nôtres s'en ressentent.
Qu'est-ce
qui ne va pas dans nos Foyers ?
Au fond, qu'est-ce qui ne va pas dans nos foyers ? Quand
nous parlons de foyers, nous entendons par là toutes les relations qui existent
entre femme et mari, entre parents et enfants, entre frères et soeurs ; en
somme, toutes les relations de ceux qui sont appelés à vivre ensemble.
Le premier
reproche que nous adressons aux chrétiens, c'est qu'au sein de leurs familles,
on ne vit pas dans la lumière ; nous préférons «fermer les volets». Les autres
ne nous connaissent pas tels que nous sommes ; et nous ne tenons pas à ce
qu'ils s'ingèrent dans notre vie. Même ceux qui vivent dans notre intimité
ignorent, la plupart du temps, ce qui se passe en nous. Ils ignorent nos
difficultés, nos luttes, nos faillites, les chutes qui se répètent souvent, les
points sur lesquels nous avons rarement la victoire. C'est bien la conséquence
du péché si nous sommes si peu
ouverts et transparents à l'égard des autres. Voyez Adam et Eve qui se cachent
loin de Dieu, derrière les arbres du jardin d'Eden. N'est-ce pas le péché qui les conduit à agir ainsi ? Et
n'est-ce pas à cause du péché qu'ils
se cachent l'un de l'autre ? Il est certainement des réactions intérieures et
des pensées qu'Adam n'a jamais dévoilées à sa femme, comme Eve, de son côté,
n'a jamais dit à son mari tout ce qu'il y avait dans son coeur. Et, depuis
lors, il en a été toujours ainsi. Nous cachons la vérité sur notre état aussi
bien à Dieu qu'à notre prochain. Combien cela est coupable ! Nous couvrons
notre vrai moi d'un masque, nous le dissimulons derrière d'épaisses murailles.
Parfois, lorsque nous sommes sur le point d'être découverts, nous donnons le
change en plaisantant. Nous craignons de rester nous-mêmes, car nous ne voulons
pas que les autres nous approchent de trop près et sachent ce que nous sommes
en réalité. Ainsi, nous «bluffons». N'étant pas véridiques avec les autres, il
ne peut y avoir de vraie communion entre nous. Avec de telles dispositions,
nous ne pourrons jamais réaliser dans notre foyer l'union et la communion parfaites.
L'Ecriture appelle cela : marcher dans les ténèbres, car tout ce qui se cache
est ténèbre.
Le
manque d'amour
Signalons une
deuxième chose qui ne va pas dans nos foyers. Nous n'aimons pas vraiment les
autres. « Ah ! Me direz-vous, ce n'est pas le cas chez nous, car on ne peut
guère s'aimer plus que ce que nous nous aimons, mon mari et moi » Certes, nous
voulons vous croire, mais qu'entendez-vous par «amour» ? L'amour dont
parle l'Ecriture n'est pas seulement un sentiment, une forte passion. Lisez le
passage bien connu de 1 Cor. 13 qui définit le véritable amour, et voyez
si le vôtre est de la même nature. A cette lumière, nous découvrirons que nous
aimons à peine notre prochain et que notre comportement est dans une direction
opposée. Or, l'opposé de l'amour, c'est la haine.
Examinons de
plus près quelques points concernant l'amour décrit :
« Quand je parlerais les langues des
hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je suis un airain qui résonne,
ou une cymbale qui retentit.2 Et quand j'aurais le don de prophétie,
la science de tous les mystères et toute la connaissance, quand j'aurais même
toute la foi jusqu'à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je
ne suis rien… » 1
Corinthiens 13:1-13.
«
L'amour :
1. Est patient ;
2. Est plein de bonté ;
3. N'est point envieux (jaloux) ;
4. Ne se vante pas, ne s'enfle pas d'orgueil ;
5. Ne fait rien de malhonnête (ni en paroles) ;
6. Ne cherche pas son intérêt (donc pas égoïste) ;
7. Ne s'irrite point (ne s'énerve point) ;
8. Ne soupçonne point le mal (donc, ne nourrit pas de mauvaises pensées Ã
l'égard du prochain) ».
Que reste-t-il de notre «amour» après un pareil examen ?
Si souvent, nous agissons d'une manière diamétralement opposée, nous avons de
nombreux mouvements d'impatience et répondons ou réagissons sans charité. Que
de jalousie aussi ! Un mari peut envier les dons, même les progrès spirituels
de sa femme. Il arrive que les parents soient jaloux de leurs enfants et, bien
souvent, il existe une jalousie amère entre frères et soeurs.
«Rien de
malhonnête». Ceci ne touche-t-il pas au domaine de la courtoisie dans nos
rapports avec les nôtres ? Où en êtes-vous sur ce point ? Nous croyons si
aisément que nous pouvons nous relâcher à la maison. C'est une erreur ! La
courtoisie est une forme de l'amour, qui se manifeste dans les petits détails
de la vie collective. Or, n'est-ce pas dans les petites choses que nous trébuchons
si facilement ?
«Enflés d'orgueil». L'orgueil se manifeste de bien des
manières. Nous croyons connaître, «savoir mieux» que les autres ; nous voulons
être indépendants, commander tout le monde, diriger tout. Continuellement, nous
trouvons à redire aux autres, etc.
De telles dispositions produisent le mépris : convaincus
de notre supériorité, nous nous plaçons au-dessus du prochain. Peut-on
prétendre aimer vraiment quelqu'un que l'on considère comme inférieur,
incapable, ignorant ?
«L'amour est
patient». La patience est une qualité bien rare, car nous nous irritons pour si
peu. Un petit travers de notre frère et nous nous emportons ! Lorsqu'il fait ou
ne fait pas telle chose, nous le jugeons sévèrement et conservons dans notre
coeur du ressentiment. Sa manière de faire nous irrite. Et pourtant, nous
prétendons nous aimer dans notre foyer !
Ces choses-là se passent tous les jours, et nous n'y prenons pas garde. Elles
ne sont pas de l'amour, mais de la haine. L'impatience, la jalousie, l'orgueil,
la volonté propre, la mauvaise humeur, le ressentiment, etc. sont autant de
formes de la haine. Or, la haine, c'est le péché. « Celui qui dit qu'il est
dans la lumière et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres » (Jean 2 :
9). Tout cela crée, au sein même de la famille, des tensions, des barrières,
des discordes qui rendent impossible la communion avec Dieu et avec nos
semblables.
Le
seul «moyen»
Après tout ce
que nous venons de dire, une question se pose. Désirons-nous une vie nouvelle,
le réveil dans notre foyer ?
Voulons-nous rester comme nous sommes, ou voulons-nous un renouveau au sein de
notre famille ? Evidemment, ce
n'est que lorsque nous aurons vraiment faim et soif d'un changement que nous
ferons le nécessaire pour l'obtenir.
La première
chose à faire, c'est d'appeler le péché :
péché, puis d'aller à la croix, le confesser et croire que Jésus-Christ m'en
purifie au moment même.
Et c'est là , Ã
la Croix, que repentants nous courbons la tête, que nous recevons Son Amour,
l'amour qui s'oublie, qui supporte et pardonne. Le sang précieux de Christ
nous purifie de tout manque d'amour, de toute volonté coupable, etc. et le
Saint-Esprit nous remplit de la nature même de Christ. L'amour décrit dans
1 Corinthiens 13 est celui-là même de notre Seigneur ; cet amour est un don que nous
possédons lorsqu'Il vit en nous. Nous pouvons faire cette expérience, chaque
fois que nous apportons notre manque d'amour à la Croix pour en être
purifiés. Le sang de Christ est, aujourd'hui encore, une source jaillissante. Toujours
à nouveau, il nous faudra renoncer à nos droits, comme Jésus a renoncé aux
siens pour nous. Nous découvrirons bien vite que ce qui, en nous, se dresse
brutalement en face de l'égoïsme et de l'orgueil des autres, c'est notre propre
égoïsme et notre propre orgueil que nous ne voulons pas sacrifier. La présence
et l'attitude plus ou moins égoïste de nos semblables nous obligeront Ã
prendre, par amour pour eux, des
chemins que nous n'aurions pas choisis. Nous les accepterons humblement comme
étant la volonté de Dieu, et nous nous soumettrons aux différentes épreuves que
le Seigneur nous enverra pour notre bien. Cela ne veut pas dire, bien entendu,
qu'il nous faudra accepter l'égoïsme de l'autre comme étant la volonté de Dieu
pour lui-même -loin de là - mais seulement comme Sa volonté pour nous. En ce qui
concerne notre prochain, Dieu se servira peut-être de nous -dans la mesure où
nous serons brisés-pour l'avertir et le ramener sur la bonne voie. Si nous
sommes père ou mère, nous aurons souvent l'occasion de corriger notre enfant,
mais ce ne sera pas pour des motifs égoïstes ; nous le ferons uniquement par amour pour Lui, c'est-à -dire pour
son bien. Ce n'est que sur la voie du sacrifice que l'Amour du Seigneur
nous remplira et trouvera son expression dans nos actes et notre comportement.
Quand le
Seigneur nous aura brisés au Calvaire, nous devrons être prêts à mettre les
choses en règle avec les autres, quelquefois même avec les enfants, ce qui sera
la preuve tangible de notre brisement. Brisement et dureté sont des expressions
contraires. Le coeur dur dit : « C'est ta faute ! ». Le coeur brisé dit : «
C'est ma faute ! ». Une toute autre atmosphère régnera dans notre foyer si nous employons cette dernière
formule. N'oublions pas qu'Ã la Croix, il n'y a de place que pour une seule
personne à la fois. Nous ne pouvons pas dire : « J'avais tort, mais tu avais
tort aussi ; allons tous les deux à Jésus » Non ! Il faut aller seul et dire :
« C'est ma faute ». Dieu travaillera beaucoup plus dans le coeur de l'autre par
mon brisement que par tout ce que je pourrais dire ou faire. Il est possible
cependant que je doive attendre, et même longtemps, mais cela m'aidera Ã
mesurer un peu la patience insondable de Dieu. Quelqu'un a dit : « Le Seigneur
a dû attendre bien longtemps depuis son effort pour rétablir toutes choses, il
y a 1900 ans ; et, pourtant, il n'y avait aucun tort de son côté ».
Mais si nous
agissons ainsi, Dieu répondra certainement à notre prière et amènera aussi
notre frère au Calvaire. Alors, nous serons un. Le mur de séparation
s'écroulera, et nous pourrons ensemble marcher dans la lumière, dans la vraie
transparence l'un avec l'autre, ainsi qu'avec Jésus. Nous nous aimerons
ardemment, les coeurs absolument purs. L'unité ne peut avoir lieu qu'au Calvaire,
car c'est là seulement que le péché, qui nous dresse les uns contre les autres,
est ôté.
Quand nous
parlons d'union parfaite, nous évoquons immédiatement la vision de plusieurs
pécheurs réunis au Calvaire.
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