Par Roy Hessein
Â
VIII- LE
VRAI SERVITEUR
Â
Le Nouveau Testament dit
très clairement que le Seigneur attend de nous que nous prenions la position
humble de serviteurs. Ce n'est pas là une obligation secondaire que nous
pouvons accepter ou refuser à notre guise.
C'est la base même des vraies
relations avec Christ et notre prochain. Le disciple doit choisir cette humble
position s'il veut connaître la communion avec Christ et la sanctification dans
sa vie. Quand j'aurai une idée de la dose d'humiliation et de dépouillement que
Dieu exige du vrai serviteur, je
comprendrai alors que ceux-là seuls qui vivent au pied de la Croix peuvent
parvenir à cette position. Ils ne pourront s'y maintenir qu'en contemplant
toujours à nouveau le Seigneur brisé et humilié pour eux.
Â
Avant d'aborder ce sujet et son
application pratique pour notre vie, relevons trois points importants qu'il
convient d'élucider. Ils nous donneront la vraie notion du serviteur de Jésus-Christ.
Â
L'Ancien Testament mentionne deux
sortes de serviteurs : d'une part, les mercenaires, auxquels on paye un salaire
et qui ont certains droits ; d'autre part, les esclaves, non rétribués et
devant se soumettre entièrement à leur maître, dont ils sont la propriété. Il
était interdit aux Hébreux de prendre des esclaves de leur race. C'étaient
toujours des païens. Le Nouveau Testament contient l'expression, plusieurs fois
répétée, de « serviteur de Jésus-Christ ». Le mot grec traduit par serviteur n'a pas le sens de «mercenaire», mais
bien «d'esclave». Que conclure de cela ? C'est que notre position de serviteur de Jésus-Christ ne nous confère aucun
droit : nous sommes la propriété absolue de notre divin Maître. Il peut
disposer de nous et nous traiter comme il Lui semble bon.
Â
Un autre point important, c'est que
nous sommes les serviteurs de Celui qui a accepté d'être Lui-même esclave. Le
texte bien connu de Phil. 2 : 6, 7 qui nous montre jusqu'où est descendu notre
Maître, confirme ce que nous venons de dire,
"…lequel, existant en forme de Dieu, n'a
point regardé comme une proie à arracher d'être égal avec Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en
prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes;"Â Philippiens 2:6-7.Â
Â
Qu'est-ce à dire, sinon qu'il n'avait
aucun droit. Il acceptait d'être traité comme le Père le jugerait bon et comme
la méchanceté des hommes en déciderait, pourvu que l'humanité perdue fût sauvée
et rendue à Dieu. Oui, vous et moi, nous devons être les esclaves de Celui qui
a été l'esclave par excellence, de Celui dont la nature même est l'humilité, et
dont la mission fut de s'humilier pour servir ses créatures. Combien bas doit
donc être notre position ! Combien cela nous montre ce que signifie être soumis
à Christ !
Â
Mais allons plus loin ! Comment puis-je
trouver que je suis esclave de Jésus-Christ ? En devenant l'esclave de ceux qui
m'entourent. Paul dit, dans l'une de ses lettres : « Nous sommes vos esclaves Ã
cause de Jésus-Christ ». Dieu juge la position d'humilité que nous avons
choisie à son égard à la position d'humilité que nous occupons vis-à -vis des
autres. En d'autres termes, si nous refusons de servir notre prochain quand
cela nous coûte et nous humilie, Dieu considère que nous refusons de le servir Lui-même.
Dès lors, toute communion est impossible avec Lui.
Â
Voyons
maintenant comment nous pouvons être, dans la pratique, serviteurs de
Jésus-Christ. Dieu m'a parlé, il y a quelque temps, par le passage suivant :
« Qui de vous, ayant un serviteur qui
laboure ou paît les troupeaux, lui dira, quand il revient des champs : Approche
vite, et mets-toi à table ? Ne
lui dira-t-il pas au contraire : Prépare-moi à souper, ceins-toi, et sers-moi,
jusqu'à ce que j'aie mangé et bu; après cela, toi, tu mangeras et boiras ?.... » Luc 17:7-10.Â
Â
Je trouve dans ce
texte cinq caractéristiques de l'esclave :
Il doit accepter qu'on exige beaucoup
de lui, qu'on le charge de toutes sortes de corvées, sans considération pour sa
personne. Après une journée de dur labeur dans les champs, le serviteur de la parabole doit préparer
immédiatement le repas de son maître et
le servir à table, avant même de prendre la moindre nourriture. Il le fait
simplement, sans discuter et ne s'attendant à rien d'autre. Ah ! combien peu
nous sommes prêts à accepter cela ! Nous murmurons si facilement ! L'amertume
envahirait bientôt nos coeurs si l'on nous demandait pareille chose. Or, en
murmurant, nous agissons comme si nous avions des droits : l'esclave n'en
possède pas.
Â
Après avoir fait tout cela, il doit
accepter de ne recevoir aucun remerciement. Combien souvent nous avons égard Ã
notre personne quand nous servons les autres. L'amertume nous saisit lorsque
nous les voyons accepter notre dévouement comme tout naturel, sans gratitude.
Â
Après avoir servi les autres, nous ne
devons pas les juger. Dans la parabole, le Maître nous paraît égoïste. Sans doute ! Mais
l'esclave ne fait aucune critique, il n'accuse pas. Il est là pour servir, et
peu lui importe que son Maître soit
égoïste ou non. Et nous ? Peut-être acceptons-nous qu'on accumule les fardeaux
sur nos épaules, peut-être acceptons-nous l'ingratitude... Mais,
intérieurement, nous reprochons à nos semblables leur égoïsme. Cependant, le
vrai  serviteur reste
insensible à l'égoïsme. C'est pour lui l'occasion de ressembler davantage Ã
Jésus, qui fut le serviteur de tous.
Â
Le vrai serviteur doit confesser qu'il n'est en
définitive qu'un serviteur inutile,
que Dieu et les hommes pouvaient très bien se passer de ses services. Il ne
faut pas se lasser de reconnaître « qu'en nous, c'est-à -dire dans notre chair,
n'habite rien de bon ». Notre coeur naturel est si orgueilleux et revêche qu'il
ne peut rien produire qui satisfasse notre Seigneur. Et, s'il nous arrive de
faire « les bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance », c'est le Seigneur
Jésus habitant en nous qui les fait. Il nous a donné le « vouloir et le faire
», ainsi toute la gloire de notre travail lui en revient.
Â
Le cinquième point enlève à notre moi
tout espoir de s'attribuer le moindre succès. Le vrai serviteur doit savoir que toute
la patience, toute la douceur et le support qu'il a montrés en se dévouant pour
les autres, ne sont rien de plus que son devoir, rien de plus que ce qu'il
devait faire. Au commencement, Dieu créa l'homme tout simplement pour qu'il
soit son serviteur, et le péché de l'homme fut justement de refuser cela.
Aussi, pour être réhabilité, il doit être de nouveau rétabli dans la position
d'esclave. En l'acceptant, il ne fait rien de remarquable, puisqu'il a été créé
et sauvé dans ce but.
Â
Ainsi est le chemin de la Croix : c'est
le chemin que le seul et véritable esclave, Jésus, a tracé pour nous.
Refuserions-nous de suivre ses pas et d'être l'esclave du divin Esclave ? Ce
chemin descend, descend toujours, et c'est pour cela qu'il nous semble dur,
impossible à suivre. Mais soyez-en certains, c'est le seul chemin qui monte.
C'est par cette voie que le Seigneur a accédé au trône. C'est le seul chemin
par lequel, nous aussi, nous arriverons à la puissance spirituelle, à l'autorité
selon Dieu, à la fécondité. Ceux qui foulent ce sentier ont l'âme rayonnante,
heureuse ; elle déborde de la vie d'En Haut. Ils ont découvert que, pour eux,
comme pour leur Maître, « celui qui s'abaisse sera élevé ». Pour ceux-là ,
l'humilité, qui n'était auparavant qu'une intruse peu désirée, tolérée
seulement lorsqu'elle était de circonstance, est devenue comme l'épouse de leur
âme. Ils se sont unis à elle pour toujours. Si les ténèbres et le trouble
envahissent de nouveau leur coeur, c'est qu'ils n'ont pas voulu, sur un point
ou sur un autre, cheminer avec elle, sur le sentier de la douceur et du
brisement. Mais si, dans la repentance, ils la cherchent à nouveau, elle est
toujours prête à les recevoir avec joie, dans sa compagnie.
Â
Ceci nous amène à un point des plus
importants :Â la repentance.
On n'entre pas dans une vie de plénitude en décidant simplement qu'on sera plus
humble à l'avenir. Il y a des attitudes et des actions du passé dans lesquelles
nous persistons, ne serait-ce que dans le fait de ne pas nous humilier à leur
sujet. Nous devons tout d'abord nous en repentir. Jésus n'a pas revêtu la forme
d'un esclave, dans la seule intention de nous donner un exemple à suivre, mais
afin de mourir sur la Croix à cause de nos péchés pour que nous soyons lavés
par son sang. Or, ce sang ne peut être appliqué à nos coeurs que si nous sommes
brisés et repentants. Pour arriver à ce brisement, il faut permettre à la
lumière de Dieu de fouiller notre coeur dans ses moindres replis et de mettre
en évidence tous les liens du péché.
Â
Notre orgueil nous apparaîtra si
monstrueux que nous comprendrons alors pourquoi il fallait que Jésus quittât
son ciel de gloire et se rendît à la Croix. Il n'y avait que sa mort expiatoire
pour nous obtenir le pardon de Dieu. Cela signifiera aussi que nous devrons
demander pardon non seulement à Christ, mais aussi à notre prochain. Ce sera
humiliant pour nous, il faut en convenir, mais pourtant, après avoir franchi - en
rampant- la porte des brisés, nous pénétrerons dans la lumière et la gloire de
la voie sainte, faite de sainteté et d'humilité.
Â
www.blfeurope.com
Â