Par Roy Hessein
IV- LA VOIE SAINTE
Pour connaître la vie de
victoire, il faut apprendre la simplicité. Combien nous l'avons compliquée,
cette voie ! Des volumes ont été écrits à ce sujet. Des formules sans nombre
ont été données ; on nous a dit que le secret était ici ou là . Mais, pour la
plupart d'entre nous, tout cela est tellement compliqué que, bien que nous le
connaissions en théorie, nous ne sommes pas capables de l'appliquer à la vie
quotidienne.
Pour rendre plus claires les vérités que nous avons
envisagées jusqu'ici, nous aurons recours à quelques images.
« Il y aura là un chemin frayé, une
route, Qu'on appellera la voie sainte; Nul impur n'y passera; elle sera pour
eux seuls; Ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s'égarer. »
Ce verset nous fournit une image caractéristique de la vie de
victoire :
« Il y aura là un chemin frayé... qu'on appellera la voie sainte »
C'est l'image d'un chemin construit au-dessus des plaines
marécageuses qui représentent le monde. Bien que ce chemin soit étroit et qu'il
monte, il n'est aucun d'entre nous qui ne puisse y marcher, car « même les
simples ne pourront s'y égarer » Les dangers sont nombreux si nous quittons
cette voie, mais nous sommes en parfaite sécurité si nous y demeurons, car «
sur cette route point de lions ; nulle bête féroce ne la prendra ; nulle ne s'y
rencontrera » Une seule catégorie s'en voit interdire l'accès : « Nul impur n'y
passera » Et cela comprend non seulement le pécheur qui ne connaît pas Christ
comme son Sauveur, mais le chrétien qui, tout en le connaissant, continue Ã
demeurer dans des péchés non confessés et non purifiés.
Le seul accès à ce chemin frayé est une petite colline sombre et
peu engageante, la colline du Calvaire. Elle se gravit sur les mains et les
genoux -surtout sur les genoux. Si nous sommes satisfaits de notre vie
chrétienne, si nous ne sommes pas possédés d'une faim et d'une soif
irrésistibles d'arriver jusqu'à cette voie sainte, nous ne tomberons jamais Ã
genoux et ne pourrons par conséquent jamais gravir la colline. Mais, si nous
sommes mécontents, affamés, alors nous trouverons le chemin qui monte. Ne vous
hâtez pas : laissez Dieu créer en vous cette soif pour la voie sainte, et
susciter dans votre coeur les soupirs de l'Esprit. Les simples touristes
n'avancent guère sur ce chemin. « Vous me trouverez quand vous me chercherez de
tout votre cœur »
Au sommet de la colline, gardant l'accès à la voie sainte, se
dresse la Croix. Sombre et âpre, elle divise le temps et les hommes. Au pied de
la Croix se trouve une porte basse, si basse que, pour la franchir, il faut se
baisser et ramper. C'est le seul accès à la voie sainte, au chemin frayé sur la
hauteur, et il nous faut y passer si nous voulons pénétrer plus avant. Cette
porte s'appelle la porte des brisés. Seuls ces derniers peuvent y passer. Être
brisé, c'est pouvoir dire : « Non
plus moi, mais Christ »
En chacun de nous se trouve un «moi» orgueilleux, au cou raide. Ce
cou a commencé à se raidir dans le jardin d'Eden, où Adam et Eve, qui s'étaient
toujours soumis à la volonté de Dieu, se rebellèrent, réclamèrent leur
indépendance, cherchant à être «comme des dieux». A travers toute la Bible,
Dieu reproche à son peuple d'avoir le cou raide ; or, nous l'avons aussi : nous
sommes durs et révoltés, susceptibles et facilement offensés. Nous nous
irritons ; nous envions, critiquons ; nous refusons de pardonner et gardons
rancune. Nous luttons par nous-mêmes et essayons d'accomplir par nos propres
efforts ce qui devrait être laissé à Dieu. Nous sommes indulgents envers
nous-mêmes -et combien souvent cela nous conduit à l'impureté ! Toutes ces
choses et beaucoup d'autres ont leur source dans notre moi orgueilleux. Si
Christ le remplaçait vraiment en nous, nous n'aurions pas ces réactions. Avant
que nous puissions pénétrer sur les hauteurs de la voie sainte, il faut que
Dieu courbe et brise le moi, de sorte que Christ règne à sa place.
Etre brisé, cela signifie n'avoir plus de droits, ni devant Dieu,
ni devant les hommes ; non pas simplement les abandonner, mais reconnaître que
nous n'en avons point, si ce n'est celui de mériter l'enfer. Cela signifie ne
plus rien posséder en propre, ni temps, ni argent, ni biens, ni position.
Pour en arriver là , Dieu nous conduit au pied de la Croix, où Il
nous montre ce qu'est le brisement véritable. Là , nous voyons ces mains et ces
pieds blessés, ce visage empreint d'amour et couronné d'épines, et le brisement
complet de celui qui a dit : « Que ta volonté soit faite et non la mienne »
tandis qu'il buvait jusqu'à la lie la coupe amère de nos péchés. Ainsi, c'est
en regardant à Lui, et en réalisant que ce sont nos péchés qui l'ont cloué là ,
que nous serons brisés à notre tour. En contemplant l'amour et le brisement de
Dieu mourant à notre place, nos coeurs se fondront, nous voudrons être brisés
pour lui, et cette prière deviendra la nôtre :
Sauve-moi de moi-même, ô mon Sauveur,
Je veux me perdre en toi,
Que ce ne soit plus moi,
Mais Toi, Jésus, qui demeure en mon coeur.
Chapitre 4 du livre « Le Chemin du Calvaire » par Roy
Hessein