Nous voici au 9e
siècle avant Yeshoua/Jésus-Christ, et Israël n’était plus ni fort, ni uni, ni
sûr.
La nation avait
atteint un extraordinaire apogée sous David et Salomon, au siècle précédent ;
mais tout semblait en passe de se désagréger, la nation, l’état et la religion.
L’effondrement
aurait bien pu ĂŞtre total, sans les paroles et les actes courageux de deux
formidables personnalités : le grand
Prophète Elie et son disciple et successeur Elisée.
Si l’on peut
dire du 11e siècle avant Yeshoua/Jésus-Christ qu’il a été celui de Samuel et de Saül, du 10e qu’il a
été celui de David et de Salomon, le 9e a été celui d’Elie et d’Elisée, du fait
de leur impact sur le royaume du nord d’Israël.
L’illustre David
Le roi David
avait consolidé la nation juive sur son propre sol et restauré sa religion
unique comme le centre de la vie juive.
Il s’empara
de Jérusalem, l’enclave jébuséenne qui avait séparé les tribus du sud des tribus du
nord, et proclama cette ville, située au centre d’Israël, capitale politique, ce qui
constituait un trait absolument nouveau dans l’administration des tribus.
Il fit ensuite
transporter l’Arche d’Alliance de Qiryat-Yéarim à Jérusalem, de manière à ce
que le centre politique devienne Ă©galement la capitale religieuse de la nation.
Il acquit pour elle un emplacement au point le plus élevé de cette ville de
collines, le traditionnel Mont Moriyya qui, à l’époque, était l’aire d’Arauna le Jébuséen (2 Samuel
24:18).
David avait
insistĂ© pour acheter ce terrain, bien qu’on le lui ait offert en cadeau et Ă
son sommet, il fit élever pour abriter l’Arche, un bâtiment en forme de tente,
soulignant ainsi son lien avec la tente de nomade qui avait abrité le
Sanctuaire dans le dĂ©sert du SinaĂŻ. Le fait d’établir le Tabernacle Ă
l’intérieur de la capitale administrative fit beaucoup pour créer un lien entre
les tribus et Jérusalem, et renforcer l’unité politique.
David consolida
fermement les frontières du Royaume d’Israël, par une judicieuse combinaison
d’alliances diplomatiques et par une série de campagnes victorieuses contre les
Philistins et autres voisins menaçants, qui furent soumis à un tribut.
Au cours de son
règne, Israël devint l’Etat le plus puissant de tout le territoire qui s’étend
de l’Assyrie au nord-est à l’Egypte au sud-ouest.
La victoire sur
les Philistins lui assura le contrôle de la plaine côtière méditerranéenne. La
prise de Damas et d’autres villes plus au nord Ă©tendit sa domination jusqu’Ă
l’Euphrate. Ses frontières de l’est englobaient la Transjordanie et ses
territoires du sud lui apportaient un débouché sur la Mer Rouge par le golfe
d’Aqaba.
Le temple de Salomon
Son fils et
successeur, le roi Salomon, recueillit les fruits de toutes ces réalisations
politiques et militaires, et, libéré des menaces extérieures et par conséquent
de batailles à livrer, il put s’employer entièrement à préserver l’oeuvre
militaire et diplomatique de son père et à faire progresser la prospérité
matérielle de la nation.
Il Ă©difia une
formidable organisation militaire basée sur le char. Il fortifia des centres
stratégiques et installa des bases militaires. Sur le front diplomatique, il
renforça les alliances contractées par son père, en particulier la pus
importante avec Hiram, roi de Tyr, et en forgea de nouvelles. Au nombre de
ces dernières figuraient d’amicales relations avec l’Egypte, judicieusement
favorisées par son mariage avec la fille du pharaon.
Dans le domaine
Ă©conomique, Salomon arma une flotte (1 Rois 9:26), entretint un florissant
commerce maritime, et développa l’industrie du cuivre.
Ma sa
réalisation la plus spectaculaire, en raison de son impact sur l’unité et
l’histoire de son peuple, fut la construction
de la Maison du Seigneur, le Temple, sur le site où son père avait élevé le
tabernacle.
Quoique le
bâtiment fût somptueux, l’intérieur obéissait à la traditionnelle simplicité avec
laquelle les Hébreux avaient mis en pratique et cultivé leur nouvelle foi.
C’était la seule religion de l’époque qui ne façonnât pas de forme
matérielle ou d’image de D.ieu.
Le coeur du
Temple était le débir, un cube contenant l’Arche d’Alliance qui, depuis l’époque du Sinaï,
était habitée par l’Etre Suprême, Adonaï.
« Il n’y avait rien dans l’Arche, sauf les deux tables de pierre
que Moïse y déposa à l’Horeb, les tables de l’Alliance que Yahvé avait conclue
avec les Israélites » (1 Rois 8:9)
Et lors de
l’inauguration, après que l’Arche eut été respectueusement placée dans
l’obscurité du lieu très saint, il arriva que :
« Quand les prêtres sortirent du sanctuaire, la nuée remplit le
Temple de Yahvé » (1 Rois 8:10)
Le peuple
d’Israël assemblé au dehors dans la cour ensoleillée se tourna vers le
sanctuaire sombre, sans image, et adora la divine présence, tandis que Salomon
proclamait la nature du D.ieu unique et Ă©ternel.
Ses paroles et
celles des prophètes qui vinrent ensuite, allaient investir le Temple et la
cité de Jérusalem, la colline de Sion, d’un caractère sacré absolument unique, source
de la religion juive et centre d’inspiration de la nation juive, qui devait
subsister longtemps après que le bâtiment du Temple eut Ă©tĂ© dĂ©truit et, Ă
travers tous les siècles d’exil juif, demeurer jusqu’à nos jours.
Ainsi, durant
les 80 premières années du 10e siècle avant Yeshoua/Jésus-Christ, couvrant les
règnes de David et de Salomon, la nation d’Israël réalisa son unité et
atteignit le sommet de sa gloire. Les tribus
d’Israël formaient désormais la nation d’Israël, et elles étaient en pleine possession de la terre d’Israël qui avait
été promise aux patriarches.
L’entreprise
historique de résistance, de liberté et d’indépendance lancée par Moïse avait
été menée à bien. La nation et la foi étaient intégrées, et toutes deux étaient
désormais indissolublement liées à Sion. Ce lien, tant physique que spirituel,
devait durer, et demeurer, trois mille ans plus tard, aussi vibrant qu’il
l’était alors.
Le royaume divisé
Mais cela ne
s’annonçait guère ainsi en 922 avant Yeshoua/Jésus-Christ, lorsque mourut
Salomon, car Ă sa mort tout se disloqua.
Personne Ă
l’époque n’aurait prédit que les Juifs pourraient survivre en tant que peuple
possédant une identité et une foi spécifiques. L’effondrement du royaume unifié
Ă©tait dĂ», dans une assez large mesure, Ă Salomon lui-mĂŞme.
Tout grand qu’il
était, il avait ses faiblesses, et il fit preuve d’un singulier manque de
prévoyance dans sa brutale politique fiscale et ses exorbitantes exigences de
travail forcé pour ses chantiers de construction.
Salomon avait
Ă©tĂ© assez fort cependant pour tenir en Ă©chec les groupes de mĂ©contents. Mais Ă
sa mort, le royaume éclata en deux. Les tribus du nord se révoltèrent, firent
sécession et fondèrent leur propre Etat tronqué, appelé Juda, qui continua la lignée
davidique.
A la place du
précédent royaume unifié et vigoureux, il y avait à présent deux petits Etats,
faibles et querelleurs, et qui, durant les cinquante ans qui suivirent, se
firent la guerre de ânière intermittente. Ce conflit civil ne pouvait avantager
et arranger que leurs voisins hostiles, et les territoires qui avaient fait
partie de l’empire d’Israël et avaient été soumis à tribut sous David et
Salomon, reprirent leur liberté.
La prospérité
politique, économique et spirituelle tant d’Israël que de Juda, connut le
déclin, le laxisme moral et le penchant à l’idolâtrie (marqués dans le royaume
du nord).
Il fallut
attendre le règne d’Omri, qui monta sur le trône d’Israël dans les dernières années du roi Asa de Juda, pour voir se
dessiner un rapprochement entre les deux branches rivales de la souche
israélite.
Omri
Ce fut Omri qui
décida de fonder en Israël une capitale qui pût, du moins sur le plan temporel,
rivaliser avec JĂ©rusalem, la capitale du royaume de Juda.
« Il acquit de Shémer sa montagne pour deux talents d’argent ; il y
construisit une ville que, d’après le nom de Shémer, possesseur de la montagne,
il appela Samarie » (1 Rois 16:24)
Rebaptisée
Sébasè par Hérode neuf siècles plus tard, elle était située sur la face ouest
du mont Ephraïm, près de Sichem (aujourd’hui Naplouse), et commandait le
principal passage de la région vers la côte méditerranéenne. Sur ce noble
site, Omri et son successeur Achab, réalisèrent de magnifiques travaux de
construction, dont on peut voir les vestiges aujourd’hui.
Omri s’efforça
de ranimer les destinées matérielles, sinon religieuses, de son peuple, et il
lui fallait pour cela le calme sur ses frontières. De plus, s’il pouvait
conclure un pacte de non-agression avec son voisin du sud, Juda, cela
diminuerait le risque d’attaque par son voisin du nord, la Syrie. Cependant, ni
lui ni Asa ne vécurent assez longtemps pour achever leurs arrangements de paix.
Achab d’Israël et Josephat de Juda
Celle-ci fut
conclue par leurs fils, Achab d’Israël et Josephat de Juda. En dépit de leurs différences de caractère, et de vue spirituelles,
tous deux, pour des raisons personnelles, voulaient la fin des hostilités, et
« Joséphat fut en paix avec le roi d’Israël » (1 Rois 22:45).
Au cours des 24
ans de son règne sur Juda, Josephat se révéla d’une
excellente influence. ce fut un roi pieux qui fit progresser la cause de
la justice Ă tracer toute la terre de Juda.
Par un violent
contraste, le royaume d’Israël, durant les 19 années du règne d’Achab, vit partout sévir d’injustice et
s’étaler le paganisme. Pour renforcer sa politique d’établissement de liens
commerciaux étroits avec la Phénicie, Omri avait arrangé le mariage de son fils
Achab avec JĂ©zabel, fille du roi des Sidoniens (1 Rois 26:31).
JĂ©zabel Ă©tait
une adoratrice du dieu phénicien Baal-Melkart et d’Achéra. Lorsqu’elle se
maria, on lui permit d’amer avec elle les images de ses divinités, ses prêtres
et ses serviteurs, et de continuer ses pratiques religieuses en Israël. Dans
ce but, Achab « lui dressa un autel dans le temple de Baal qu’il
construisit à Samarie » (1 Rois 26:32).
Et lorsque
Jézabel devint reine, elle assura un statut officiel aux centaines de prophètes
de Baal et d’Achéra, et les garda comme membres de sa maison. Elle avait
manifestement une personnalité dominatrice et était déterminée à imposer ses
dieux étrangers et ses coutumes païennes à la cour et au pays, grâce à l’appui
ou à la passive indifférence d’Achab.
Les pieux
Israélites furent persécutés, des prêtres qui protestaient exécutés, contraints
de se cacher ou expulsés.
Le triomphe d’Elie
C’est sur cet
arrière-plan de tension religieuse, au moment où la foi d’Israël courait le
plus grave danger d’être étouffée par le paganisme, et la nation de s’effriter
par assimilation aux groupes païens qui l’entouraient, qu’entre en scène le prophète Elie, ralliant les pieux et les hésitants, provoquant une
confrontation au sommet entre les tenants de Baal et les tenants de D.ieu,
empêchant l’influence de Jézabel de se répandre davantage et préservant la
suprématie de la foi hébraïque.
Le triomphe
d’Elie symbolise la victoire du monothéisme dans sa lutte constante contre les
séduisantes et érosives tentations du paganisme.
Il nous apparaît
pour la première fois, personnage hirsute et sauvage, vêtu d’un pagne et d’un
capuchon, se ruant en présence du roi Achab, l’accablant d’amères paroles et
proférant des menaces de malédiction :
« Par Yahvé vivant, le Dieu d’Israël que je sers, il n’y aura ces
années-ci, ni rosée, ni pluie, sauf à mon commandement » (1 Rois 17:1)
Avant que le roi
surpris n’ait pu le faire arrêter, Elie s’enfuit, se hâtant vers l’est et
traversant le Jourdain pour se mettre hors de portée de la vengeresse Jézabel.
De ses jeunes
années, nous ne savons rien.
La Bible nous
dit seulement qu’il était Elie le Tishbite
de Tishbé en Galaad, le district montagneux à l’est
du Jourdain.
Après s’être
lui-même invité à cette première dramatique audience avec le roi Achab, il alla
se cacher près du torrent de Kerit, jusqu’à ce qu’il fût à sec, car il n’y
avait pas eu de pluie dans le pays (1 Rois 17:5-7). Cela allait devenir une
pratique habituelle, après chacune de ses orageuses sorties. La grave
sécheresse qui devait s’abattre sur le pays venait de commencer.
Les Ă©pisodes
bibliques suivants nous montrent Elie
comme l’instrument de miracles divins.
Le Seigneur lui
ayant dit de traverser la frontière phénicienne et d’aller jusqu’à Sarepta, un
village côtier méditerranéen à quelques kilomètres au sud de Sidon, où D.ieu ordonne
Ă une veuve de lui donner Ă manger (1 Rois 17:9).
Elie trouve la
pauvre femme en train de ramasser du bois mais elle n’a que le strict
nécessaire pour manger. Tout ce qu’elle possède, c’est un peu de farine
dans une jarre et un peu d’huile dans une cruche, et elle est en train de
ramasser de quoi faire cuire un dernier repas pour elle-mĂŞme et son jeune fils,
avant de mourir de faim.
Elie la rassure,
et la farine et l’huile durent pour les nourrir tous trois jusqu’à la fin de la
sécheresse. Elie logeait avec eux dans une pièce à l’étage et, un jour l’enfant
tomba malade et mourut. La mère était éperdue de douleur. Elie recueillit
l’enfant, le porta dans sa chambre et l’étendit sur son propre lit. Il
s’allongea ensuite par trois fois sur le corps de l’enfant en priant D.ieu de
le ramener à la vie. L’enfant ressuscita.
Un miracle
semblable, mettant en scène Elisée, est rapporté dans 2 Rois 4.
Puis survint la
confrontation cruciale avec les faux prophètes de Jézabel.
Lorsque la
sécheresse, déjà dans sa troisième année, était sur le point de s’achever, Elie
reçut du Seigneur l’ordre de quitter Sarepta pour le royaume d’Israël, et
d’aller à nouveau affronter Achab.
En entrant en
Samarie, Elie tomba sur Obadyahu, le maître du palais, que le roi Achab avait
envoyé en reconnaissance à travers le pays brûlé par la sécheresse, pour tenter
de trouver quelque carré de pâture encore vert.
Homme pieux (il
avait caché et sauvé une centaine de prêtres dont Jézabel avait ordonné
l’exécution et il était empli de révérence pour Elie), Obadyahu dit au
prophète qu’il était recherché (le roi avait tout fait pour lui mettre la main
dessus), et lui donna à entendre qu’il aurait intérêt à prendre le large.
Il fut horrifié
lorsque Elie lui répliqua que, loin d’avoir l’intention de se sauver, il venait
tout spécialement pour voir le roi, et plus encore lorsque Elie lui demanda de
faire savoir à Achab qu’il arrivait.
Obadyahu
craignait qu’une telle mission ne lui coutât la vie, et il fallut beaucoup de
persuasion pour qu’il se résignât finalement à accepter.
Achab vint au
devant d’Elie avec ces mots : « Te voilà , toi, le fléau d’Israël ! ».
Elie rétorqua :
« Ce n’est pas moi le fléau d’Israël, mais c’est toi et ta famille
parce que vous avez abandonné Yahvé et que tu as suivi les baals ! » (1
Rois 18:17-18)
On peut se
demander pourquoi Achab se donna la peine de lui adresser la parole au lieu de
le faire arrêter et exécuter comme il en avait l’intention.
Il est Ă©vident
cependant qu’Achab était au désespoir en raison de cette sécheresse qui n’en
finissait pas. Les récoltes étaient perdues, les gens mouraient de faim, les
boeufs et les brebis crevaient. L’homme qui l’avait prévenu que cela allait
arriver était ce pêcheur dépenaillé, mais redoutable et saint, et il était bien
vrai qu’il avait ensuite cherché à punir ce messager de malédiction, et ce
véhément dénonciateur de l’idolâtrie.
Mais Achab Ă©tait
manifestement indifférent en matière de religion ; et bien qu’il n’eût rien
fait pour mettre un terme au paganisme de sa femme, qu’il lui eût permis de
garder auprès d’elle les prêtres de ses divinités, et n’eût pas contrecarré ses
sentences de mort contre des prêtres hébreux, lui-même n’était pour autant pas
un missionnaire de baal.
Quant Ă son
attitude vis-à -vis de la foi d’Israël, elle était plus indifférente que
franchement hostile. Après tout, il conservait Obadyahu comme maître du
palais, bien qu’il eût dû certainement connaître les vues religieuses que ce
fonctionnaire professait en privé.
En entendant
alors parler Elie, et complètement désarmé devant la sécheresse, il peut avoir
pensé que le messager de malédiction pouvait aussi se révéler messager
d’espoir.
Ce fut dans
cette disposition d’esprit qu’il écouta et accepta la proposition qu’Elie
venait lui faire, laquelle visait essentiellement à se servir de la crise née
de la sécheresse comme d’un prétexte pour se mesurer avec la paganisme, et lui
porter un coup décisif.
Elie demanda au
roi Achab d’organiser un rassemblement de masse au sommet du mont Carmel, pour
assister à une épreuve de force entre D.ieu (représenté par Elie lui-même) et
baal (représenté par les 850 prêtres amenés de Phénicie dans le royaume
d’Israël).
Duel avec baal
Lorsque tout le
peuple fut assemblé sur le mont Carmel, Elie, s’adressant en premier lieu aux
hésitants, s’écria :
« Jusqu’à quand clocherez-vous sur deux jarrets ? Si Yahvé est
Dieu, suivez-le ! si c’est baal, suivez-le ! » (1 Rois 18:2)
Il proposa
ensuite que tous les prĂŞtres paĂŻens choisissent un taureau et le placent sur du
bois, et lui Elie, ferait de même et, « vous invoquerez le nom de votre dieu et moi j’invoquerai le nom de Yahvé », et celui des deux dieux qui répondra par le feu, « c’est celui là qui sera Dieu ».
L’épreuve
commença le matin de bonne heure. Les prêtres invoquaient leur divinité, et lorsque
rien ne se produisit, ils se mirent à sauter frénétiquement autour de leur
autel, se tailladant « avec des épées et des lances » et conjurant
leur baal de répondre à leurs supplications, « mais il n’y eut ni voix, ni
réponse, ni signe d’attention » (1 Rois 18:29).
La populace
attendait, haletante, et Elie, méprisant, à l’adresse des faux prophètes,
railla :
« Criez plus fort car c’est un dieu ; il a des soucis ou des
affaires, ou bien il est en voyage, peut-être il dort et il se réveillera
! » (1 Rois 18:27)
Ces sarcasmes
incitèrent les prêtres de baal à un furieux redoublement de mutilations et de
paroles incohérentes, mais sans résultat.
Alors, Elie
demanda au peuple de s’approcher plus près. Pour souligner encore la grandeur
du pouvoir de D.ieu, il rendit le combat plus inégal encore, en noyant d’eau
son autel. Il se tourna ensuite vers le ciel et s’écria :
« Réponds-moi ô Yahvé ! Réponds-moi pour que tout ce peuple sache
que c’est Toi, Yahvé, qui es Dieu et qui convertis leur coeur ! »
Brusquement, l’autel
fut enveloppé de flammes, et tout fut consumé. De l’assemblée frappée de
stupeur jaillit un cri : « C’est Yahvé qui est Dieu ! C’est Yahvé qui est
Dieu ! » (1 Rois 18:39)
Elie s’empressa
de tirer profit du choc révolutionnaire sur la foule : « Saisissez les
prophètes de baal ! » rugit-il, « que pas un d’eux ne s’échappe
! ». Les prêtres païens furent traînés de force jusqu’au torrent de
Qishôn, et égorgés.
Le roi Achab
avait été le témoin muet de ces dramatiques événements, sans faire le moindre
geste pour intervenir. Elie vînt alors lui dire qu’il pouvait entendre le
« grondement de la pluie ». La sécheresse était sur le point de
prendre fin.
Le prophète
monta à la cime du Carmel, et envoya sept fois son serviteur jusqu’à un point
d’où il pouvait observer le ciel au-dessus la mer. A la septième fois, le
serviteur revint lui dire : « Voici un nuage, petit comme une main
d’homme, qui monte de la mer » (1 Rois 18:44).
Elie l’envoya
alors dire à Achab de préparer son char et de rentrer chez lui avant que les
pluies ne l’en empêchent. Achab obéit et prit le chemin de sa résidence d’hiver
dans la vallée de Yizréel. Les cieux devinrent soudainement noirs de nuages, et
des pluies torrentielles se mirent Ă tomber.
Avec sa longue
barrière de pentes orientées vers la mer, le mont Carmel est en effet le
premier des sommets d’Israël que rencontrent les pluies. C’est un massif
imposant, couvert d’yeuses (chênes verts), de caroubiers et de garrigues,
émaillé au printemps d’une profusion de fleurs, ses cimes offrant à l’ouest de
superbes panoramas sur la mer, avec à l’est Yizréel et au nord les collines de
Galilée.
Aucun site
n’était mieux choisi pour voir se dérouler la décisive bataille de l’esprit,
assister au triomphe de la foi d’Elie et à la déroute du paganisme envahissant
qui avait menacé de l’écraser.
Une petite voix
Elie avait joué
le rôle-clé de sa vie de prophète, mais ses jours étaient en danger.
Car, Ă peine
arrivé au palais, le roi Achab avait fait à Jézabel le récit des fantastiques
événements du Carmel, et la reine s’était juré de faire égorger Elie dans les
24h, comme l’avaient été ses prophètes.
Elie prit la
fuite, se dirigeant au sud vers Bersabée, où il laissa son serviteur, pour
continuer seul son chemin dans le désert du Sinaï. Après un jour et une nuit
d’épuisement et de découragement, se demandant s’il était bien utile de
continuer à vivre dans un monde empli de tant de méchancetés, un ange vint le
toucher, et il trouva miraculeusement à côté de lui « une galette cuite
sur les pierres et une gourde d’eau ».
Il secoua alors
son apathie pour entreprendre un pèlerinage de quarante jours au mont Horeb, où
Moïse avait reçu les Dix Commandements. Là , à la source de la foi
hébraïque, où avait été accomplie l’Alliance entre D.ieu et les Israélites,
Elie espérait ranimer son esprit et renouer avec la parole de D.ieu à travers
une révélation personnelle.
Le récit
biblique de la divine rencontre d’Elie nous permet de dégager une nuance
essentielle qui devait avoir une influence durable sur la religion juive.
Il gravissait
les pentes rocailleuses vers le sommet du Sinaï pour rencontrer la présence
divine, lorsque soudain :
1.                          Â
se leva un ouragan d’une telle force
qu’il sembla fendre le roc, mais « Yahvé n’était pas dans l’ouragan »
2.                          Â
survint un tremblement de terre mais
« Yahvé n’était pas dans le tremblement de terre »
3.                          Â
suivit un feu mais « Yahvé
n’était pas dans le feu »
Mais après le
feu, se fit entendre le « bruit d’une
brise légère« . Et dès qu’Elie l’entendit,
il se voila le visage avec son manteau (1 Rois 19:11-13).
Alors, « une petite voix lui parvint »
et c’était cette « petite voix », la voix de D.ieu, qui était
l’essence spirituelle de la religion, et non pas le phénomène extérieur des
éléments, eux-mêmes soumis au pouvoir de D.ieu.
Cet aspect
spirituel avait toujours été présent, depuis l’époque de Moïse ; mais il avait
été latent. De ce jour, on allait y insister de plus en plus.
Du SinaĂŻ, Elie
se rendit sur instructions divines à Damas, chargé d’une mission politique
révolutionnaire, qui présageait le renversement de la maison d’Omri et d’Achab.
A son retour, en
traversant la vallĂ©e du Jourdain, il rencontra un jeune homme, ElisĂ©e, Ă
Abel-Méhola où il était en train de labourer le champ de son père. Le
jeune homme quitta charrue et famille, et suivit Elie pendant tout le restant
de la vie du prophète.
La vigne de Nabot
L’épisode
mémorable au cours duquel Elie nous apparaît comme le champion de la justice,
dénonçant amèrement la malignité de l’homme envers D.ieu et de l’homme envers
l’homme, même lorsque l’offenseur est le roi, se rapporte à la cruelle
acquisition de la vigne de Nabot (1 Rois 21).
Le roi Achab
voulait une vigne qui se trouvait en bordure de sa propriété royale de Yizréel,
mais son propriétaire Nabot, refusa de se dessaisir de l’héritage de ses pères.
JĂ©zabel, se
rappelant les pouvoirs illimités de la cour phénicienne où elle avait été
élevée, était folle de rage que son mari, le roi d’Israël, ne pût obtenir ce
qu’il voulait.
Aussi
s’entendit-elle avec deux vauriens pour qu’ils accusent publiquement de
blasphème Nabot, lequel fut inculpé et lapidé. Sa propriété revint alors à la
couronne, et Achab en prit possession, sans le moindre murmure contre la
manière d’agir de son épouse.
Lorsque la
nouvelle parvint Ă Elie, il se prĂ©cipita empli de fureur au palais et lança Ă
Achab le fougueux reproche : « Haratzachta vegam yarashta ? » (tu as
assassiné et de plus tu usurpes ?).
Elie prédit
ensuite la malédiction de la dynastie. Quant à Achab, « à l’endroit où les
chiens ont lapĂ© le sang de Nabot, les chiens laperont ton sang » ; quant Ă
Jézabel, « les chiens la dévoreront  dans le champ d’Yizréel ».
Pour la première
fois, nous voyons Achab réagir avec humilité, déchirant ses vêtements,
s’habillant d’un sac et jeûnant. De tels signes de repentir lui vaudront un
sursis de la malédiction d’Elie.
Les merveilles d’Elisée
Elisée avait une
personnalité notablement différente de celle de son maître, doux (encore qu’il
sût se montrer ferme lorsque c’était nécessaire), alors que son maître était
énergique et sévère, et sociable, alors qu’Elie était un solitaire.
Mais il se
montra tout aussi inébranlable dans sa condamnation du laxisme moral de son
temps, et serviteur tout aussi fervent de la cause du Seigneur.
La Bible nous le
présente poursuivant sa mission à travers l’accomplissement d’une série de
miracles. Les eaux de la principale source de JĂ©richo Ă©taient devenues
malsaines, et il les assainit (2 Rois 19:22).
Comme son
prédécesseur, il multiplie le contenu d’une unique jarre d’huile (2 Rois
4:1-7). Comme Elie encore, il rend la vie à un enfant mort (2 Rois
4:21-37). Lorsqu’il se produit une famine, il transforme les coloquintes
sauvages et vénéneuses (sorte de courges) en un plat mangeable (2 Rois
4:38-44). Il soigne la lèpre du général araméen Naamân (2 Rois 5).
D’autres
prodiges sont encore attribués à Elisée, quoique l’un d’entre eux ne puisse
guère être rangé dans la même catégorie : il s’agit de l’épisode où il fit
apparaître deux ourses qui sortirent du bois et écharpèrent une bande de jeunes
garçons qui s’étaient moqué de lui en l’appelant « tondu » (2 Rois
2:23-24).
Elisée lui aussi
eut affaire au roi d’Israël et il lui arriva d’être aussi sévère qu’Elie, mais
jamais il ne fit d’entrée dramatique dans le palais ou sous la tente du roi, et
les rencontres eurent lieu non pas sur son initiative mais sur celle du
souverain.
La principale
différence, cependant, réside dans le fait que, contrairement à Elie, qui était
toujours en opposition avec le roi, ElisĂ©e se trouva le plus souvent venir Ă
son aide, quoique parfois ouvertement de mauvais gré.
Les temps
avaient changé, et les rois aussi. Achab était mort, tué à la bataille de Ramot
de Galaad, et son corps avait Ă©tĂ© ramenĂ© sur son char pour ĂŞtre enterrĂ© Ă
Samarie. Et on lava à grande eau son char à l’étang de Samarie, les chiens
lapèrent le sang (1 Rois 22:38) comme l’avait prédit Elie.
Après le bref
règne de son fils Ochozias, un autre de ses fils, Joram, monta sur le trône,
et, bien que sa mère Jézabel fût encore en vie, le paganisme était moins
prĂ©pondĂ©rant qu’il ne l’avait Ă©tĂ© du temps d’Achab. Cela Ă©tait dĂ» largement Ă
l’oeuvre accomplie par Elie et, encouragées par lui, les forces opposées à baal
Ă©taient devenues de plus en plus agissantes.
Joram Ă©tait
sensible à ce changement et, s’il n’introduisit aucune réforme religieuse
majeure, du moins il supprima la stèle de baal que son père avait faite (2 Rois
3:2). Elisée put ainsi coopérer avec lui plus qu’Elie n’aurait pu le faire avec
Achab.
Par ailleurs, le
danger d’invasion étrangère était à présent plus grand, et en de tels moments,
les hommes pieux se montraient patriotes. En effet, les prĂŞtres et les
frères-prophètes (2 Rois 6:1) comptaient parmi les plus ardents patriotes.
Lorsque le pays était menacé, ils accompagnaient les troupes en campagne.
Elisée le fit aussi, et il dut certainement aider le roi et l’armée à vaincre
l’ennemi.
Incidemment, les
« frères-prophètes » étaient un groupe d’hommes pieux qui vivaient
avec leurs familles sur le modèle communautaire, voués à D.ieu, et qui, comme
Elisée, portaient une toison et un pagne de peau autour des reins (2 Rois 1-8).
Elisée partagea
souvent la vie de telles communautés, notamment celles qui se trouvaient dans
le voisinage de Gilgal, dans la plaine de JĂ©richo. NĂ©anmoins, leur loyalisme
allait à leur pays et à leur foi, basé qu’il était sur l’Alliance avec D.ieu.
Chaque fois qu’ils avaient l’impression que cette Alliance était ignorée ou
abrogée par le roi, ils ne manquaient jamais de le critiquer voire (comme
Elisée en vint à le faire avec Joram) de déclencher contre lui une action
révolutionnaire.
Une entrevue avec le roi
Le récit
biblique situe la première rencontre entre Elisée et le roi à l’époque où Joram
d’Israël avait uni ses forces avec celles de Josaphat de Juda pour marcher
contre Moab.
Les deux
souverains avaient résolu de surprendre à revers les Moabites, en empruntant un
chemin détourné à travers le désert d’Edom (dont le roi était leur allié), et
ils se trouvèrent à court d’eau.
Josaphat demanda
s’il n’y avait pas un prophète du Seigneur pour les aider, et quelqu’un dit
qu’Elisée accompagnait les troupes. Les deux rois sortirent pour le trouver et
lui exposer leur problème.
La première
rĂ©action d’ElisĂ©e fut de se tourner vers Joram en disant : « Qu’ai-je Ă
faire avec toi ? Va trouver les prophètes de ton père et de ta mère ! » (2
Rois 3:13). Car il ne pouvait passer sous silence la tolérance du roi
vis-à -vis des divinités de Jézabel, ni l’influence de cette dernière, quelque
affaiblie qu’elle fût. Et, bien qu’il fût naturellement résolu à sauver
l’armée, il ne voulait pas avoir l’air d’accéder à la requête d’un fils de
paĂŻen pas trop repentant.
Elisée lui
déclara donc qu’il était prêt à lui accorder son aide par respect pour le
vertueux roi de Juda : « Si je n’avais égard au roi de Juda, je ne ferais
pas attention à toi, je ne te regarderais même ». Il formula ensuite une
prédiction optimiste, et au matin, le fleuve à sec la veille s’était empli
d’eau, et hommes et bêtes purent étancher leur soif.
Le soleil de
l’aurore sur la surface de l’eau y refléta une teinte de sang, et les troupes
ennemies crurent que les alliés s’étaient brouillés et en étaient venus à se
massacrer l’un l’autre. Elles foncèrent sans ordre sur le camp hébreu pour
s’emparer du butin, et furent taillées en pièces.
Plus tard,
lorsque les Araméens envahirent Israël, le fait qu’Elisée connût d’avance les
mouvements de l’ennemi et les transmît au roi, contribua grandement à sauver le
pays.
Soit par des
pouvoirs surnaturels, soit grâce à des informations reçues par l’intermédiaire
des groupes de prophètes, Elisée semblait savoir d’avance où le roi d’Aram
établissait son camp et quelles villes il projetait d’attaquer. Il transmettait
ces informations aux troupes d’Israël, qui agissaient en conséquence. Elles se
montrèrent apparemment si efficaces que le roi ennemi pensa qu’il y avait un
espion dans ses rangs. Mais un officier lui dit que c’était « Elisée, le
prophète d’Israël, qui révèle au roi d’Israël les paroles que tu prononces dans
ta chambre à coucher » (2 Rois 6:12).
Elisée, à cette
époque, se trouvait à Dotân, à une quinzaine de kilomètres au nord de Samarie,
et le roi d’Aram y expédia une unité avec mission de le capturer. Elisée
invoqua le Seigneur et ceux qui devaient s’emparer de lui furent frappés de
cécité. Le prophète Elisée alla alors vers eux, leur offrit de leur servir
de guide, et leur promit de les mener à l’homme qu’ils cherchaient.
Il les conduisit
ensuite droit sur Samarie, oĂą il les remit au roi, qui voulait les tuer. Mais
Elisée conseilla la clémence, et après leur avoir donné à manger, on leur
permit de regagner sans ennuis leurs quartiers. Ce sage acte politique valut un
répit aux Israélites.
Plus tard
encore, lorsque les AramĂ©ens envahirent Ă nouveau IsraĂ«l, ils rĂ©ussirent Ă
pénétrer jusque devant Samarie, la capitale, et y mirent le siège. Le
peuple en ville mourait de faim, et le roi en faisait retomber la faute sur
Elisée, qui leur avait dit d’avoir confiance dans le Seigneur.
Au moment
critique, alors que la situation était désespérée et la ville près de
capituler, les Araméens disparurent brusquement. Sur l’intervention d’Elisée,
le Seigneur avait fait qu’ils crussent entendre, dans la nuit, la rumeur d’une
grande armée marchant contre eux.
Incapables de
s’expliquer cet imaginaire brouhaha, ils avaient pensé que c’était une armée de
troupes anatoliennes et Ă©gyptiennes qui, probablement, avaient dĂ» conclure une
alliance avec Israël. Craignant d’être surpassés en nombre, ils s’étaient
enfuis en désordre.
Comme nous
l’avons vu, aussi longtemps que Joram fut sur le trône et le pays menacé,
ElisĂ©e et ses pieux partisans soutinrent le roi contre l’envahisseur. Mais, Ă
aucun moment, ils ne renoncèrent à critiquer la politique intérieure de Joram.
Ce n’était ni un chef dans la tradition de l’Alliance, ni un ferme défenseur des
lois de l’Alliance.
Au contraire, il
n’avait rien fait pour écraser le culte païen, sa mère Jézabel était toujours
libre et active, et lui-même comme les membres privilégiés de sa maison étaient
plus attirés par a permissivité, la décadence et le luxe d’une cour phénicienne
que par les sévères, austères et moraux principes qu’on attendait des leaders
d’Israël.
Une part des
critiques formulées par les prophètes trouva un écho dans les ranges de l’armée
et cela, joint à l’insatisfaction des officiers devant la manière inefficace
dont était menée la guerre contre les Araméens (Joram n’était à l’évidence ni
un Saül ni un David), fit lever un ferment révolutionnaire parmi les cadres de l’armée.
Elisée, dans sa
fidélité non point envers le pays et le roi, mais envers le pays et la foi, s’y
montra favorable, et entièrement disposé à saisir toute occasion de remplacer
Joram.
Au beau milieu
d’une campagne, alors qu’IsraĂ«l avait Ă©tabli son camp contre les AramĂ©ens Ă
Ramot de Galaad, profitant de ce que le roi était alité (il avait été blessé),
l’un des généraux d’Israël, éperonné par Elisée, prit la tête d’une révolte
armée, et réussit un coup d’état.
Joram et sa mère
furent tués, et la dynastie d’Omri et d’Achab fut balayée, en accomplissement
de la prophétie d’Elie. Les prostitutions et les sorcelleries de Jézabel furent
abolies, les temples paĂŻens dĂ©truits, leurs prĂŞtres et leurs adorateurs mis Ă
mort, et le culte de baal et d’achéra fut extirpé.
Elie et Elisée, fougueux soldats de Dieu
Les deux
prophètes du 9e siècle avant Yeshoua/Jésus-Christ, notamment Elie, comptent au
nombre des prophètes de la Bible qui ont le plus de couleur et de relief.
Ils furent les
soldats de D.ieu, combattant l’idolâtrie païenne. Ils réprimandèrent les rois,
défendirent les opprimés, et contribuèrent de manière unique au développement
moral de la nation, en ces premiers temps de monarchie divisée.
Ils furent
d’étranges prophètes, différents de tous ceux qui vinrent avant ou après eux.
Aucun des deux
n’aurait pu revendiquer les qualités d’homme d’état de leurs
prédécesseurs. Les affaires d’état n’étaient pas leur style.
Ni l’un ni
l’autre non plus n’était possédé du génie poétique de leurs successeurs, encore
qu’en certaines circonstances Elie eût utilisé les mots d’une manière que ne
devaient Ă©galer que les plus grands stylistes de la Bible.
Tous deux
avaient un tempérament de feu, tous deux étaient des volcans de fanatisme, et
c’était exactement ce qu’il fallait Ă cette Ă©poque, pour arracher le peuple Ă
son ambivalence et à sa vanité.
Elie demeure
aujourd’hui l’un des grands héros de la tradition nationale. Et, plus peut-être
que n’importe quel prophète de l’Ancienne Alliance/Ancien Testament, il grade
encore une vivante emprise sur l’esprit du public ; il est même le sujet de
chansons populaires chantées dans la moderne Israël.
Dans la
tradition juive, Elie continue à errer de par la terre, à réapparaître comme
l’annonciateur du Messie et de la Rédemption de l’homme.
La tradition est
longue, et était probablement bien ancrée même à l’époque biblique, car sa
réapparition est mentionnée dans les Ecritures, comme nous le voyons chez
Malachie, prophète du 6e siècle :
« Voici que Je vais vous envoyer Elie le prophète avant que
n’arrive Mon Jour, grand et redoutable » (Malachie 3:23)
Aujourd’hui, au
seder de la Pâque célébrée par les Juifs dans le monde entier, une coupe de vin
supplémentaire est versée pour Elie, et la porte reste ouverte, pour le cas où
il entrerait.
Extrait
du livre « Dans les pas des Prophètes » de Moshe Pearlman.
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Source :
https://el-bethel.fr
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