La
formule biblique est plus exactement celle-ci : «Je suis le Dieu
d’Abraham, d’Isaac et de Jacob[1]». C’est
ainsi que Dieu se présente à Moïse lors de la rencontre du buisson ardent. Ces
noms sont évoqués parce que l’Éternel a choisi de se révéler à des
hommes, qui sont des chefs de familles. Car Dieu a pour objectif de
faire alliance avec une famille, entre toutes les familles de la terre.
D’abord celle d’Abraham, puis celles de sa postérité.
Il
veut y révéler sa fidélité, au-delà des hommes qu’il a
choisis, et visiter leurs enfants, et les enfants de leurs enfants. Ce principe
est valable pour chacun de nous : lorsque nous répondons à son appel, à son
alliance, lorsque nous le prenons pour notre Dieu, cela entraîne une cascade de
bénédictions qui vont dépasser très largement le cadre de notre vie
personnelle. Parce que Dieu «voit» la famille, il vise la famille.
Lorsqu’Il
dit à Abraham « Je te rendrai fécond à l’infini» (Gen. 17/6),
ce dernier a 99 ans, mais il n’a pas encore d’enfants … Dieu lui parle, mais il
s’adresse déjà à sa postérité au travers de lui.
Trois femmes stériles
«Je
suis le Dieu de Sarah, de Rebecca et de Rachel» :
trois femmes de prophètes, trois femmes stériles. Elles ont fait l’expérience
de la grâce de Dieu, dans leur humiliation, leur détresse, leur frustration.
La
stérilité naturelle a empêché Sarah, Rebecca et Rachel d’entrer dans leur
vocation spirituelle : elles étaient les « femmes de », d’Abraham,
Isaac et Jacob, et à ce titre elles DEVAIENT d’une certaine manière engendrer
une postérité, pour jouer leur rôle d’épouse. Mais elles ont été placées dans
l’impossibilité de jouer leur rôle essentiel, qui consistait à donner la vie.
Elles
ne l’ont pas toutes vécu de la même manière — et il y a une intéressante étude
à faire à ce propos. Leur stérilité était une frustration destructrice
pour leur couple, surtout avec les enjeux que ces femmes-lĂ ont connu. Elles
ont vécu l’abaissement, l’humiliation, le doute, la peur du rejet, l’insécurité,
le chagrin, la souffrance, le désespoir … Et il est important de signaler ici
un fait notable, qui n’est pas du tout à classer dans la catégorie des détails
: ces hommes, leurs maris, chacun d’entre eux, aimaient leurs femmes,
en dépit de leur infirmité. Ce n’est pas quelque chose de logique dans
cette situation-lĂ et Ă cette Ă©poque-lĂ , mais ils les aimaient, ils Ă©taient
attachés à leurs épouses. Ils auraient pu les délaisser, les mépriser, les
abandonner, mais ils n’en ont rien fait.
Nous
pouvons dire que l’Éternel a été le Dieu de Sarah, de Rebecca et de
Rachel parce qu’Il est venu à leur secours lorsque ces femmes ont
pleuré et souffert dans leur condition, et que c’est Lui qui les a fait entrer,
par pure grâce, par SA volonté, dans leur bonheur et dans leur destinée, alors
qu’elles étaient privées de paix et de joie. Dieu ne laisse pas la stérile de
côté pour aller chercher une autre personne qui est fertile, il n’est pas ce
Dieu-là . Il veut que la bénédiction passe par le lieu impossible, il veut la
postérité avec celle qui est stérile.
La vision prophétique d’Israël et de
l’Église
Par
Ses prophètes, Dieu parle à Son peuple qui traverse un temps d’abaissement et
d’humiliation (à cause de sa désobéissance), qui va le conduire jusque dans la
ruine, comme il l’en avait averti dans le livre du Deutéronome (28). Et en même
temps qu’il leur annonce des temps terribles, qui vont effectivement mettre un
terme à l’existence politique et militaire d’Israël, Dieu communique un message
d’espoir et de bonté, qui s’inspire de la vie de Sarah, de Rebecca et de
Rachel :
EsaĂŻe
54/1 : « Exulte, stérile, qui n’enfantais pas; éclate
en chants de triomphe, et pousse des cris de joie, toi qui n’as pas été en
travail ! car les fils de la désolée sont plus nombreux que les fils de la
femme mariée, dit l’Eternel»
Au
milieu de ces générations indifférentes à l’appel de Dieu, ou qui méprisaient
sa sainteté, Il a trouvé néanmoins des personnes qui souffraient et pleuraient
à cause de la gloire perdue, de la paix perdue, et qui comprenaient son cœur.
C’est à eux que l’Éternel parle dans Esaïe 54, et aussi dans Esaïe 66 :
EsaĂŻe
66/2 : « Voici sur qui je porterai mes regards: Sur celui qui souffre
et qui a l’esprit abattu, brisĂ©, Sur celui qui craint ma parole, qui tremble Ă
ma Parole»
C’est
à Israël que cette parole a été
adressée, mais aussi d’une manière
universelle Ă tous ceux qui souffrent, qui aiment Dieu
et Sa Parole, et qui font partie de l’Israël spirituel :
«Si
vous êtes du Christ, vous êtes donc la semence d’Abraham, héritiers selon la
promesse» (Gal. 3/ 29)
«
Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement; et la circoncision, c’est
celle du coeur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne
vient pas des hommes, mais de Dieu» (Rom 2/29)
Dieu veut consoler
ceux et celles qui souffrent à cause de la stérilité, de leur stérilité, mais
aussi de la stérilité de l’Église. Ceux qui sont abattus à cause de la gloire
perdue, affligés à cause de la légèreté du peuple de Dieu. Ceux et celles qui
pleurent et qui désirent travailler au rétablissement de la maison de
l’Eternel, partout où elle est en ruine.
C’est
pourquoi nous pouvons affirmer que ceux et celles qui ne sont pas dans la
frustration, qui n’ont pas à cœur le relèvement de ce qui est tombé, qui ne souffrent
pas de leur stérilité et qui ne pleurent pas face aux murailles
abandonnées … sont en danger spirituel.
Parce
qu’ils sont davantage proches des symptômes de la maladie de l’église de
Laodicée qui dit : «je suis riche, je n’ai besoin de rien …» (Apoc.
3). Le christianisme qui ne cherche pas à enfanter, qui n’a pas soif de voir
des conversions basées sur une repentance qui change et qui transforme les
vies, mais qui se contente d’entretenir un fonctionnement religieux,
d’organiser des évènements, d’enregistrer des engagements sans suites … se
rapproche davantage de Laodicée que des héritiers de la promesse.
Il
ne s’agit pas de catégoriser les personnes, ou de stigmatiser les tièdes : nous
sommes tous plus ou moins charnels, nous sommes tous plus ou moins tièdes, plus
ou moins légalistes, à un moment ou à un autre de notre vie. Mais ce qui fait
une différence, c’est notre conception de la VIE, notre attente, notre
aspiration : notre capacité de reconnaître le vrai du faux, l’original de la
copie. Et que nous soyons des porteurs de la vraie vie, chacun d’entre nous.
Voilà ce qu’est l’église. Elle n’enfante pas pour elle-même. Elle est l’épouse
de Christ, elle enfante pour Lui.
Lorsque la vie véritable est manquante,
il devrait alors apparaître une frustration, une (des)espérance, une recherche
ardente, une vive attente, une prière angoissée, une supplication : Seigneur,
ne me laisse pas mourir dans cet état ! Père, je te supplie : je crois que tu
veux que je porte la vie, et je veux moi aussi porter la vie ! Fais passer
cette stérilité. Guéris-moi et je serai guéri ! Conduis-moi en face de la
réalité et si quelque chose m’incombe, montre-le moi. Si je retiens quelque
chose, montre-le moi. Mieux vaudrait pour moi tout perdre et entrer dans Ta
Vie, que de tout conserver et d’être privé de cette Vie abondante. Hâte
l’heure.
Mais
une église (ou un enfant de Dieu) qui s’est résigné(e) préférera investir dans
une stratégie aux résultats faciles et aux fruits plutôt visibles. C’est
exactement ce que Sarah a pensĂ© faire en offrant sa servante Ă©gyptienne Agar Ă
son mari Abraham. Sursoir à la stérilité par des moyens humains, dans le but
d’enfanter la promesse.
Les enfants de la délaissée
Galates
4/22 : « il est écrit qu’Abraham a eu deux fils, l’un de la servante,
et l’autre de la femme libre. 23Mais celui qui naquit de la servante naquit
selon la chair, et celui qui naquit de la femme libre naquit par la promesse.
24Ces choses doivent etre prises dans un
sens allégorique: car ce sont deux alliances, l’une du mont Sinai,
enfantant pour la servitude, et c’est Agar (La justification par la loi).
25Agar est le mont Sina, en Arabie, et correspond Ă la JĂ©rusalem de maintenant,
car elle est dans la servitude avec ses enfants. 26Mais la Jérusalem d’en haut
est la femme libre qui est notre mère. 27Car il est écrit: Réjouis-toi,
sterile qui n’enfantes point; éclate de joie et pousse des cris, toi qui n’es
point en travail d’enfant; car les enfants de la délaissée sont
plus nombreux que les enfants de celle qui a un mari. 28Or vous, frères, comme
Isaac, vous ĂŞtes enfants de promesse. 29Mais, comme alors celui qui
était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit, il en
est de même aussi maintenant. 30Mais que dit l’Ecriture? Chasse la servante et
son fils, car le fils de la servante n’héritera point avec le fils de la femme
libre.
31Ainsi,
frères, nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre.»
Toute
forme de christianisme enfanté en dehors du moyen de Christ (de la vie
véritable, avec toutes ses exigences) existera pour le malheur des enfants de
Dieu. Aujourd’hui, on engendre une multitude de croyants qui prennent leur
place dans l’Église, nés d’une culture chrétienne qui est notre Agar moderne.
Dans l’ADN de leur conversion, si la croix n’a pas été plantée, il y a la
recherche du bonheur terrestre, du plaisir et l’intérêt personnel. Et ces
choses sont infusées dans le Corps. On leur a demandé d’accepter Jésus-Christ,
sans leur expliquer que c’est Lui qui les acceptera s’ils se repentent.
Ces
croyants-là participeront davantage à un humanisme chrétien — une religion en
mal de légitimité au sein du monde dans lequel elle vit — qu’à une vision et un
message qui condamne le monde et toutes ses œuvres depuis l’origine. Mais on ne
peut pas mordre la main qui nous nourrit, on ne peut pas condamner ce dont nous
faisons partie. Pour condamner le monde et entrer dans le corps de ceux
qui jugeront de toutes choses, il faut accepter d’en sortir. Le propre
du vrai christianisme a toujours été d’être à part. Mais il est de plus en plus
difficile de comprendre cette notion, comme si «à part» n’existait plus.
Ce
christianisme laissera le monde lui dicter ce en quoi il peut encore croire, et
ce qu’il doit abandonner de l’ancienne foi. Déjà nous constatons que la Vérité
absolue n’existe plus. Et cela doit se produire afin que le visage humain et
terrestre prenne la place du visage céleste. Et lorsque cette image remplacera
l’image du Véritable, et que la Vérité sera administrée par l’Homme, ôtant et
ajoutant parmi les articles inspirés, alors la marque de la Bête viendra. C’est
le temps du veau d’or, un Dieu terrestre qui continue de porter le nom du
céleste, mais qu’on dépouille de ses attributs pour le revêtir de l’équipement
humaniste.
C’est
la raison pour laquelle le psalmiste écrivait : « Tes adversaires
ont rugi au milieu de ton temple; Ils ont établi pour signes leurs signes… Ils
ont mis le feu à ton sanctuaire; Ils ont abattu, profané la demeure de ton nom.
Ils disaient en leur coeur: Traitons-les tous avec violence! Ils ont brûlé dans
le pays tous les lieux saints.
Nous
ne voyons plus nos signes; Il n’y a plus de prophète, Et personne parmi nous
qui sache jusqu’à quand… » (Psaume 74/4 et 7 à 9)
Le
Dieu de Sarah, de Rebecca et de Rachel veut encore donner la vie, la vie
véritable, à des enfants qui sont encore à naître, «non par la volonté
de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de celle de Dieu … à ceux-là ,
qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu» (Jean
1/12, 13).
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[1] Exode 3/6 : « Et il
ajouta: Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le
Dieu de Jacob. Moïse se cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu».