Comment les relations marchandes sont destinées à être
bannies du Royaume de Dieu.
Pour clarifier ce qui va suivre, il est important de bien saisir le sens des
mot grecs et hébreux que nous employons.
En grec, le mot « basileia » (152 fois dans le NT) signifie
« pouvoir », « autorité établie », mais aussi
« règne », « royaume ». Il a donné un verbe :
« basileuo » qui signifie « régner », « exercer
son autorité ». Nous pouvons ainsi comprendre que dans la plupart des
passages connus où il est question du « Royaume de Dieu », il
est possible de traduire par « le règne de Dieu ».
Luc 9:2 « Il les envoya prêcher le Royaume (basileia) de
Dieu, et guérir les malades. » Peut donc se traduire aussi : « Il
les envoya proclamer le Règne et l'Autorité de Dieu et (par
conséquent) guérir les malades ».
« Que ton règne (basileia) vienne; que ta volonté soit faite sur la
terre comme au ciel.... Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les
siècles, le règne(basileia), la puissance et la gloire. Amen! » (Mat.
6. 10 et 13.)
Dans
le cadre de cette petite étude, nous n'allons aborder qu'un aspect de ce Règne
(ou de ce Royaume), celui du Don. Et nous allons voir que ce principe
divin qui « ne cherche pas son intérêt » (1 Cor. 13. 5.)
s'oppose symétriquement à un principe charnel que j'appellerai « la
relation marchande », le « donnant-donnant ».
Selon ce qui est écrit :
« Je dis donc: Marchez selon
l’Esprit, et vous n’accomplirez pas les désirs de la chair. Car la chair a
des désirs contraires à ceux de l’Esprit, et l’Esprit en a de contraires à ceux
de la chair; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que
vous voudriez. » (Gal. 5. 16-17.)
Il y a donc face à nous, deux règnes qui s'opposent et qui nous empêchent d'être
autonomes et indépendants. C'est dans ce contexte que doit s'exercer la liberté
que Dieu a donnée à l'homme et qui ne consiste non pas à lui permettre de faire
tout ce qu'il veut en toute indépendance, mais à choisir
l'autorité qui va régner sur lui.
« Ne savez-vous pas qu’en vous livrant à quelqu’un comme esclaves pour
lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché qui
conduit à la mort, soit de l’obéissance qui conduit à la justice? »
(Rom. 6. 16.)
« Car chacun est esclave de ce qui a triomphé de lui. » (2
Pierre 2. 19.)
Ceux qui accueillent la Bonne Nouvelle du Règne
de Dieu
reçoivent à ce moment là une nouvelle identité glorieuse, celle « d'enfants
de Dieu » (Rom. 8. 21.). Car le Christ n'est pas venu faire de nous
des esclaves du bien, mais des enfants de Dieu, héritiers de leur Père. Selon
qu'il est écrit :
« En vérité, en vérité, je vous le dis, leur répliqua Jésus, quiconque
se livre au péché est esclave du péché. Or, l’esclave ne demeure pas toujours
dans la maison; le fils y demeure toujours. Si donc le Fils vous affranchit,
vous serez réellement libres. » (Jean 8. 34-36.)
Dès les temps éternels, Dieu a projeté d'établir son règne d'amour sur toute sa
Création. Pour que nous en comprenions le sens, le Fils nous a donné une prière
qui nous montre le désir et l'impulsion de l'Esprit :
« que ton Règne vienne; que ta volonté soit faite sur la terre comme au
ciel. » (Mat. 6. 10.)
Mais pour que ce Règne s'établisse, le peuple de Dieu est confronté au choix de décider qui va être son Seigneur.
Et une fois ce choix clairement exprimé, il est
continuellement confronté à un accomplissement quotidien qui doit le confirmer. Le Christ nous
apprend très clairement que les disciples du Christ sont confrontés à cette
alternative constante entre deux directions qui s'opposent :
« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera
l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez
servir Dieu et Mamon. » (Mat. 6. 24.)
Pour bien comprendre ce que signifie cette alternative, il est important de
bien savoir qui est ce « Mamon » qu'il ne faudrait pas servir sous
peine de s'attacher à lui, au point d'en arriver à haïr notre Sauveur. Je vous
laisse ici l'explication d'un dictionnaire biblique :
« « « MAMMON ou MAMON (tiré du dictionnaire Westphal)
Dans
le N.T., Mamônâs, forme grecque d’un mot d’origine incertaine, mais qu’on
retrouve dans les idiomes phénicien et syriaque. Ce terme est employé deux fois
par Jésus, au cours du Sermon sur la montagne {#Mt 6:24} et dans la parabole du
serviteur infidèle {#Lu 16:9,11,13}; dans ce dernier passage, nos traducteurs
n’ont conservé le terme grec qu’au v. 13, et l’ont traduit par richesse («richesses injustes» pour «mammon
d’iniquité») dans les versets 9 et 11.
Pour
expliquer ce mot, on l’a fait venir de la racine hébraïque aman, qui exprime
l’idée de fermeté, de solidité, de fidélité, et que les LXX et nos versions
françaises ont parfois rendue par: trésor {#Esa 33:6}; Mammon serait donc la
richesse considérée comme fondement du bonheur, comme seule chose nécessaire Ã
la vie.
D’autres
commentateurs, suivant peut-être l’inspiration de Milton, poète mais non
critique, parlent d’une divinité adorée à Tyr sous ce nom: Mammon, génie
préposé à la recherche et à la conservation des richesses, aurait eu son idole
dans la grande cité des commerçants phéniciens. Aucune trace de ce
culte, aucun fait ne permettent d’affirmer ou même de supposer l’existence de
ce dieu Mammon.
St
Augustin dit: lucrum punice
Mammon dicitur, c’est-à -dire que CE MOT EN PHÉNICIEN DÉSIGNE LE
GAIN; il semble que c’est dans ce sens que nous devons l’entendre. Mammon,
c’est la richesse qui provient du commerce, des affaires, et non des biens
héréditaires; c’est donc l’esprit de lucre que Jésus condamne, cette soif
d’acquérir, de s’enrichir qui, née de la convoitise et du mécontentement de son
sort, pousse l’homme à y consacrer toutes ses forces et ses pensées et risque
de l’entraîner à des actes coupables. Mammon, c’est moins la richesse
que le désir, la poursuite de la richesse; c’est bien le mal de notre
siècle. P. B.-M. » » »
Nous pouvons déjà remarquer que ce mot n'est
pas tiré du vocabulaire agricole, mais vient d'un concept commercial. En effet,
celui qui sème une semence ne le fait pas dans un calcul de bénéfice et de
pourcentage. Il se contente de jeter sa semence avec l'espérance d'en tirer une
récolte, cependant elle ne dépendra pas de ses calculs de pourcentages, mais
d'éléments variables sur lesquels il n'a aucune prise. Le fruit dépendra du ciel
pour ce qui concerne la soleil et la pluie, et de la terre qui accueillera plus
ou moins bien cette semence et qui par voie de conséquences portera plus ou
moins de fruits, ou même pas du tout. (Voir à ce sujet la « parabole du
Semeur » : Mat. 13. Marc 3; et Luc 8. Et aussi Marc 4, 26-29.).
En relisant ces Textes Inspirés, nous pouvons
facilement remarquer que nous sommes bien loin de « l'argument
boursier » actuel des propagateurs de la dangereuse « théologie de la
prospérité », qui prétendent qu'en semant de l'argent on en récolte
automatiquement 100 fois plus...
Il est important de comprendre que les
enseignements du Christ contenus dans les Évangiles, sont enracinés dans une
langue et une culture hébraïque qui leur a servi de creuset et de moule. C'est
dans ce contexte que la Torah met déjà fondamentalement en opposition deux
modes de vie, images de deux conception opposées de la relation à la divinité
et aux prochains : d'un côté celui de nomades, bergers transhumants « étrangers
et voyageurs sur la terre » (Heb. 11. 3 et 1 Pierre 2. 11.), et de
l'autre celui des « cananéens » (ce mot signifie aussi « marchands ») installés
dans le monde et vivant dans une relation marchande avec les divinités et avec
leurs voisins. Ces « anciens habitants » sont l'image du
« vieil homme » qui a dirigé notre vie avant la
conversion et qu'il va falloir faire disparaître complètement jusque dans ses
schémas mentaux, pour ne pas être pollués par sa conception intéressée et
calculatrice des relations.
« je livrerai entre vos mains les
habitants du pays, et tu les chasseras devant toi. Tu ne feras point d’alliance
avec eux, ni avec leurs dieux. Ils n’habiteront point dans ton pays, de peur
qu’ils ne te fassent pécher contre moi; CAR TU SERVIRAIS LEURS DIEUX, ET CE SERAIT UN PIÈGE POUR TOI. »
(Exode 23. 31-33.)
Nous voyons ici la racine de l'avertissement
du Seigneur dans Mar. 6. 24 que nous citions plus haut et le danger que
représente le fait de « servir » un autre maitre que le Dieu
de grâce manifesté en Jésus Christ. Nous pouvons alors comprendre que
l'histoire de la conquête du Pays de la promesse que nous trouvons au début de
nos Bibles, est le schéma du combat spirituel (1 Corinthiens 10. 11.) qui
consiste à mettre à mort le « vieil homme qui se corrompt par les convoitises
trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de notre intelligence, et à revêtir
l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit
la vérité. » (Ephésiens 4. 22.)
N'est-t-il pas symptomatique de voir que le
seul moment où le Seigneur se met en colère c'est précisément contre ces
« marchands du Temple » qui ont fait de la maison de son Père « une
maison de trafic » (littéralement en grec : « une maison de
commerce » : Jean 2. 16.) ? Nous nous trouvons là devant une action
prophétique qui nous manifeste le projet de Dieu qu'avait annoncé le prophète
Zacharie :
« Et il n’y aura plus de marchands
(litt. « plus de cananéens ») dans la maison de l'Éternel des armées,
En ce jour-là . » (Zacharie 14. 21.)
Nous retrouvons aussi cette même idée du
jugement qui frappera les « haut-lieux » du commerce, typifiée
par « le roi de Tyr » dans Ezéchiel 28 et par « Babylone »
dans l'Apocalypse 18.
Puisque nous savons aujourd'hui que nous
sommes, chacun pour notre part, les « pierres vivantes » qui
forment « l'édifice de Dieu » (1 Pierre 2. 5 - 1 Cor. 3. 9.),
il est facile de comprendre que nous sommes animés par le même Esprit qui
agissait en Josuée lors de la conquête du Pays et en Jésus lorsqu'il nettoyait
le Temple.
Il est donc important de bien savoir
reconnaître cet Ennemi que la Bible appelle les « marchands »
ou « Mamon ». Cet Ennemi est aussi symbolisée par le chiffre
« six cent soixante six » (666, Apoc. 13. 18.), en référence
aux richesses qui arrivaient chaque année à Salomon (1 Rois 10. 14.) et qui
l'ont malheureusement éloignées de l'adoration au seul Dieu de grâce, pour en
arriver à construire des temples à une multitude de divinités étrangères qui
l'ont amené, lui et le peuple, sous le jugement divin. Cet Ennemi a commencé
son oeuvre dans le jardin d'Eden, lorsqu'il a mis dans le coeur de nos ancêtres
le désir d'un « toujours plus » qui en a chassé le contentement qui
devait les remplir, et il continue son oeuvre destructrice encore aujourd'hui
dans les coeurs de tous ceux qui n'arrivent pas à se contenter de ce qu'ils
reçoivent d'En Haut :
« C’est, en effet, une grande source
de gain que la piété avec le contentement » (1 Tim. 6. 6.)
Mais pour l'esprit
du monde, il est écrit :
« Par la grandeur de ton commerce Tu as
été rempli de violence, et tu as péché; Je te précipite de la montagne de
Dieu, Et je te fais disparaître...
Par la multitude de tes iniquités, Par l’injustice de
ton commerce, Tu as profané tes sanctuaires; Je fais sortir du milieu de toi
un feu qui te dévore, Je te réduis en cendre sur la terre, Aux yeux de tous
ceux qui te regardent. Tous ceux qui te connaissent parmi les peuples Sont dans
la stupeur à cause de toi (Apoc. 17. 6.); Tu es réduit au néant, tu
ne seras plus à jamais! » (Ez. 28. 16 et 18-19.)
A ce propos, il me semble qu'il serait
important de bien faire remarquer que le « commerce » qui est dénoncé
dans les Écritures, ne concerne pas seulement les échanges de richesses
matérielles « sonnantes et trébuchantes », mais révèlent qu'il s'agit
d'un mal beaucoup plus profond dont l'appat du gain n'est qu'un symptôme.
Fondamentalement il s'agit de l'injustice sur lequel sont bâtis ces échanges.
Là où l'Écriture nous apprend que la nature
même de Dieu est d'être riche en bonté envers tous, même envers les « méchants
et les ingrats » (car Dieu fait pleuvoir et briller son soleil
indifféremment « sur les bons et les méchants » Mat. 5. 45.),
l'esprit de commerce qui règne dans le monde dominé par la chair, ne cherche Ã
s'orienter que dans des investissements rentables qui enrichissent celui qui
les fait.
C'est ainsi que depuis que nous sommes tout
petits, nous commençons par essayer de mériter l'amour de nos parents, puis de
nos amis, puis des gens qui nous entourent, en adoptant des attitudes qui
plaisent et des manières de penser et d'agir qui sont comme des investissements
dont nous attendons une gratification. Nous « payons » de différentes
manières l'amour et la considération que nous voulons recevoir, alors que
l'Écriture nous apprend que Dieu les donne gratuitement à ceux qui croient en
Celui qu'il a envoyé. Quelle formidable dépense d'énergie mal orientée !
L'Écriture appelle cette façon de faire :
« manquer le but »; mais nos Bibles françaises ont traduit
cette expression par le verbe « pécher », qui est tellement
connoté par la religion qu'on s'imagine que ce mot veut simplement dire « faire
le mal », alors qu'il signifie plus précisément : « rater le
bien ».
Comparons :
L'amour est désintéressé et donne sans
compter. Alors que le « marchand » ne donne que
par calcul, en fonction de ce que l'investissement doit lui rapporter.
Le
Divin Epoux donne sa vie à sa promise, alors que le conjoint charnel ne donne
qu'en fonction de ce que son vis à vis va lui apporter en échange.
Etc...
Ne nous faisons pas d'illusions! Ce combat
n'est pas seulement un combat symbolique et abstrait qui ne concernerait que
les théologiens. Chacun de nous avons encore, dans certains aspects de nos vies,
des « anciens habitants » à débusquer et à chasser, pour que
le règne du Don de Dieu s'établisse sur la totalité de nos pensées et de nos
actes.
Il n'est pas question de « faire alliance avec les anciens
habitants ». Il est nécessaire de chasser les « marchands »
qui sont devant nous et de prendre possession du terrain ainsi libéré. c'est ce
que Paul appelle « le renouvellement de notre intelligence »
(Rom. 12 .1.)
A nous d'être attentifs à la Voix qui nous
guide dans la conquête des promesses qui nous ont été données. Car le combat ne
se terminera que lorsque nous serons véritablement entrés dans le repos de
Dieu. En attendant ce moment merveilleux, n'oublions pas ces exhortations :
« que le juste pratique encore la
justice, et que celui qui est saint se sanctifie encore. » (Apoc. 22.
11.)
« Recherchez la paix avec tous, et la
sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur. » (Heb.
12. 14.)
« Que le péché ne règne donc point
dans votre corps mortel, et n’obéissez pas à ses convoitises. »
(Romains 6:12.)
« afin que, comme le péché a régné par
la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par
Jésus-Christ notre Seigneur. » (Romains 5:21.)
« Si par l’offense d’un seul la mort a
régné par lui seul, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la
grâce et du don de la justice régneront-ils dans la vie par Jésus-Christ lui
seul. » (Romains 5:17.)
« Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous
êtes riches, sans nous vous avez commencé à régner. Et puissiez-vous régner en
effet, afin que nous aussi nous régnions avec vous! » (1 Corinthiens
4:8.)
« tu as fait d’eux un royaume et des
sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre. » (Apocalypse 5:10.)
JLB
Source : http://blog-porte-parole.blogspot.fr