...la sagesse et la science
humaines, quelque valeur qu'elles puissent avoir par ailleurs, ne peuvent
jamais faire de personne un serviteur de Dieu, ni qualifier quelqu'un pour
remplir une charge quelconque dans le service divin. Elles peuvent rendre l'homme
irrégénéré propre à jouer un rôle devant le monde - mais il faut que celui que
Dieu veut employer soit doué de qualités bien différentes, et qui ne
s'acquièrent que dans la sainte retraite de la présence de Dieu.
Tous les serviteurs de Dieu ont
dû apprendre par expérience la vérité de ce que nous venons de dire: Moïse
en Horeb, Élie au torrent de Kérith, Ézéchiel près du fleuve
Kebar, Paul en Arabie et Jean à Patmos. Et si nous considérons le
divin Serviteur (JĂ©sus), nous voyons que le temps qu'il passa dans la
retraite a été à peu près dix fois aussi long que celui de son service public.
Bien qu'il fût parfait en intelligence et en volonté, il passa trente années
dans la maison obscure d'un pauvre charpentier de Nazareth avant que de
paraître en public. Et encore quand il fut entré dans sa carrière active,
combien de fois ne se retirait-il pas loin du regard des hommes, pour jouir
dans la retraite de la douce et sainte présence de Dieu !
Mais comment, demandera-t-on
peut-être, pourra-t-on jamais répondre au besoin pressant d'ouvriers qui s'est
toujours fait sentir, s'il est nécessaire que tous passent par une éducation
secrète aussi prolongée ? C'est ici l'affaire du Maître, non la nôtre. C'est
lui qui sait susciter les ouvriers, et c'est lui aussi qui sait les former. Ce
n'est pas lĂ une oeuvre d'homme. Dieu seul peut susciter et former un vrai
serviteur, et s'il met du temps Ă l'Ă©ducation d'un tel homme, c'est qu'il le
trouve bon, car nous savons que, si telle était sa volonté, un instant lui
suffirait pour accomplir cette oeuvre. Une chose est Ă©vidente, c'est que Dieu
a tenu tous ses serviteurs beaucoup seuls avec Lui, soit avant, soit après
leur entrée dans leur service public - et sans cette discipline, sans
cet exercice secret, nous ne serons jamais que des théoriciens stériles et
superficiels.
Celui qui s'aventure dans une carrière publique sans s'être
dûment pesé à la balance du sanctuaire, sans s'être mesuré lui-même en la
présence de Dieu, ressemble à un vaisseau mettant à la voile sans être
convenablement lesté, et qui ne peut que sombrer au premier coup de vent. En
revanche, il y a dans celui qui a passé par les différentes classes de l'école
de Dieu, une profondeur, une solidité, une constance qui sont des éléments
essentiels dans la formation du caractère d'un vrai serviteur.
C'est pourquoi, quand nous voyons
Moïse éloigné, à l'âge de quarante ans, de tous les honneurs et de toute
la magnificence d'une cour, pour passer quarante années dans la solitude
d'un dĂ©sert, nous pouvons nous attendre Ă le voir fournir une "carrière" remarquable. La main de l'homme est inhabile Ă façonner "un vase Ă
honneur, utile au Maître" (2 Timothée 2:21). Dieu seul en est capable.
d'après Charles Henry Mackintosh,
sur Exode 3 (extrait)