Dieu désire être notre sécurité. Dans les Psaumes, on voit apparaître
d’une manière évidente et répétitive que David avait saisi cette dimension, et
pas seulement à cause de ses années d’insécurité et de dangers. Mais également
en raison d’une aspiration profonde dans son esprit à une communion avec son
Dieu, une communion si étroite que c’est elle qui devient sa sécurité : «j’ai confiance en Dieu car je lui ai demandé une
chose que je désire ardemment, c’est d’habiter dans la maison de l’Éternel tous
les jours de ma vie» (Ps
27). David avait expérimenté quelque chose de l’amour de Dieu, de la présence
de Dieu dans sa vie, qui était devenu le centre de gravité de toute son
existence.
Souvent (presque toujours d’ailleurs)
David développe cet aspect de la sécurité de Dieu, qui est cherchée, trouvée,
parfois perdue, désirée, retrouvée, louée, exaltée : «Mon Dieu : mon abri, ma forteresse, mon rocher,
ma caverne, mon lieu fort…», des termes qui font DE DIEU
LUI-MÊME la sécurité de David, dans la droite ligne de ce qui avait été révélé
à Abraham : «Je suis l’Éternel …
ton bouclier, et ta très grande récompense» (Gen. 15). C’est en Dieu que David
satisfait le besoin de son âme à la sécurité parfaite : «même ma chair repose en assurance» (Ps. 16/9).
Il y a quelque chose dans l’homme
naturel qui fait que nous comptons avant tout sur nous-mĂŞme pour notre
sécurité. C’est un verrou profond, un mode de fonctionnement qui relève de
l’instinctif, un blocage enfoui dans l’inconscient qui remonte sans doute au
traumatisme originel : l’homme naturel a été coupé du Créateur, retranché du
jardin d’Eden, chassé de Sa présence. Et comme Caïn s’est littéralement «éloigné de la face de Dieu» pour aller construire une ville — afin
de recréer des conditions de protection et de sécurité — nous aussi, nous nous
inscrivons dans ce fonctionnement-là , qui préside à l’ensemble de nos choix et
de nos décisions : nous comptons instinctivement davantage sur nous-même que
sur Dieu, parce que, dans le naturel, nous y sommes contraints.
Mais Dieu a tendu sa main et Il a
cherché sa créature. Et David fait partie de ceux qui ont trouvé cette
communion, bien avant que l’heure de la Rédemption arrive : «Mon Dieu, en qui je me confie … En toi j’ai placé
ma confiance…» (Ps.
91/2 et PS. 31/1). Celui qui se confie en Dieu ne sera pas déçu, dit-il
souvent, mais les angoisses de ceux qui s’y refusent seront multipliées : « Maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui
prend la chair pour son appui» … (Jer. 17/5). Maudit ! C’est une pensée
importante qui impute aux choix que nous faisons beaucoup d’angoisses et de
déceptions, beaucoup d’insécurité.
Si ce principe (se confier en soi
plutôt qu’en Dieu) n’est pas dévoilé en nous, si nous n’entrons pas en
contradiction avec lui, en conflit, et s’il n’est pas remis en question
fondamentalement jusqu’à l’étape où il sera abandonné, alors nous ne pourrons
entrer (dans cette vie) dans la gloire du plein salut qui nous a été réservé.
Parce que cela nous empêchera de sortir de l’auto-protection, résultat du
système inauguré en Caïn : l’autonomie (Du grec autos : soi-même et nomos :
loi, règle : vivre selon ses propres règles). C’est elle qui nous conduit
Ă nous passer de Dieu, Ă vivre sans Dieu, Ă ĂŞtre des dieux parce que nous
croyons ĂŞtre auto-suffisants.
Dans le Naturel, nous cherchons Ă
éviter les mauvaises surprises grâce à toutes sortes d’anticipations, au moyen
de toutes sortes de boucliers matériels. Mais le cœur qui a trouvé sa sécurité
en Dieu s’inscrit dans une autre logique, et sa sécurité provient de son
assurance dans la providence divine : «… AU MAUVAIS JOUR, il
me gardera, il me protégera, il m’enveloppera, il me cachera …» (Ps. 27 et Ps. 91). Nos protections
terrestres, si nous nous confions en elles, nous protègent “si bien” qu’elles
couvrent aussi nos oreilles : elles nous rendent sourds Ă la voix de Dieu et
provoquent l’aveuglement de nos entendements. Elles disent : je n’ai pas besoin
de toi, je ne crois pas que tu ferais mieux que moi pour me protéger, me garder
…
Trouver en l’Éternel sa sécurité parfaite est
probablement la clé la plus importante de la véritable sanctification. D’une certaine manière, nous pourrions
dire que le christianisme véritable consiste entièrement à marcher sur le
chemin où Dieu DEVIENT notre sécurité, pleine et entière. Là où il devient pour
nous «le Véritable» (1
Jean 5/20). Là où Sa grâce nous suffit (2 Cor. 12/9). «L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui
aurais-je peur ? L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurais-je frayeur ?» (Ps. 27).
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