«Dieu m’a dit ceci» … «le Seigneur m’a
parlé pour me dire cela» … «le Saint-Esprit m’a montré» … Il existe une batterie d’expressions
qui sont employées par certains chrétiens pour nous faire connaître le niveau
de leur relation avec leur Dieu.
Sont-elles bien la moderne
transcription de l’expression biblique «la Parole de Dieu vint
à moi …» ou «Ainsi parle l’Eternel …» qu’employaient jadis les prophètes des
Ecritures ?… de ces paroles-là qui nous ont été transmises au travers des
siècles, et qui demeurent vivantes jusqu’à aujourd’hui ? On peut parfois en
douter.
Ces paroles-là avaient changé la vie
de ceux et celles qui les avaient reçues, et ont même conservé le pouvoir de
changer encore de nouvelles vies aujourd’hui.
Mais il n’en est pas toujours ainsi malheureusement :
de même que Jésus déplore que tous ceux qui claironnent«Seigneur, Seigneur !» n’entreront pas dans le Royaume des
cieux (Matthieu 7/21), ceux qui disent «le Seigneur m’a dit !» ne sont pas tous des porte-parole du
Saint-Esprit.
Le club des «Dieu-m’a-dit» a un avis
sur tout, et ses membres sont prolixes lorsqu’il s’agit de raconter les
communications divines dont ils sont les objets, et, fait Ă©trange, pas
seulement lorsqu’ils en sortent honorés, car ce que la chair cherche, c’est que
l’on parle d’elle. Peu lui importe que ce soit en bien ou en mal (le Seigneur
m’a dit que j’avais tort, le Seigneur m’a dit que je n’aurais pas dû parler).
Elevés au rang d’instruments privilégiés, par la formule consacrée «le Seigneur m’a dit», ils s’attendent à être écoutés
davantage que les autres, et ils y parviennent souvent. Ils ont l’apparence de
la modestie, et la mise spirituelle, mais leurs formulations finissent par
trahir la présence de leur orgueil caché.
Quant à la bande des «Dieu-m’a-dit-que-TU-devrais…», elle se situe dans la zone rouge de la
contrefaçon spirituelle, et on ne compte plus les dégâts engendrés par son
«ministère», au sein de l’église.
Dans ce club – très ouvert – des
«Dieu-m’a-dit», chacun se laisse aller à croire que ses pensées sont celles de
Dieu et que ses débats intérieurs contiennent une parole divine. La Parole
divine. De là , il ne reste plus qu’un pas à franchir pour céder à la tentation
de se glisser dans la peau d’un prophète (ou d’une prophétesse).
Le club des « Dieu m’a dit »
a sans doute toujours existé. Il est le symptôme d’une maladie
spirituelle heureusement peu répandue — faisons l’effort de le croire — et qui
consiste tout simplement à prendre ses pensées pour celles de Dieu. Là où ce
système peut s’installer (dans un cœur, dans un groupe), Dieu devient tout
bonnement humain, … et c’est probablement ce qui peut nous arriver de pire.
Source : le SARMENT