«Tu peux manger de tous les arbres du
jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras
pas, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras» (Gn 2, 16-17).
le Seigneur ordonne à l’homme de ne pas
toucher à l’arbre de la connaissance du bien et du mal. C’est le tout premier
commandement divin dont il est question dans la Bible ; sa transgression a
rendu l’homme mortel et corruptible. Vous comprenez donc l’importance d’étudier
le sens de ce précepte divin et de scruter la signification de l’image de cet
arbre. Vous devinez sans doute que cet arbre, dont il est question dans la
Genèse, est bien une image, un type, qui, dans des notions accessibles
à l’esprit humain, décrit des idées non pas matérielles, mais éminemment
spirituelles et intemporelles. Il convient donc de chercher ce qui se cache
derrière cette image, quelle réalité spirituelle est derrière ce symbole
biblique.
Nous constatons que l'homme "terrestre" (dont le type est Adam)
entretient un rapport paradoxal avec le bien et le mal.
Ici, le mot connaissance ne signifie
pas "science" ou "pur savoir". C'est plutĂ´t
une disposition intérieure vis-à -vis de ce qui nous est agréable. Ici, connaître ne
signifie pas discerner, mais Ă©prouver ou subir. A partir de lĂ , on peut
affirmer que l’arbre de la connaissance du bien et du mal est ce qui produit
une connaissance mélangée, une connaissance où le bien et le mal sont
confondus. Le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal est
donc, de ce point de vue, un acte où une dose de bien est mélangée à une dose
du mal. C’est une chose qui est bonne et mauvaise en même temps. On
pourrait dire que c’est la forme courante du péché où
le mal est souvent dissimulé sous une couche superficielle du bien.
L'homme terrestre subit donc une loi
qui l'entraîne dans le mélange du bien et du mal en même temps : exemple
d'un médecin qui fait du bien à son patient atteint d'un cancer en détruisant
des cellules malignes Ă l'aide de rayons ; en mĂŞme temps, les rayons vont
détruire aussi des cellules saines situées à proximité. Ce monde, issu de la
connaissance du bien et du mal est un monde de dualité et de complexité, en
contradiction avec le monde divin oĂą le bien est simple et indivisible.
Dans le monde atteint par la
corruption, il n’y a pas de mal absolu, comme il n’y a pas de bien à l’état
pur, les choses ne sont pas blanches ou noires : elles sont grises. Dans ce que
nous faisons, il y a une proportion de bien, comme il y a une proportion de mal
: tout est gris, mélangé, confus, compliqué. Vous l’avez sans doute observé, la
même personne peut être capable de faire quelque chose de très beau et de
commettre la plus monstrueuse des choses, dans un monde de la connaissance du
bien et du mal. Il s’agit du monde intérieur de l’homme, pas du cosmos en
tant qu’œuvre parfaite, harmonieuse du Créateur. Dans ce monde, il n'y a pas de
mal absolu puisque la bonté fleurit tout autour, Il n'y a
pas non plus un bien sans mélange, puisque le mal s’y cache, mais il y a un
mélange des deux, tel est le fruit de l’arbre défendu. selon l’Ecriture, le bien
rĂ©el est par nature sans composition, sa forme est simple et il est Ă©tranger Ă
toute duplicité et à toute union avec son contraire, tandis que le mal est
bigarrĂ© et se prĂ©sente de telle sorte qu’on le tient pour une chose et qu’Ă
l’expérience il se révèle tout autre : sa connaissance, c’est-à -dire la prise
de contact avec lui dans l’expérience, est le commencement et le fondement de
la mort et de la corruption.
Goûter à l’arbre défendu, c’est
goûter un mets empoisonné, c’est faire du bien, mais en faisant l’expérience du
mal, c’est se tromper sur le résultat de nos actions. Nous l’avons tous
expérimenté : quand nous faisons quelque chose qui ne colle pas avec notre
dignité d’êtres créés à l’image de Dieu, cela nous arrive de ressentir du
plaisir au début, plaisir dont la force est égale à celle de la déception et de
l’aigreur qui succèdent à l’action. Nous nous engageons dans le mal par cette expérience
qui est l’apparence du bien ou du plaisir, nous en ressortons divisés
intérieurement, corrompus. C’est décrit dans le livre de la
Genèse, dans l’histoire d’Adam et d’Eve, avec le serpent. C’est
de notre expérience intérieure, de notre monde intime que parle la Bible.
Le jardin d’Eden dont nous sommes
bannis par la participation à la connaissance confuse et mélangée du bien et du
mal, le paradis que Dieu a créé pour nous, est aussi l’état de notre être,
avant d’être un lieu. C’est un état dont nous ressentons tous la nostalgie et
dont nous ne retrouvons pas seuls la route, à moins d’être conduits par le
Christ, dernier Adam, esprit vivifiant, qui, Ă©tant vrai homme, a vaincu, par la
force de sa divinité la logique de la confusion et de la corruption dans
laquelle l'homme terrestre est engagé.
C’est Jésus-Christ, lui le dernier
Adam, venu pour restaurer en l’homme l’image divine, qui nous rouvre les portes
du paradis, qui nous donne l’occasion de quitter le cercle infernal de la
connaissance du bien et du mal pour retrouver l’expĂ©rience primitive du bien Ă
l’état pur, l'arbre de la Vie.
Source : www.discernerlesondushofar.com