Voici quelques principes
fondamentaux, relatifs à l’exercice de l’autorité dans le ministère. Cette
liste n’est pas complète, mais peut amener à d’autres réflexions.
1. « Christ ayant autorité » Matthieu 7 :
29.
Le modèle divin que Dieu nous a laissé est évidemment celui de Christ
: à la fois l’autorité parfaite, et la mise en pratique parfaite de l’autorité.
Chacun était conscient qu’il parlait comme ayant autorité.
Soulignons
que Jésus n’avait pas de formation académique, ni de diplôme, ni de
reconnaissance, ni de recommandation, qui aurait cautionné son autorité.
L’exemple de Gethsémanée
(Jean 18 : 4-9). Dans cette situation où Jésus semble subir puisqu’il est
arrêté, il démontre clairement qu’il exerce
toujours l’autorité, et il exige que ses disciples puissent partir, « laissez aller ceux-ci », ce qui était logiquement
impossible, surtout après l’agression de Pierre sur un serviteur du
grand-prêtre. A ceux qui venaient l’arrêter, il avait dit :« Moi Je Suis – ego eimi », traduit en général par :
c’est Moi. Mais ce : « JE SUIS » est évidemment une allusion claire à son identité divine, puisque c’est le Nom même de
Dieu : JE SUIS !
Par
ailleurs, en regard de cette autorité parfaite,
Christ se montre parfaitement soumis : 1
Corinthiens 11 : 3/ Philippiens 2 : 5-11/Hébreux 5 :7-9. Cette deuxième qualité
étant conditionnelle de la première.
2. Toute autorité vient de Dieu (Romains 13
: 1-7).
Paul
affirme que toute autorité vient de Dieu. Ainsi, toute autorité est une
délégation, directement ou non, consciemment ou non.
Ceci est vrai dans tous
les domaines :
* Civique : Rom.13 :1-7
* Familial : Eph.3 :14-15
*
Spirituel : Gal.1 :1 (Paul apĂ´tre) ; Jean 15 :16 (je vous ai choisis)
3. Christ délègue son autorité
Christ accorde une délégation de son autorité à ses serviteurs, selon les fonctions et les capacités départies
par Lui à chacun, de façon pédagogique.
* Sur les 12 : Luc 9 :1
(force et pouvoir)
* Sur les 70 : Luc 10
:1-17
*
Sur les bergers ( c’est-à -dire les pasteurs, ou anciens, ou responsables spirituels,
ou conducteurs) : Hebreux 13 :17 et 2 Corinthiens 2 :9.
4. Puissance et autorité
JĂ©sus
envoie les douze : « Il leur donna
puissance et autorité » (Luc 9 :1). Louis Segond traduit les deux mots
employés : dunamis
et exousia,
par force et pouvoir.
On
peut définir le
pouvoir comme la capacité (je peux), ou la force.
Quant
à l’autorité
c’est le droit, garanti par l’autorité supérieure (j’ai le droit et le devoir).
Le
« dunamis » correspond au pouvoir, ou à la
puissance, ou à la force, comme dans Actes 1 :8, « vous recevrez une puissance,
le Saint-Esprit… »
On
peut regretter que cette distinction ne paraisse pas toujours dans les
traductions. Ainsi, Segond traduit souvent exousia
par « pouvoir » et non par « autorité ».
Le pouvoir est quelquefois conquis charnellement. On pense de suite aux dictateurs dans le monde.
Mais l’église voit parfois en son sein des fonctions conquises par la force ou
l’habileté, et elle subit parfois aussi le ministère de pasteur non appelé de
Dieu.
L’autorité
spirituelle ne peut qu’être reçue.
Ainsi
Jésus affirme à Pilate : « Tu n’aurais
sur moi aucune exousia (autorité ; traduit par Segond pouvoir), s’il ne t’avait été donné d’en haut »
(Jean 19 :8-11). Malgré l’apparence, Pilate n’avait pas de puissance sur Jésus,
qui pouvait le détruire instantanément, mais Dieu lui avait donné l’autorité
(c’est à dire le droit et le devoir) de le condamner.
5. Condition préalable de soumission
L’autorité
n’est légitime et efficace qu’à la condition
préalable de soumission de la part de celui qui l’exerce.
L’exemple du centenier
de Luc 7 :1-10 illustre ce principe. Demandant à Jésus de guérir son serviteur,
il rappelle sa propre condition dans l’armée : « Je suis soumis à des supérieurs
(upo exousian tassomenos, c’est à dire : me tenant sous une autorité), je dis à un soldat va, et il va ». Parce qu’il est soumis à son autorité supérieure, il est
certain que son autorité sera efficace sur ses subalternes. De la même
façon, il ne
doute pas que l’autorité de Christ sera
efficace sur la maladie, sous-entendu à cause de sa soumission à son autorité
supérieure : celle du Père céleste. Jésus qualifie l’analyse de ce
centenier de grande foi. Du reste, Jésus n’a pas prié pour son serviteur
malade, mais le centenier l’a lui-même guéri, puisque Jésus lui dit : qu’il te
soit fait selon ta foi. Et le serviteur fut guéri.
La
soumission est toujours due à Dieu de façon inconditionnelle, mais elle est due
aussi aux frères que Dieu a placés dans notre vie à cet effet.
C’est
un danger, pour celui qui exerce l’autorité, de n’avoir personne à qui se
soumettre : « soumettez-vous les uns aux autres » (Ephésiens 5 :21). Certains
affirment : « Je suis soumis à Dieu », sous-entendu : « à Dieu seul ! ». C’est
une illusion. On pourrait paraphraser un verset, et dire par analogie : « celui qui ne se soumet pas à son frère qu’il
voit est incapable de se soumettre à Dieu qu’il ne voit pas. » (cf. 1 Jean
4 :20)
6. L’autorité dans un esprit serviteur
Contrairement
à l’esprit naturel de l’autorité dans le monde, Jésus présente l’exercice de
l’autorité comme un service rendu. C’est évidemment une approche
révolutionnaire pour chacun de nous.
*
« Les grands les asservissent ; il n’en sera pas de même au milieu de vous. Celui qui veut
être grand, qu’il devienne serviteur (diakonos). » (Matthieu 20
:25-26).
* L’autoritĂ© agrĂ©able Ă
Dieu : « non
comme dominant sur eux » (1 Pierre 5 :2-3).
* « Je vous envoie comme des
agneaux » (Luc 10 :3).
Cette
conception de l’autorité suppose de ne pas aimer l’autorité elle-même ; de ne pas se
laisser séduire par l’exercice de l’autorité. Jean parle d’un
responsable d’église « Diotrèphe, qui aime à être le premier parmi eux… » (3 Jean 9). Le
problème de Diotrèphe n’est pas forcément dans le fait qu’il ait été un dirigeant,
si c’est la fonction que Dieu lui avait assignée, mais dans le fait qu’il
aimait ĂŞtre le premier !
7. Distorsion par autoritarisme
L’autorité
fait souvent peur à beaucoup, y compris dans l’église, et ce souvent à juste
titre. En effet, l’autorité a souvent été exercée de manière charnelle, de
façon en fait autoritariste.
L’autoritarisme est
souvent résumé par le trop célèbre « j’ai raison parce que je suis le pasteur ».
Mais
l’autoritarisme n’est pas toujours exercé de manière brutale. Souvent, différents modes de manipulation le remplacent discrètement. Voici quelques
exemples :
* fausse délégation, en fait
totalement contrôlée ;
*
chantage au
comportement, ou à l’engagement dans
l’église pour donner de la promotion ;
* utilisation abusive de versets ;
-
par exemple : « Ne
pas toucher à l’oint de l’Eternel » (2 Samuel 1 :14). Quel est le
sens de cette expression ? S’agit-il de rendre les responsables intouchables ?
-
autre exemple : « Ne quittez pas votre assemblée » (Hébreux 10 :25). Dans ce
verset, le mot traduit par assemblée n’est pas ekklésia (l’église ), mais
épisunagogé (le rassemblement). Ainsi le sens est d’exhorter les disciples à ne pas rester en marge, et non de leur interdire
de changer d’église. L’addition suivante : « Si
vous quittez, vous ne serez plus bénis, protégés, etc…. » est évidemment
indéfendable.
- Le pasteur doit être honoré, selon 1 Timothée 5 :17 : « un double
honneur ». Le contexte parle ici de soutien
financier.
8. L’exercice de l’autorité est un devoir
*
L’exercice
de l’autorité a un caractère impératif. Elle est reçue pour être
exercée. Comme c’est une délégation, c’est une
mission, un ordre. Ce n’est pas
facultatif, mais impératif, (cf l’autorité dans l’armée).
Si
l’autoritarisme est une distorsion de l’autorité par excès, le manque d’exercice de l’autorité reçue est une
distorsion toute aussi grave ! Elle provoque des troubles dans l’église,
comme dans les familles, d’une égale gravité. La différence est que l’autorité
excessive est perçue comme telle immédiatement, et provoque très rapidement ses
mauvais effets, alors que l’autorité non exercée n’apparaît pas de suite
clairement et que ses mauvais effets sont plus longs Ă percevoir.
* Dans l’église, l’autorité doit
être exercée :
Dans l’enseignement (tout l’enseignement)
Dans
l’exhortation (dire tout ce qui est
nécessaire ; Actes 20 :20)
Dans
le jugement (ex : les dirigeants de Corinthe
1 Cor. 2 :15 : 1 Cor. 5 :2-3 / 5 : 12 : juger ceux du dedans / L’homme
spirituel juge de tout.)
*
Ne pas
exercer l’autorité reçue c’est la faire décroître :
Ex
: Se laisser dominer, manipuler, « chanter », refuser de prendre position, de
s’opposer, fuir les conflits quand il faut les résoudre.
Ex
: Fermeté non exercée sur les enfants (1 Tim.3 :4-5) / Un père pourrait prier
ainsi : « Seigneur,
tu m’as donné un fils. Ce n’est pas mon fils, ni mon autorité ; aussi, valide
l’autorité (ton autorité) que tu m’as
donnée sur lui. »
Ex : Paul n’a pas hĂ©sitĂ© Ă
« juger » le comportement fautif de Pierre (Gal. 2 :11).
Ex
: Un responsable doit faire attention à ce qu’il laisse dire ou faire dans le
cadre de l’autorité qu’il a reçue. Il devra intervenir clairement si quoique ce
soit se produit dans l’église qui ne serait pas conforme au caractère de Dieu
(dans les domaines de la prédication, du comportement, des dons spirituels).
Ainsi, présider une pastorale, par exemple, n’est pas un rôle seulement
protocolaire, mais c’est exercer une fonction de protection.
*
Les
responsables (ou les parents) qui manquent d’autorité, (c’est-à -dire : ceux
qui n’exercent pas à bon escient l’autorité reçue), sont souvent aussi,
paradoxalement, les mĂŞmes personnes qui exercent
une autorité humaine excessive dans d’autres situations ! Ceci est
logique, car, dans les deux cas, il s’agit d’un manque de soumission à Dieu et
Ă ses commandements.
Conclusion
L’autorité de Christ
sur l’Eglise n’est pas un asservissement. Plus l’Eglise se soumet à Christ, plus
elle est libre !
Si
nous exerçons, dans l’église et dans les autres sphères de notre vie, une
autorité qui vienne de lui, cette autorité ne sera pas une contrainte ni un
fardeau pour nos proches.
L’Eglise
a besoin, aujourd’hui, de redécouvrir le ministère de frères qui exerceront ce
service par dévouement, dans la plénitude de la souveraineté de Dieu.
Par Jean-Marie Ribay/Le
Sarment
Source : http://www.lesarment.com