Ce sont ceux qui sont pauvres en eux-mĂŞmes, c'est-Ă -dire
reconnaissent leur besoin de Dieu et n'ont pas cette disposition laodicéenne
qui proclame : "Je suis riche, je n'ai besoin de rien!"
(Apocalypse 3:17), qui se voient ouvrir les portes du royaume des cieux.
Le salut commence donc par un dépouillement de l'esprit : l'homme
que Dieu peut sauver se sait dans un Ă©tat de disette spirituelle; il sait qu'il
n'a rien, rien en lui-mĂŞme, rien Ă donner Ă Dieu, et c'est pour cela qu'il veut
se livrer sans restriction au Sauveur et se confier en Lui pour son salut.
Ceci est une vérité connue de tous les chrétiens qui, un
jour, ont été régénérés et reçu Christ. Mais, après la conversion, cet état de
pauvreté du cœur doit être maintenu, car c'est la marque d'une saine
spiritualité, humble, confiante dans le Seigneur et reposant sur la grâce
entièrement. Celui que le succès a berné et qui commence à se vanter de ses
accomplissements spirituels "pour" ou "dans" le Seigneur
(œuvres, sentiment de piété, victoires chrétiennes, etc.) montre par là qu'il
s'est laissé griser par ses propres richesses qui, de nouveau, comme avant sa
conversion, l'empêchent dorénavant de rentrer dans le royaume des cieux.
La croissance dans la maturitĂ© chrĂ©tienne et dans la grâce Ă
la fois requiert et engendre la pauvreté en esprit. Les pauvres en esprit se savent
dépendants de Jésus, le Cep, duquel ils tirent la sève de vie. "Car
sans Moi, vous ne pouvez rien faire." (Jean 15:5).
La pauvreté en esprit est un état de cœur brisé, contrit et
pleinement rassasié de Christ. Elle est la marque distinctive de ceux qui sont
vraiment unis au Seigneur, et consacrés. Elle est l'antithèse même de la
suffisance et de l'autosuffisance qui sont les fruits empoisonnés de la justice
propre. Chaque étape de croissance intime et douloureuse dans la grâce nous
ramènera à une crise semblable à celle que nous avons expérimentée lorsque nous
avons reçu le salut la première fois : la conscience extrême et aiguë de notre
pauvretĂ©. C'est ainsi que les accès de la chair qui cherche toujours Ă
s'amplifier et Ă engloutir, Ă©touffer la Vie d'en haut, sont vigoureusement
inhibés. C'est en Eden que l'innocence de la pauvreté en esprit fut souillée
par le désir de ne plus dépendre de Dieu. C'est là que nos premiers parents se
virent fermer l'entrée du Jardin béni. Oui, bienheureux, les pauvres en esprit,
car le Royaume des cieux est Ă eux !
La pauvreté en esprit ne s'illusionne pas par une recherche
de gloire personnelle. Elle est morte Ă elle-mĂŞme, parce que son tout est en
Christ, est Christ Lui-mĂŞme. Elle ne cherche jamais Ă se cristalliser en un
mouvement autonome de vie se détachant de Celui dont elle dépend totalement,
car celui dans lequel elle existe s'Ă©criera : "Il faut qu'Il croisse et
que je diminue" (Jean 3:30). Elle n'a pas conscience d'elle-mĂŞme.
Oh, que Dieu nous amène tous plus près du cœur, de la
poitrine du doux Fils qui ne faisait que ce qu'Il "voyait faire au
Père" (Jean 5:9), c'est-à -dire qui s'effaçait totalement devant le
Seigneur des seigneurs, Lui étant étroitement lié.
Celui qui vit en permanence dans les richesses de Christ possède maintenant même le Royaume des cieux (le verbe est au
présent, tandis que les autres dans les autres béatitudes sont au futur). C'est
le début de la sainteté.
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Matthieu 5:4
"Heureux les affligés, car ils seront consolés"
La pauvreté en esprit nous amène immanquablement à ressentir
de l'affliction dans notre cœur :
- le chagrin de nous
savoir si peu aimer Dieu alors qu'Il a tant fait pour nous;
- le chagrin de nous
savoir si indignes de Son amour de par nos péchés et nos manquements
journaliers et de chaque moment qui blessent cruellement Son cœur;
- le chagrin venant
de l'Esprit de Dieu qui nous révèle la profondeur abyssale de la
corruption de notre propre chair par rapport aux normes élevées de la
sainteté de Dieu;
- le chagrin et la
peine que déverse en nous le Saint-Esprit vis-à -vis de l'Eglise de Christ
infidèle, prostituée, mondaine et impuissante ou blessée et pillée,
affaiblie et ravagée par toutes sortes de calamités et de péchés;
vis-à -vis des enfants de Dieu rétrogrades ou sans repère ni soutien, dans
cette heure avancée de minuit;
- le chagrin qui
vient du spectacle effrayant qui s'offre Ă nos regards d'un monde malade
qui a désavoué le Christ de Dieu; des multitudes nombreuses cheminant vers
le chemin de la perdition Ă©ternelle.
Heureux ceux qui pleurent avec le Seigneur, car ils
recevront en partage la consolation qui vient d'en haut. Il n'est nullement
question ici d'une joie superficielle, frivole, mondaine. Par cette béatitude,
le Seigneur Jésus nous révèle la forme le plus élevée du christianisme.
L'affliction du cœur est le seul état permanent qui puisse permettre au Divin
Consolateur de résider en plénitude dans le cœur du croyant, car tandis que la
joie et l'exaltation restent insensibles aux faibles gémissements de l'Esprit,
l'affliction nous rapproche des battements du cœur de Jésus.
Les larmes qui coulent des yeux de ceux qui pleurent et
savent s'attendre Ă Dieu sont des fontaines qui purifient, humidifient la terre
de notre cœur, la rendant apte à la récolte. L'affliction signifie silence,
désert, labour et humiliation.
Ceux qui s'affligent ont délaissé les plaisirs du monde et
les joies de la vie, y compris les joies normales de la vie chrétienne. Ils se
sont consacrés à un ministère plus grand, caché, incompris de ceux qui n'ont
pas saisi la vision de Christ dans toute sa beauté étincelante, celui de
l'intercession sobre, le ministère de la douleur. Ils enfantent dans la douleur
et la solitude pour un monde nouveau, une nouvelle terre et de nouveaux cieux.
"Un lit arrosé de larmes, une gorge desséchée par la
prière, des yeux changés en une fontaine de larmes pour les péchés du pays
doivent rarement se trouver parmi nous."Â - Andrew A. Bonar
Les affligés les ont aussi parce qu'ils sont prophètes et
qu'ils ont goûté aux puissances des siècles à venir, et proclament la vanité de
la vie présente avec sa corruption - ils se condamnent à être la risée d'une
Eglise moqueuse, pétillante de remous extérieurs et abondant en puissance, en
signes et miracles; ils se condamnent Ă ĂŞtre des voyageurs sur la terre,
rejetés, eux dont le monde n'est pas digne (Hébreux 11:38). Ils accumulent la
souffrance et l'angoisse dues à l'indifférence et l'incompréhension, et le
rejet de la part de ceux qui professent appartenir pourtant Ă la Maison de
Dieu.
Oui, ils seront consolés par le doux et cher Sauveur de leur
âme, car ce sont des sentinelles cachées, des vierges sages qui ne sommeillent
point, et qui les premiers, voient arriver le Jour Heureux du Retour de l'Epoux
Bien-Aimé. Ils partagent ici-bas l'opprobre de Christ à Gethsémané et à la
croix. Mais, dans la Cité Céleste, une place d'honneur leur est réservée parmi
ceux qui jubileront d'allégresse.
Par cette béatitude, le Seigneur Jésus définit ainsi un
grand principe spirituel que les saints hommes de prière seuls connaissent :
"Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec
chants d’allégresse. Celui qui marche en pleurant, quand il porte la semence,
revient avec allégresse, quand il porte ses gerbes." (Psaumes 126:5-6)
Un chrétien revêtu du manteau intérieur de l'affliction est
un chrétien mûri dans la souffrance de Christ - le caractère du Divin
Consolateur s'est formé en Lui, l'imprègne de l'odeur qui donne, à son tour,
vie et consolation.
Source : http://sentinellenehemie.free.fr/Â