L’époque
incertaine de la confédération tribale s’acheva sous la conduite de Samuel.
Â
Ce
fut lui qui engagea Israël dans une nouvelle phase cruciale de développement,
laquelle fut marquée de son vivant, par l’instauration de la monarchie.
Â
Bien
qu’on le considère avant tout comme le Prophète Chémouel/Samuel – et il fut
assurément le plus grands des Prophètes après Moïse – il fut également le
dernier et le plus grand des Juges, le seul depuis la mort de Josué et les
débuts de l’installation des Israélites en Terre Promise, le seul qui fût
parvenu Ă rassembler les tribus et Ă leur donner une direction centrale durant
une période de temps prolongée.
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Â
Après Moïse et Josué,
Samuel fut le leader le plus marquant du peuple hébreu.
Â
Il
tenait son pouvoir et son autorité de tout un ensemble de qualités.
Â
Comme
les premiers Juges, il avait du charisme. ll fut juge au sens
légal du terme, effectuant régulièrement une tournée juridique (1 Samuel
7:15-17). Comme plusieurs d’entre eux, il avait un esprit judicieux et d’une
grande sagesse.
Â
Mais,
différent en cela des autres Juges, Samuel était aussi une haute figure spirituelle,
voué au Seigneur dès sa naissance, à même d’interpréter les lois de Moïse, et
d’établir des normes de conduite qui étaient respectées (pas toujours
acceptées) de tous.
Â
«
Tout Israël
sut que Samuel était accrédité comme prophète de Yahvé »(1 Samuel
3:20)
Samuel
s’entendait fort bien aux affaires politiques et, sans être un soldat, il
n’était pas étranger à la stratégie et
la tactique. Il possédait également une personnalité hors pair, et aux yeux du
peuple, et particulièrement aux yeux des Anciens des tribus, il apparaissait
comme une figure redoutable.
Â
Ceux-ci
lui accordèrent cependant leur allégeance, abdiquant ainsi une part de leur
autorité, non seulement parce qu’il possédait un ensemble assez rare de vertus,
mais aussi parce que les tribus traversaient de cruelles difficultés.
Â
Lorsque
Samuel les convoqua pour la première fois en assemblée à Miçpa, juste au nord
de Jérusalem, ils s’y rendirent parce que leur moral était au plus bas et
qu’ils pensaient qu’ils allaient peut-être entendre des paroles d’espoir et de
réconfort.
Â
Les
Philistins venaient de leur infliger une écrasante défaite près d’Apheq, et de
nombreux morts étaient restés sur le terrain. Mais le pire de tout était qu’ils
avaient perdu l’Arche. Dans un moment de désespoir, ils l’avaient transportée
de Silo sur le champ de bataille, et l’ennemi s’en était emparé.
Â
Ils
étaient en état de choc lorsqu’ils se réunirent à Miçpa et Samuel, tout
d’abord, ne les épargna pas, leur reprochant d’être retombés dans le péché et
de soupirer après les dieux cananéens. Mais il les exhorta ensuite à renouveler
leur foi et Ă suivre les voies de la rectitude.
Â
Lorsque
les Philistins, apprenant que les Israélites étaient à Miçpa, se lancèrent
contre eux, Samuel réveilla leur ardeur d’un vibrant appel aux armes, en
ajoutant :
Â
«
Chémouel s’adressa à tout le peuple
d’Israël et il dit : si vous retournez vers ADONAI de tout votre coeur, alors
finissez-en avec les dieux Ă©trangers et les Achtarot que vous avez avec vous et
tournez vos coeurs vers ADONAI. Si vous Le servez Lui seul, il vous délivrera
du pouvoir des Pélichtim. Alors le peuple d’Israël ôta les Baalim et les Achtarot
et servit ADONAI seul. Chémouel dit : rassemblez tout Yisraël à Miçpa, et je
prierai ADONAI pour vous. » (Samuel 7:3-5)
Â
A
la suite de son
intercession, les cieux s’entrouvrirent, déchaînant une violente
tempête et semant la confusion chez l’ennemi. Nul après cela ne contesta plus
l’autorité de Samuel.
Â
Ainsi
peut-on dire que ce fût la menace philistine qui porta Samuel à un rôle
d’autorité, et ce fût elle qui l’y maintint pendant presque tout le reste de sa
vie.
Â
Car
on en était à présent à la fin du 11e siècle avant Yeshoua/Jésus, et le danger
Ă©tait permanent.
Â
C’était
le plus grave danger auquel les Israélites aient eu à faire face depuis la
conquête, et l’enjeu était crucial ; à la suite du retrait des Egyptiens, la
question était de savoir qui, des Philistins ou des tribus d’Israël, allait
conquérir l’hégémonie sur l’ensemble du pays.
Â
Les
Philistins avaient consolidé leur position sur la plaine côtière, développé une
civilisation d’un haut niveau matériel, et ils étaient bien organisés et armés.
Ils ne se contentaient plus d’opérer des raids de frontières contre les
territoires israélites, mais faisaient désormais pression vers l’intérieur,
dans l’évident dessein de soumettre les tribus ou de les chasser du pays. Ils
auraient fort bien pu y intervenir, si les tribus avaient continué à former
autant de groupes autonomes.
Â
C’est
lorsque les Anciens prirent conscience du fait que leurs milices, mal
entraînées et peu équipées, opérant individuellement, avaient peu de chances
face à une attaque concertée des Philistins, qu’ils furent amenés à accepter
une autorité centrale. Samuel s’imposait à leur choix.
Â
Â
L’enfant Samuel
Il
était né dans une humble famille de Ramatiyim, dans la région de collines
d’Ephraïm, mais fut élevé par les prêtres du sanctuaire de Silo.
Â
Son
père, Elqana, avait coutume de faire chaque année un pèlerinage à Silo,
accompagné de ses deux femmes, Pennina, qui lui avait donné de nombreux
enfants, et Anne, qui n’avait pas d’enfant et s’en désolait.
Â
Durant
le voyage pour Silo, Pennina ne cessait de railler la stérilité d’Anne, et un
jour celle-ci se rendit au sanctuaire et fit le voeu, si elle avait un fils, de
le donner « au Seigneur tous les jours de sa vie » (1 Samuel 1:11).
Â
Le
prêtre Eli observait la pauvre femme éperdue, et il pensa qu’elle était ivre.
Mais lorsqu’elle lui eût expliqué ses inquiétudes, il la réconforta et lui fit
espérer que sa demande serait exaucée. Le temps venu naquit le petit Samuel, et
lorsqu’il fut sevré, sa mère le conduisit à Silo, et là , l’enfant « resta à servir
Yahvé en présence du présence d’Eli » (1 Samuel 2:11).
Â
Dans
son âge mûr, la vie d’Eli fut un drame, à cause de ses deux fils, Hophni et
Pinhas. Tous deux étaient prêtres mais ils se conduisaient mal et négligeaient
leurs devoirs. Cela explique probablement le fait qu’Eli ait prodigué tant
d’enseignements et tant d’amour à cet enfant qui survenait si inopinément dans
sa vie.
Â
Il
est certain en tous cas que sous la tutelle d’Eli, le jeune Samuel « continua Ă
croître en taille et en grâce, tant auprès de Yahvé qu’auprès des hommes » (1
Samuel 3:21).
Â
Vivant
dans l’enceinte du sanctuaire central, et comme le pupille d’Eli, Samuel a dû
être, dès son enfance, un personnage familier à tous ceux qui venaient à Silo
pour les fêtes de pèlerinage, et en particulier aux Anciens des tribus. Car
lorsqu’ils venaient présenter leurs respects à Eli, ils ne pouvaient manquer de
se prendre d’un affectueux intérêt pour le jeune garçon qui se tenait à ses
côtés.
Â
A
mesure qu’il grandissait, ils ont dû partager l’orgueil d’Eli devant ses
progrès, et sans doute être frappés par la différence marquée en matière de
savoir, d’intégrité et de conduite envers lui et les deux indignes fils du
prêtre. Il dut assurément apparaître comme un jeune homme hors du commun, et
les chefs des tribus allaient s’en souvenir plus tard, lorsqu’ils se
trouveraient placés dans une situation critique.
Â
Â
La menace philistine
Jamais,
depuis l’époque de Josué, les tribus d’Israël n’avaient eu à faire face à un
problème militaire aussi grave et d’aussi large envergure. Ils avaient pourtant
l’habitude d’être attaqués : durant un siècle et demi, tout au long de leur
période d’installation, ils s’étaient rarement vu épargner incursions et coups
de main.
Â
Mais
jusqu’alors il s’était agi soit d’une menace limitée (à laquelle une tribu
pouvait individuellement parer sans l’aide de personne), soit, lorsqu’il y
avait menace pour tous, d’un danger le plus souvent délimité, que pouvait
bannir un coup décisif frappé par l’ensemble des tribus agissant sous l’autorité
temporaire d’un juge.
Â
A
présent, par contre, et pour la première fois, la situation n’était pas de
celles que peut modifier une victoire remportée dans une seule bataille. Les
Israélites étaient sous la perpétuelle menace d’un peuple puissant, qui avait la
conquête pour objectif, et ce qui était en jeu, c’était leur existence même,
leur vie, leur sol, leur religion, leur identité.
Â
Une
vague association de tribus autonomes, ne pouvait se mesurer Ă ce nouveau type
d’ennemi, animé de nouvelles et redoutables ambitions. Choisir un nouveau juge
n’était pas non plus la bonne solution si, comme ses prédécesseurs, il ne
devait disposer ni d’une autorité officielle ni de la possibilité d’appliquer
des sanctions.
Â
Ce
qu’il fallait aux Israélites, c’était un leader muni de pouvoirs officiels, qui
pût les faire agir ensemble selon un plan concerté, soudant les tribus entre
elles, puisant dans les milices tribales pour lever une armée nationale,
dressant une stratégie d’ensemble et déterminant une politique militaire.
Â
Â
La bataille d’Apheq
Seules
une telle organisation et une telle autorité centrales permettraient aux
Israélites d’affronter les vigoureux et ambitieux Philistins avec quelque
chance de remporter finalement la victoire et, dans l’immédiat, de conserver au
moins ce qu’ils avaient.
Â
Mais
ils durent traverser une longue et sombre période avant d’en prendre
conscience, à temps pour prendre les mesures appropriées. L’événement qui
commença à leur ouvrir les yeux fut leur défaite près d’Apheq, au bord de la
plaine côtière.
Â
Durant
la première phase de la bataille, les Philistins apparurent vainqueurs. Les
Anciens en conçurent un tel abattement qu’ils envoyèrent chercher l’Arche Ă
Silo, pour la placer sur le champ de bataille avant de passer Ă une
contre-attaque.
Â
Hophni
et Pinhas (les deux fils du prêtre Eli) arrivèrent avec elle et sa présence fit
merveille sur le moral des soldats israélites. Ils donnèrent en effet libre
cours à une telle allégresse, que l’écho en parvint jusqu’au camp des
Philistins, y semant la consternation.
Â
Mais
les Philistins étaient bien commandés, et leurs officiers s’empressèrent de
raviver l’ardeur de leurs hommes en les incitant fougueusement à ne pas laisser
abattre, en les pressant de « prendre courage et d’être virils » (1 Samuel 4:9).
Â
Les
Israélites avaient l’Arche, mais point de commandant en chef, et lorsque la
bataille reprit, ils connurent une déroute totale. Il y eut de nombreux morts,
dont les deux fils d’Eli, et l’Arche fut prise.
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La
seule consolation, maigre et momentanée, qui resta aux Israélites, fut que la
possession de l’Arche se révéla une source de fléaux sans fin pour les
Philistins.
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Ils
la transportèrent allègrement au temple de Dâgon à Ashdod, et leur idole
culbuta la face contre le sol. Lorsque la peste se déclara, on réclama à cor et
à cri que l’Arche fût éloignée, et on la transporta à Gat. La peste prit le
mĂŞme chemin, et on la transporta Ă EqrĂ´n.
Â
Finalement,
les sages chefs philistins dĂ©cidèrent de s’en dĂ©barrasser et on la dĂ©pĂŞcha Ă
Qiryat-Yéarim, en haut de la colline surplombant l’actuelle Abou Ghôch,
quelques kilomètres à l’ouest de Jérusalem, et, à l’époque village frontalier,
où elle demeura à l’abandon pendant vingt ans.
Â
Mais
les Philistins ne s’étaient pas contentés de prendre l’Arche. Ils occupaient désormais
un certain nombre d’enclaves dans la rĂ©gion centrale des collines, Ă
l’intérieur du territoire israélite, ils contrôlaient une grande partie de la
vallée de Yizréel et différents secteurs du nord Néguev, et ils entreprirent
d’établir des garnisons dans des centres-clés (1 Samuel 10:5 et 13:3).
Â
Ils
s’emparèrent également de Silo et détruisirent le sanctuaire qui avait abrité
l’Arche. Cela, nous le savons grâce aux fouilles archĂ©ologiques effectuĂ©es Ă
cet endroit, car le Livre de Samuel ne rapporte rien de précis à ce sujet. On
trouve cependant une allusion dans Jérémie 7:12 et 26:2.
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Les
Israélites étaient en plein désarroi. Leur sanctuaire central avait disparu, et
avec lui, la capitale officieuse de la fédération tribale et le lieu de
rencontre de leurs Anciens.
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Eli,
le prêtre de Silo, s’était effondré et était mort en apprenant que l’Arche
avait été prise et ses deux fils tués. Les milices tribales avaient été
taillées en pièces et les survivants de la débâcle d’Apheq étaient rentrés chez
eux, en sorte qu’il n’y avait, pour l’instant, plus d’armée disponible.
Â
Pourtant,
le danger les guettait encore, car les Philistins, rendus confiants par leurs
succès, semblaient décidés à exploiter leur avantage et à pousser plus avant
leur conquête. Les Israélites étaient désespérés.
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Ce
fut au
milieu de cette douloureuse situation que s’éleva la voix du
prophète Samuel pour les convoquer Ă Miçpa, son puissant appel les arrachant Ă
leur découragement et les dirigeant vers une action constructive.
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Et
après qu’une nouvelle attaque philistine eut été vigoureusement repoussée et
que les Philistins eurent évacué la région, les Israélites purent jouir d’une
période de calme relatif.
Â
Samuel Ă©tat leur leader
indiscuté. Silo ayant été
détruite, Samuel alla vivre à Rama, à une dizaine de kilomètres au nord de
Jérusalem, et c’est de là qu’il « jugeait Israël » (1 Samuel 7:17).
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Mais
il allait Ă©galement :
Â
«
chaque année faire une tournée par
Béthel, Gilgal, Miçpa, et il jugeait Israël en tous ces endroits » (1
Samuel 7:16)
Â
Il
est évident que, considérant le fait qu’il n’y avait plus désormais ni
sanctuaire central, ni centre tribal, Samuel avait pris le parti de faire le
tour du pays pour visiter les tribus, afin d’administrer la justice, de rendre
courage aux fils d’Israël et de fortifier leur foi en D.ieu, et en eux-mêmes.
Â
Il
devait Ă©galement en profiter pour passer en revue la situation politique et
militaire, et en discuter avec les Anciens des tribus. Il est vraisemblable que
ces visites eurent pour résultat des incursions armées de la part de telle ou
telle autre tribu contre les enclaves philistines.
Â
Il
est en tous cas certain que le prophète Samuel agit comme un galvanisant durant
cette sombre période pour Israël, et que l’esprit de résistance armée, qui
jaillissait par flammes sporadiques, se maintint tout du long. Il y avait Ă
prĂ©sent entre les tribus une plus grande coopĂ©ration qu’auparavant, grâce Ă
Samuel.
Â
Mais
le cadre politique et le schéma administratif étaient toujours les mêmes,
caractérisés par une séculaire autorité limitée aux seuls chefs de tribu et
reposant sur une base patriarcale.
Â
Samuel
ne jouissait d’aucuns pouvoirs officiels, et bien que toutes les tribus se
fussent tournés vers lui en raison de sa stature personnelle et de son autorité
morale en tant qu’instrument du Seigneur, il n’eut jamais recours qu’à la
persuasion.
Â
Cela
aurait pu être suffisant si les Israélites n’avaient eu qu’à marquer le pas
pour se tirer d’affaire. Mais le danger philistin se faisait chaque semaine
plus aigu. Les cinq principaux royaumes philistins de Gaza, Ashdod, Gat,
Ashqelôn et Eqrôn avaient montré qu’ils pouvaient agir de concert avec un
remarquable succès, et ils étaient à même d’aligner une armée unifiée sur le
terrain.
Â
Ils
avaient à présent façonné une puissante organisation militaire, basée sur le
char, et leur infanterie de soutien était équipée d’armes de fabrication locale
qui étaient de loin supérieures à tout ce que pouvait contenir l’arsenal
israĂ©lite. Ces armes Ă©taient en fer, et les Philistins veillaient jalousement Ă
en conserver le secret et le monopole :
Â
«
Il n’y avait pas de forgerons dans tout
le pays d’Israël, car les Philistins s’étaient dit : il faut éviter que les
Hébreux ne fabriquent des épées ou des lances… aussi… personne dans toute
l’armée… n’avait en main ni épée, ni lance » (1 Samuel 13:19-22)
Â
Â
Donne-nous un roi
Les
Philistins tenaient encore une grande partie, sinon la totalité, du territoire
israélite qu’ils avaient conquis et occupé avant l’entrée en scène de Samuel.
Â
Et
Samuel avait certes rĂ©ussi jusqu’à prĂ©sent Ă enrayer la dĂ©moralisation, Ă
empêcher de nouveaux empiètements, voire à favoriser d’occasionnelles
incursions.
Â
Mais
le simple fait pour les IsraĂ©lites de conserver ce qu’ils avaient, commençait Ă
devenir difficile face Ă la croissante puissance des Philistins ; et quant Ă
asséner à l’ennemi un coup décisif qui libèrerait les territoires des tribus,
cela dépassait les capacités d’une communauté fractionnée. Ils ne pouvaient y
parvenir qu’à condition d’introduire un pouvoir central et d’instituer une
union plus Ă©troite entre les tribus.
Â
Samuel
avait certainement insisté en ce sens auprès des Anciens des tribus, mais
jamais il n’aurait imaginé de quelle façon les tribus allaient finalement
suivre ses recommandations.
Â
Lorsque,
après de longues discussions entre eux, les Anciens en furent arrivés à la
conclusion que le danger état pressant et qu’aucune des tribus, prises
individuellement, n’était de taille contre les Philistins, ils se dirigèrent
tous vers Rama, s’en vinrent trouver le grand Samuel et lui dirent :
Â
«
Donne-nous un
roi pour qu’il nous régisse » (1 Samuel 8:6)
Â
Samuel
était indigné,
d’autant qu’ils avaient ajouté qu’ils voulaient être gouvernés par un roi « comme les
autres nations ».
Â
Israël
n’était pas, et n’entendait pas être, « comme les autres nations » de l’époque,
avec leurs dieux paĂŻens et leurs rois de chair et de sang. La monarchie Ă©tait
totalement opposée à la tradition d’Israël, car le Roi des Hébreux était le
Seigneur lui-même, et Il guidait Son peuple par l’intermédiaire des Prophètes
ou des Juges.
Â
Pourquoi insérer un autre personnage entre le Prophète de D.ieu
et le peuple de D.ieu ?
Â
Samuel
Ă©tait certainement heureux que les Anciens se fussent rendu compte enfin de la
nécessité d’une unité entre les tribus. Mais alors pourquoi voulaient-ils un
autre chef supra-tribal, puisqu’ils avaient déjà Samuel lui-même, leur divin
guide et prophète ?
Â
Les
Anciens, sages de la sagesse des hommes, avaient cependant anticipé sa pensée
informulée :
Â
«
Ils lui dirent : tu es devenu vieux et
tes fils ne suivent pas ton exemple » (1 Samuel 8:5)
Â
Aucun
des enfants de Samuel n’était de stature à lui succéder, et qui les guiderait
lorsque Samuel serait mort ? Mieux valait choisir quelqu’un à présent,
quelqu’un qu’il pourrait conseiller et former. Ils voulaient un homme jeune.
Par dessus tout, ils voulaient un chef qui puisse se battre.
Â
Samuel
invoqua le conseil de Yahvé et le Seigneur lui dit d’accepter.
Â
Â
SaĂĽl
L’homme
choisi pour être roi fut Saül, le fils de Qish de Gibéa, et il était « dans la
fleur de l’âge et beau… de l’épaule au-dessus, il dépassait tout le monde » (1
Samuel 9:2).
Â
Il
appartenait Ă la tribu de Benjamin, dont le territoire Ă©tait proche de la zone
exposée au danger philistin, et se trouvait également situé dans le centre du
pays. Ces facteurs peuvent avoir favorisé le choix d’un Benjaminite.
Â
De
plus, la tribu de Benjamin était l’une des plus petites, et l’honneur qui
allait ainsi lui revenir était moins susceptible d’exciter les jalousies. Mais
la vertu essentielle de Saül aux yeux des Anciens de l’époque fut avant tout de
s’être révélé un soldat de premier ordre : il venait d’infliger une écrasante
défaite aux Ammonites à Yabesh-Galaad, au-delà du Jourdain, et y avait déployé
une stratégie brillante et charismatique.
Â
En
effet, dans le récit biblique de cette bataille, Saül révèle le genre de
qualités (assez voisines de celles de Gédéon) qui, une génération plus tôt,
l’auraient désigné pour être juge.
Â
Â
L’inauguration de la monarchie
La
Bible présente deux récits différents de l’inauguration de la monarchie (1
Samuel 8 Ă 12).
Â
L’un
raconte la charmante histoire de l’onction privée de Saül par Samuel à Rama, publiquement
confirmée ensuite par acclamation à Gilgal, après sa victoire sur
les Ammonites. Ce récit n’offre aucune critique de la monarchie.
Â
Le
second, qui dĂ©crit le choix de SaĂĽl par un tirage au sort effectuĂ© Ă
contrecoeur par Samuel, est, par contre, carrément antimonarchique. Il semble
évident, à de nombreuses phrases du texte, ainsi qu’au vu des relations qui
furent plus tard celles du prophète et du roi, que Samuel était violemment opposé à l’idée de
royauté et le demeura jusqu’à son dernier jour.
Â
Mais
les Anciens des tribus insistaient sur le fait que seul un monarque pouvait
redresser une situation aussi désespérée, et il finit par céder.
Â
Incidemment,
les deux récits présentent Samuel dans le rôle clé du « faiseur-de-roi » contre son gré :
obligé de choisir, il choisit Saül.
Â
Lors
des dures négociations qui précédèrent la nomination royale, Samuel expose à un
moment donné ses
vues sur la royauté, et ce texte demeure aujourd’hui encore un
classique manifeste contre la monarchie :
Â
«
Voici le
droit du roi qui va régner sur vous. Il prendra vos fils et les affectera à sa
charrie et Ă ses chevaux et ils courront devant son char. Il les emploiera
comme chefs de mille et comme chefs de cinquante ; il leur fera labourer son
labour, moissonner sa moisson, fabriquer ses armes de guerre et les harnais de
ses chars. Il prendra vos filles comme parfumeuses, cuisinières et boulangères.
Il prendra vos champs, vos vignes et vos oliveraies les meilleures et les
donnera Ă ses officiers. Les meilleurs de vos serviteurs, de vos servantes et
de vos boeufs, vos ânes, il le prendra et les fera travailler pour lui. Il
prélèvera la dîme sur vos troupeaux, et vous-mêmes deviendrez ses esclaves
» (1 Samuel 8:10-17)
Â
Mais
le peuple fit la sourde oreille.
Â
C’était
lĂ de graves
paroles pleines de sagesse, mais elles n’apportaient pas de réponse
à l’immédiate menace que faisaient peser les Philistins. Israël voulait un roi
qui « sortira à votre tête et combattra nos combats » (1 Samuel 8:20).
Â
Â
SaĂĽl, le guerrier monarque
SaĂĽl
se révéla être exactement l’homme qu’il fallait pour tenir ce rôle, et il
devait, en effet, passer le restant de sa vie à faire la guerre. Le fait qu’il
fût roi modifia assez peu l’ensemble du schéma administratif de la vie
israélite, excepté là où il empiétait sur les problèmes de défense.
Â
Les
affaires courantes de type non militaire continuèrent comme par le passé à être
réglées par les chefs des tribus. Saül était évidemment en contact permanent
avec eux, mais il n’institua pas de gouvernement central. A la différence des
monarques voisins, il ne fit pas édifier de somptueux palais, il ne vécut pas
entouré d’une cour majestueuse et il s’opposa résolument à un grand train de
vie.
Â
La
preuve de cette austérité fut mise au jour lors de fouilles archéologiques qui
montrèrent que la Gibéa de son temps – sa métropole – ne contenait que des
bâtiments de la plus grande simplicité.
Â
SaĂĽl
ne s’intéressait exclusivement qu’à la guerre, il n’avait d’autre souci que
de préserver la sécurité d’Israël face aux menaces et aux pressions des
Philistins. Il réorganisa la structure militaire de la communauté tribale de
manière à pouvoir affronter de nouveaux et constants problèmes.
Â
Il
fut le premier à constituer le noyau d’une armée régulière, gardant en réserve les
milices tribales, qui se trouvaient ainsi à même de poursuivre leurs tâches
civiles tout en étant immédiatement mobilisables en cas de danger national.
Â
Tel
est en gros le principe appliqué aujourd’hui par les forces de défense
d’Israël, qui maintiennent une armée régulière relativement petite, à laquelle
viennent s’ajouter les jeunes gens, hommes et femmes, qui font leur service
militaire, tandis que le gros de la population active vaque Ă ses occupations
normales, mais se trouve rapidement mobilisé lorsque le pays est menacé.
Â
La
petite armée régulière de Saül avait pour fonctions de tenir tête aux attaques
mineures, de résister en cas d’attaque majeure jusqu’à ce que les troupes
tribales puissent être mobilisées, d’encadrer l’ensemble des forces appelées et
de former l’avant-garde lors des grandes offensives.
Â
La
responsabilitĂ© de l’approvisionnement des troupes en campagne Ă©tait confiĂ©e Ă
leurs tribus et clans respectifs. Dans le préambule biblique au combat de David
et Goliath, au moment où les troupes tribales qui avaient été appelées par Saül
établissaient leur camp contre les Philistins, nous voyons Jessé dire à son
fils David : « Emporte donc à tes frères
cette mesure de grain grillé et ces dix morceaux de fromage, tu les offriras au
chef de mille » (1 Samuel 17:17-18).
Â
C’était
là une pratique également en usage dans la période précédente. L’avant-dernier
chapitre des Juges relate qu’au moment où les Israélites allaient attaquer une
certaine ville, ils dirent :
Â
«
Nous jetterons le sort, et nous prendrons
dans toutes les tribus d’Israël dix hommes sur cent, sent sur mille et mille
sur sur dix mille, ils chercheront des vivres pour l’armée » (Juges
20:9-10).
Â
Yigael
Yadin (1) observe que SaĂĽl utilisa la structure tactique de formation en trois
unités, et eut recours aux marches de nuit, de manière à attaquer par surprise,
à l’aube.
Â
Ces
mouvements sont bien expliqués dans le récit biblique de la bataille que Saül
avait précédemment livrée contre « Nahash l’Ammon » à Yabesh-Galaad :
Â
«
Le lendemain, Saül disposa l’armée en
trois corps qui envahirent le camp à la dernière veille de la nuit, et ils
battirent les Ammonites jusqu’au plus chaud au jour » (1 Samuel 11:11)
(autrement dit de l’aube à midi)
Â
Yadin
écrit que la division par Saül de ses forces en trois corps était « la
formation la mieux indiquée pour manoeuvrer dans différentes situations : une
compagnie sur un front fixe avec une compagnie de chaque côté, deux compagnies
fixes et l’une sur un flanc, ou deux compagnies jetées dans la bataille et une
gardée en réserve ».
Â
Ce
fut Ă©galement la disposition de ses forces lors des batailles suivantes contre
les Philistins et, se référant à un engagement au cours duquel Saül n’utilisa
que ses troupes d’élite régulières sans faire appel à ses principales réserves
de troupes tribales, la bible rapporte que :
Â
«
SaĂĽl se choisit trois mille hommes
d’Israël ; il y en eut deux mille avec Saül, il y en eut mille avec Jonathan,
et Saül renvoya le reste du peuple, chacun à sa tente » (1 Samuel 13:2).
Â
SaĂĽl
ne vint pas à bout des philistins, pas plus qu’il ne détruisit leur potentiel
de guerre ; mais, en refoulant les Philistins de la région centrale des
collines jusque vers la plaine côtière, il sut mener à bout la mission pour
laquelle il avait été fait roi. Pendant un assez long temps ensuite, les
engagements avec l’ennemi eurent lieu principalement dans la zone-frontière à la
périphérie de la plaine. Il fit donc beaucoup dans les premières années de son
règne pour neutraliser la menace philistine.
Â
Â
La bataille de Mikmas
Sa
plus importante victoire après qu’il fut devenu roi fut celle de Mikmas.
Â
La
bataille sembla d’abord mal engagée, mais le sort tourna après un remarquable
exploit personnel accompli par le fils de Saül, Jonathan (décrit dans 1 Samuel
14).
Â
Mikmas
commandait un défilé important dans les collines centrales, quelques kilomètres
au nord-est de Gibéa, où Saül avait installé une base d’opération fortifiée, et
peut-être faut-il y voir cette position-clé à l’intérieur du territoire
israélite dont les Philistins s’étaient précédemment emparés, et qu’ils
continuaient Ă occuper.
Â
Il
fallait la reconquérir si l’on voulait libérer le sol des tribus, et, après
avoir lancé une série de raids contre plusieurs garnisons philistines – raids
auxquels Jonathan prit une part éminente – Saül mobilisa ses forces et réussit
à battre l’ennemi au défilé de Mikmas.
Â
Les
Philistins furent mis en déroute, et les Israélites y gagnèrent non seulement
une trêve, mais encore un regain d’espoir en leur avenir.
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La colère d’un prophète
SaĂĽl
remplit bien son rĂ´le mais il connut des moments difficiles tout au long de son
règne, en butte, dans les premières années, à la colère du prophète Samuel et,
plus tard, à la rivalité du jeune et populaire David.
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Mais,
même en s’en tenant au récit biblique, dans lequel sa personnalité est quelque
peu écrasée par la grandeur de ces deux hommes, Saül se révèle un homme de
talent, dévoué et attachant, le chef idéal dans le cadre de son époque.
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La
personnalité de Samuel était aussi éminente que jamais, et son autorité
spirituelle était acceptée même par Saül. Il demeurait toujours le guide et le
maître de son peuple, toujours l’homme de D.ieu et le dépositaire
de la conscience publique, qui s’efforçait sans trêve de le guider au long
des chemins de la droiture.
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NĂ©anmoins,
Samuel ne s’était jamais réconcilié avec la monarchie, en dépit de
l’approbation mitigée du Seigneur, et il la considérait toujours comme blasphématoire.
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Il
était en colère contre le peuple et les chefs de tribus qui l’avaient demandée,
mais ce fut surtout contre Saül qu’il sembla diriger sa colère, en dépit du
fait que Saül n’eût pas recherché cette position, et qu’il eût été oint par
Samuel lui-mĂŞme.
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On
ne peut pas s’empêcher de penser (l’amertume de Samuel étant plus marquée après
les succès de Saül), que c’était là le ressentiment naturel d’un leader âgé
vis-à -vis de son jeune et victorieux successeur (quoique Saül se considérât
plutĂ´t comme le disciple que comme le successeur du grand Samuel).
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SaĂĽl
n’avait rien de la docile marionnette et, dans le domaine militaire, il était
général en chef jusqu’au bout des ongles. Mais il veillait à consulter Samuel
avant tout engagement d’importance, et prêtait une oreille respectueuse à son
hypercritique mentor, qui devenait de plus en plus sévère.
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Un
jour où Saül s’apprêtait à attaquer les Philistins, et où Samuel, à l’heure
dite, n’était pas là pour offrir les sacrifices rituels, Saül les offrit
lui-même, considérant qu’il pouvait être dangereux d’attendre plus longtemps,
Samuel apparut peu après et entra dans une telle colère qu’il informa tout de
go Saül que « ta royauté ne tiendra pas » et que « Yahvé s’est cherché un homme
selon son coeur » pour le remplacer (1 Samuel 13:14). Le fait que Saül soit
néanmoins allé de l’avant et ait gagné la bataille contre les Philistins, en
dit long en sa faveur.
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Désobéissance de Saül
La
rupture définitive entre Samuel et Saül survint après la victoire de Saül sur
les Amalécites.
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Ceux-ci
multipliaient les incursions dans le Néguev, et Saül avait désormais rétabli
une stabilité suffisante dans la région centrale pour pouvoir se permettre de
mobiliser une force considérable et de foncer sur le sud pour asséner un coup
décisif aux assaillants.
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Avant
son départ, Samuel lui avait transmis les instructions de D.ieu de ne pas faire
de quartier et de ne pas prendre de butin, mais Saül avait épargné la vie du
roi ennemi, Agag, qu’il avait emmené captif, et ses hommes avaient ramené les
meilleurs boeufs et les meilleures brebis. Samuel reprocha amèrement à Saül
d’avoir désobéi aux instructions du Seigneur. Il se fit amener Agag et le tua
de ses propres mains, en disant :
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«
Comme ton épée a privé des femmes de
leurs enfants, entre les femmes ta mère sera privée de son enfant ! » (1
Samuel 15:23)
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Il
quitta ensuite Saül sans cérémonie pour regagner Rama, et jamais plus les deux
hommes ne se rencontrèrent.
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Pourtant
Samuel n’était pas dépourvu de compassion, car la Bible ajoute : « Samuel
pleurait SaĂĽl » . Peu après le Seigneur lui ordonna d’aller jusqu’Ă
Bethléem et d’oindre pour futur roi le jeune David.
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Quoique
à première vue l’attitude de Samuel envers Saül semble avoir été dictée par la
jalousie, elle avait Ă©galement une raison profonde et non personnelle : la
crainte que le roi, lequel symbolisait le nouvel ordre profane qui Ă©tait en
train de remplacer l’ancien (une forme précoce de conflit entre l’Eglise et
l’Etat), ne cherchât également à usurper l’autorité religieuse.
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Les deux principales
explosions de colère du prophète
se produisirent d’abord lorsque Saül accomplit lui-même le sacrifice rituel
avant la bataille et, plus tard, lorsqu’il ignora les instructions religieuses
concernant les Amalécites.
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Samuel
eut le sentiment que de tels agissements menaçaient l’âme même de la société
israélite, sa foi, et il laissa alors entendre publiquement que Saül ne
jouissait pus de l’approbation divine.
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Un impact tragique sur SaĂĽl
A
partir de cet instant, il sembla se diriger sans boussole, privé du soutien
spirituel de Samuel, et conscient, aussi, de l’effet du désaveu de Samuel sur
les Anciens. Cependant le danger philistin Ă©tait encore pressant, et le premier
devoir de Saül était de l’affronter.
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Mais
alors qu’autrefois, il l’avait assumé avec courage et une grande assurance, il
était à présent assailli de doutes ; et même lorsqu’il était victorieux, la
gloire en allait Ă un autre, ce qui rongea encore plus sa confiance en lui-mĂŞme
et affecta son jugement.
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Lors
de la grande victoire suivante par exemple, ce fut le prélude avec Goliath qui
fut acclamé et au jeune David qu’allèrent les lauriers. Après quoi le récit
biblique nous montre SaĂĽl passant presque autant de temps Ă pourchasser David
qu’à pourchasser les Philistins.
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La
mort même de Samuel ne libéra pas Saül des tourments de sa conscience. Dans les
derniers jours de son règne, les
Philistins rassemblèrent une vaste armée et avancèrent dans la vallée de
Yizréel. Saül mobilisa et établit son camp face à eux, sur le mont de Gelboé.
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Mais
il avait perdu courage et, dans son désespoir, il quitta le camp une nuit sous
un déguisement, et partit à la recherche d’une nécromancienne réputée du hameau
d’En-Dor. Il demanda à la femme d’invoquer l’esprit de Samuel, et Saül entendit
alors la voix familière, bourrue, implacable du prophète, lui demander : «
Pourquoi as-tu troublé mon repos en m’évoquant ? » (1 Samuel 28:15). Saül
répondit qu’il était dans une grande angoisse à cause des Philistins, et que «
Dieu s’est détourné de moi, il ne me répond plus ».
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La
voix de Samuel confirma qu’en effet le Seigneur l’avait rejeté à cause de sa
désobéissance religieuse, et y ajouta la prédiction que les Israélites seraient
battus, et que SaĂĽl et ses fils mourraient le jour suivant, au cours de la
bataille.
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DĂ©jĂ
abattu, Saül était à présent complètement éperdu, ce qui n’est pas exactement
l’état d’esprit idéal pour un chef militaire s’apprêtant à passer à l’action.
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Son
armée fut effectivement battue. Lui-même cependant mourut avec dignité. Ses
trois fils, y compris Jonathan, furent tués, et Saül fut blessé par un archer
ennemi. Il demanda à son écuyer de l’achever, et lorsque celui-ci refusa, «
Saül prit son épée et se jeta sur elle » (1 Samuel 31:4).
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Cette
bataille-clé sur les pentes du mont Gelboé aurait bien pu être un tournant dans
la destinée de ces deux peuples – les Israélites engloutis au creux de la vague
et les Philistins portés à son sommet – sans la présence de ce jeune homme de
la tribu de Juda que Samuel avait oint.
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David, qui n’avait pas pris part à cette fatidique
bataille contre les Philistins, avait constitué un corps d’élite personnel et
accumulé une considérable expérience militaire et diplomatique, depuis le jour
où il avait affronté Goliath.
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Ce
populaire héros militaire, rude mais aussi poète, pieux mais aussi attaché aux
biens de ce monde, certaines de ses faiblesses Ă©taient aussi notoires que ses
vertus, et possédant un charisme en tant que désigné par D.ieu et béni par Samuel,
allait, en quelques années, devenir le leader favori de tous les Israélites.
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Grâce
à ce qu’avaient accompli Samuel et Saül autant qu’à ses propres qualités, David
allait réussir à souder entre elles les tribus comme jamais elles ne l’avaient
été depuis l’époque de Josué, et à leur faire pleinement accepter sa suprême
autorité politique et militaire.
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Il
allait porter le combat avec les Philistins jusqu’au-delà de leurs frontières,
broyer leur capacité offensive, et rendre Israël uni, fort et sûr.
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Extrait
du livre « Dans les pas des Prophètes » de Moshe Pearlman.
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Source : https://el-bethel.fr
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