Nous avons eu dans notre parcours bien des querelles entre mon
mari et moi, des querelles quâil laissait bien souvent se consumer sans prendre
le temps de sâassurer que tout foyer de trouble Ă©tait Ă©teint.
Ainsi, le lendemain soir dâune de ces disputes, mon mari Ă©tait
avec sa guitare Ă la main, prĂȘt Ă mâinviter Ă me joindre Ă lui pour un temps
dâintercession. Mais, dans mon cĆur, restaient du ressentiment et de la
frustration.
Je lui proposai alors un moment de recueillement oĂč chacun de nous
se laisserait examiner par Dieu, avant de pouvoir Le louer. JâĂ©tais consciente,
en effet, que Dieu nâagrĂ©e nullement des louanges ou des priĂšres des mains et
des cĆurs chargĂ©s, non lavĂ©s par les eaux de la repentance.
Lorsque nous eĂ»mes fini cet instant dâauto-examen devant la face
de Dieu, je lui dis :
"Â Nous ne pouvons aller voir le Seigneur et ĂȘtre
favorablement reçus de Lui, sans régler certaines choses entre nous. Il nous
faut Îter tout foyer de trouble. "
A travers les crises que notre couple traversait, le Seigneur me
fit comprendre des précieuses réalités.
Beaucoup de couples dans le ministĂšre souffrent secrĂštement et
sont au bord de la déroute. Par ce que nous avions vécu, le Seigneur me
montrait la situation des épouses des ministÚres.
La plupart dâentre elles (je parle des couples en crise) ont
connu une conversion authentique et valable au Seigneur. Mais cette rencontre
avec Dieu sâest arrĂȘtĂ©e Ă la crainte de Dieu, de Sa Parole, et ces femmes nâont
pas fait la rencontre de lâamour avec le PĂšre : connaĂźtre le cĆur du PĂšre,
ou connaĂźtre (vivre) Dieu comme leur PĂšre.
Il leur manque ainsi la
sécurité, le repos et la
vie Ă©panouie quâon ne peut
avoir quâen ayant fait cette rencontre de cĆur avec le PĂšre.
Or ces femmes, manquant de cette dimension vitale de la
sĂ©curitĂ© qui rĂ©sulte de la connaissance de lâamour du PĂšre, resteront dans une atmosphĂšre de
frustration, de solitude intĂ©rieure de lâĂąme, et dâinsĂ©curitĂ©, surtout
lorsquâelles sont mariĂ©es Ă des Ă©poux zĂ©lĂ©s, fonceurs, ayant les ailes de
missionnaires sur la peau.
Le zĂšle des Ă©poux, notamment lorsquâils
sont trÚs engagés dans les
activitĂ©s, dans leurs pensĂ©es, leurs Ă©crits, leurs dĂ©placements, augmentera le sentiment dâinsĂ©curitĂ©
et de frustration chez les épouses sur lesquelles pÚse souvent le poids des
soucis de la vie et des fardeaux des jours. Nâayant pas la vision des Ă©poux mais sâattachant davantage aux
choses domestiques, elles verront dans le zÚle des époux un détachement, voire
une désolidarisation par rapport aux soucis, aux divers fardeaux du foyer. Plus
difficile encore, elles verront dans ce zĂšle des Ă©poux pour lâĆuvre du Seigneur
comme une agression, une violation faite Ă leur encontre car elles se verront
comme bousculées par les maris " absents " ou toujours
" ailleurs ".
Elles développeront une humeur pesante, voire acariùtre dans le foyer et seront, derriÚre cet
extérieur agressif, malheureuses et désespérément seules dans leur ùme, à cÎté
de maris prĂ©sents physiquement, mais dont lâesprit est dĂ©jĂ loin en mission.
A force de voir leurs époux impliqués sans cesse dans les
" choses de Dieu "
et absorbés par des objectifs situés à dix mille lieux de leurs préoccupations
quotidiennes de femmes, elles commencent alors dâabord Ă sâirriter, Ă semer une
mauvaise ambiance dans le foyer, puis Ă mĂ©priser leurs maris " irresponsables, rĂȘveurs et absents " et mĂȘme Ă rejeter, pour certaines, les Ćuvres
et la personne de Dieu dans la foulĂ©e, car elles rendent secrĂštement Dieu responsable de lâattitude
engagée de leurs époux. Se
tissera alors une sorte dâamertume intĂ©rieure contre Dieu quâelles verront
comme tyrannique et arbitraire, Lâaccusant de leur
" voler " leurs maris et leur droit à une vie de famille
" tranquille " et " normale. "
Cette vision de Dieu les fermera davantage au cĆur dâamour du
PĂšre. Et comme tout
dialogue semble impossible dans le couple, les épouses deviennent bloquées,
hermĂ©tiques dans leur relation avec Dieu. La dĂ©pression et le mal-ĂȘtre rĂšgnent
avec des tendances aux pleurs, ce sont "Â ces femmes, dit-on, qui
pleurent pour tout et pour rien. "
Les époux finissent par se lasser de leurs épouses et par ne plus
prĂȘter attention Ă leurs pleurs. Ils ne pourront plus ĂȘtre sensibles au message
de dĂ©tresse, de supplications dĂ©sespĂ©rĂ©es, dĂ©semparĂ©es de leurs Ă©pouses Ă
travers leurs larmes ou leurs mauvaises humeurs extérieures.
Ils verront lâagressivitĂ© ou la mauvaise volontĂ© extĂ©rieure de
leurs Ă©pouses et ne sauront pas discerner, avec les yeux de lâamour de lâĂpoux,
les signaux, les appels de détresse des vases fragiles et brisés que Dieu leur
a confiĂ©s, Ă eux en tant quâĂ©poux⊠Les pleurs des Ă©pouses dĂ©semparĂ©es, paniquĂ©es et insĂ©curisĂ©es face aux pas de plus en plus
prĂ©cipitĂ©s, empressĂ©s des Ă©poux fonceurs, pas quâelles ont essayĂ©, pour la
plupart, de rattraper mais dont la cadence devenue de plus en plus rapide les
laissent désemparées, sur le bord du chemin " missionnaire, "
tandis quâelles emprunteront le chemin de la solitude et de la dĂ©pression.
Quant aux Ă©poux, face Ă lâhumeur irritable de leurs Ă©pouses, ils
rĂ©agissent en sâenfermant dans leurs bureaux et leurs tours de priĂšre ou en
correspondant par email avec des frĂšres avec qui "Â on est plus en
phase ! "
" De toute façon, elle sâĂ©nerve pour tout, ne
sâintĂ©resse Ă rien, ne comprend rien aux choses de DieuâŠ, Ă moi les Ăąmes
perdues du PÎle Nord, le combat spirituel et le mont Sinaï ! "
Ils glisseront vers le mépris ou permettront aux pensées de mépris
de se glisser dans la forteresse de leur cĆur Ă lâĂ©gard de celles qui furent
leurs gazelles dâamour au temps de leur jeunesse.
Et voilĂ pourquoi beaucoup de ministĂšres voient leurs couples pĂątir sans quâils
aient encore de la force pour relever la situation. Leurs épouses gémissent misérablement
dans le silence du foyer, tandis que leurs maris embrassent des foules, leur
parle dâamour (!) et mĂȘme se portent conseillers conjugaux lors des
séminaires !
Jâai moi-mĂȘme Ă©tĂ© traumatisĂ©e par la biographie dâun grand
missionnaire aux Indes, William Carey. Le livre faisait lâĂ©loge de cet homme
infatigable dans lâĆuvre de Dieu, un homme qui Ă©tait prĂȘt Ă tout sacrifier pour
le salut des Ăąmes de lâInde. Et, en effet, sa femme fut mise sur lâautel des
sacrifices et y mourut dâune crise de folie; elle fut contrainte Ă choisir
entre les deux alternatives suivantes : soit suivre son époux, soit se
sĂ©parer de lui car ce dernier, avec ou sans lâaccord de son Ă©pouse, Ă©tait
rĂ©solu Ă partir en Inde, Ă lâĂ©poque encore primitive et sauvage. La jungle avec
ses animaux sauvages, ses tigres, vipĂšres et une culture inconnue, lâabsence
rĂ©pĂ©tĂ©e et longues de son mari eurent raison dâelle.
Des milliers dâIndiens, sans doute, furent Ă©vangĂ©lisĂ©s, mais
la femme sâĂ©teignit, lâĆuvre continuait et jâai pleurĂ©.
Et traumatisĂ©e par cet exemple, jâĂ©tais restĂ©e une quinzaine
dâannĂ©es de conversion authentique avec un sentiment dâamertume et de mĂ©fiance
Ă lâĂ©gard dâun Dieu qui, je pensais, Ă©tait tyrannique et arbitraire, en
exigeant quelquefois la destruction dâun foyer pour atteindre lâobjectif de Ses
Ćuvres. Je mâĂ©tais donc tenue hermĂ©tique Ă lâamour de Dieu et a fortiori Ă Dieu
en tant que PĂšre dâamour, ayant Ă Son encontre du ressentiment et un regard de
reproche. La crainte de Dieu, de Sa Parole, la sanctification, le salut, je les
avais, mais ne pouvais recevoir Son amour. JâĂ©tais amĂšre contre Dieu Ă cause de
cette vision que jâavais de Lui et Ă©tais restĂ©e bloquĂ©e durant toutes ces
annĂ©es dans ma relation avec Lui, jusquâau
jour oĂč Il me fit grĂące en me
rĂ©vĂ©lant son vrai cĆur de PĂšre, et je mâĂ©tais effondrĂ©e face Ă ce regard
dĂ©vorant dâamour.
Et cette
rencontre avec Dieu en tant que mon
PĂšre dâamour transforma notre
couple.
Ainsi, pour les Ă©poux enflammĂ©s, fonceurs dans lâĆuvre du
Seigneur, sâil vous plaĂźt, entendez le message du Seigneur : Votre
premiĂšre Ćuvre, votre premiĂšre charge est dâaimer, non les Ăąmes du bout de la
terre seulement ou votre voisin, mais dâabord celles qui reposent Ă lâombre de
vos ailes.
Si vous prenez Dieu comme votre
Ami, sachez que cet Ami pour qui vous croyez travailler vous demandera un
jour :
" Adam, oĂč est ta femme Ăve ? Il rĂ©pondit : Je
ne sais pas; suis-je le gardien de ma femme ?
Et Dieu dit : Quâas-tu fait ? La voix de ta femme crie
de la terre jusquâĂ Moi. "
" Mais lâĂternel Dieu appela lâhomme, et lui dit :
OĂč es-tu ? "
Vous ne pouvez vous cacher derriĂšre vos Ćuvres car votre premiĂšre
Ćuvre est dâaimer celles que le CrĂ©ateur vous a confiĂ©es. Vous en ĂȘtes les
gardiens.
Ces propos sont sĂ©vĂšres Ă lâĂ©gard des hommes, mais de mĂȘme que
Dieu sâest dâabord adressĂ© Ă Adam aprĂšs la tentation, de mĂȘme Il vous demandera
compte en premier. A cause du rĂŽle et du rang de lâhomme par rapport Ă son
épouse, Dieu le regardera toujours plus sévÚrement que le " vase
fragile " quâIl a confiĂ© Ă sa garde.
"Â Mais par-dessus toutes ces choses, revĂȘtez-vous de
lâamour qui es le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, Ă laquelle
vous avez été appelés pour former un seul corps, rÚgne dans vos
cĆurs. " (Colossiens 3:14-15).
"Â Quand je parlerais les langues des hommes et des
anges, si je nâai pas lâamour, je suis un airain qui rĂ©sonneâŠ
Et quand jâaurais le don des languesâŠ, et quand je distribuerais
mes biens aux pauvresâŠ, si je nâai pas lâamour, cela ne me sert de
tien. "(1
Corinthiens 13).
Il ne vous sera pas demandé combien vous avez investi dans votre travail
pour Dieu, mais comment (le cĆur) vous avez ĆuvrĂ© pour
Lui :
" Adam (Homme), Je tâai confiĂ© une brebis dâentre cent,
tu sais, la plus fragile, celle qui sâest Ă©garĂ©e. As-tu Ă©tĂ© Ă sa recherche,
as-tu Ă©tĂ© en peine pour elle Ă cause de sa situation ? Lâas-tu prise sur
tes épaules ?
As-tu pris la peine et le temps, le cĆur et lâĂąme en pleurs, de Me
supplier pour le sort de ton épouse ? As-tu cherché à comprendre les
causes de ses blocages, de ses craintes et de son insécurité ? Connais-tu
les soupirs profonds de son cĆur solitaire ? Tu sais, elle ne connaĂźt pas
Mon cĆur de PĂšre et cherche de lâamour dans ton cĆur de pierre, et sâen trouve
blessée.
Mais au fait, Adam, connais-tu, toi, Mon cĆur de PĂšre, les lueurs
dâamour, de compassion et de misĂ©ricorde dans Mes yeux pour ta misĂšre ? As-tu
dĂ©jĂ tĂątĂ© Mon cĆur, en as-tu ressenti les saignements de Mon amour pour toi ?
Penche-toi sur Moi, Je pleure sur toi, pour toi, pour quâĂ ton
tour, tu pleures en faveur de celle que Je tâai confiĂ©e.
Aime-la pour Moi, ton
Seigneur, veux-tu ? Car elle est Ma
perle prĂ©cieuse que jâai
confiée à tes soins.
" - Pierre, Mâaimes-tu ?
-Â Oui,
Seigneur, Tu sais toutes choses, Tu sais que je Tâaime.
- Pais Ma brebis. "
Et si toi-mĂȘme tu nâas pas encore reçu Mon amour de PĂšre pour toi,
alors crie Ă Moi. Je dĂ©verserai dans ton cĆur Mon amour de PĂšre et tu
comprendras, tu vivras Mon amour de PÚre pour ton épouse orpheline de PÚre.
Car Je veux Me rĂ©vĂ©ler Ă elle comme son PĂšre aimant. Oh, quâelle
puisse voir son PĂšre Ă travers tes yeurs⊠Si tu sais lâaimer de Mon amour, elle verra Mes yeux dâamour. Si tu sais
lâattendre, au
temps fixĂ© oĂč Je lui rendrai visite, elle te sera dâune grande aide pour ton
ministĂšre dont Je lui dĂ©pars la moitiĂ© de lâhĂ©ritage et des
bénédictions. "
Tout ministĂšre commence dans le couple et le foyer. Si lâon ne
prend pas le temps de bander et de soigner lâamour, le ministĂšre basĂ© sur un
fondement déjà ébréché est en danger mortel.
Ă Dieu de toute vie, quâun esprit de contrition, de brisement et
de repentante tombe sur nous. Que lâhumiliation et la rĂ©conciliation coulent de
nos cĆurs touchĂ©s par Ta voix suppliante de PĂšre.
Fais la grùce, par la révélation de Ta Parole et de Ton Esprit,
aux épouses de Te connaßtre dans Ton amour de PÚre afin que toute crainte et
insĂ©curitĂ© leur soient ĂŽtĂ©es et quâelles Ă©pousent ce que Tu as mis (les
visions, les Ćuvres) dans le cĆur de leurs Ă©poux, et y rentrent.
Fais la grĂące aux Ă©poux dâuser de patience et dâattente envers leurs Ă©pouses afin de gagner
leur confiance par lâamour et que leur crainte soit apaisĂ©e.
Que la repentance et lâhumiliation et la rĂ©conciliation viennent
sur nos couples, afin que rien
ne vienne faire obstacle Ă nos priĂšres.
Par un auteur anonyme (*)
* Note: L'auteur de ce texte tiré de son
journal personnel, mÚre au foyer de 32 ans, de deux enfants, a préféré garder
l'anonymat.
Source : http://sentinellenehemie.free.fr
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