Semaines du 1er juin au 12
juillet 2013
Par
Esther Grève
Résumé
de l’actualité
Dans
ce résumé de l’actualité, nous reviendrons sur les principaux événements des
dernières semaines, dont les développements se poursuivent ces derniers jours.
Un
des événements principaux est la chute du président égyptien Mohamed Morsi,
qui secoue le Moyen-Orient et nous plonge dans l’incertitude face à ce qu’il va
advenir dans ce pays. La révolte grondait depuis déjà des mois, et les
manifestations anti-Morsi s’étaient multipliées ces derniers temps. Elles
protestaient contre la mainmise croissante des Frères musulmans sur le pouvoir,
et aussi la situation économique déplorable et le quotidien de plus en plus
difficile des Egyptiens.
C’est
donc un revers majeur pour cette organisation internationale implantée dans la
plupart des pays du Moyen-Orient, qui n’aura donc pas su prouver sa capacitĂ© Ă
être à la tête d’un pays en satisfaisant les besoins et les aspirations de la
population. Mais la situation est complexe, et tant de paramètres entrent en
jeu qu’il est impossible de prévoir ce qu’il en ressortira. Car si le
mécontentement face à Morsi est allé à un tel point qu’il a entraîné sa chute
grâce au soutien de l’armée à la contestation populaire, si les Egyptiens sont
bien déçus de leur expérience des Frères musulmans, les tractations pour
déterminer les personnes à mettre au pouvoir en ce temps de transition prennent
en compte le poids des islamistes, et notamment de la deuxième formation
politique islamiste, Al-Nour. Ceux qui dirigent le pays dans ce temps de
transition craignent en effet de voir tous les partis islamistes constituer une
opposition forte, et ils cherchent donc Ă composer avec Al-Nour et les
salafistes.
Dans
le monde arabo-musulman, les événements ont été suivis de très près. Le succès
de la contestation populaire en Egypte pourrait souffler dans les voiles de
l’opposition à Erdogan en Turquie et la pousser au durcissement. Mais en
premier lieu, c’est la Tunisie qui a eu les yeux rivés sur l’Egypte, et l’on sait
que la contestation du pouvoir d’Ennhada par une partie de la population au
cours de ces derniers mois, est forte. Cela interpelle certainement aussi les
Soudanais, qui mènent depuis trois semaines des manifestations importantes
contre la corruption et la hausse des prix dans plusieurs villes du pays, dans
le but affiché de faire tomber la dictature d’Omar al-Béchir, en place depuis
son coup d’Etat en 1989. Omar al-Béchir promettait la justice sociale par
l’islam, tout comme les Frères musulmans.
Se
pourrait-il que cela entraîne donc un renversement de tendance de la « vague
verte » au Moyen-Orient (le vert est la couleur de l’islam), un renversement au
détriment des forces islamiques et en faveur des courants plus laïcs ? Ce n’est
pas sûr, car le soutien populaire apporté aux diverses facettes
de la vague islamiste (salafistes, Frères musulmans, partis islamistes divers)
est bien réel ;
c’est
l’aspiration à une législation islamique qui motive le vote d’une partie des
populations moyen-orientales en faveur des islamistes. En Egypte, le soutien
d’une partie de la population aux Frères musulmans est en tout cas une réalité
qui ne peut pas être niée et qui rentre en jeu dans les développements
politiques Ă venir.
Adly
Mansour, que le mouvement de protestation « Tamarod » (« rébellion ») demandait
à voir placé au poste de Président par intérim, l’a été ; et au lieu de
Baradeï, jugé trop laïc et modéré, refusé par les salafistes, c’est Hazem
el-Beblaoui qui a été nommé Premier ministre d’intérim.
Les
Etats-Unis se trouvent dans une position critique face Ă ce changement de
pouvoir en Egypte.
En
effet, la présence du candidat des Frères musulmans à la présidence égyptienne
avait été clairement saluée et soutenue par le gouvernement américain ; et
contrairement à ce qu’il s’est passé pour Moubarak, les Etats-Unis n’ont pas
témoigné leur appui aux manifestations populaires demandant la destitution de
la nouvelle main de fer qui les gouvernait…
En Syrie, les combats se poursuivent. Israël a détruit les missiles S-300 russes parvenus
entre les mains du régime syrien qui auraient changé la donne dans la lutte
entre le régime et l’opposition, et cela a été salué par l’opposition syrienne.
Et le conflit syrien fait toujours plus peser la menace
de
guerre civile sur son voisin, le Liban. Se voilant la face par crainte de ce
qu’il pourrait advenir s’ils traitaient réellement les données du problème, des
personnalités politiques libanaises désignent Israël comme coupable. C’est
ainsi que l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri a accusé Israël d’être
à l’origine de l’attentat qui a frappé un bastion du Hezbollah à Beyrouth
mardi, un attentat à la voiture piégée ayant fait au moins 20 morts et une
cinquantaine de blessés.
Quant à Israël, il
met en Ă©vidence la rĂ©alitĂ© de la lutte qui oppose sunnites et chiites, Ă
l’origine de cet attentat.
Deux
informations nous parviennent concernant la situation du peuple juif. Depuis le
début de l’année, ce sont 5635 attaques violentes qui ont été perpétrées contre
les Juifs de Judée-Samarie et à Jérusalem ! Un chiffre conséquent donné par un
service d’urgence israélien, de terrain donc. Et celui qui est désormais
l’ancien président de l’Iran a déclaré lors d’une cérémonie d’adieu que sa plus
grande réussite était la propagation de la négation de la Shoah. Ce sur quoi
nous n’avons pas de doute au vu de l’ampleur que prend cette réalité au cours
des dernières années à un niveau mondial. Celui qui remplace Ahmadinejad est
Rohani, élu avec 50,68% des voix après le tri opéré par les instances
religieuses du pays dans les candidats qui se présentaient. Rohani a de suite
annoncé la couleur, même si en apparence il prône de bonnes relations avec
l’Occident : le programme nucléaire iranien se poursuivra.
Au niveau de l’actualité
internationale, des émeutes et manifestations liées à la crise
financière ont eu lieu. Une vague de manifestations a eu lieu en Bulgarie
contre la pauvreté pour obtenir la démission du gouvernement. Le Portugal, où
des manifestations se sont déroulées contre la politique d’austérité maintenue
par le gouvernement, a fait face Ă une crise politique : le ministre des
Finances et celui des Affaires étrangères ont présenté leur démission, après
quoi le président a appelé à un compromis de « salut national » entre la droite
et la gauche. Et malgré la situation de l’Union européenne, les processus
d’adhésion de certains pays se poursuivent : le 1er juillet, la Croatie a ainsi
été le 28ème Etat à intégrer l’UE. L’Union Européenne tente toujours de
progresser vers l’union bancaire. La nouvelle étape en serait un plus grand
pouvoir accordé à la Commission pour liquider les banques défaillantes de la
zone euro, mais l’Allemagne s’y oppose fortement.
La
banque du Vatican, toujours entourée de mystère et impliquées depuis plusieurs
années dans
plusieurs
scandales financiers, est quant à elle accusée de blanchiment d’argent par le
parquet italien.
Le
Mexique traverse une période électorale particulièrement difficile,
meurtrière : tandis que le parti au pouvoir (le Parti révolutionnaire institutionnel)
cherche Ă ĂŞtre bien Ă©tabli dans tout le pays, les trafiquants de drogues
tentent d’influencer les élections régionales qui ont lieu. Plus d’une dizaine
de candidats ou dirigeants politiques ont été assassinés, et de nombreux autres
ont été menacés ou enlevés.
L’Inde a
été frappée par des inondations meurtrières : le bilan pourrait être de 5 500
morts. Ce serait la pire catastrophe du point de vue humain en 2013.
Et
nous reviendrons sur les événements de ces dernières semaines touchant au terrorisme
en raison de leur importance. Ce sont en effet non pas de « simples » attentats
qui ont été déjoués, mais de véritables plans terroristes. L’Allemagne s’est
ainsi réveillée le 27 juin pour apprendre que venait d’être déjoué un plan
terroriste Ă©laborĂ© par des Ă©tudiants musulmans venus de Tunisie, qui visait Ă
attaquer la région de Stuttgart par voie aérienne en vue de provoquer le plus
grand nombre de victimes possibles, Stuttgart étant au coeur d’une région très
peuplée. Aux Etats-Unis, des étudiants tunisiens avaient planifié le
déraillement un train, ainsi qu’une attaque à l’arme chimique
par l’air ou l’eau afin de contaminer 100 000 personnes. Des informations qui
font d’autant plus redouter les conséquences de certains conflits au
Moyen-Orient, livrant au pillage des arsenaux militaires entiers d’Etats.
Et
le terrorisme continue par ailleurs de frapper ici et là : l’attaque d’un lycée
au Nigéria par des islamistes présumés de Boko Haram a tué 42 personnes. Le
terrorisme a fait plus de 2500 victimes ces trois derniers mois en Irak. Et au
Canada, le parlement de la Colombie-Britannique aurait dû être le théâtre d’un
attentat le jour de la fête nationale, le 1er juillet, s’il n’avait été déjoué.
Nous
reviendrons aussi sur un scandale qui a particulièrement fait couler
d’encre ces derniers jours : celui de l’espionnage auquel se livre
l’administration américaine via son Agence Nationale de Sécurité (NSA), avec le
programme « Prism ». C’est à l’échelle nationale et internationale que
s’effectue
ce travail d’espionnage, dévoilé par Edward Snowden, ex-informaticien de la
CIA. On découvre chaque jour un peu plus l’ampleur de cette affaire, et toutes
les instances et les secteurs victimes de cet espionnage. Il s’agit en effet
non seulement d’internautes privés et de leurs téléphones, mais des acteurs de
la diplomatie internationale et des « cibles institutionnelles » (parmi
lesquelles la France, l’Italie ou la Grèce), selon les presses allemande et
britannique. C’est sous couvert de lutte contre le terrorisme et la criminalité
organisée qu’ont été collectées les données, alors qu’Obama a proclamé
récemment la fin de la « guerre mondiale » contre le terrorisme… La Fédération
internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme
(LDH) ont porté plainte contre X le 11 juillet. Leur but est de déterminer le
rôle joué par les géants d’internet (Google, Apple, Youtube, Skype, Facebook,
etc). Un des avocats de la Fédération internationale des droits de l’homme
estime que les géants d’internet « sont susceptibles d’avoir mis à la
disposition du FBI et de la NSA leur serveur pour que ces agences de renseignement
américaines les pénètrent et puissent s’installer à demeure pour collecter, siphonner
toutes les données de tous les clients internautes utilisant les services de
ces sociétés », et les deux associations, FIDH et LDH, déclarent : « Cette
intrusion sans contrôle dans la vie de chacun constitue un danger considérable
pour les libertés individuelles qui doit disparaître sous peine de voir disparaître
l’Etat de droit ». A l’heure de moyens techniques ultra-perfectionnés, un tel
système de surveillance va en effet très loin dans le non-respect de la liberté
individuelle…
Pour
terminer sur l’actualité internationale, la faim est toujours une réalité dans
le monde. Au Sahel, ce sont dix millions de personnes qui souffrent de
malnutrition, et la période de soudure (période faisant le lien entre la fin
des réserves agricoles de l’année écoulée et la récolte de l’année agricole
suivante) devrait ĂŞtre assez critique.
En France vient d’être relancée en cette période de vacances d’été la
question de la recherche sur l’embryon et les cellules souches. Les radicaux de
gauche souhaitent l’abolition de l’interdiction actuelle, pour un système
d’autorisation encadré.
Source : www.lespoir.fr
(avec autorisation)