Traduit par Didier Lebeau
Lecture : Daniel 10 :1-21
Du
chapitre dix du livre de Daniel, je souligne simplement ce fragment du verset
19 :
« Et il me dit : Ne crains pas, homme
bien-aimé ; paix te soit ! Sois fort, oui, sois fort !»
J'y
ajoute deux versets du Nouveau Testament, auxquels nous reviendrons plus tard :
« Priant en même temps aussi pour
nous, afin que Dieu nous ouvre une porte pour la Parole, pour annoncer le
mystère de Christ. », (Colossiens 4:3)
« Nous
avons voulu aller vers vous, moi Paul, et une fois et deux fois, et Satan nous
en a empêchés.», (1 Thessaloniciens 2 :18)
Une Expression du CĹ“ur de Dieu
« Homme bien-aimé » ou « homme grandement aimé ». Dans ce qu'elle
est en fait, ainsi que dans ce qu’elle implique, cette expression de la part de
Dieu est, pour Daniel, une déclaration d'approbation. La pensée de Dieu se
manifeste ici dans une mesure peu commune. Il ne fait pas de doute que c'est
une expression du cœur de Dieu. « Homme grandement aimé — tu es un bien-aimé »,
(9 :23). C'est par trois fois que la chose est dite Ă Daniel. Quand c'est le
Seigneur qui use d'un tel langage, Il doit avoir une raison de premier ordre.
Il ne s’agit pas d’un débordement d'émotion ou de sentimentalité. Dieu ne s’exprime
pas de cette façon, malgré tout le désir qu'il peut avoir de se montrer
bienveillant. S'il tient un tel langage, c'est qu’Il considère que cette chose
est prééminente. Les relations mutuelles entre Dieu et les hommes présentent
certaines caractéristiques, et nous en découvrons quelques-unes, de très
importantes, dans la déclaration dont Daniel est ici l'objet. Si j'en indique
simplement deux ou trois, on se rendra compte immédiatement à quel point ce que
nous venons de dire est vrai.
Un Amour en Relation avec le Dessein de
Dieu
Par
exemple, nous avons dans l'expression que Dieu emploie cette vérité
remarquable, qu'il est possible à un homme, — insistons sur le fait que c’est
de l’homme dont il est question ici – d'occuper,
dans le cœur de Dieu, une position supérieure à celle que nous occupons en
vertu de l'amour qui nous a été démontré à la croix. Il n'est déjà pas peu de
chose, cet amour rédempteur, mais nous voyons ici quelque chose de plus grand
encore. Il s'agit ici d'un amour démontré envers celui qui est en communion
avec le dessein de Dieu. Ainsi, parce que cet homme est intimement associé au
dessein de Dieu, le ciel peut lui rendre témoignage en ces termes : « Tu es
grandement aimé — tu es un être de prédilection. »
Cette
communion de l'homme avec les intentions divines n'est d'ailleurs pas
particulière à Daniel. C'est une grande vérité biblique, c'est quelque chose
qui est dans la Bible. Il est presque invraisemblable que le ciel s'ouvre tout
exprès pour envoyer un archange se frayer un chemin difficile jusqu'à cet homme
pour lui dire, en substance, ceci : « Dans l'estimation du ciel, Daniel, tu
jouis d'une très grande considĂ©ration, une très grande valeur est attribuĂ©e Ă
la position que tu occupes. » Répétons-le, il y a là quelque chose qui dépasse,
et de beaucoup, l'amour rédempteur, pourtant si merveilleux. Cet amour qui nous
a rachetés, il est lui même plus que ce que nous pouvons concevoir, il nous
dépasse, nous pouvons épuiser toute notre capacité de compréhension sans
parvenir à le mesurer. L'amour rédempteur, c'est le thème de notre témoignage,
c'est notre cantique, et nous allons répétant qu'il le sera jusque dans
l'éternité. Cependant, voici un amour que Dieu et le ciel témoignent à un homme
et qui surpasse l’ineffable amour rédempteur. C'est un amour qui est en rapport
avec une vocation, un amour qui s'épanche avec une attention particulière sur
ce qui sert le dessein suprĂŞme de Dieu.
Peut-il
exister quelque chose de plus glorieux que cet amour rédempteur dont l'homme
est l'objet ? Y a-t-il quoi que ce soit de plus merveilleux que d'ĂŞtre, par
rachat, ainsi Ă©treint par l'amour de Dieu ? Que vous et moi, sachant ce que
nous sommes — bien que nous n’ayons pas encore découvert toutes les profondeurs
de notre déchéance — que nous puissions être à ce point enveloppés par l'amour
rédempteur, que l'homme, tel qu'il est, arrive à se trouver dans une telle
position, est tout simplement inexprimable. Cependant, il y a quelque chose qui
va au delà de l'amour rédempteur. C’est un amour qui est en relation avec un
service rendu au dessein de Dieu ; Dieu se trouve satisfait en ce qui concerne
l’accomplissement de Son dessein. Remarquez que c'est de nouveau de l'homme qu’il s'agit, c'est le mot que nous
nous efforcerons de souligner tout au long de cette méditation. C'est devant un
homme que le ciel fait cette déclaration, que les archanges s'expriment en ces
termes : « Tu es un être de prédilection — tu es grandement aimé. » N’est-ce
pas ici un sujet qui mérite qu'on s'y arrête ? Ce n'est pourtant qu'une partie
de ce qui est impliqué par cette déclaration. Nous en verrons plus loin
d’autres aspects.
Intelligence quant au Dessein de Dieu
Nous
notons un autre trait qui transparaît de cette déclaration : l'immense
importance, la valeur considérable qu'il y a à être directement informé, d’être
placé au bénéfice des mouvements célestes. Cela peut paraître énigmatique, mais
c’est ce que nous avons ici. Remarquez à combien de reprises cette pensée
revient dans le cas de Daniel : savoir, comprendre, connaître, avoir
l'intelligence des choses, les voir spirituellement, ĂŞtre en relation avec les
choses célestes, être au fait de ce qui concerne le dessein de Dieu, savoir
Ă©valuer la situation du moment, en discerner le sens. Si Dieu trouve quelqu'un
de pareil, quelqu'un qui soit dans cette position, ce quelqu'un ou cet
instrument a pour le Seigneur une valeur inestimable. C'est ce discernement,
cette connaissance, cette intelligence des événements, cette clairvoyance
spirituelle, qui provoque cette déclaration : « Tu es un bien-aimé. » Quelle
capacité formidable que cette intelligence spirituelle, cette pénétration,
cette participation à ce qui peut être décrit comme étant « un système céleste
de renseignements ». Savoir ce qui en est des pensées et des intentions de Dieu
! Il faut noter ici que dans le cas de Daniel, la Parole fut essentielle pour
son discernement. Il avait étudié les Ecritures et il en avait reçu une
intelligence.
La Prière qui Influence le Ciel
Considérons
un troisième aspect de cette déclaration. Cette prière qui va plus loin que les
choses temporelles, qui affecte l'ordre des choses spirituelles en son entier,
qui met en mouvement les puissances du ciel, célestes et diaboliques, quelle
prière ! Il serait intéressant de découvrir la base d’une telle prière, d'en
analyser la nature. Elle dépasse nos affaires temporelles, nos circonstances
personnelles, tout ce dont est faite la vie quotidienne. Bien que les requĂŞtes
qui touchent à notre vie quotidienne sont très importantes ; néanmoins, ici, la
prière va au delà de ce qui est temporel et terrestre. Cette prière touche tout
ce qui est invisible, elle affecte les domaines spirituels de ce monde, elle
incite les anges Ă l'action, elle met le ciel en mouvement. Satan lui-mĂŞme,
dans sa rage, s’engage dans la lutte et la résistance : il faut empêcher, si
possible, cette prière d'aboutir. N'est-ce pas ici quelque chose
d’extraordinaire ? Tout ce qui précède ne se limite pas à Daniel et à son
livre, c’est un sujet que nous retrouvons à travers toute la Bible.
Mais je
sais ce que vous pensez peut être. Vous vous dites : « Tout cela nous conduit
terriblement loin. C'est quelque chose de trop élevé ; cela nous dépasse. La
vie chrétienne ordinaire est faite de toute autre chose. » Mais, chers amis,
savez-vous que nous nous trouvons ici face Ă face avec la nature-mĂŞme de
l'Eglise, avec l'explication de son existence ? Nous n'avons absolument rien
saisi au vrai sens de notre vocation, dans la présente dispensation, si nous
n'avons pas saisi ce fait : tout comme Daniel — dans une autre dispensation et
dans des circonstances différentes, mais exactement dans la même perspective —
nous avons, nous aussi, été appelés à ces réalités invisibles ; aux choses
célestes. C’est ce qui est explicitement indiqué dans l'épître aux Ephésiens,
trouvant son expression culminante au chapitre
six, versets 10 à 20. Si les choses mentionnées ci-dessus sont bien des
aspects de cette expression « homme
grandement aimé », vous devez
admettre avec moi combien est riche son contenu ! Si tout cela est vrai, alors
Daniel est un homme qui mérite de retenir notre attention ; car il retint
l’attention de Dieu.
Base et Nature de Cette Prière
Considérons
maintenant la base et la nature d’une telle prière. Nous avons, dans cette
prière, une clef de tout ce que nous avons dans le livre de Daniel. Tout est
soutenu et tout gravite autour de cet axe : la prière efficace, celle qui
touche les choses Ă leur source, et qui est en rapport avec le trĂ´ne; celle qui
met le ciel en mouvement. C’est cette prière qui affecte là où « les cieux dominent ». Vous le savez, cette phrase est
dans le livre de Daniel.
Les
passages suivants nous donnent une idée de l'estimation de Dieu pour Daniel en
raison de sa vie de prière influente :
«Et il
me dit: Ne crains pas, Daniel, car dès le premier jour où tu as appliqué ton
cœur à comprendre et à t'humilier devant ton Dieu, tes paroles ont été
entendues, et moi, je suis venu Ă cause de tes paroles; mais le chef du royaume de Perse m'a
résisté vingt-et-un jours, et voici, Micaël, un des premiers chefs, vint à mon
secours: et je restai là , auprès des rois de Perse. Et je suis venu pour te
faire comprendre ce qui arrivera Ă ton peuple Ă la fin des jours; car la vision
est encore pour beaucoup de jours.»
(Daniel 10 :12-14).
« Fils d'homme, si un pays pèche
contre moi… et que ces trois hommes, Noé, Daniel et Job fussent au milieu de
lui, ceux-ci délivreraient leurs âmes par leur justice, dit le Seigneur,
l'Éternel. Noé, Daniel et Job fussent-ils au milieu de lui, je suis vivant, dit
le Seigneur, l'Éternel, s'ils délivraient fils ou filles! Eux seulement, par
leur justice, délivreraient leurs âmes.»
(Ezéchiel 14 : 13, 14, 20).
Quelle
est donc la base, quelle est la nature d'une telle prière ? Comme nous l’avons
déjà vu, avant tout l’intelligence du dessein de Dieu, supplée par une
appréciation perspicace de la situation générale et de ce qu’elle peut
engendrer. C’est ici le fondement essentiel pour une vie de prière efficace.
La Place de la Parole de Dieu dans le
Discernement de Daniel
Prenons
note maintenant de la place occupée par la Parole de Dieu dans cette
intelligence spirituelle. Si vous lisez au chapitre neuf verset deux, vous vous
en rendrez compte. « Moi,
Daniel, je compris par les livres que le nombre des années touchant lequel
l'Eternel vint à Jérémie le prophète. » Comme indiqué plus haut, il lisait
ce qu'il avait comme Bible; il la lisait avec prière, avec réflexion, avec
assiduité. Il cherchait, non pas à enrichir ses connaissances bibliques en tant
que telles, mais à savoir ce que Dieu avait vraiment sur le cœur, à quoi Il
œuvrait. Il aspirait à savoir ce qu'était en réalité le dessein de Dieu, et
quel rapport il pouvait y avoir entre ce dessein et la situation dans laquelle
lui, Daniel, était présentement impliqué — comme il s'adonnait ainsi à la
recherche de ces choses dans la Parole et par la Parole — intelligence et
discernement lui furent donnés.
Il n'est
pas de notre intention de donner, maintenant, des conseils sur la manière de
lire la Bible. Ce que je cherche Ă faire ressortir est ceci : avant de pouvoir
toucher les puissances célestes, nous devons savoir ce que Dieu veut faire ; ce
à quoi Il œuvre. Avant de s’engager dans cette prière — qu'il s'agisse d'un
chrétien individuel, ou d'une assemblée, ou (plût à Dieu que ce fût possible !)
de l'Eglise entière —avant que puisse être articulée cette sorte de
prière qui produit l’effet que produisît celle de Daniel, il faut, avant tout, cette intelligence, ce
discernement du dessein de Dieu. Nous devons connaître Ses intentions
et avoir une vision claire de notre place par rapport Ă ces intentions divines.
Il s’agit
ici de quelque chose de tellement important, qu’il est difficile d’en dire
davantage. A chacun de l'examiner à la lumière de la situation générale dans
laquelle se trouve le peuple de Dieu. en ce qui concernait Daniel, des
événements de très grande importance se sont développés, dans le ciel et sur la
terre, par les prières de Daniel. Mais rien ne se serait passé si Daniel
n'avait pas su discerner la situation dans laquelle il se trouvait. S'il
s'était contenté d'accumuler requête sur requête, d'exhaler des soupirs,
d'exprimer des désirs, sans être parfaitement au clair sur les intentions
divines, et par conséquent sur les circonstances dans lesquelles il se trouvait
impliqué ; rien de tout cela ne serait arrivé.
Bien
qu’un grand nombre de chrétiens s’attache à étudier la Bible sous le rapport
des prophéties et de leurs accomplissements, il
y en a très peu qui s'attachent à comprendre le dessein éternel de Dieu ; et le
caractère particulier de la dispensation dans laquelle ils vivent.
L'accomplissement des prophéties, dans l'ensemble, concerne surtout l'avenir —
quoique pas exclusivement — ce qui se passera un jour; et il y a d'autres
sujets de ce genre, en grand nombre, qui ne se rapportent qu'Ă l'avenir. Mais
de toutes les questions susceptibles de nous interpeller, il y en a une qui
certainement est au-dessus de toutes les autres : Quel est l'objectif de Dieu maintenant, et que révèle la
situation actuelle par rapport Ă cet objectif de Dieu ?
On peut
avoir une merveilleuse connaissance de la vérité prophétique sans que notre vie
spirituelle en soit affectée en quoi que ce soit; quelle en est donc l’utilité
? Où en est le profit ? Si nous connaissons tout ce qui concerne la prophétie,
et que cette connaissance
n’affecte pas notre vie spirituelle en profondeur et n’opère aucun changement
en nous maintenant, elle est sans valeur. C’est ici un bon critère pour
évaluer toutes nos études sur la prophétie. On peut être passé maître en matière
de vérité prophétique sans que le grand dessein de Dieu pour la dispensation
présente s'en trouve plus avancé.
Que de
voies diversifiées dans le service chrétien ! Que de voies de détournement vers
des intérêts secondaires ! Qu'elles conduisent à des vérités ou qu'elles
conduisent Ă des illusions, que de voies qui s'Ă©cartent de la ligne principale
! Vous vous intéressez à Israël ? Le pro-israélisme est un sujet fascinant. Je
ne fais que le mentionner, je n'ai pas l'intention de le discuter. L'universalisme
est une idée séduisante qui balaye l'Europe comme un feu de brousse; des
multitudes sont emportées par ce courant. Je pourrais multiplier les exemples.
Quel effet ces choses-lĂ ont-elles sur la vie spirituelle de ceux qui s'en
occupent ? Quel effet ont-elles sur la phase présente du dessein éternel de
Dieu ? Aucun en vérité.
Dans la
vie spirituelle, là où il s'agit d'entrer en contact avec les choses célestes,
toutes ces choses sont des non-valeurs. La plupart d'entre elles ne concernent
que l'avenir, ou bien, s'il s'agit du présent, elles maintiennent leurs
protagonistes au niveau de la terre.
Notons
maintenant : Daniel connaissait les pensées de
Dieu pour Son peuple. Il savait quel était le caractère particulier de la
dispensation dans laquelle il vivait. C'est ici que nous devons commencer. Du point de vue de
Dieu, quelle est la caractéristique de la dispensation dans laquelle nous
vivons présentement ?
Quelle est donc la nature, la signification et le but de cette dispensation ; ce temps qui nous est imparti Ă vous
et à moi ici-bas ? Quel en est donc le caractère ? A quoi Dieu œuvre t-Il ? Daniel savait très bien quelle était
la caractéristique de la dispensation dans laquelle il vivait. Il savait
Ă©galement que le dessein de Dieu subsisterait tant et aussi longtemps que la
dispensation ne serait pas définitivement close.
Pourquoi
ces précisions sont-elles importantes ? Quel est le but d’une telle réflexion ?
Beaucoup de chrétiens aujourd'hui sont en train d'abandonner, en le déclarant
inaccessible, le caractère révélé de cette dispensation. Mais Dieu ne modifie
pas ce qui donne à une dispensation son caractère spécifique. Si Dieu a dit
qu’une dispensation donnée, qu’un « âge » donné devrait servir telle ou telle
partie des activités éternelles, Il n'y changera rien. Il ne revient pas sur ce
qu'il a décidé, et ne modifie rien de Ses agissements afin de s'adapter à des
conditions nouvelles.
Si ce que
nous avons dans l'épître aux Ephésiens représente la somme, la substance, la
révélation complète et définitive du dessein éternel de Dieu. Si Dieu a jugé
utile d'enlever un homme de ses activités multirégionales — loin de toutes les
assemblées qu'il visitait, loin de tous ses contacts personnels avec les
croyants éparpillés sur tout un empire, loin de toutes les occupations qui
avaient rempli sa vie — de l'en arracher et de l'enfermer pendant une période,
un temps au cours duquel il allait être sevré de toutes ces choses, et qui lui
servirait à écrire la révélation intégrale de Son dessein tel qu'Il l'avait centré
sur la présente dispensation. S'il est vrai que la lettre aux Ephésiens est la
présentation générale et complète de la vérité divine centrée sur l'Eglise
comme Corps de Christ — dont Lui est la Tête —
et s'il est vrai que l'obtention de ce Corps, avec tout ce qu'il y a de céleste dans sa nature et dans son
fonctionnement, est la caractéristique divine donnée à la présente
dispensation ; alors Dieu ne s'en écartera pas, quel que soit l’état dans
lequel nous constatons être l’Eglise sur la terre.
Nombreux
cependant sont ceux qui croient que tout est perdu. Ils ont renoncé. Ils ont
abandonné l’idée de tout accomplissement du dessein de Dieu quant à l’Eglise.
Ils se sont tournés vers l’évangélisme comme seule alternative. Quant à nourrir
l'espoir que cette lettre aux Ephésiens puisse avoir une réalisation quelconque
dans cette dispensation, ils n’y croient plus.
Mais nous
ne pouvons pas mettre de coté le Nouveau Testament et tout ce qu’il contient,
aussi facilement. La réponse n’est pas d’essayer, aussi correctement que
possible, de réaliser l’Eglise idéale du Nouveau Testament. Mais, c’est d’avoir
la vision clairement et puissamment devant nous ; de garder la plénitude de Christ, comme l’unique objet de toute œuvre et exercice
spirituels. Au
surplus, il nous faut
garder la Croix comme la seule puissance fondamentale et continuelle de
l’Esprit de Dieu, en vue de la réalisation de la véritable communion ; qui est
la signification même de l’Eglise. Il nous faut œuvrer de l’intérieur
et non pas de l’extérieur, donner la prééminence à ce qui est spirituel et non
pas Ă ce qui est naturel et temporel.
Daniel
connaissait la caractéristique de sa dispensation. Il savait que, tant que
durerait cette dispensation dans laquelle il se trouvait et tant qu'elle
n'avait pas été consumée, Dieu ne changerait rien à celle-ci. C'est cela qui le
conduisit à prier Dieu avec autant d’efficacité. Un homme ne prie jamais pour
une chose au sujet de laquelle on a perdu tout espoir, une cause perdue et dont
on n'attend plus rien. Quand on en est lĂ , on ne prie certainement pas ainsi.
Mais Daniel Ă©tait au clair sur ce point, c'est parce qu'il avait un entendement
spirituel de la situation, qu'il s’engagea ainsi dans la prière. De part sa
compréhension de la situation, il obtint – en plein accord avec la pensée de
Dieu – ce qu’il recherchait.
Quand
Paul arrive à la fin de sa grande lettre aux Ephésiens, il conclut ainsi : « Priant par toutes sortes de prières
et de supplications, en tout temps, par l’Esprit et veillant à cela avec toute
persévérance et supplication pour tous les saints. » (Ephésiens 6 :18).
Nous ne prierons ainsi que si nous avons en nous-mĂŞmes la somme de ce qui se
trouve dans cette lettre, et si nous en avons saisi spirituellement et le sens
et la portée.
Daniel Connaissait la Signification de
la Présente Situation
A
l'époque de Daniel, la situation du peuple élu n'était pas conforme à la pensée
originale de Dieu. Bien
entendu, dans son cas particulier, la chose Ă©tait Ă©vidente, du fait des
circonstances temporelles dans lesquelles se trouvait alors le peuple de Dieu.
Il n'y avait pas besoin de beaucoup d'imagination pour reconnaĂ®tre qu’IsraĂ«l Ă
Babylone n'Ă©tait pas la place que Dieu voulait pour lui. NĂ©anmoins, c'est le
principe qui est important. Daniel avait perçu la différence entre ce qui était
et ce qui aurait dû être, selon la pensée de Dieu. C’est ici le principe
spirituel. Quel qu’en soit l'application, qu'il s'agisse de cette dispensation d’alors et de ses
circonstances temporelles, ou qu'il s'agisse de la dispensation présente et de
son élément spirituel, le principe est le même : avoir la connaissance et la
compréhension de la différence entre la pensée première de Dieu et la situation
réelle.
Daniel Prend Position pour une
Restauration
Cette
situation, si contraire à la pensée de Dieu, était due à la perte d'une
position spirituelle et céleste. C'est encore là un principe riche de signification et lourd de
conséquences. Si les choses sont aujourd'hui si différentes de ce que Dieu
voulait, et de ce qu'il avait effectivement obtenu au commencement, les causes
en sont les mêmes. Premièrement : la perte d'une position spirituelle et
céleste, ensuite la perte de discernement quant à la nature, la nature
essentielle du Royaume céleste de Dieu. Il n'y aura aucune amélioration, aucune
restauration, aucune découverte de ce que Dieu cherche vraiment à réaliser tant
que ces deux éléments ne seront pas rétablis : position spirituelle et
discernement spirituel. Cette
position spirituelle, Daniel l'occupait dans toute sa réalité. Bien que
physiquement Ă Babylone, il se trouvait dans une position spirituelle et
céleste tout à fait en dehors et au-dessus du milieu où il vivait. Il n'en
faisait absolument pas partie.
Que dire
maintenant du retour Ă la nature essentielle du Royaume de Dieu ? Avant la
Croix, les disciples du Seigneur avaient leur conception personnelle du Royaume
de Dieu : cette idée était terrestre, temporelle, matérielle. Mais la Croix a
fait voler en éclats toutes ces notions. La venue de l’Esprit Saint leur a
conféré une conception entièrement nouvelle du Royaume de Dieu et de sa nature.
Qu’elle était révolutionnaire et transformatrice cette illumination de l’Esprit
Saint quant à la nature véritable et essentielle du Royaume de Dieu ! Non pas
le manger et le boire (Romains 14 :17), mais la puissance, la
puissance céleste (1
Corinthiens 4 :20). Or, ces choses doivent être restaurées,
et c'est Ă cela que Dieu travaille. C'est cela que Daniel reconnut comme Ă©tant l'objectif divin, et
c'est ici le vrai sens de la situation actuelle. Notons bien ceci : Dieu est plus occupé du caractère,
de la nature-même des choses, que des systèmes et des institutions si chers aux
yeux des hommes. Israël, même à Babylone, pouvait s’attacher à ses
systèmes, à ses traditions, à ses institutions ; mais Dieu était bien plus occupé de
la nature-mĂŞme de Son peuple.
Le But de la Souffrance
Considérons
maintenant quelque chose de très important, de très spécialement important.
Cette importance est en réalité de tout premier ordre. Daniel savait que Dieu
se servait de l'adversité, de la souffrance, du désillusionnement, pour inciter
Son peuple à revenir à Sa pensée originale. Pour Daniel, il était parfaitement
clair que Dieu utilisait tout ce qu'il y avait Ă Babylone de souffrance,
d'adversité, d'affliction, pour contraindre Son peuple à revenir — à l’obliger,
non pas simplement l'appeler, mais le contraindre à revenir – à Sa pleine et
entière pensée originale.
Ce peuple se voyait poussé, conduit de force, par les Cieux, à une position
telle qu'ils n'auraient le choix qu'entre deux solutions : ou bien un aveu
d'abandon, de compromis, de déchéance ; ou bien, revenir et se tenir avec la
pleine pensée de Dieu, avec tout ce que cela impliquait.
Nous
retrouvons cette situation dans certains événements de l'histoire
contemporaine. Nous le voyons en
Chine où se déploya, pendant
plusieurs générations, une activité chrétienne considérable. Qu’en est-il
advenu ? Mais que personne ne se méprenne : dans tout ce que nous disons ici,
nous n'avons pas un instant à la pensée de sous-estimer les sacrifices
accomplis, ou de déconsidérer le dévouement inlassable dont on a fait preuve
lĂ -bas. Les vraies valeurs se retrouveront dans ce qui demeure. Mais quand nous
considérons l'histoire jusqu'au bout, comme nous pouvons la lire maintenant, il
est clair que bien des choses s'Ă©taient insinuĂ©es qui n'Ă©taient pas conformes Ă
la pensée originale et intégrale de Dieu. L'état général avait quelque chose
d’étranger, d’institué, plus organisé qu'organique ; quelque chose qui trouvait
son énergie en l’homme. Qu'est-il arrivé ? Un déluge de souffrances,
d'adversités, de désillusions, venu tout briser, désintégrer, disperser. Que
reste-t-il ? Qu'est-il sorti de cette calamité ? Les choses ont disparu; les
gens dont dépendaient les choses sont partis. Il reste uniquement — mais
certainement — ce qui est céleste et spirituel. La survivance de cet
élément-là , Dieu soit béni, ne fait pas de doute. C'est quelque chose qui n’est
pas due à la main de l’homme, ni accomplie par lui ; si bien intentionnée qu'il
fût. Oh ! la souffrance, l'indicible souffrance ! Mais qu'a-t-elle produit ?
Dieu a contraint les croyants à revenir à la pensée originale de Dieu — à Sa
pensée complète et inaltérée — en les dépouillant de tout ce qui est inférieur
et temporel.
La Chine
n’est qu’un exemple, mais le phénomène s’étend, et il continuera à s’étendre.
C'est quelque chose qui revient toujours. Dieu est en train de mettre en Ĺ“uvre,
en faveur de Son dessein céleste, ce qu'il avait mis en œuvre au temps de
Daniel en faveur de Son dessein terrestre. Il utilise la souffrance et
l'adversité pour provoquer Son peuple à un retour digne de Lui. C’est ici
l'explication de votre souffrance et de ma souffrance. Qu’accomplit Dieu par
toute cette adversité, toute cette souffrance ? Il nous entraîne, Il nous
contraint vers une position qui ne puisse pas être ébranlée, vers la vérité qui
ne peut pas ĂŞtre dĂ©truite, vers le spirituel qui est toujours destinĂ© Ă
triompher du temporel. Il nous presse, nous sommes sous une contrainte. Ce Ă quoi
Dieu nous appelle et nous engage va continuer à s’étendre. C'est ici une des
caractéristiques singulières de ce qui appartient au « siècle présent ».
Est-ce que vous discernez ce que Dieu
est en train de faire en vous, dans le monde, dans l'Eglise, Ă travers la
souffrance et le désillusionnement ? II n'a pas abandonné l'objectif qu'il
s'était assigné, et s'Il ne peut pas l'atteindre autrement, Il forcera les
choses jusqu’à une décision. Soit nous acceptons la présente situation comme
Ă©tant sans espoir et donc perdue, et alors nous usons de compromission, comme
la majorité l’a fait à Babylone. Ou bien nous nous joignons au résidu qui dit
alors : « Tout ce que nous
vivons démontre que Dieu n'est pas satisfait, c'est que cette situation ne
correspond pas à ce qu'Il désire; par conséquent, nous allons nous engager
positivement pour la pensée de Dieu. »
Voulons-nous
faire partie de ce
petit nombre qui prit le chemin du retour pour contribuer à la réalisation —
mais à quel prix ! — du dessein de Dieu ? Nous voyons qu’il y avait tout cela
dans la prière de Daniel : provoquer cette crise, obtenir de Dieu qu'il exerce
une telle pression sur cette situation qu'une décision ne puisse pas être
éludée; collaborer avec Dieu pour provoquer un choix décisif entre deux attitudes
possibles. Allez-vous rester oĂą vous ĂŞtes, ou allez-vous, au contraire,
vous engager résolument avec Dieu ?
Séparation Complète
Premièrement, dans le cas de Daniel, cette prière
avait pour fondement une
vie de renonciation complète à tout intérêt personnel. Si nous avons des intérêts personnels
quant au Royaume de Dieu, si vous avez vos propres ambitions, des projet privés
; alors vous ne pourrez pas prier, vous ne parviendrez pas Ă toucher les cieux.
Deuxièmement, la séparation était également complète
Ă l'Ă©gard des principes
et des méthodes du monde.
Son entourage chercha à le piéger en l’attirant vers les principes du monde. La
réponse de David fut catégorique « Jamais ! ». Il y aurait beaucoup à dire
lĂ -dessus : l'Eglise et les principes du monde !
Troisièmement, séparation complète quant à la
crainte des hommes. Daniel
Ă©tait un homme totalement affranchi de la crainte de l'homme !
Enfin, Daniel était séparé complètement de
toute association terrestre ; de tout ce qui était d’ici-bas. C'est une position qui avait un coût. La fosse aux lions préparée pour lui, la fournaise ardente chauffée sept fois pour ses compagnons.
Ces choses Ă©taient l'alternative de Satan, pour qui refusait de le suivre.
Aux
compagnons de Daniel, Satan présente le choix : « Ou vous me suivez, ou vous brûlez. C'est l'un ou l'autre. Abandonnez votre position, votre consécration, votre vie de
séparation et votre but, et suivez-moi — ou bien brûlez. » Vous pouvez interpréter ces choses
comme vous voulez. Peut-ĂŞtre connaissez-vous personnellement ce que cela
représente spirituellement.
Daniel Etait RĂ©solu
Dans la
prière, comme celle de Daniel, il y a quatre choses que nous devons retenir.
Premièrement, il était résolu. L'ange lui dit, quand enfin il arrive : « Dès le
premier jour où tu as appliqué ton cœur à comprendre » ; « tu as appliqué ton cœur ». Voici un homme qui rejette toutes
ses préoccupations personnelles pour concentrer toute sa pensée sur une seule
chose. « Tu as appliqué ton cœur à comprendre. » Si nous sommes appelés à poursuivre l’œuvre commencée par Paul
et les autres frères, à prendre à cœur ce qui concerne particulièrement le
siècle présent, pour en obtenir l'accomplissement et la consommation, en
particulier par la prière, nous devrons nous attacher à ne pas nous laisser
distraire et disperser.
Nous avons Ă nous atteler Ă cette affaire sans nous en laisser dĂ©tourner ni Ă
droite ni à gauche, il s’agit de quelque chose de très pratique. Qu'il s'agisse
de notre vie de prière individuelle avec Dieu ou qu'il s’agisse de prier avec
d'autres chrétiens, à quelques uns ou à plusieurs. Prenant position, dans cet
exercice, pour l'Eglise de Dieu et Son dessein Ă©ternel, nous devrons nous
trouver engagés et déterminés à prier avec efficacité. Comme Daniel, nous avons
les yeux ouverts, et ce que nous avons vu de la pensée de Dieu est devenu pour
nous un but ; nous nous y donnons entièrement.
Que
Dieu mette sur tous nos moments de prière cette empreinte qui caractérisait
l'homme bien-aimé, ce qui est précieux au cœur de Dieu, ce qu'il approuve !
Daniel Etait Persévérant
L'ange
lui dit : « Dès le premier jour… », et Daniel lui-même, dans la description
qu'il donne de cette affaire, dit qu'elle l'absorba entièrement pendant
vingt-et-un jours. Il est remarquable de prier continuellement pour le mĂŞme
sujet pendant vingt-et-un jours ! Nous nous satisfaisons trop souvent de demander au Seigneur une
seule fois pour une chose précise, sans persévérer ; laissant cette chose peut
être avec une notion fausse de la foi ! Ici nous avons un exemple du contraire. Daniel avait de la persévérance. Il n'a pas abandonné, il ne voulait pas faire les choses
à moitié ; il persévéra jusqu'à ce que la chose fut accomplie. Méditons son
exemple et prenons-le à cœur. De très grands dénouements sont liés
à de telles prières.
Daniel Etait Décidé
« Dès le premier jour où tu as
appliqué ton cœur... à t'humilier »
Daniel décrit la chose ainsi : « je
ne mangeai pas de pain agréable, et la chair et le vin n'entrèrent pas dans ma
bouche.» Voilà un homme totalement
résolu quant à l'issue qu'il entrevoit. Il se tient contre toutes les
sollicitations du dehors, toutes les préoccupations secondaires, tout ce qui
pourrait le distraire, il s'abandonne tout entier à ce qui lui a été révélé.
Daniel Etait Déterminé
Il Ă©tait
là pour obtenir une décision, il n'accepterait rien d’autre. L'ange dit : « Je suis venu à cause de tes paroles.
» Il avait parlé, et il n'allait pas laisser Dieu lui donner une autre réponse
que celle qu'il attendait. Car il savait intimement ce que Dieu désirait. La prière efficace
exige une telle conviction, assurance et connaissance. Si nous ne savons pas ce que le
Seigneur veut, alors nous ne savons pas comment prier. Mais si, comme Daniel,
nous avons découvert la chose par une révélation à travers les Ecritures ;
c'est alors une force considérable. C'est dans cette position-là qu'il faut
ĂŞtre pour prier comme Daniel.
Cette
affaire avait une telle importance pour Dieu, que Satan la combattit jusqu'Ă ce
qu'il n'y puisse plus rien. C'est quelque chose dont il faut prendre note,
quand Satan livre bataille. Il est très significatif et révélateur lorsque nous
voyons les forces des ténèbres se mobiliser, provoquées par ce que Dieu veut
accomplir. Quelles qu'aient été les circonstances pour Daniel en son temps,
elles ont une contrepartie dans le temps présent. La contrepartie, dans la
dispensation présente, nous la trouvons tout d'abord chez Paul et ses frères,
qui comprirent ce que Dieu avait en vue de toute éternité pour l'Eglise. Qui s’abandonnèrent
tout entiers à cette cause, qui s’engagèrent sans retenue dans le labeur et la
prière. En rĂ©ponse Ă
leur travail et supplications, il fut donné à l'Eglise sa charte pour toute la
dispensation. Mais cet acte nous a été transmis à tous — car nous sommes
toujours dans la même dispensation — et ce qui caractérisait ces hommes doit
nous caractériser aussi. C'est à cette condition que nous nous qualifierons
pour cette position qui a pour le Seigneur une valeur superlative. Alors, nous
serons non seulement « agréables dans le Bien-aimé » et bien aimés à cause de
JĂ©sus, mais par notre coopĂ©ration avec Dieu dans ce qui Lui tient le plus Ă
cœur, dans ce qui lui est précieux au-delà de toute mesure ; Il pourra dire «
Homme bien-aimé. » Il peut s'agir de chrétiens isolés, ou de communautés.
L'homme, dans le sens qui lui est donné ici, peut être un terme individuel,
mais aussi collectif. « Homme bien-aimé ! »
Nous
touchons Ă la fin de cette dispensation, et il importe que nous sachions ce que
Dieu a décidé d'obtenir, à quoi Son cœur s'est spécialement attaché, et d'être
un avec Lui dans cette chose. Que le Seigneur nous donne un cœur à la mesure
d'un tel dessein.
Source : www.austin-sparks.net/