par Franck Viola
Petite mise
en garde aux mentors et aux mentorés (c.-à -d. aux pères ou mères spirituels et
à ceux qui leur sont confiés)
Dans mon livre
« Réforme nous encore » (Revise
Us again), j’ai consacré tout un chapitre à un phénomène
psychologique que j’intitule : « Vous
devenez captif du même esprit que vous combattez ». Et cela peut
nous arriver Ă tous.
Une des
caractĂ©ristiques de ceux qui sont atteints de ce syndrome, c’est d’attribuer Ă
autrui leurs propres motivations, ils les imputent aux personnes dont ils se
croient menacés, ou tout simplement à celles qu’ils n’aiment pas.
Les leaders chrétiens
qui entretiennent des égos surdimensionnés, ou de profondes insécurités
personnelles, se sentent vite menacés par leur entourage ; en conséquence, sans
le savoir, ils ne font que lire dans le cœur des autres ce qui est écrit dans
le leur. En psychologie on appelle cela le phénomène de
  »projection » : Je n’arrive pas à regarder en face mes manquements
et mes défauts, alors inconsciemment je les projette sur les autres ; je les
accuse précisément des mêmes noirs désirs qui rampent dans les replis de mon
cœur.
J’ai déjà observé des
chrétiens en pleine crise de projection tandis qu’ils se retrouvaient
confrontés à des personnes au moins aussi douées (ou même plus) qu’eux. La
racine du problème étant souvent la jalousie, appelons-le « complexe de
Saül », si vous voulez.
Ici c’est un
enseignement capital : Ceux qui jugent les motivations des autres révèlent
simplement ce que contient leur propre cœur. En Matthieu 7.1-4 Jésus dénonce
ceux qui avec une vue défaillante prétendent vouloir opérer les yeux des
autres. Dans ce passage le Seigneur verse une vraie douche froide : Quand tu
imputes une mauvaise motivation à ton prochain, tu révèles simplement quelles
sont tes propres motivations.
Pour le dire
autrement, le grain de sciure que tu aperçois dans l’œil de ton frère n’est
qu’un tout petit copeau du tasseau de section 5 X 10 cm que tu as dans le tien.
Et un gros morceau de bois ça déforme quand même la vue !
Une des personnes qui
m’a le plus marqué fut le responsable d’une émission de radio, il y a bien des
années. Quand cet homme débuta dans le monde radiophonique, il se plaçait aux
pieds d’un autre, qu’il idolâtrait presque, c’était donc son mentor.
J’appellerai ce mentor Nelson, pour ne pas révéler sa vraie identité.
Quand Nelson
s’aperçut que celui qu’il mentorait commençait à le dépasser en popularité, les
portes de l’enfer grincèrent sur leurs gonds. L’ego démesuré de Nelson mit le
gyrophare, et chargea le fusil Ă la chevrotine. Nelson tira le premier, et les
deux hommes se livrèrent sur les ondes Ă un combat qui Ă´tait toute dignitĂ© Ă
l’émission. Des insultes sans équivoque, des remarques cinglantes, furent
Ă©changĂ©es, les auditeurs ne pouvaient qu’assister au carnage. Cela a abouti Ă
une situation détestable, qui a profondément blessé mon ami de la radio.
Malheureusement aucun
des deux n’était en mesure de rembobiner son ego, pour étouffer l’incendie. Cela
a mal tourné, Nelson resta inapprochable un bon bout de temps, et les deux
hommes ne purent se parler aimablement des années durant.
Or ceci n’est qu’un
cas particulier de ce que j’ai vu se répéter de nombreuses fois depuis que je
suis devenu chrétien. Le roi Saül n’est pas l’unique exemple d’un homme doué
qui se croit menacé par un jeune David. Quelle était la cause des souffrances
de David dans cette période de sa vie ? La jalousie et l’envie du cœur de Saül,
le sentiment perpétuel de danger, avec la paranoïa qui les accompagnent.
Les femmes en dansant
se répondaient les unes aux autres et disaient :
Saül a frappé ses
mille
Et David ses dix
mille.
Et Saül fut très
irrité, et cela lui déplut, et il dit : On en donne dix mille à David et à moi
on donne les mille ! Il ne lui manque plus que la royauté.
(1 Samuel 18.7-8)
D’ailleurs c’est
aussi l’envie et la jalousie des leaders religieux du temps de Jésus qui a
réclamé sa mise à mort. Tragiquement ce même drame se rejoue sans cesse depuis
que Caïn a assassiné son frère par jalousie.
Je vous assure que je
ne suis pas un admirateur de Freud ni de ses théories sur le complexe d’Œdipe.
Cependant il faut reconnaître que Freud fut amené à sa conception du complexe
œdipien par l’observation bien réelle que certains pères se sentent menacés par
leurs fils. Redoutant d’être dépassés par eux, ils finissent par les haïr.
Cela peut arriver
quand dans le cœur d’un père réside  une grosse racine d’orgueil et un
grand sentiment d’insécurité ; et c’est justement l’absence d’orgueil qui fait
la différence entre les pères spirituels qui deviennent fiers de leurs enfants,
et ceux qui en arrivent à détester les leurs.
HĂ©las, il existe des
mentors affligés à la fois du complexe de supériorité et de celui
d’infériorité. Leur incertitude quant à leur propre identité est à double
tranchant. Ces mentors-là deviennent en général des experts dans l’art de nier
toute accusation.
Attention : Vous ĂŞtes
susceptible d’être un jour père ou mère spirituel d’un plus jeune ? Voici un
sain avertissement pour vous : si votre ego n’a pas été anéanti à la croix de
JĂ©sus-Christ, sachez que vous deviendrez un SaĂĽl pour ceux qui sont autant (ou
plus) doués que vous. Et quand Dieu commencera à les élever dans Son service,
vous allez devenir dingue. Vous serez un triste exemple supplémentaire de vieux
lion mâle qui dévorent ses lionceaux. Comme l’écrit Pierre : Dieu fait grâce
aux humbles, mais il résiste aux orgueilleux. (1 Pierre 5.5).
Saint Jean de la
Croix, met en garde les chrétiens de bien choisir leurs mentors, ainsi il dit :
Tel maître tel disciple, tel père tel fils.
A mon sens ce n’est
pas montrer un vrai respect pour son mentor que de reproduire ses manquements
et ses défauts. Tout père devrait être extrêmement fier du fils qui le dépasse
(même chose évidemment par rapport aux mères et à leurs filles). Les vrais
mentors donnent sans compter ce qu’ils possèdent, à leurs fils et filles
spirituels, dans l’espoir qu’ils les dépasseront. Les mentors indignes se
servent de leurs fils et de leurs filles pour accroître leur propre renommée,
et pour perpétuer leur ministère ; ensuite ils deviennent enragés quand ils
doivent partager avec eux leur gloire.
Que le Seigneur dans
son abondante grâce nous protège de devenir prisonnier du même esprit que nous
combattons.
Texte tiré du livre
« Revise us again »
Merci Ă Scarron
pour la traduction
Source :
http://www.blogdei.com
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