Lorsque mon champ d’activité s’est
élargi, j’ai constaté que cette profonde dépression est le problème n°1 de
nombreux chrétiens. Pendant les camps ou les week-ends de jeunes, j’ai
découvert que des sourires courageux cachaient souvent des cœurs qui
souffraient, et en écoutant des récits douloureux, j’ai pu dire : “Oui, je sais tout cela. J’ai souvent éprouvé ce
sentiment de désespoir, indéfinissable, mais pourtant tragiquement vrai”.
Relisant la Parole de Dieu, je
m’aperçois que les hommes dont Dieu s’était beaucoup servi en savaient long sur
cette dépression. Moïse fut un homme de Dieu remarquable. Dieu s’était servi de
lui pour libérer de la servitude une foule d’esclaves rebelles, et pourtant
dans un moment de dépression, il dit à Dieu : “Je ne puis pas, à moi
seul, porter tout ce peuple, car il est trop pesant pour moi. PlutĂ´t que de me
traiter ainsi, tue-moi, je te prie … et que je voie pas mon malheur…” (Nb 11/14).
Elie avait été un magnifique témoin de
Dieu face à l’opposition des prêtres de Baal. Pourtant, soudain, il s’effondra,
prit la fuite devant Jezabel qui en voulait sa vie, et s’assit sous un genêt,
priant Dieu de lui ôter la vie : “C’est assez !
Maintenant, Eternel, prends mon âme …” (1 Rois 19/4).
Par le ministère de Jonas, toute une
ville s’est tournée vers Dieu, et a été sauvée. Pourtant Jonas fit lui aussi la
même prière : “Maintenant, Eternel,
prends-moi donc la vie, car la mort m’est préférable à la vie” (Jonas 4/3).
Et pourtant Dieu s’est
merveilleusement servi de chacun de ces hommes et ils auraient dĂ» ĂŞtre remplis
de joie. Apparemment, ils n’avaient aucune raison d’être découragés.
La dépression et le découragement
semblent être les armes favorites du malin. Personne n’en est exempt, mais il
semblerait qu’il se serve de cette arme contre ceux qui se sont activement
engagés au service de Dieu, des hommes et des femmes chez lesquels il discerne
de grandes capacités latentes. Esaïe écrivait à propos du serviteur de l’Eternel
: “Et moi j’ai dit : c’est en vain que j’ai
travaillé, c’est pour le vide et le néant que j’ai consumé ma force” (Esaïe 49/4). Parlait-il de son propre
ministère, ou bien faisait-il allusion à celui du Seigneur ? S’il parlait du
Seigneur, c’est que celui-ci avait éprouvé la souffrance d’un cœur brisé
lorsque, apparemment, le ministère ne portait pas de fruits; cependant, lui
était sans péché et persévéra jusqu’à la victoire finale.
Personnellement, je trouve que cette
tendance au désespoir constitue l’un des meilleurs tests pour juger une œuvre
qui a été accomplie pour Dieu. C’est un sentiment auquel tous ceux qui
travaillent dans les pays musulmans ont Ă faire face continuellement, mais ils
ne sont pas les seuls à l’éprouver. Il est bien plus difficile de supporter cet
état que d’affronter une opposition ouverte ou une souffrance physique. Ces
dernières peuvent provoquer le dĂ©couragement mais la dĂ©pression qui mène Ă
l’abattement total est bien plus profonde.
Paul Ă©crit Ă propos de sa propre
expérience : “…Ayant ce ministère,
selon la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons pas courage” (2 Cor. 4/1). Plus loin, dans le même
chapitre, il répète : “C’est pourquoi nous ne
perdons pas courage” (v.
16). Au milieu de ce chapitre admirable, il donne la raison de sa confiance, le
moyen par lequel il a surmonté la tendance au désespoir et à l’abattement. La
version Le Livre propose la traduction suivante des versets 8 et 9 : “Nous sommes pressés de toutes parts par les
difficultés mais nous ne sommes pas écrasés ni anéantis. Nous sommes perplexes
parce que nous ne connaissons pas le pourquoi des évènements, mais non
désespérés. Nous sommes pourchassés, mais Dieu ne nous délaisse jamais. Nous
sommes terrassés, mais nous nous relevons et continuons”. Paul brosse quatre tableaux dans son
langage : celui d’un soldat engagé dans une guerilla, celui d’un voyageur
embarrasé pour choisir un chemin, celui d’un réfugié que Dieu ne délaisse
jamais, et le paroxysme est atteint dans l’image du boxeur qui est souvent
envoyé au tapis sans pour autant être mis hors de combat. Maintes et maintes
fois Paul se trouvait terrassé, mais il se relevait et continuait le combat. Et
il tire lui-même la leçon de toutes ces images au verset 12 : “Ainsi la mort agit en nous, et la vie en vous.”
Nous avons Ă payer le prix si nous
avons à transmettre à d’autres la vie de résurrection de Jésus-Christ.
L’expérience montre qu’il n’y a jamais communication de vie nouvelle sans
souffrance personnelle de la part du serviteur. Si nous ne nous tenons pas
fermement à ce principe fondamental du service, il nous arrivera souvent d’être
découragés et abattus. En jetant un coup d’œil sur les cinquante années que
j’ai déjà passées à servir Dieu, j’aperçois une longue suite de coups
apparemment du genre à mettre “KO”, mais qui, par la grâce de Dieu, ne furent
que des coups qui mettent à terre. À chaque fois, j’ai dû me relever, surmonter
la tendance au désespoir, me remettre au combat et, avec le temps, il s’est
avéré que chaque coup ayant provoqué une chute avait été l’occasion d’étendre
mon champ d’activité.
Charles
Marsh, extrait de “Passer à l’action”, éditions Farel
Source :
www.lesarment.com
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Seigneur, tu connais
cette crainte si profonde, cette frayeur qui paralyse et envahit mes pensées,
mes actes;
Tu connais cette désolation si pénétrante, cette panique qui
engourdit, la peur irraisonnée
Qui étouffe toute force créatrice, toute parole d’amour, tu
connais tout cela, Seigneur.
Seigneur, tu connais l’angoisse d’être isolé, cette solitude qui
envahit tout mon ĂŞtre;
Tu connais le désespoir d’être quitté par ses amis, d’être méprisé
et cruellement attaqué,
Ces mots qui semblent ôter toute valeur à l’amour. Tu connais tout cela, Seigneur.
Seigneur, tu connais la crainte de ne pas être accepté, lorsque la
confiance n’est plus et que la vie semble rude, sans chaleur,
Tu connais la crainte de ne plus rien valoir, un ĂŞtre humain
débordant de vie — mais déjà mort,
Car la confiance a disparu et la puissance d’avant semble perdue. Tu connais tout cela, Seigneur.
Seigneur, tu connais les sombres présages de l’avenir, l’effroi de
rester seul, le besoin d’être aimé;
Tu as revĂŞtu la nature humaine, tu comprends notre faiblesse, mais
tu nous as promis ta force inébranlable pour tenir le coup.
Tu connais tout cela, Seigneur, et tu prends soin de nous.