Par Arthur Katz
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1. Sans compromis, sans crainte de
l'homme, sans se laisser fléchir par lui, le prophète apporte une critique
mettant à nu ce mensonge qu'est "la vérité de convention", ces
prémisses que l'on accepte sans réflexion ni contestation, et qui sont la mort,
non la vie.Â
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2. Il s'agit d'exprimer la vision qui est
celle de Dieu, et non un ensemble de préjugés personnels ou populaires (même si
d'aventure de tels préjugés coïncidaient avec la vision de Dieu). Il faut
énormément de discernement pour se livrer à cette critique. Il y faut une
capacité d'analyse aiguisée par le Saint Esprit; il est hors de question de
porter des coups Ă l'aveuglette, d'obtenir des effets faciles au moyen de
généralisations grossières (par exemple "Rome", "Babylone",
etc.).Â
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3. Le mode de vie du prophète doit être
par lui-même une répudiation du mensonge, un rejet total des penchants et des
pratiques de ce système mensonger, même si la société et l'Eglise les
acceptent.Â
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4. La parole prophĂ©tique ne se borne pas Ă
révéler le mensonge: elle le condamne et le juge. C' est une parole qui produit
une "destruction divine": "Si je n'Ă©tais pas venu et si je ne
leur avais point parlé, ils n'auraient pas de péché. Maintenant, ils n'ont pas
d' excuse pour leur pĂ©chĂ©." (Jean 15:22).Â
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5. L'autorité du prophète, c' est à dire
la force de pénétration de sa parole, dépend de son mode de vie: il faut qu'il
soit entièrement séparé de ce qu'il critique. Son autorité dépend aussi du
degré d'intimité réelle qu'il entretient avec le Dieu de vérité (1 Corinthiens
2:12). Vraisemblablement, c'est dans la solitude qu'il posera ses actes
d'obéissance les plus radicaux; mais le prophète n'en est pas moins un homme
inséré dans une communauté, inséré dans le Corps. Il n'y a là nulle
idéalisation. Le prophète lui-même se fait souvent critiquer par les autres, et
c'est ce qu'il désire. Un "prophète" qui préfère rester isolé, qui ne
se frotte pas aux autres, ou qui est entouré par du "personnel" qui
le flatte et aime être flatté en retour est sans doute un faux prophète; ou
alors il est en passe de le devenir.Â
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6. La tâche prophétique consiste à établir
une conscience autre, une conscience suffisamment valide et puissante pour que
le mensonge soit évincé. Le prophète présente une vision de la réalité, une
vision céleste de choses qui n' existent pas encore, et qui contredisent sur
presque toute la ligne ce qu'il est convenu d'appeler "la réalité".
Il présente une vision qui dans l'expérience de ceux qui écoutent n'a ni
prĂ©cĂ©dent, ni modèle prĂ©Ă©tabli. Ceux qui adoptent cette vision se condamnent Ă
ĂŞtre "Ă©trangers et voyageurs sur la terre". Ils sont capables de
mourir "sans avoir obtenu les choses promises" (HĂ©breux 11:13). Ils
ont confiance dans cet héritage qui sera leur dans la vie à venir. Ils n'en
deviennent pas pour autant inaptes à la vie présente; ils deviennent au
contraire plus redoutables aux yeux des puissances des ténèbres, qui les
craignent.Â
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7. Ainsi, le prophète restaure une vision
perdue, une vision capable de fortifier le peuple de Dieu, en particulier en
temps de crise, quand il importe de transformer le désespoir en espérance. Mais
il faut d'abord que les gens soient dépouillés de leurs fausses espérances par
la parole de ce mĂŞme prophète. Il se peut que cette parole les porte Ă
désespérer, avant qu'ils ne soient remplis d'espérance. Le prophète ne se
dérobe pas, même s'il est obligé de se montrer ''cruel" avant de
"faire du bien".Â
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8. En un mot, le prophète amène l'instant
le vérité. Il se tient devant le Conseil du Seigneur (Jérémie 23:18-22, et 1
Rois 17). Il est capable de voir oĂą est l'erreur, et d'apporter droitement et
sans équivoque la vérité, même si cette dernière contredit le consensus
général. Dieu ne  justifie pas toujours immédiatement la fidélité et
l'obéissance du prophète. Dieu ne permet pas toujours que le feu descende
aussitôt. Dans la plupart des cas, l'obéissance ne se vérifie que bien plus
tard. C'est pourquoi le prophète doit supporter la colère ou la déconvenue de
 ses auditeurs, et doit aussi courir le risque de passer à côté de la
vérité divine, car il n'ose pas négliger l'occasion qui s'offre à lui (Cette
angoisse-là met le comble à la souffrance du prophète). Walter Brueggemann
("The Prophetic Imagination", Fortress Press, p. 88) Ă©crit Ă
juste titre: "Quand la douleur devient parole, alors la porte s'ouvre
sur la nouveauté de vie; et l'histoire de Jésus est l'histoire de cette entrée
dans la douleur, l' expression verbale de cette douleur-lĂ ." Cette
tension née de l' incertitude, que ne peut atténuer aucune obéissance antérieure,
explique les soupirs et les gémissements qui viennent souvent ponctuer les
proclamations prophĂ©tiques.Â
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9. Un prophète ne se spécialise pas dans
les questions secondaires. Habité qu'il est par une parfaite jalousie pour la
gloire de Dieu (c'est là la marque distinctive de l'apôtre et du prophète), il
expose les buts ultimes de Dieu de façon à ce que ceux qui écoutent consentent
aux sacrifices nécessaires à la réalisation de ces buts. Le prophète montre ce
qui dans le passé ne fait qu'un avec une eschatologie future, dans laquelle la
gloire théocratique atteindra son point culminant. Il redonne à l'éternité sa
place prépondérante, là où les auditeurs l'avaient perdue de vue. Il montre le
caractère absolu des choses divines là où le monde les a minimisées; il
minimise et relativise les choses que le monde a voulu Ă©riger en absolus.Â
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10. Le prophète incarne la souffrance
qu'entraîne cette adhésion-là ; il ne cache pas à ceux qui l'écoutent qu'une foi
de cette nature est inséparable de la persécution, peut-être même du martyre;
et il emporte leur adhésion. Oui, ce renversement des valeurs (où l'on
relativise ce qui Ă©tait devenu un faux absolu, et oĂą l'on absolutise ce qui
avait été à tort relativisé) est en soi une souffrance dans ce monde qui s'est
éloigné de Dieu. Le prophète annonce ou fait toucher du doigt la
"fin" imminente de ce monde, qui surviendra dans des jugements, dans
une fureur apocalyptique tels que chez les auditeurs il naît un désir profond
de voir apparaître ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre où la justice
habitera!Â
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11. Le prophète est par excellence un
prédicateur inspiré: il est cet "homme de Dieu", cet homme de
l'Esprit, il possède cette identité que Dieu veut conférer à Son Eglise
finitive. C'est un homme de la parole, qui a en horreur la légèreté. Il a un
profond respect pour le langage, dont il protège l'intégrité, et qu'il protège
des abus dévalorisants. Il communique une perception de la réalité divine
(n'est-ce pas lĂ le fondement de l'Eglise?). Il va vers les hommes comme
l'envoyé qui n'a quitté la présence divine que pour servir les buts de Dieu.
Son histoire est faite d'attentes et de silences. Il considère le Dieu créateur
aussi comme le Dieu de l' histoire, et ne veut jamais L'exclure du moindre
événement, même des catastrophes dévastatrices, par une remise en question de
Son omnipotence ou de Son omniprésence. Il cherche diligemment le sens de ces
événements, il veut bien "faire un détour pour aller voir" le buisson
ardent (= l'Holocauste) afin de demander "pourquoi?", sachant bien
qu'en ce faisant, il risque de ne jamais pouvoir retrouver la réalité telle
qu'il la connaissait auparavant.Â
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12. Quoique le pays ne puisse supporter
tout ce qu'il dit (Amos 7:10), il ne se relâche pas, ne recule pas. Il n'est pas
mercenaire, il ne se laisse pas séduire pour "être dans le vent". Il
fuit les distinctions et les honneurs des hommes. Scrupuleux, il s'abstient
toujours d'utiliser sa situation pour obtenir un avantage personnel (1 Samuel
12:3-5). Naturellement surnaturel, il n'a rien d'affecté, il est normal, sans
rien de séducteur dans son apparence et son comportement. Il dédaigne ce qui
est spectaculaire, sensationnel, ou bizarre, car il désire avant toutes choses
attirer les hommes vers Dieu et non vers lui-mĂŞme.Â
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Traduit de l'anglais par Liliane Fleurian
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Source:Â The Burning Bush
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Source :Â http://sentinellenehemie.free.fr/
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