Le premier discours du ministère béni de Jésus eut lieu à la
synagogue de Nazareth, oĂą il Lui fut remis le rouleau d'EsaĂŻe, dont Il a
commencé à lire à partir du soixante et unième chapitre.
"L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que
l’Éternel m'a oint pour prêcher..." (Luc
4:18)
Il y a un lien de connexion entre l'onction et la
prédication, mais la prédication qui n'est pas ointe n’est pas une prédication
mais seulement de l’éloquence. Il y a, par conséquent, une qualité insolite et
particulière qui distingue la vraie proclamation apostolique de toute autre
prédication. C'est un phénomène remarquable qui relève d'une question de vie ou
de mort parce que "comment
donc invoqueront-ils celui en qui ils n’ont pas cru? Et comment croiront-ils en
celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment en entendront-ils parler,
s’il n’y a personne qui prêche? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils
ne sont pas envoyés?" (Romains 10:14-15)
Ceci est le cœur de la pleine mission de l'Eglise, en
particulier à l'égard des Juifs. Le monde incroyant attend un certain genre de
prédication que j'appellerai "la proclamation apostolique". C’est la
prédication de celui qui est envoyé. Dieu donne l’Esprit sans mesure à celui
qu’Il envoie. Cet envoi est critique, c’est donc pour cela que Dieu établit des
communautés qui servent de base pour envoyer les prédicateurs.
La vraie prédication et l'élaboration d'un sermon doivent
être mises en confrontation avec une contradiction. La prédication est une
catégorie à part entière en elle-même. Elle appartient au domaine de
l'impossible. Nous avons beaucoup d'hommes aujourd'hui qui sont persuasifs et
qui savent jouer avec les mots. Ils ont mĂŞme embrassĂ© des carrières grâce Ă
leur habileté oratoire. Si vous êtes attirant, avez le don du baratin et un bon
sens de la gestion des ressources humaines, vous pouvez aller loin dans le
monde religieux d’aujourd'hui. Cependant, la vraie prédication ne peut pas
venir de ce monde. C'est un phénomène tout à fait divin et surnaturel. C'est la
Parole de vie. Elle ravive les morts. L’entendre constitue un
"événement". Elle met en marche des choses qui ont une myriade de
conséquences, et a une puissance et une vie en elle-même. C'est une Parole qui
vient du trĂ´ne de Dieu.
Ironiquement, ce genre de parole doit trouver son expression
Ă travers la bouche d'un "vase de terre"Â (2 Corinthiens 4:7) qui
se tient devant les hommes, et cela, c'est la formule même du désastre. C’est
lĂ un assemblage de contradictions si diverses que si vous le compreniez
vraiment, ou deviez le comprendre, vous ne trouveriez rien de moins agonisant.
Il n'existe cependant pas de plus grande joie que d'exprimer le fardeau que
Dieu a donné aux personnes qui recherchent Son cœur, et qui, de ce fait,
entendent et reçoivent la Parole de Dieu.
De même, il n'y a pas de plus grande angoisse que l'idée que
la Parole puisse s’étrangler dans votre gorge parce que vos auditeurs n'y
prêtent pas attention. De même le succès d’hier ne garantit pas le succès
d'aujourd'hui. C'est le mĂŞme tremblement, la mĂŞme crainte, la mĂŞme incertitude
et le même sentiment accablant de l'impossibilité apparente de la tâche. Ce
paradoxe et sa terrible contradiction doivent imprégner profondément notre
conscience; la Parole de Dieu va devoir sortir de la bouche d'un "vase de
terre" humain, mais la Parole elle-même est divine et céleste. Ce n'est
pas comme si l’instrument dont se sert Dieu était une certaine chose pratique
de neutre, qui ne participe pas au processus. L'orateur y est très impliqué,
parce que le Seigneur utilise la personnalité de l'homme, son accent, sa
disposition, et son cœur. Donner la prédication est une lutte et un défi ultime
chaque fois qu'elle est mise en œuvre. On peut faire beaucoup de bons discours
bibliques, mais c’est loin d’être la même chose que de communiquer les
Écritures comme étant la Parole de Dieu pour ce moment précis et pour ces
personnes. Seul ce phénomène a la puissance de constituer "un
événement" au lieu de communiquer simplement des connaissances bibliques.
Nous devons distinguer ces deux choses, et probablement quatre-vingt-quinze
pour cent de tout ce que le chrétien prêche et enseigne se trouvent être un
enseignement au sujet de Dieu, ou une construction de messages bibliques
composés d’anecdotes intéressantes et perspicaces, mais qui ne constituent pas
l'expression de la Parole de Dieu.
Nous sommes devenus tellement dilués à force d’entendre
"l'autre", que si le message a l’air biblique et doctrinal, nous
pensons qu'il s'agit d'une vraie prédication. Cependant, nous avons mal compris
le caractère tout à fait surnaturel du fait qui consiste à communiquer la
Parole de Dieu, et donc nos auditeurs quittent la salle sans être changés. Nous
ne grandissons pas de foi en foi, et de gloire en gloire, parce que nous ne
sommes pas allés d’un "événement" à un autre "événement. Nous
sommes seulement allés du prévisible au prévisible, et si c'est correct et
biblique, nous partons avec une certaine mesure de satisfaction, mais nous
resterons sans voir de changement. C'est un mystère, et toute l'église a besoin
qu’une norme soit dressée devant elle, plus élevée que ce qu'elle a perçu
jusqu'à maintenant pour reconnaître la réalité des Écritures telle qu’elles
sont : la Parole de Dieu. Nous ne devrions pas oser monter sur l’estrade,
ouvrir la Bible, racler notre gorge, attirer l’attention de la congrégation,
dire une prière, ouvrir nos bouches, et commencer à parler, sans un sentiment
terrible d’appréhension en raison de cette grande responsabilité qui nous
incombe à ce moment précis. Si ce n'est pas la Parole de Dieu, une sorte de mort
sortira de nos bouches, au lieu de la vie. Il n'y a aucune neutralité là . Ou
bien nous allons transmettre la vie de Dieu, ou bien il y aura un
engourdissement et une monotonie qui viendront par l'écoute d’un discours qui
est "seulement" bon. Il vaudrait probablement mieux ne pas l’écouter
du tout! Le silence est plus à désirer qu'un sermon qui est seulement bon, mais
qui ne peut pas communiquer la Parole de Dieu en tant que vie de Dieu. Le
résultat est un affaiblissement de la sensibilité spirituelle.
Â
La Prédication de la Croix
Car
la prédication de la croix est folie pour ceux qui périssent, mais à nous qui
sommes sauvés elle est la puissance de Dieu (1 Corinthiens 1:18).
Car,
puisque, dans la sagesse de Dieu, le monde, par la sagesse, n’a pas connu Dieu,
il a plu à Dieu, par la folie de la prédication, de sauver ceux qui croient (1
Corinthiens 1:21).
C’est ma conviction que la prédication de la croix est la puissance de Dieu, c'est-à -dire
qu'elle contient la capacité divine inhérente et pénétrante de graver sur les
cœurs des vérités divines en dépit de la résistance religieuse, culturelle et
ethnique la plus tenace. En outre, elle crée la foi qui amène à croire pour
être sauvé. C'est la Parole de Dieu comme "événement", non pas dans
des circonstances favorables, mais peu favorables; ce qui revient Ă dire que
c'est un "événement" en dépit de la résistance qu’elle rencontre.
Elle effectue une œuvre en ceux qui croient; une œuvre qui les amène à la foi.
C'est une parole céleste proclamée sur terre, non seulement à ceux qui écoutent
avec un cœur disposé, mais également à ceux qui écoutent avec un cœur
résistant. La terre résiste au ciel, et les puissances des ténèbres veulent
rendre opaque l’esprit des hommes, et les empêcher de comprendre et de
répondre. Par conséquent, une parole au caractère ultime est exigée.
L'expression "Parole de Dieu" est beaucoup moins une terminologie
générale qu'une Parole de Dieu. C'est comme cela que nous transformons une
chose sainte en cliché. Nous sommes enclins à supposer que tout ce qui peut
sembler biblique et apparemment correct est la Parole de Dieu. C'est une fausse
présomption. La Parole de Dieu est plutôt une communication divine d'une espèce
uniquement puissante, exprimée par un "vase de terre" humain. Le fait
que Paul ait été absolument conscient de ce phénomène est exprimé dans sa
première épître aux Thessaloniciens :
"Et c’est pourquoi aussi nous rendons sans cesse grâces
à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la prédication de la Parole de Dieu, vous
l'avez acceptée, non comme la parole des hommes, mais, ainsi qu’elle est
véritablement, comme la Parole de Dieu laquelle aussi agit en vous qui
croyez"Â (chapitre
2:13).
Paul, Ă juste titre, pourrait se glorifier; et nous devons
lire ceci, non pas comme une généreuse rhétorique, mais comme description
littérale et précise d'une façon particulière de parler, qui est rare à notre
époque. Si la nature distinctive de cette communication est sa puissance, quel
est alors son caractère? Paul se soucie de faire comprendre à ses correspondants
grecs, contrairement à leur propre culture et à leur amour de la rhétorique,
que la prédication de l’Evangile peut être vidée réellement de sa puissance si
elle est exprimée dans la sagesse faite d'éloquente des hommes. La Parole de
Dieu est quelque chose de totalement et qualitativement différente de cela, et
si nous prêchons avec l’éloquence humaine, nous annulons le témoignage de sa
puissance.
La prédication de la croix n'est pas nécessairement le récit
ou la description de la crucifixion de Jésus. Elle serait mieux comprise comme
parole décrivant la croix. Elle contient en elle une autre signification
implicite, et bien que la croix elle-même puisse ne pas être le thème abordé,
cela peut encore être "la prédication de la croix". La substance de
cet événement, reproduite dans l’humiliation de la prédication elle-même,
redonne vie à "l'expérience de la croix". Chaque fois que la croix
est revécue dans toute situation d'humiliation qui découle de l’obéissance, ce
qui est là la puissance qui a été démontrée à la croix en premier lieu, une
nouvelle occasion lui est donnée de s'exprimer proportionnellement au degré de
souffrance et de cette humiliation qui sont subies et endurées à ce moment.
La vraie prédication est une humiliation; le vrai témoignage
est une humiliation; la vraie prière est une humiliation. L'humiliation est un
autre mot qui veut dire "souffrir jusqu’à la mort". Et là où cette
dynamique a lieu dans la vĂ©ritĂ©, alors la puissance de Dieu sera toujours lĂ
prête à entrer en scène. La raison pour laquelle nous ne voyons pas plus
souvent la puissance de Dieu dans la prédication, est que les hommes prennent
le soin d’éviter l’humiliation en s’assurant qu'ils vont faire un bon sermon en
employant des notes préparatoires, des sommaires, et d'autres aides qui leur
assureront qu'ils "réussiront le test".
Nous sommes peu disposés à prendre le risque de l'échec, en
Ă©vitant de nous mettre en avant, et en faisant confiance uniquement Ă
l'intervention de Dieu quand nous prĂŞchons Sa parole. Il y a un temps pour la
préparation, mais dans l’événement lui-même, nous devons laisser place à Dieu.
Et si nous mettons de côté Dieu par notre propre préparation religieuse,
humaine et professionnelle, nous annulons le travail de la croix, et sa folie,
c’est-à -dire, la douleur et l’humiliation, et donc de la puissance de la croix.
Â
Le Scandale de la Croix
La prédication ou la proclamation qui sauve est plus qu’une
transmission d'informations ou de connaissances sur l’Evangile. Ce ne sont pas
les informations sur le salut, ou sur la façon de l’obtenir, ou les faits
concernant l’Evangile intrinsèquement, qui créent la foi dans celui qui écoute,
en vertu de l'opération de la puissance de Dieu, mais plutôt un événement
surnaturel; c'est la démonstration de Sa puissance qui le fera. Parce que c'est
de cette façon que Dieu a choisi de Se révéler jusqu'à la consommation des
âges.
La crise révèle Dieu, et c'est Lui qui est révélé pendant la
crise de la croix, non pas comme nous pensions qu'Il est, mais en fait, comme
Il est. Le Christ sur la croix est un scandale. Dieu pendait, nu, sans pouvoir
couvrir ses parties intimes parce que Ses mains étaient clouées, tout en
écoutant les railleries et les moqueries de Son peuple : "Descends de la croix et nous
croirons en toi."Â C'est
une scène incroyablement dégradante et pleine d’humiliation, et Dieu a enduré
cela pour vous et pour moi.
"Recevez Mes instructions, car je suis débonnaire et
humble de cœur." C'est une
révélation de Dieu tel qu'Il est, et au lieu de contre-attaquer ceux qui se
moquaient de Lui, Il dit: "Père,
pardonne-leur car, ils ne savent ce qu'ils font."
Un prédicateur qui s’efface intentionnellement, avec la
confiance que Dieu parlera en lui, éprouve une douleur dans une mesure
semblable à celle de Christ crucifié. Il meurt à sa propre capacité de parler,
et devient stupide dans son humiliation comme le Sauveur – jusqu'à la mort.
Ceci est le centre de toute prĂ©dication vĂ©ritable. L'homme qui cherche Ă
laisser Dieu parler en lui, s’assure qu’il ne dépendra pas de ses capacités
propres. Il devient l'humble réceptacle de quelque chose qui doit être donnée.
Il se trouve une souffrance, une humiliation et une mort dans sa parole qui
déverse la même qualité de puissance qui a eu lieu à la croix, et qui le fera
encore chaque fois que cet événement se reproduit. Dieu ne veut pas que la foi
des hommes repose sur leur éloquence, mais sur la fondement de la puissance de
Dieu, qui est libérée à travers celui qui est disposé à souffrir cette terrible
humiliation.
La prédication qui est puissante vient quand un homme se
renie et ne s’accroche pas à sa propre expertise ou ses capacités. Débrancher
cette prise équivaut à mourir. C’est une chose à laquelle on ne peut jamais
s’habituer, mais qui doit être faite et refaite jusqu'à notre dernier jour.
C’est aussi terrifiant, contradictoire, et humiliant que si vous ne l'aviez
jamais fait auparavant. Chaque nouvelle occasion est une expérience fraîche de
mort à soi-même, et celui seul qui est mort à lui-même pourra l’endurer. Qui
ici est disposé à goûter à cette mort? Qui est disposé à abandonner sa
confiance dans ses propres capacités et espère que la même puissance qui a
ressuscité Jésus d'entre les morts ressuscitera maintenant le prédicateur et
son message?
En un mot, le voile du temple qui, par l'obéissance même de
la souffrance de Jésus jusqu’à la mort, s’est déchiré, est encore, par
l'obéissance du prédicateur, déchiré au-dessus de l'entendement et de l’esprit
obscurci de l'auditeur; non seulement pour émettre de la lumière sur ce qui est
pure folie et offense la sensibilité humaine, mais encore pour donner naissance
ou pour créer la grâce qui mènera à la repentance, et pour créer la foi qui
mènera à croire. Le voile s’est déchiré pendant la crucifixion de Jésus, et il
se déchire chaque fois que la même puissance est libérée par la même
humiliation. Mais cette fois il ne s'agit pas du voile qui était dans le
temple, mais du voile qui se trouve au-dessus du cœur et de l'entendement.
Â
La Parole Créatrice
Une parole de la Bible récitée correctement ne garantit pas
que ce soit la Parole de Dieu pour ce moment particulier. Elle est la Parole de
Dieu seulement lorsque c'est la Parole qu’Il donne de dire, et cette parole ne
doit pas nécessairement être une citation exacte de la Bible pour être la Parole
de Dieu. Ce pourrait ĂŞtre une raillerie, une insulte, une confrontation, ou une
parole étrange et folle, mais c'est une parole qui doit être donnée, et si
c’est le cas, cette parole sera attestée par la puissance de Dieu. Ceux qui
disent les paroles de Dieu sont déjà parvenus à une mort à eux-mêmes suffisante
pour que la puissance ou la vie de Dieu puisse leur être accordée sans aucune
crainte que la gloire de Dieu soit touchée ou détournée. Un homme qui porte la
Parole de Dieu et l’exprime peut être digne de confiance – aussi offensante
puisse-t-elle ĂŞtre Ă l'auditeur et mĂŞme Ă lui-mĂŞme.
En l'absence de conversions profondes suscitées par la
prédication de notre propre génération, nous sommes en droit de nous demander
si nous avons suffisamment considéré la signification du mot
"envoyé", et si nous avons naïvement supposé que n'importe quel moyen
de diffusion de l’Evangile est béni et honoré par Dieu. Il est peut-être sage
également de considérer si n'importe quel message, aussi correct qu’il puisse
être, est en effet la Parole de Dieu, notamment s’il a été humainement conçu
pour éviter l’humiliation à laquelle je fais allusion.
Si "prêcher le Christ" se doit d'être en réalité
davantage qu’un message à Son sujet, et se doit d'être une présentation de Sa
personne, alors le Dieu qui envoie est peut-ĂŞtre encore en train d'attendre des
candidats appropriés. La question en jeu est la question de la croix, et l’on
pourrait se dire correctement qu'elle n’apportera pas aux hommes une pleine
conviction, à moins qu’elle ne soit apportée par la bouche de ceux qui
connaissent la croix dans leur propre expĂ©rience, et qui sont disposĂ©s Ă
souffrir humiliation après humiliation dans la folie même de leurs paroles. Si
notre parole n'est pas une folie, ce n’est pas la vraie parole. Elle peut
amuser les hommes, elle peut mĂŞme informer et inspirer, mais ce ne sera jamais
un événement.
Notre propre génération, comme celle des Corinthiens à qui
Paul écrivit, porte plus d'attachement au raffinement et à l’adulation que Dieu
Lui-même qui S'est fait sans réputation. L'exigence de la vraie prédication,
correctement considérée, nous permettra de considérer régulièrement notre
caractère médiocre et d'avoir un profond mépris de nous-mêmes et de nos
capacités. Pouvoir prêcher ne relève pas de la compétence ou de la technique,
mais constitue un mystère divin, et le mot " prêcher "
dérive du mot latin " praedikare ", qui signifie
" pour faire connaître ". À chaque fois que l’humiliation
du Christ est expliquée dans la folie de la prédication, Il est de nouveau
révélé et présenté en tant que Sauveur. De la même façon que Dieu donne la
grâce à celui qui est humble, Il a, Lui qui est plein de grâce et de vérité, la
même opportunité de joindre le temps et l'éternité, le ciel et la terre dans un
moment d’humilité authentique quand un prédicateur cesse de dépendre de
lui-mĂŞme.
Une illustration familière de cette vie crucifiée se trouve
dans 1 Corinthiens oĂą Paul s'exclame:Â "Pour
moi, frères, lorsque je suis allé chez vous, ce n’est pas avec une supériorité
de langage ou de sagesse que je suis allé vous annoncer le témoignage de Dieu.
Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ,
et Jésus-Christ crucifié." (1 Corinthiens 2:1-2)
Même avec toute son érudition et ses connaissances
religieuses, Paul s’est imposé des limitations qui exigeaient une douloureuse
détermination. La difficulté se trouve dans le fait que nous savons tellement
de choses, que nous voulons en exprimer beaucoup Ă nos auditeurs. Se limiter
exige donc une détermination à refuser d’exprimer dans notre prédication ce qui
est pour nous tellement accessible et à portée de main. La vraie prédication,
ou la Parole qui vient avec autorité, est une Parole qui produit du changement
dans celui qui l’écoute, et établit une réalité qui n'existait avant d'être
exprimée. Un respect et une vénération grandissante pour la Parole de Dieu en
tant que prédication, doivent prendre, de nos jours, de plus en plus d’ampleur
dans l'Eglise. Dieu dit qu'Il a élevé Sa Parole au-dessus de Son Nom. Au
commencement était la Parole, et c'était l'Esprit de Dieu qui planait sur la
face des eaux avant une création qui était toujours encore informe, et Dieu dit
:Â "Â Que la
lumière soit ". Nous devrions avoir un désir toujours plus grand
de ce genre de prédication apostolique, d’hommes qui nous apportent la Parole,
pas simplement pour renforcer notre compréhension, mais spécialement pour
établir nos fondements.
Â
La Parole qui Agit
Dans 1 Thessaloniciens 2:11-13, Paul écrit: "Vous savez aussi que nous
avons été pour chacun de vous ce qu’un père est pour ses enfants, vous
exhortant, vous consolant, vous conjurant de marcher d’une manière digne de
Dieu, qui vous appelle à Son royaume et à Sa gloire. C’est pourquoi nous
rendons continuellement grâces à Dieu de ce qu’en recevant la parole de Dieu,
que nous vous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme la parole des
hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme la Parole de Dieu, qui
agit en vous qui croyez."
Ce n'était pas une croyance abstraite. Ils ont cru que ce
qui leur était dit à travers des paroles qui n'étaient pas des paroles
humaines, mais la Parole mĂŞme de Dieu. Et parce qu'ils ont cru cela, elle a agi
en eux. C'est de cette façon que Dieu nous change de gloire en gloire - par la
Parole qui agit en nous.
Cette Parole n'avait rien Ă voir avec ce que Paul avait
choisi de prêcher. Il avait seulement une chose en tête, et cette chose était
d'obéir en rapportant la Parole qui lui avait été donnée, laquelle seule
pouvait agir en ceux qui l’écoutaient et y croyaient. Si nous choisissons de ne
pas croire cela, alors cette mĂŞme parole devient pour nous juste une autre
parole, que nous aimons, ou que nous n'aimons pas, qui est intéressante, ou qui
ne l’est pas, et nous perdons ainsi toute sa valeur, et la Parole ne peut donc
pas accomplir son œuvre.
Bien trop souvent nous allons à l’église avec une sorte de
passivité et avec en tête l’idée que c’est juste une autre réunion, mais ce
n’était pas ainsi au commencement. Ils venaient avec l’expectative anticipée
"d'un événement créateur" par la parole qui était donnée, et cet
événement survenait si fréquemment qu’ils étaient transformés de gloire en
gloire. Comment quitterons-nous le terrain sur lequel nous nous trouvons
actuellement, pour nous rendre jusqu'au lieu oĂą Dieu nous appelle
" apostoliquement " à être, sinon par la Parole qui est
envoyée, et par la Parole qui est communiquée? Cela met une responsabilité
incroyable sur le porteur de la Parole qui est prêchée. Son union avec le Seigneur
doit ĂŞtre d'une nature authentique, ou sinon ses auditeurs sont simplement
"gavés de sermons" d’un dimanche à l’autre.
Nous avons besoin d'élever la qualité de notre foi et de
nous garder jalousement de ne dire que ce que Dieu nous donne Ă dire. Nous devons
avoir une motivation autre que celle de notre réputation de prédicateurs ou la
crainte des hommes, ou notre souci de ne point offenser, ou de ne pas décevoir.
Il est possible qu'il ne puisse être trouvé un plus sain stimulant pour les
assemblées que de les inviter au silence, et d’annoncer à leur étonnement que
celui qui va parler n’a pas reçu de Parole de Dieu, et que par conséquent, il
ne va pas remplir le silence simplement avec de bonnes choses. C'est le genre
de jalousie Ă laquelle nous devons retourner si nous voulons ĂŞtre participants
de ce dont parle Paul dans sa première épître aux Thessaloniciens.
Â
Le Lieu de Communion
"Et
lĂ je te rencontrerai, et je te parlerai de dessus le propitiatoire, entre les
deux chérubins qui seront sur l’arche du témoignage, [et te dirai] tout ce que
je te commanderai pour les fils d’Israël." (Exode 25:22).
Je suis heureux que le Seigneur emploie le mot
"commandement" plutĂ´t que le mot "suggestion". C'est
pourquoi, en tant qu'Eglise dans son ensemble, nous sommes si puérils,
c’est-à -dire que rien n’est requis de nous, excepté apporter nos corps à la
réunion du dimanche, mettre quelques euros dans le panier à offrande, et
chanter quelques hymnes. Il n'y a aucune condition, aucune parole donnée avec
autorité et exprimée à notre encontre, et aucune exigence qui nous sont
adressées. Le sermon devient un spectacle et fait simplement partie de ce que
signifie "aller à l’église". Tout se résume à écouter un sermon
plutôt que de participer à un événement, et nous payons un lourd et grave
tribut pour ces réalités. Nous ne recevons pas la Parole créatrice qui change
les choses, et par conséquent quelque chose de négatif se produit – un
engourdissement de nos esprits, un engourdissement de notre discernement, et la
création d'une atmosphère de somnolence dans nos rassemblements. Il y a trop de
professionnalisme chez les prédicateurs et chez les ouailles. Quand la parole
qui est prêché a du poids, nous le savons quand nous l'entendons. Elle nous
fait prêter oreille, et réclame même notre obéissance. Ce genre de parole ne
peut venir que du trĂ´ne de Dieu.
Ce mĂŞme principe doit s'appliquer dans les paroles que nous
nous échangeons les uns les autres, ou pendant que nous nous exhortons les uns
les autres chaque jour, ou en disant la vérité avec amour. Est-ce seulement une
opinion humaine qui est exprimée, ou est-ce la Parole de Dieu? Nous devons
décréter un moratoire sur les conversations banales et nous attendre à ce Dieu
renouvelle notre révérence pour la prédication, pas simplement depuis les
estrades et les pupitres, mais mĂŞme dans nos conversations quotidiennes, et
mĂŞme lorsque nous parlons au monde. J'ai vu le jugement de Dieu venir sur des
assemblées à cause des paroles que j'ai dites. Je n’ai jamais employé les
paroles :Â "Â Ainsi parle
l'Eternel, ceci se passera si vous ne faites pas ceci ou cela ".
Je leur ai simplement donné une Parole de Dieu, et ils ont choisi de ne pas la
recevoir comme Parole de Dieu. Ils l'ont reçue seulement en tant qu'opinion
d'un homme, et maintenant ces assemblées n'existent plus.
Â
L’Exigence de la Parole
La venue de la Parole de Dieu a des conséquences. Jésus a
dit : "Si je n’étais pas venu, que je ne leur eusse pas parlé, ils
n'auraient pas eu de péché, mais maintenant ils n'ont pas de prétexte pour leur
péché." (Jean 15:22)
Autrement dit :Â "Â Ma
venue et Ma Parole vous ont retiré tout prétexte. La vérité est venue en Moi,
et maintenant vous ĂŞtes responsables. Avant que je ne sois venu, vous aviez une
excuse pour votre superficialité, et pour vos attitudes religieuses, lesquelles
étaient, croyiez-vous, la réalité, mais maintenant que Je suis venu, maintenant
que J'ai parlé, vous n'avez aucune excuse. La norme divine est tombée. La
réalité de Dieu, la révélation de Ses desseins a été présentée, et maintenant
vous ĂŞtes responsables par rapport Ă ces derniers. Vous ne pouvez pas continuer
comme vous avez toujours fait."
Je ressens de plus en plus l'audace de dire aux assemblées : " Vous allez regretter de
m’avoir invité, parce qu'après que j'aurai parlé, vous serez maintenant
responsables - et cela éternellement. Si vous choisissez de rejeter ce que je
vais dire, alors soyez assurés que vous ne pouvez pas continuer comme vous
étiez avant. Ou bien vous retournerez à quelque chose d'inférieur à ce que vous
avez eu auparavant, ou bien vous continuerez en devenant une chose nouvelle en
qualité ". La parole apostolique est un événement révélateur pour
l'assemblée ou pour l'individu, venant de celui qui est envoyé et qui apporte
la Parole de Dieu, et à qui a été donné l'Esprit sans mesure.
Quand Dieu parle, quelque chose doit lâcher. Si nous ne
voulons pas lâcher ce quelque chose, alors il va y avoir une tension due à la
résistance et le rejet de la Parole. Si les gens ne peuvent pas trouver un
prétexte pour s'opposer à la Parole dans le but de rejeter le message, ils
trouveront leur point d'opposition en rejetant le messager. Il semble que Dieu
leur donne toujours quelque chose à quoi s’accrocher. Il se produira toujours
quelque chose de ce genre-lĂ lorsque les hommes veulent trouver le moyen de
s'affranchir des implications et des exigences de la Parole de Dieu.
Pourtant, parallèlement, pour l'homme qui la donne, celui-ci
ne doit pas l'utiliser comme excuse quand il a lui-même le défaut contre lequel
il prĂŞche, en disant :Â "Â HĂ©
bien, Dieu se sert de moi Ă cause de cela."Â Il doit s'affliger du fait qu'il
possède tel ou tel défaut, et doit chercher par tous les moyens à le corriger,
et Ă ĂŞtre sans reproche et sans offense devant Dieu et les hommes. Toutefois,
aussi sérieux qu'il puisse être dans ce devoir, les hommes lui trouveront
toujours quelque chose à redire. Ils ont trouvé des sujets de reproche en
Jésus, et ils en trouveront en nous, mais " ...
heureux celui pour qui Je ne serai pas une occasion de chute " (Luc 7:23b) - ou " celui que J'envoie, qui
est l'expression même de Ma personne. "
Référence: Fondements
Apostoliques - Le Défi d'une Vie Chrétienne Authentique, Arthur
Katz - chapitre 4
Source : http://sentinellenehemie.free.frÂ