Plus j’entends de sermons, plus j’observe la
science, l’éloquence et la connaissance, plus je me rends compte de la
simplicité de notre Seigneur. Assistant cette semaine à la réunion de clôture
d’une pastorale, je fus frappé d’une chose: on avait parlé de Lui, on L’avait
invoqué, on avait lu et médité Sa Parole, mais personne ne L’avait vraiment
écouté, ainsi qu’en témoignaient les visages chargés qui se pressèrent à la sortie,
en évitant soigneusement de croiser le regard d’autrui. Pourtant abondants, les
mots étaient passés au-dessus des têtes: la sage cogitation, la saine floppée
de paroles, rien de tout cela n’avait semblé faire mouche. Au contraire de
l’exemple de Maître, ces prédicateurs ne parlaient pas aux coeurs, et ne
répondaient au bouillon de cervelle que par un shampoing, anti « sceptiques »
certes, mais shampoing tout de même, qui n’avait pas la force exemplaire d’un…
lavage de pieds ! Suivez-moi dans quelques exemples déroutants où notre
bien-aîmé Maître ne s’est pas laissé désarçonner par l’incongruité des
questions, mais a répondu en touchant le coeur de la cible, le centre de la
véritable préoccupation, ou du véritable besoin de la personne. Hors-sujet les
réponses des hommes? C’est sûr ! Mais jamais celles du Maître, même si certains
cherchent encore la réponse en se grattant la tête, 2000 ans après…
Tu
dois naître de nouveau (Jean 3)
Voici un homme qui
vient trouver le Seigneur, de nuit par peur de ce que ses pairs pourraient
penser. Le voici qui fait au Seigneur un éloge considérable… si le Seigneur
avait nourri quelque ambition pour sa personne, ou quelques doutes sur sa
mission. « Nous savons que tu es un enseignant qui vient de Dieu… » Quel aveu !
La religion de l’époque, la somme des connaissances théologiques, vient dire au
Christ qu’elle le reconnaît. Mais elle le reconnaît en théorie seulement, car
l’orgueil, la politique du pouvoir et de la manipulation des foules, qui est le
véritable moteur de tous les chefs religieux de l’époque (de cette époque
lointaine seulement?), elle, ne veut pas de ce Christ dont elle sait pourtant
tout… en théorie. Cette tentative de récupération n’a pas de prise sur le
Christ: il parle au coeur et montre à l’individu comment accomplir sa propre
vocation, remplir sa propre mission. « Tu ne peux voir le royaume de Dieu qu’en
naissant d’en-haut! » Désarçonnée, la science religieuse, la gnose théologique
s’imagine déjà retournant, avec de monstrueux forceps, dans le ventre de sa
mère. Elle manifeste qu’aucun des outils qu’elle met à la portée des chercheurs
n’est suffisant pour appréhender les paroles de Dieu, qui sont Esprit et vie.
Mais allons un peu plus loin…
Va
chercher ton mari! (Jean 4)
Après avoir montré
symboliquement l’inanité de la théologie judaïque de l’époque, Christ s’attaque
maintenant aux coutumes religieuses: il ne faut plus déclarer impur ce qu’il
déclare pur. Fatigué du voyage, le Seigneur s’arrête au puits de Jacob où une «
misérable impure », une Samaritaine, puise de l’eau. A la requête du Christ («
Donne-moi à boire »), c’est la crainte superstitieuse qui répond: « Comment TOI
qui es Juif me demandes-tu à boire à MOI qui suis Samaritaine… » Après un
premier tabou, le Seigneur en brise un second, en promettant Ă cette
bienheureuse de l’eau vive ! Combien nous aurions nous-mêmes aimé entendre le
Seigneur nous faire une telle proposition en privé ! Il lui promet l’eau de la
véritable religion, pure et sans taches. Et voilà que, grâce à la relgion, le
magnétophone nourri au bouillon de cervelle fait entendre son petit refrain: «
Bon Seigneur, tu vas pas me raconter que tu as inventĂ© la pompe hydraulique Ă
toi tout seul? Je veux dire, si on empilait dans ce puit Jacob, ses enfants,
les enfants de ses enfants, et les brebis de Jacob, de ses enfants et des
enfants de ses enfants, ben on arriverait mĂŞme pas au fond ! Et toi tu viens
les mains vides, tu n’as même pas un seau et tu me parles d’eau COURANTE? » La
brave dame n’a manifestement RIEN compris, et le Seigneur réitère sa
proposition, mais à une condition: qu’elle aille lui chercher son mari. A la
crainte, à l’angoisse superstitieuse qui nous rend si incapables à nos yeux et
aux yeux de ceux que nous croyons grands devant Dieu, le Seigneur répond une
seule chose: regarde ta vie en face et met-la en règle. « Je vois que tu es
prophète », dit en désespoir de cause la femme, dont les épaisses murailles
d’incrédulité n’ont pas encore fini de s’effondrer. Elle continue alors en
restituant au Seigneur ce que ses professeurs de religions comparées lui ont
enseigné, et visiblement, la paix de l’âme n’en n’a pas résulté… Voici, en
français très courant, ce qu’elle a compris: « C’est quel Dieu qui est le plus
fort? Il paraît que si on va en pélerinage là -bas, on est béni, mais chez vous
les Juifs, vous dites qu’il faut aller à Jérusalem, alors où je vais moi avec
tout ça quand j’ai envie d’être bénie? » A ce splendide bouillon de cervelle,
le Seigneur répond: La religion des Juifs était la vraie, mais elle est
accomplie, voici venu le temps d’adorer Dieu chacun dans son coeur, en esprit
et en vérité. C’est cela la vraie religion: pas de pélerinages, pas de cierges
à brûler, de saints et de saintes à honorer ou de dieux à apaiser, mais par
Jésus-Christ, l’accès libre, forfaitaire et éternel à l’ensemble des
bénédictions de Dieu, sans alinéa ni codicille, sans texte écrit en petit et
nécessitant un notaire pour en sceller l’authenticité. Tout est là ,
gratuitement, pleinement et immédiatement, pour qui se repent et croit en Christ.
Amenez-moi
un denier (Matthieu 22)
Christ va maintenant
détruire une autre théologie, toute de craintes et d’angoisses terrestres:
celle des Hérodiens (pour un examen des Hérodiens, lire notre texte sur « 3
levains tenaces »). Pour ne pas se salir les mains, les religieux hypocrites
veulent tuer le Christ, mais par la moyen du « bras séculier ». Ils préparent
donc Ă cet effet un savoureux court-bouillon de cervelle, dans lequel ils
glissent quelques peaux de bananes, pour le faire trébucher en place publique,
bien sûr. Mais le Seigneur ne se laisse pas prendre: Si nous pouvons user du
monde, nous devons faire comme si nous n’en n’usions pas. Nous pouvons posséder
en ne possédant pas, sinon notre âme s’y attachera. D’ailleurs, l’argent
lui-même porte la marque de son maître, l’esprit de ce monde: il faut traiter
l’esprit de ce monde comme il le doit, ni plus ni moins, et ainsi le monde, la
chair et le diable ne pourrons rien contre nous! Rendons Ă Dieu notre culte
dans la seule devise-or qui ait cours au Ciel: Faisons aux autres ce que nous
aimerions qu’ils nous fassent, c’est la règle d’or de Mathieu 5.
Vous
êtes dans l’erreur (Matthieu 22)
C’est bien connu,
avant de planter, il faut arracher les mauvaises herbes. Le Seigneur, après les
Hérodiens, s’en prend à la pensée des Saducéens, ces gens qui nient que des
miracles arrivent encore de nos jours. Leur bouillon de cervelle sent un peu le
réchauffé, puisque c’est une vague légende brodée sur une loi reçue par Moïse
sur le soin à donner aux veuves. La somme théologique de la pensée d’une longue
lignée de sages Saducéens est résumée ici, dans un vaudeville aussi incongru
que stupide: Une femme infortunée survivant à une brochette de 7 frères qu’elle
a tous épousés successivement, se retrouve au Ciel avec tous. Que le grand
Maître Jésus de Nazareth démèle l’écheveau de cette sulfureuse histoire, s’il
l’ose. Et le Seigneur l’ose, en coupant net et à la racine les turpitudes
sexuelles de ces mâles pervers: dans le Ciel, vous serez comme des anges! Je
suis sûr que les anges ont dû bien rire ce jour-là de voir la déculottée que se
sont pris ces « sages » !
Vend
tout ce que tu as (Marc 10)
Je ne vous Ă©pargnerai
pas la déconfiture des Pharisiens qui, voyant successivement les challengers
des Hérodiens, puis des Saducéens se faire renvoyer dans les cordes, veulent
fermer la bouche Ă ce Christ si arrogant, selon eux. Mais je saute directement
Ă un autre juste, selon la loi, mais au coeur pur celui-ci, que nous avons
coutume d’appeler « le jeune homme riche ». Ce garçon avait scrupuleusement
écouté les Pharisiens, mais contrairement à eux, il avait tout mis en pratique.
Jésus, qui ne jugeait pas sur l’apparence, l’aima au premier regard. Baigné dès
son enfance dans le jus du légalisme le plus strict, ce garçon venait presser
son coeur aux pieds du Maître, en une question bouillonnante: « Que dois-je
faire? » Il avait TOUT fait, mais il SAVAIT que cela ne suffisait pas. Comme
toi ami lecteur tu as peut-ĂŞtre TOUT fait, mais tu sens bien dans ton coeur
qu’il te manque quelque chose. Il lui manquait quelque chose que les chefs
religieux ne pouvaient lui donner, car on sait bien que le prédicateur ne nous
mènera jamais au-delà de l’endroit où il s’est arrêté lui-même. Il lui manquait
un tout petit quelque chose: la PERFECTION. Il lui fallu rencontrer ce Maître
qui DISAIT et FAISAIT, et ce Maître lui révéla quelle idole l’empêcher
d’atteindre cette perfection qu’il désirait si ardemment et qu’aucune
observance religieuse ne pouvait lui offrir. « Vends tout ce que tu as, donne-le
aux pauvres ». Quelle folie, n’est-ce pas? Il ne lui dit pas: Vend tout ce que
tu as, et tu t’en serviras pour passer à l’étape suivante de ta vie. Non, il
lui dit seulement: tu as fait BIEN, mais il y a MIEUX et si tu veux Ă©viter de
tourner en rond Ă force de regarder ton nombril et de te complaire dans le BIEN
pour devenir PIRE, alors laisse TOUT, et entre dans cette nouvelle Ă©tape de ta
vie sans RIEN. Folie n’est-ce pas? Notez bien que cette folie ne s’adresse pas
à n’importe qui, elle s’adresse aux plus fous des religieux, à ceux qui se
croient PARFAITS, et qui le font savoir à tous: ils sont jugés à leurs paroles,
et le Seigneur attend d’eux des actes… à la hauteur des Actes des Apôtres.
Tais-toi!
(Luc 4)
Exactement comme le
fit plus tard l’apôtre Paul avec la pythonisse, Jésus refusa toute déclaration
de seigneurie de la part des démons: il refusa, et par là nous invite à faire
de même, de boire quelque bouillon de cervelle que ce soit concocté dans les
marmites de l’enfer. « TAIS-TOI », ordonnait-il aux démons. Voici 2 semaines,
mon épouse et moi-même avons hébergé une personne par qui le malin ne cessa de
nous parler pendant près de 2 heures. Epuisés, et tentés par le diable d’aller
faire interner le jeune démonisé en psychiatrie, nous avons décider de ne pas
laisser ce plaisir au malin, et avons commandé aux esprits de se taire et de
quitter ce corps. Ils ne sont sont pas faits « prier », et quelques instants
plus tard, le dément était assis, vêtu et dans son bon sens, à son grand
Ă©tonnement et Ă celui de sa famille, qui vient encore de nous remercier
aujourd’hui. J’aime assez ce proverbe marseillais que je trouve très à propos:
« On ne discute pas avec une brouette, on la pousse… »
Ne
raconte Ă personne ce que tu viens de voir (Matthieu 17)
Quel incroyable
bouillon de cervelle que celui de Pierre qui, alors que MoĂŻse et Elie lui
apparaissent aux côtés de Jésus, se transforme en boy-scout et leur propose un…
camping ! Manifestement, ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde ! Ce
texte m’inspire en ce jour une seule pensée, que je voudrais vous partager: les
grâces incroyables que Dieu vous accorde à vous, dans le lieu secret, ne faites
pas comme ces prĂ©dicateurs Ă la mode, gardez-les pour vous et « ne les dites Ă
personne ». Vous n’avez pas idée des jalousies malsaines et de l’émulation
psycho-spirituelle que vous allez créer, ainsi que des troubles qui
s’ensuivront… Laissez-les bâtir leurs « tabernacles » et fleurir le mausolée de
leurs expériences passées et vous, allez de l’avant avec cette parole: «
Heureux ceux qui croient sans voir », car tout ce que l’oeil voit, notre coeur
peut s’en faire une idole…
Pourquoi
lui faire de la peine? (Jean 12)
C’est une véritable
folie mystique qui animait Marie de BĂ©thanie. Pourtant, le Seigneur le lui rendit
bien car en aucun autre lieu que dans sa maison JĂ©sus ne revint aussi souvent.
Je le dis souvent, car c’est tellement vrai: ils furent nombreux les
pique-assiettes autour de Jésus, et il s’en trouva même pour mettre la main
dans le plat avec lui, comme Judas. Mais il en est bien peu que JĂ©sus aima,
comme Marie, lazare, et Jean, qui posait sa tĂŞte sur la poitrine du Seigneur.
Pourtant, mû par le désir de voler, Judas s’attrista pieusement du gaspillage
de Marie. Il est parfois des actes insensés que Dieu honore, comme celui-ci qui
préfigura sa sépulture. Néanmoins, je ne puis m’empêcher de rapprocher Judas de
nos modernes « Ophnies et Phinées », ces prédicateurs de la Prospérité, adeptes
et spécialistes du gaspillage religieux, et qui jettent sans vergogne l’argent
du Ciel par les fenêtres… de la terre. Il me semble en effet abusif d’utiliser
la folie de Marie de Béthanie pour justifier les dépenses inconsidérées et le
train de vie princier de certains: JĂ©sus laissa Marie agir ainsi en vue de sa
sépulture, et toute la maison profita de l’odeur. Pourtant, de nos jours, cette
odeur de vie qui donne la vie aux uns, donne aussi la mort aux autres, en ce
que leur attitude de pseudo-liberté par rapport à l’argent est un jugement
contre eux-mêmes. Je dis attitude de pseudo-liberté, car s’il étaient
cohérents, ils n’en parleraient pas et surtout, n’en réclameraient pas POUR
EUX-MËMES ! Mais voilà que je me remets à parler d’argent. Restons-en là , POUR
L’INSTANT…
J’aurais encore voulu
parler du Seigneur dessinant à terre en guise de réponse aux Pharisiens
lapidateurs de femmes adultères, ou du Jésus iconoclaste lorsqu’on lui présente
un « lieu saint », fut-il à Jérusalem, ou encore de Céphas qui se fait appeler
tantôt Pierre, tantôt Satan, mais je m’arrêterai là , car je crois que vous avez
compris, et vous savez maintenant ce qu’est le bouillon de cervelle. « Arrêtez,
et sachez que je suis Dieu: Je domine sur les nations, je domine sur la terre
», (Psaume 46;11) Dieu sait TOUT, même ce que nous allons inventer comme prétexte
pour notre lâcheté. Nos alibis bidons ne l’impressionnent pas, et ne l’émeuvent
pas non plus: Il SAIT de quoi nous sommes faits. Inutile de lui faire un cours
de science sur les éléments constitutifs de la matière, Il SAIT que nous sommes
poussière. Il attend de nous simplicité, disponibilité et écoute de Sa Parole
et des autres. Il n’y a pas d’autre chemin qui mène à Dieu, que celui du
renoncement à soi-même, et s’il existe souvent une distance énorme entre nos
prières formulées, et la réponse de Dieu, c’est que Dieu n’a avec nous qu’un
seul but: la Croix. La mort pour nous, et la vie pour les autres. C’est un des
paradoxes du Royaume, mais de cela, nous parlerons une prochaine fois, Dieu
voulant.
Auteur : Nicolas
Ciarapica
Source
: http://www.blogdei.com