C'est
un esprit de révérence, d'émerveillement, de crainte de Dieu. C'est un état de cœur qui se manifeste devant Dieu dans
la prière et l'adoration, qui est opposé à tout ce qui ressemble à la légèreté
d'esprit, la plaisanterie mondaine, le bruit et la fanfaronnade. La dévotion a
sa demeure dans le royaume du calme; elle se tait devant Dieu. Elle est
sérieuse, pensive, méditative. La dévotion appartient à la vie intérieure, elle
habite "en cachette", mais apparaît aussi dans les réunions publiques
du sanctuaire. Elle fait partie de l'esprit même de la véritable adoration, et
relève de l'essence même de l'esprit de prière.
La dévotion appartient à l'homme dévot, pieux, dont les pensées et
les sentiments sont consacrés à Dieu. Un tel homme a abandonné son esprit
entièrement à la vie chrétienne, il possède une profonde affection pour Dieu et
un amour ardent pour Sa maison. Corneille était un homme "pieux et
craignait Dieu, avec toute sa maison; il faisait beaucoup d'aumônes au peuple,
et priait Dieu continuellement". "Des hommes pieux ensevelirent
Etienne." "Un homme nommé Ananias, homme pieux selon la loi"
(Actes 22:12) était envoyé vers Saül pendant son état de cécité, pour lui dire
ce que le Seigneur voulait qu'il fasse. Dieu peut se servir des hommes de cette
qualité de façon merveilleuse, car les hommes pieux sont des agents de choix
pour faire avancer Ses plans.
La prière développe l'esprit de
dévotion, tandis que la dévotion favorise les meilleures prières. La dévotion fait progresser la prière
et aide à conduire la prière droit vers le but qu'elle recherche. La prière
s'épanouit dans une atmosphère de véritable dévotion. Il est facile de prier
lorsque nous sommes dans un esprit de dévotion. L'attitude de notre intellect
et l'état du cœur requis par la dévotion rendent la prière efficace, pour
qu'elle atteigne le trône de la grâce. Dieu a Sa demeure là où réside l'esprit
de dévotion.
Toutes les grâces de l'Esprit sont nourries et poussent
vigoureusement dans l'environnement créé par la dévotion. En effet, ces grâces
ne poussent nulle part ailleurs. L'absence de l'esprit de dévotion entraîne la
mort de ces grâces, nées dans un cœur renouvelé. La véritable adoration se
plaît dans une atmosphère créée par un esprit de dévotion. Certes la prière est
favorable à la dévotion, mais en même temps la dévotion rebondit sur la prière
et nous aide à prier. La dévotion engage le cœur dans la prière. Il n'est pas
tâche facile pour les lèvres de prier alors que le cœur est absent. Le reproche
que Dieu faisait à Son peuple Israël dans les temps anciens était qu'ils
L'honoraient de la bouche et des lèvres, mais que son cœur était éloigné de
Lui.
L'essence même de la prière, c'est l'esprit de dévotion. Sans
la dévotion, la prière n'est qu'une coquille vide, des paroles en l'air. Il est
triste de constater que cette forme de prière est très courante dans nos
églises aujourd'hui. L'Eglise travaille la religion avec l'ordre, la précision et la
force d'une vraie machine. Mais trop souvent elle travaille avec le même manque
de cœur qu'une machine. Il y a de ce mouvement de manège dans notre routine
incessante d'activités religieuses. Nous prions sans prier. Nous chantons sans
chanter selon l'Esprit. Nous avons de la musique sans que les louanges de Dieu
y soient présentes. Nous fréquentons l'église à force d'habitude, et nous
sommes très contents de revenir chez nous lorsque la bénédiction finale est
prononcée. Nous lisons notre chapitre habituel dans la Bible, et nous nous
sentons plutôt soulagés lorsque la tâche est accomplie. Nous prions
machinalement comme un ouvrier qui récite sa leçon par cœur, et nous ne sommes
pas chagrinés lorsque le dernier "amen" est prononcé. Le christianisme touche tout,
sauf nos cœurs. Il engage nos mains et nos pieds, il s'empare de nos
voix, il empoigne notre argent, il touche même notre posture corporelle, mais
il ne s'empare pas de nos affections, de nos désirs, de notre zèle, pour nous
rendre sérieux, éperdument fervents, pour nous faire taire et devenir des
adorateurs dans la présence de Dieu.
Pourquoi donc tous ces tristes
défauts dans notre piété? Pourquoi cette perversion moderne de la vraie nature
de la religion de Jésus-Christ? Pourquoi le genre moderne du christianisme
ressemble-t-il tellement à un coffret à bijoux sans les bijoux à l'intérieur? La grande défaillance de l'Eglise
moderne, c'est l'absence de l'esprit de dévotion. Nous entendons des sermons
dans le même état d'esprit que nous écoutons un cours magistral ou un discours.
Nous nous rendons à la maison de Dieu comme si ce n'était qu'un lieu ordinaire,
au même niveau que le théâtre, la salle de cours à la convention. Nous
manipulons les choses sacrées comme s'il s'agissait des choses du monde. Il
faut que nous mettions l'esprit de dévotion dans les affaires du lundi, aussi
bien que dans la louange du dimanche. Il nous faut l'esprit de dévotion pour
nous rappeler la Présence de Dieu, pour faire continuellement la volonté de
Dieu, pour diriger toutes choses toujours vers la gloire de Dieu.
L'esprit
de dévotion met Dieu dans toutes choses. Il met Dieu non simplement dans ses prières et dans sa
fréquentation de l'Eglise, mais dans toutes les occupations de la vie. "Soit
donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque
autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu" (1 Corinthiens
10:31). L'esprit de dévotion rend les choses ordinaires de ce monde sacrées, et
les petites choses, grandes. Par cet esprit de dévotion, nous allons au travail
le lundi dirigés par cette même influence et inspirés par ces mêmes influences
qui nous ont poussés à fréquenter l'église le dimanche. L'esprit de dévotion
transforme le samedi en sabbat, et le magasin ou le bureau deviennent le temple
de Dieu.
L'esprit de dévotion empêche le
christianisme d'être simplement un mince vernis et le met dans la moelle et
dans l'essence même de notre âme. Notre religion cesse d'être simplement un travail, elle devient
un cœur qui envoie son sang nourrissant à travers chaque artère, qui bat selon
les pulsations d'une vie énergique et radieuse. Toute l'ardeur de la dévotion
se trouve dans la prière. Dans le quatrième chapitre de l'Apocalypse, au verset
huit, nous lisons: "Ils ne cessent de dire jour et nuit: Saint, saint,
saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient!"
L'inspiration et le centre de leur dévotion pleine d'extase sont la sainteté de
Dieu. Cette sainteté de Dieu réclame leur attention, elle embrase leur
dévotion. Il n'y a rien de froid, de morne, de lassant chez eux, ni dans leur
adoration céleste. "Ils ne cessent jour et nuit": quel zèle!
Quelle ardeur infatigable, quel ravissement perpétuel! Le ministère de la
prière, s'il est digne de ce nom, est un ministère d'ardeur, c'est un ministère
d'une envie intense et inlassable de Dieu et de Sa sainteté.
Cet esprit de la dévotion remplit entièrement les saints au ciel,
et caractérise l'adoration des intelligences célestes, les anges. Aucune créature dépourvue de l'esprit de dévotion n'existe
là -haut dans le monde céleste. Dieu est là , et Sa présence même engendre l'esprit de révérence,
de crainte émerveillée, et de la peur véritable. Si nous souhaitons réellement
y participer avec eux après la mort, nous devons d'abord apprendre cet esprit
de dévotion ici-bas, avant d'arriver là -haut. Ces êtres vivants, de par leur
attitude inlassable, infatigable marquée par la soif de Dieu, symbolisent et
manifestent parfaitement la véritable prière et son ardeur. La prière doit être
enflammée. Son ardeur doit consumer. La prière sans ardeur est comme le soleil
sans lumière ni chaleur, ou comme une fleur sans beauté ni flagrance. Une âme
consacrée à Dieu est une âme fervente, et la prière est la manifestation de
cette flamme. Celui-là seul qui est tout enflammé pour la sainteté, pour Dieu,
et pour le ciel, peut vraiment prier.
L'activité n'équivaut pas à la force. Le travail n'équivaut pas au
zèle. L'activisme est souvent le symptôme reconnu de la
faiblesse spirituelle: il peut nuire à la piété lorsqu'il se substitue à la
véritable dévotion dans notre adoration. Le poulain est beaucoup plus actif que sa mère, mais
c'est elle qui porte le plus gros du poids, tirant la charge sans bruit ni
fanfaronnade ni vantardise. L'enfant est plus actif que son père, qui lui porte
peut-être la gouvernance et les fardeaux de tout un empire sur ses épaules et
dans son cœur. L'enthousiasme est plus actif que la
foi, alors que l'enthousiasme n'est pas capable de déplacer des montagnes, ni
d'invoquer aucune des forces omnipotentes que la foi peut commander.
L'activité se fait souvent aux dépens d’éléments plus solides,
plus utiles, et généralement s'accompagne d'une négligence totale de la prière.
Être trop occupé par les affaires de Dieu pour communier avec
Dieu, être trop occupé par le travail de l'Eglise pour prendre le temps de
parler avec Dieu de Son Å“uvre, voilà le chemin royal qui amène les gens Ã
rétrograder; et
nombreux sont ceux et celles qui, leur âme immortelle en souffrant, ont foulé
ce chemin.
Source:Â The
Watchword
Référence: "Essentials
of Prayer" (Les Fondements de la Prière), E.M. Bounds
Traduit par Nicole de Girardier pou ERM
Source : http://sentinellenehemie.free.frÂ