La Véritable Communion
Si l'Eglise, principalement composée de
Gentils, réalisait, un tant soit peu, que Dieu l'a établie sur quelque chose
d'exclusivement et d'initialement réservée à Israël, elle aurait une approche
très différente dans sa manière de définir ce qu'est un croyant. Elle en
retirerait de la sagesse et de l'humilité pour reconnaître la bienveillance de
Dieu accordée aux Gentils.
La raison en
est explicitée ci-dessous :
"Je dis
donc: Est-ce pour tomber qu’ils ont bronché? Loin de là! Mais, par leur chute,
le salut est devenu accessible aux païens, afin qu’ils fussent excités à la
jalousie." (Romains 11:11)
Cela faisait
partie de la stratégie de Dieu d’inclure les païens dans le salut. Nous, les
Juifs, avons été retranchés de notre propre racine, à cause de notre rébellion
et de notre désobéissance, et vous, les Gentils, avez été greffés sur cette
racine - non pas pour en jouir des bénéfices - mais pour refléter le niveau de
foi auquel vous êtes parvenus et qui aurait dû tourner à notre avantage. Vous
êtes dans une relation d'alliance avec notre Dieu et avez été greffés sur Sa
racine, et par conséquent, la sève de Dieu devrait couler en vous et produire
des fruits et d’autres bénédictions. Quelque chose devrait se dégager des
Gentils, en vue d'alerter les Juifs incroyants sur la réalité de leur propre
Dieu, au point de les exciter à la jalousie.
Exciter les
Juifs à la jalousie
L'Eglise, qui
est capable de manifester l'infinie sagesse de Dieu devant les principautés et
les autorités des puissances de l'air, est aussi une Eglise qui a acquis de la
maturité, de la stature et la capacité d'exciter les Juifs à la jalousie. Les
deux mystères n'en forment en fait qu'un seul. Tout païen qui œuvrera en faveur
d'un Juif, sans se préoccuper de l'éventuelle souffrance qui en découlera,
manifeste la sagesse de Dieu. Il n'agira pas seulement de son plein gré, mais
ce sera pour lui un honneur et un privilège, même et surtout s'il doit en
souffrir, se rappelant que sa récompense dans le ciel est supérieure et
éternelle. Dieu a en réserve une sagesse supérieure, savoir Ses attributs et Sa
nature dont Il veut revêtir Son peuple.
Puisse l'Eglise
devenir un corps apostolique, précurseur du Royaume, qui supplantera les
autorités de ce monde. Le monde ferait ainsi tomber son masque et viendrait à
elle pour lui exposer ses problèmes. Tant que nous n'aurons pas pris conscience
de la réalité et de l'ampleur du combat de la fin des temps, qui se joue entre
les nations et les cultures, nous serons incapables de mesurer l'importance de
la place d'Israël au centre de cette bataille, et nous ne comprendrons pas la
détermination des puissances des ténèbres à vouloir le détruire. Elles haïssent
ce peuple d’Israël, car il est le peuple de Dieu. Depuis qu'Israël existe, il
est un témoignage de l'intention de Dieu d'établir Ses lois sur Sa propre
création, création qui est passée sous l'influence des principautés et des
puissances depuis la chute d'Adam.
Israël est le
test que Dieu a choisi pour l'Eglise, afin de sonder son authenticité et son
niveau de sanctification. Bon nombre d'éminents serviteurs de Dieu ont
véritablement échoué. Luther, le géant de la Réforme, échoua à ce test. Il
passa quelque temps en compagnie de trois remarquables rabbins, en pensant
naïvement les persuader de la vérité de la Réforme et qu'ils reconnaîtraient en
elle la révélation de la foi du Dieu d'Israël, mais ils ne purent se mettre
d'accord sur le sujet. Le catholicisme a laissé, sur le peuple juif, une
empreinte plus profonde que le protestantisme réformé.
Les Juifs, en
rejetant d'une façon si brutale, les arguments bibliques de Luther relatifs au
salut en Jésus Christ, conformément aux Saintes Ecritures, s’engagèrent dans
une attitude blasphématoire. Luther en déduisit donc que la présence d'une
entité juive ou d'un groupe de Juifs au sein de l'Europe réformée constituerait
une menace pour la jeune Réforme. Pris d'une espèce de rage, il fut poussé à
produire un livre intitulé Les
Mensonges des Juifs, qui
provoqua la persécution des Juifs par l'Allemagne nazie, quatre siècles plus
tard. De tous temps, les Juifs ont été le plus grand défi de l'Eglise. Ils ont
quelque chose d'irritant et de contrariant.
Polycarpe, l'un
des premiers grands martyres, d'après le Livre
des Martyres de Foxe, fut
condamné à mourir brûlé vif sur un bûcher. On raconte que les Juifs furent
parmi les premiers à trouver les combustibles et l'on ajouta le commentaire
suivant : "Ils agissent
toujours de cette manière." Ils
semblent avoir pris un malin plaisir à contribuer et à être complice du martyre
des élus de Dieu, révélant ainsi la profondeur de leur haine envers le
christianisme.
La
centralité d'Israël
En tant
qu'Eglise, nous devons savoir que nous aurons à répondre conséquemment à la
chute d'Israël. Pour Dieu, le but de notre salut est d’exciter Israël à la
jalousie. Si nous restons indifférents aux intérêts de Dieu et au but de notre
salut, alors nous ne sommes ni Ses disciples, ni Ses enfants légitimes. On peut
occuper des fonctions, diriger des programmes, mener des actions sociales, être
même en bénédiction à des personnes - et le Seigneur nous laissera tout le
champ libre - mais n'allons pas imaginer qu'Il nous fera partager l'héritage de
Ses desseins éternels. Israël est au cœur de ces desseins.
Ce qui
distingue principalement l'Eglise en tant que telle, ce n'est pas sa
préoccupation de ses projets personnels, mais sa préoccupation des intérêts de
Dieu. Témoigner aux principautés et aux puissances de l'air l'infinie sagesse
de Dieu n'est pas à notre avantage, mais au Sien. C'est le dessein éternel de
Dieu en Jésus-Christ. La seule tache dans le cœur de l'Eglise, aujourd'hui, qui
annule son statut d'Eglise apostolique, c'est son incapacité à faire siens les
intérêts de Dieu et la faveur de Dieu. L'Eglise est encore centrée sur
elle-même. "Nos
bénédictions. Nos intérêts. Le bénéfice de la foi. Nous échappons à la
tribulation. Nous allons au ciel. Le culte était-il bon? Comment avez-vous
trouvé la prédication? Qu'en avez-vous retiré?"
Tout est ramené
à nous-mêmes, nos goûts, nos satisfactions. Nous avons introduit dans l'Eglise
les égocentrismes dont nous étions empreints dans le monde et qui, aujourd'hui,
prennent un visage religieux ou spirituel - un visage nouveau mais qui est
cependant tout aussi égocentrique. Avez-vous remarqué combien nous sommes, même
de manière inconsciente et involontaire, égocentriques, et que même l'air que
nous respirons, la sagesse égocentrique du monde, a également pénétré dans
l'Eglise? En dernière analyse, chaque question est fondée sur le gain perçu
même en tant que croyant. Quelque chose doit briser le pouvoir de l'influence
égocentrique et Dieu nous a confié un mandat et lancé un appel à une tâche qui
nous dépasse, c'est à dire à un but pour notre existence et pour notre salut,
en excitant Israël à la jalousie, conformément à la perspective divine .
Nous vivons
pour nous-mêmes, et cela transparaît dans nos attitudes. Nous avons contracté
cette maladie et ce fléau et nous en serons toujours atteints, car nous n'avons
jamais eu d'autre objectif pour notre salut que nos intérêts personnels,
c'est-à-dire notre bien-être. Nous nous satisfaisons seulement de ce qui nous
touche personnellement, au lieu de considérer le seul critère agréable à Dieu,
à savoir Sa gloire éternelle.
Ceux d'entre
nous qui ont quelque notion de la gloire de Dieu, savent qu'elle est toujours
précédée d'une inévitable souffrance. Combien, dans l'Eglise, resteront fermes
et supporteront cette souffrance qui précède la gloire? Si nous nous tenons
ensemble, suffisamment longtemps et pleinement unis, les circonstances
provoqueront inéluctablement des démonstrations de courage pour les temps
d'apostasie et de détresse à venir, pas seulement pour les autres, mais, pour
notre déplaisir, dans nos propres rangs. L'unique raison pour laquelle nous ne
connaissons pas cette souffrance, c'est que nous ne restons pas suffisamment
longtemps, ni pleinement unis, ensemble pour l'expérimenter. Lorsque les
conditions commencent à peine à devenir désagréables, nous cherchons ailleurs
une autre alternative, avec l'idée que, de toute façon, l'Eglise n'est qu'un
lieu de plaisir, et nous ne comprenons pas que c'est un lieu d'affliction avant
d'être un lieu de gloire. Nous ne serons pas un corps authentique tant que
notre raison d'exister ne sera pas la gloire de Dieu – quel que soit le prix à
payer.
Ce ne sont pas
les amplificateurs tonitruants dans la rue et qui couvrent la voix de l'Eglise,
ni un groupe musical talentueux, qui exciteront les Juifs à la jalousie. Si
l'Eglise veut atteindre ce but, son expression devra être d'une autre nature,
et j'ai l'intuition que cette nature c'est le Ciel et que le Ciel, ici,
représente la justice, la vérité et l'authenticité. La clé pour le salut
d'Israël se trouve dans l'Eglise des Gentils, et la clé pour l'Eglise, à
majorité non juive, appelée à accomplir les desseins de Dieu, c'est cette
puissance de responsabilité dans laquelle elle ne se serait jamais engagée
d'elle-même. Cette relation de réciprocité est prévue par Dieu pour sauver
l'Eglise de l'égocentrisme religieux et spirituel qui lui aura fait manquer sa
mission apostolique. Par ailleurs, nous serions inextricablement et
irrémédiablement égocentriques, comme c'est le cas pour bon nombre de
communautés et d'individus.
Je dirais que
même la conscience de cette exigence est plus ou moins absente des considérations
de l'Eglise. Quelle doit être l'attitude de l'Eglise pour provoquer un peuple
qui a été l'ennemi historique de la Bonne Nouvelle, et pour l'exciter à la
jalousie à l’égard de ce qu'il a détesté et combattu jusqu'alors? Devons-nous
devenir plus charismatiques ou plus pentecôtistes? Que signifie "Eglise
authentique"? Que doivent voir les Juifs? Comment réussir? Paul a agi de
façon remarquable en maintenant son argument. Il ne donne pas d'explication à
ce qu'il affirme, ni le moyen à utiliser. Je le redirai souvent et je me
remettrai en mémoire le compte-rendu initial que les Ecritures nous donnent
concernant les principautés et les puissances. L'Eglise qui est capable
d'exciter Israël à la jalousie est l'Eglise qui est capable de vaincre les
puissances de l'air. Du reste, tout ce qui sera demandé à l'un sera utile à
l'autre. Nous savons que deux mystères doivent s'accomplir. L'un concerne
Israël et l'autre le dessein éternel de Dieu, à travers l'Eglise, par
l'expression de Son infinie sagesse manifestée à la face des principautés et
des puissances de l'air. Deux mystères dans l'attente d'un accomplissement pour
lequel Dieu a créé toutes choses.
Revenir aux
commencements
Ni le culte ni
l'étude biblique hebdomadaire ne pourra nous procurer les choses que nous
recherchons en tâtonnant. Il est clair que, pour que l’Eglise atteigne une
telle nature, la condition exigée est un don total de soi. Le culte du dimanche
est profitable, mais ce que je suggère est profondément inopportun : c'est
de revenir à la fraction quotidienne du pain de maison en maison. C'est en
travaillant au milieu des problèmes, des tensions, des difficultés et des
malentendus que l'on découvre, avec étonnement, comment ces derniers surgissent
et comment, en peu de temps, ils peuvent briser une relation établie depuis
plusieurs années. Une vigilance et une soumission à Dieu quotidiennes sont
nécessaires.
Notre nature
humaine nous empêche de parvenir à cette sincérité et à cette authenticité
véritables qui nous sont demandées. Et on ne peut les extraire de la chaîne de
fabrication. Cela ne s'acquiert pas en trois mois d'école de disciple. C'est
plutôt un exercice d'amour, de sacrifice et de souffrance, dans la main de
Dieu, qui sera pratiqué exclusivement dans une assemblée habituée à la souffrance.
L'Eglise est une souffrance avant d'être une gloire. Cela ne résulte pas des
attaques externes, mais des blessures internes provoquées par les malentendus,
les problèmes et les accusations. Il est parfois difficile d'imaginer que le
stress, engendré par l’accumulation d'une foule de problèmes, pousse les gens à
tenir des propos déplacés à votre égard ! Cette situation ne s'explique ni ne
se négocie. C'est quelque chose qui doit arriver, car nous devons être
solidaires les uns des autres. Nous avons différents degrés de maturité, de
tempérance et de compréhension.
L'Eglise, si
elle est authentique, compréhensive, si elle vit dans une relation de
partenariat, en débattant des vrais sujets, en exposant la vérité dans l'amour,
en tolérant la correction, la réprimande, l'exhortation, sera nécessairement un
lieu d'incompréhension. Il y aura des tensions; celles-ci seront quelquefois si
fortes qu'elles vous oppresseront et vous conduiront à penser : "Ainsi
donc, il n'y a pas de solution. Aucune issue débouchant sur l'entente et la
réconciliation."
Nous réalisons
notre totale dépendance de Dieu et de Sa miséricorde. Lorsque les puissances
des ténèbres s'interposent, ce n'est pas seulement la corruption qui refait
surface mais notre nature lâche et incapable, particulièrement par le langage
et son interprétation. Nous souhaitions dire quelque chose, mais cela a été
interprété différemment. Afin de résoudre la méprise et revenir enfin à une
juste compréhension et à un accord, il faut une tolérance et une patience qui
dépassent nos capacités. Le temps nécessaire pour y parvenir et l'angoisse qui
en découle représentent une souffrance. Or nous ne parviendrons pas à exciter
Israël à la jalousie tant que cet objectif ne sera pas atteint, et, pour cela,
il faudra compter sur la patience de Dieu et non sur la nôtre.
Il est plus
aisé pour nous Eglise de faire des dons mensuels aux associations évangéliques
juives, en les laissant gérer le travail d'évangélisation, au lieu d'accomplir
nous-mêmes cette mission et ce devoir envers les Juifs de chaque commune dans
notre propre région. C'est ici le critère de Dieu pour que l'Eglise ait du
succès. Ce qui peut toucher les Juifs, c'est ce qui a été établi et créé, et
non pas notre degré de satisfaction relative à nos prestations ou à nos
préférences personnelles. C'est pourquoi l'apôtre Paul s'exclamait : "Qui
est suffisant pour ces choses?"
Nous avons
besoin de connaître notre incapacité et notre pauvreté, c'est ce qui nous
conduira vers Dieu. Cela nous contraint à concentrer notre amour sur Dieu,
amour qui n'est pas quelque chose d'abstrait, mais qui se répand indépendamment
de la reconnaissance que nous Lui témoignons pour Sa fidélité, surtout si nous
Lui sommes restés fidèlement attachés, en toutes occasions et pas seulement
dans les situations de crise où notre sagesse personnelle aurait fait défaut.
Si Israël
n'avait pas été l'objectif, nous n'aurions jamais réalisé l'urgence d'être
transformés. Nous nous serions contentés d'une Eglise de qualité médiocre, en
comparaison avec celle qui aurait glorifié Dieu, car l'Eglise qui peut exciter
les Juifs à la jalousie est l'Eglise qui sera une gloire pour Dieu. Nous
n'aurions pas représenté cette gloire, si nous n'avions pas reçu cet ordre.
Pour notre
salut
Parmi les
milliers d'églises existantes, aucune n'a su réaliser que la clé de son succès
ne réside pas dans ses privilèges, mais dans sa capacité à exciter les Juifs de
sa région à la jalousie. Ce critère n'est pas pris en compte à sa juste valeur
- car d'instinct nous comprenons que c'est le plus important.
Ils sont
ennemis de l'Evangile. Cela ne vient pas simplement du fait qu'ils résistent à
l'Evangile ou qu'ils y sont indifférents mais de ce qu’ils s'y opposent
farouchement. Paul dit qu'ils sont ennemis de l'Evangile, puis il ajoute
"pour votre salut". Comprenez-vous pourquoi cette page a été arrachée
de la Bible dans les temps modernes? C'est comme si l'Eglise et les enseignants
avaient passé outre et l'avaient omise, parce qu'elle est si radicale dans son
exigence. La conséquence est que nous avons terriblement souffert de cette
omission.
Que veut dire
Paul par "pour votre salut"? Avons-nous besoin d'ennemis, et plus
particulièrement de tels ennemis? Nous ne parlons pas d'une bande de petits
amateurs. Les Juifs sont puissants, ils sont brillants, ils sont intelligents,
ils sont autoritaires. Vous êtes-vous déjà mesuré à un rabbin ou à un
intellectuel juif, ou bien encore à un Juif radical? En tant qu'ancien
missionnaire auprès des Juifs et ayant été un des leurs pendant longtemps, je
peux affirmer qu’il n'y a pas d'ennemi plus incroyable à l'Evangile que le
peuple juif. La seule raison pour laquelle nous ne connaissons pas ce genre de
situation, c'est parce que nous ne les avons jamais affrontés. Nous n'avons
jamais reçu de porte en plein visage. Nous n'avons jamais essuyé leur colère
exacerbée et pleine d'indignation. Nous n'avons jamais été réduits en miettes
par les paroles les plus dures que le génie humain puisse concevoir. Ils vous
donnent l'impression que vous êtes insensé : "Comment osez-vous me présenter
ce message, à nous qui avons subi 2000 ans de persécutions chrétiennes dont la
pire expression est la Shoa ! Et vous êtes en train de me dire que j'ai besoin
de votre Christ?"
Vous ne savez
pas ce qu'est la confrontation tant que vous n'avez pas vu ces gens face à
face. Vous avez tout à coup le sentiment de n'être plus rien. Votre Evangile
devient complètement insensé; vous n'avez plus qu'un désir, vous faire tout
petit et disparaître. Dieu n'est pas pris au dépourvu par ces circonstances,
car Il les connaît bien. Il en est, en fait, l'auteur car dans les derniers
temps, ce sont ces circonstances qui feront du Juif l'ennemi le plus puissant
et le plus manifeste de Jésus-Christ. C'est pourquoi Paul déclare : "Car
je n'ai pas honte de l'Evangile (qui est une folie, intellectuellement
parlant), car elle est une puissance de Dieu pour le salut de quiconque
croit (et il insiste ici), du
Juif premièrement, puis du Grec." (
Romains 1:16)
"Si nous
pouvions appliquer l'Evangile sur le Grec premièrement avec succès, alors nous
l'appliquerions sur le Juif, parce que c'est le plus coriace !" Or Dieu
désapprouve cette idée en insistant bien : "Au Juif premièrement".
Par la sagesse de Dieu, nous commencerons par le plus difficile et non par le
plus facile. "Allez par tout le monde, MAIS commencez par Jérusalem où
j'ai été crucifié et où les prophètes ont été lapidés à mort. Ensuite, vous
pourrez aller en Samarie et partout ailleurs, mais commencez d'abord par les
Juifs."
Lorsque nous ne
prenons pas au sérieux cette exigence, notre attitude est significative pour
les principautés et les puissances de l'air. Elles regardent en bas en disant :
"Vous les hommes, vous ne prenez pas l'Eternel au sérieux. Vous n'avez pas
obéi à Sa Parole quand Il vous commandait d'aller par tout le monde pour
annoncer l'Evangile à toute créature, en commençant par Jérusalem et par les
Juifs premièrement. Nous aurons pour vous aussi peu d'égard que vous n'en avez
pour Lui. Vous n'avez pas saisi la seigneurie de Sa Parole. Vous n'avez pas reconnu
la priorité qu'Il a donnée à Israël. Vous avez agi à votre guise, en
contournant gentiment l’exigence la plus difficile de toutes, parce que vous
êtes des lâches. Vous êtes craintifs et vous manquez de confiance dans votre
équilibre spirituel. Vous avez choisi l'issue la plus facile. Vous avez permis
aux Juifs de suivre leurs propres voies, puisque leurs synagogues et vos
églises se côtoient dans les mêmes villes, ce qui prouve que vous mettez l'une
et l'autre sur un même pied d'égalité, en accordant à la synagogue un statut
rationnel, légitime et officiel."
Le fait de
valider le judaïsme, en honorant et en respectant les synagogues et en ayant
des échanges avec les Juifs, comme s'ils partageaient la même foi, aurait rendu
l'apôtre Paul malade. Comment aurait-il pu agir de cette manière et commencer
la rédaction de Romains 9 en disant : "Car je voudrais être moi-même
anathème et séparé de Christ par mes frères, mes parents selon la chair" (Romains 9:3) ?
Si le judaïsme
était valide, pourquoi aurait-il alors souhaité être anathème? Nous avons
permis au judaïsme d'avoir une légitimité à cause de son attitude de foi qui a
sa propre validité. C'est en se confrontant aux Juifs que l'Eglise prendra
conscience de son incapacité. Les Juifs sont une référence dans le monde, tout
comme les plus grands et les plus puissants le sont pour le monde. Ce sont les
Juifs qui, en proportion par rapport à la population globale, ont reçu le
nombre le plus important de Prix Nobel, de distinctions et de récompenses, dans
les milieux médical, littéraire et scientifique. C'est un peuple doué, mais qui
détourne ses talents au profit de l'esprit du monde, au lieu de les offrir à
Dieu, ce qui les rend fortement menaçants.
Lorsque Dieu
dit : "Au Juif premièrement", Il sait de quoi Il parle. Quand on
touche à l'existence juive, on touche à toute la structure du monde, à toute
l'humanité, à un système établi, moral, éthique, religieux et séculaire, opposé
à Dieu en tous points. Bien qu'il soit une fausse lumière, j'opterais pour le
judaïsme - si Dieu n'existait pas. Il contient les raisonnements et les
séductions les plus convaincants. Cependant, si Dieu existe, Il fait apparaître
cette composante humaniste comme une totale abomination.
La totalité
des païens
"Car je
ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous
regardiez point comme sages; une partie d'Israël est tombée dans
l'endurcissement jusqu'à ce que… " (Romains 11:25a) Entourez l’expression
" jusqu'à ce que ". Il y a une condition et la voici :
c'est une condition qui s'impose à l'Eglise seule; la question d'Israël est son
affaire. "…jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée" (25b). Lorsque Dieu dit :
"tout", Il parle de l'accomplissement de tout ce qu'Il a prévu. Je
crois qu'il existe une plénitude que Dieu attend de la part d'un peuple pour
Son nom, issu de chaque nation, et cette charge missionnaire est demandée à
l'Eglise. D'après ce texte, le plus grand encouragement que Dieu donne à
l'Eglise pour aller dans le monde et annoncer l'Evangile, c'est : "Le
Libérateur viendra de Sion" (verset
26a). Quand cette mission sera accomplie, quelque chose se produira,
indépendamment de la condition spirituelle d'Israël. Le Libérateur se
manifestera au moment où la majorité des païens sera entrée. Israël est délivré
et le Libérateur prend Sa place sur Son trône sur la sainte Montagne de Sion,
et règne sur les nations. En attendant le retour du Seigneur Lui-même et
l'établissement de nouveaux cieux et d'une nouvelle terre où la justice
habitera, le monde se trouve dans une situation de désespoir.
Il est clair
que je m'oppose à cette doctrine "d'enlèvement pré-tribulationniste",
une idéologie qui voit l'enlèvement de l'Eglise avant la tribulation. Ceci est
non seulement largement répandu, mais le contester revient à remettre en cause
un point fondamental de la doctrine de la foi. Cela est perçu comme une
hérésie, alors que cela n'a aucun lien avec la doctrine de la foi. Rien n'a été
plus désarmant pour l'Eglise. Ce qui l'a d'ailleurs le plus handicapée et lui a
ôté la vision de la nécessité de se préparer, de se discipliner, d'acquérir de
la maturité, d'être l'Eglise qui résistera dans les derniers jours, et qui
vaincra la tribulation, c'est sa certitude d'échapper à cette tribulation.
C'est à cause
de cette attente d'enlèvement "pré-tribulationniste" que l'Eglise,
aujourd'hui, n'assume pas sa responsabilité envers Israël. Tout ce qui émane de
l'Eglise et qui est fondé sur la motivation personnelle, propre à rassurer
notre conscience, lorsque nos actes sont dénués de piété et de sérieux, ne peut
en aucun cas être légitimé par un ministère authentique. Seul le ministère
sacerdotal est légitime. Le fondement du ministère sacerdotal repose sur un
service désintéressé. Cependant, si nous agissons avec innocence et bonne
conscience, alors nous gagnons une certaine sérénité, en exprimant de la
générosité envers les Juifs. Si l'Eglise s'élève comme membre séparé,
indépendant ou supérieur à eux, cela leur suffit pour la désavouer. L'Eglise
perd son caractère et son humanité. Il nous faut garder en mémoire que nous
avons été greffés sur leur racine et que, par l'Evangile, nous sommes rendus
participants avec eux. L'Eglise n'est pas un phénomène indépendant d'Israël,
mais l'expression de la bienveillance de Dieu accordée aux Gentils pour les
associer à sa promesse, son espérance et son attente qu'il a d'ailleurs
lui-même perdues et qu'il ne connaît plus. Une partie de notre tache est de le
rappeler à Israël, non verbalement, mais en exprimant ce que signifie avoir été
invité dans la Communauté d'Israël.
Exciter les
Juifs à la jalousie est le moyen le plus fiable pour évaluer notre santé
spirituelle. La véritable nature de l'Eglise actuelle, c'est
l'autosatisfaction. Elle s'auto-évalue ou se compare aux autres, se contentant
de ce qu'elle reçoit de Dieu, ce qui va à l'encontre du but pour lequel ces
choses lui sont données. Dieu nous appelle à une finalité, à un but qui nous
dépasse et dont on ne mesure pas la portée, c'est à dire exciter les Juifs à la
jalousie par une parole d'autorité exprimée de concert. Cela ne peut se
produire qu'avec un peuple animé d'un même esprit, d'un même cœur, d'un même
discernement et d'une même expression.
Ceci n'est pas
une invitation à devenir des robots qui évoluent en marge de l'assemblée, dans
une soumission monotone pour exprimer la même chose. Cela signifie un peuple
pleinement autonome, brillant en lui-même, libre d'exprimer ses propres
opinions et points de vue, conduit par l'action de Dieu, qui lui fait connaître
la souffrance par l'affliction, dans la perspective d'un totale harmonie avec
Lui. Et sur Son ordre, nous serons alors capables d'exprimer une parole
inspirée et productive, parce que ce sera une parole d'approbation.
A moins de se
préparer soi-même dans cette perspective, il est vain de croire qu'on nous
demandera de le faire, alors que la tragédie de la fin des temps nous
surprendra soudainement.
Aurons-nous une
motivation pour ce modèle d'intégration, d'équilibre de vie et d'assentiment,
ainsi que la force pour cela? Cela signifie la fin de nos petits
retranchements, de nos rebellions secrètes, de notre obstination et de notre
égotisme. Il n'existe qu'une seule formule pour accomplir ce travail en
profondeur, c'est la communion fraternelle, dans la vie pratique quotidienne
avec les saints.
Référence: "True Fellowship" (La
Véritable Communion), Arthur Katz, chapitre 3
Source : http://sentinellenehemie.free.fr/