X- INNOCENTS
Nous avons tellement pris l'habitude de condamner le
pharisien orgueilleux et propre juste de la parabole (Luc 18 : 9-24) que nous
avons grand-peine à réaliser que c'est là notre portrait ; et cela prouve
combien il lui est semblable ! Nul ne lui a jamais autant ressemblé que la
monitrice d'école du dimanche qui termina sa leçon sur cette parabole en disant
: « Et maintenant, enfants, nous pouvons remercier Dieu de ce que nous ne
sommes pas comme le pharisien ! ». Nous sommes tout spécialement en danger
d'adopter son attitude quand Dieu veut nous humilier au pied de la Croix et
nous montrer les péchés qui entravent son oeuvre en nous.
Le
coeur humain vu par Dieu
Pour comprendre
ce qu'il y a de faux dans l'attitude du pharisien et dans la nôtre, il faut la
considérer à la lumière de ce que Dieu dit du coeur humain :
« Il dit encore : Ce qui sort de l'homme,
c'est ce qui souille l'homme. Car
c'est du dedans, c'est du coeur des hommes, que sortent les mauvaises pensées,
les adultères, les impudicités, les meurtres… » Marc 7:20-23.
Paul nous brosse une image non moins sombre dans l'épître
aux Galates :
« Or, les oeuvres de la chair sont
manifestes, ce sont l'impudicité, l'impureté, la dissolution, l'idolâtrie, la
magie, les inimitiés, l es querelles, les jalousies, les animosités, les
disputes, les divisions, les sectes… » Galates 5:19-21.
Quel tableau !
Jérémie rend un témoignage identique :
« Le coeur est tortueux par-dessus tout,
et il est méchant : Qui peut le connaître ? » Jérémie 17:9.
Tel est le
coeur humain, le moi déchu, le vieil homme, comme l'Ecriture l'appelle
(Ephésiens 4 : 22) -qu'il s'agisse d'un inconverti ou du chrétien le plus avancé.
On a peine à croire que ces choses puissent se trouver dans le coeur de
pasteurs, d'évangélistes ou d'autres chrétiens militants.
Cependant,
c'est la réalité. De toute évidence, la seule chose belle dans le chrétien,
c'est Jésus-Christ. Dieu veut que nous reconnaissions ce fait, afin que, dans
un désespoir et un brisement véritables, nous acceptions Jésus comme notre
justice, notre sainteté, comme étant tout en tous. C'est là la victoire.
Ne
faisons pas Dieu menteur
Devant la
description divine du coeur humain, nous saisissons la portée des paroles du
pharisien. En disant : « Je rends grâce de ce que je ne suis pas comme les
autres hommes, ravisseurs, injustes, adultères », il se déclarait
innocent des choses mêmes que Dieu constate dans le coeur humain. Il
voulait dire en effet : « Sans aucun doute, ces choses sont le fait des autres
-en particulier de ce publicain qui les confesse- mais elles ne se trouvent pas
en moi ! ». Ce disant, il rendait Dieu menteur, car :
« Si nous disons que nous n'avons pas
péché, nous le faisons menteur, et sa parole n'est point en nous. » 1 Jean 1:10.
Cependant, il
devait être parfaitement sincère dans sa déclaration. Il se croyait vraiment innocent et attribuait même son
innocence à Dieu puisqu'il l'en remerciait. Il ne réalisait pas que la Parole
de Dieu était contre lui. Si le publicain se frappe la poitrine et confesse ses
péchés, ce n'est pas que ces derniers soient pires que ceux du pharisien, mais
simplement parce qu'il a compris que ce que Dieu dit est vrai pour lui. Le
pharisien en est encore à penser que le fait de s'abstenir de certains péchés
extérieurs suffit pour être innocent. Il n'a pas encore saisi que Dieu ne
regarde pas à ce qui se voit, mais au coeur (1 Samuel 16 : 7), et considère un
regard de convoitise comme équivalant à un adultère (Matthieu 5 : 28), le
ressentiment et la haine comme un meurtre (1 Jean 3 : 15), l'envie comme un
vol, et les mesquines tyrannies domestiques comme les pires malhonnêtetés.
Combien de fois n'avons-nous pas, nous aussi, protesté de
notre innocence lorsque Dieu, en convainquant les autres, cherchait à nous
convaincre nous-mêmes ! Nous avons dit ou pensé : « Ces péchés existent chez
les autres, mais pas chez moi ! », et cela peut-être en toute sincérité. Nous
avons peut-être méprisé tels frères en les entendant s'humilier et confesser
certaines choses pour les mettre en règle ; nous nous sommes peut-être même
réjouis de ce que Dieu les bénissait de cette manière... Quoi qu'il en soit,
nous n'avons pas vu pour nous la nécessité d'être brisés. Bien-aimés, si nous
nous croyons innocents et ne ressentons pas le besoin de nous humilier, cela ne
signifie pas que nous soyons sans péchés, mais simplement que nous ne les
voyons pas. Nous avons vécu d'illusions. Cependant, Dieu doit avoir raison,
qui, sous une forme ou une autre, constate en nous la présence de ces choses ;
égoïsme inconscient, orgueil, satisfaction de soi, jalousie, ressentiment,
impatience ; esprit renfermé, craintes et timidité ; malhonnêteté, tromperie ;
impureté, convoitise. Si ce n'est pas l'une, c'est l'autre. Et nous ne les
voyons pas. Nous sommes peut-être si préoccupés du tort qu'on nous fait que
nous ne voyons pas que nous péchons en ne le prenant pas avec la douceur et
l'humilité de Jésus.
Nous constatons clairement combien l'autre cherche Ã
défendre ses droits, mais nous ne voyons pas que nous faisons la même chose. Et
cependant, nous sentons que quelque chose manque dans notre vie : nous ne
sommes pas en communion vivante avec Dieu, notre vie spirituelle n'est pas Ã
cent pour cent. Notre service ne déborde pas en bénédictions surnaturelles. Le
péché inconscient n'en est pas moins du péché aux yeux de Dieu, et il nous
sépare de lui. Il se peut que, dans notre cas, il s'agisse d'une «petite
chose», que Dieu est tout prêt à nous montrer, si seulement nous le lui
demandons.
Il existe
encore un autre piège dans lequel nous tombons, lorsque nous ne reconnaissons
pas la vérité de ce que Dieu dit au sujet du coeur humain : non seulement nous protestons de
notre innocence, mais encore de celle des nôtres. Nous n'aimons pas les voir
convaincus de péché et humiliés, et nous nous hâtons de les défendre. Nous nous
faisons autant d'illusions à leur sujet qu'au nôtre, et nous ne voudrions pas
les voir détruites. Mais, en agissant ainsi, nous les opposons à Dieu, faisant
Dieu menteur à leur sujet, et nous les privons de la bénédiction, comme
nous-mêmes.
Seule, une profonde soif de communion avec Dieu peut nous
faire crier à Lui, pour qu'il nous éclaire de sa lumière incomparable, et nous
apprenne à Lui obéir en toutes choses.
Donner
raison à Dieu
Cela nous
ramène au publicain. En considérant encore une fois ce que Dieu dit du coeur
humain, nous voyons que sa confession ne fait que donner raison à Dieu : il
reconnaît que tout ce que Dieu a vu en lui est juste. Il ne l'a peut-être pas
toujours reconnu, mais le Saint-Esprit a pu l'éclairer, et il est brisé. Non
seulement il donne raison à Dieu en tout ce qu'il lui a montré, mais sans doute
aussi en ce qui concerne le châtiment qu'il s'est attiré par ses fautes. La
prière de Néhémie aurait pu être la sienne :
« Tu as été juste dans tout ce qui nous
est arrivé, car tu t'es montré fidèle, et nous avons fait le mal. » Néhémie 9:33.
C'est là le fond de toute véritable confession de péché,
de tout brisement authentique. C'est confesser que mon péché n'est pas
simplement une erreur, quelque chose d'étranger à mon coeur, d'incompatible
avec ma nature, mais qu'au contraire il révèle mon moi véritable, me montre que
je suis cette créature fière, impure et corrompue que Dieu voit en moi, et que
je suis parfaitement capable d'avoir de telles pensées et de commettre de tels
actes. C'est bien en ces termes que David confessait son péché :
« Et les cieux publieront sa justice, Car
c'est Dieu qui est juge. »
Psaumes 50:6.
Ne craignons pas de faire une telle confession quand Dieu
nous le montre : ne pensons pas que cela déshonore le Seigneur. Au contraire,
nous Le glorifions de cette manière, car nous affirmons que ses déclarations Ã
notre égard sont vraies. Cela nous amène à expérimenter une nouvelle victoire
en Christ, qui confirme une fois de plus ce que dit l'Écriture :
« Ce qui est bon, je le sais, n'habite
pas en moi, c'est-à -dire dans ma chair : j'ai la volonté, mais non le pouvoir
de faire le bien. »
Romains 7:18
Nous en arrivons à un point où nous cessons d'essayer de
sanctifier notre «moi», où c'est Jésus qui devient notre sanctification, où sa
vie devient la nôtre.
Paix et
purification
Mais le
publicain fit plus et mieux que de donner raison à Dieu : il fixa ses regards
sur le sacrifice de l'autel et trouva ainsi la paix avec Dieu et la purification de son péché. Cela ressort du sens
littéral de ces paroles : « O
Dieu, sois apaisé envers moi qui suis un pécheur », c'est-à -dire : sois-moi propice. Le
Juif n'avait qu'un moyen de se rendre Dieu propice : le sacrifice. Et, très
probablement, au moment même de la confession du publicain, l'agneau de
l'holocauste qu'on offrait tous les jours brûlait sur l'autel.
Il en est de
même pour nous : l'homme ne saurait arriver à cette attitude de brisement, sans
que Dieu lui montre, sur la Croix du Calvaire, l'Agneau divin, effaçant son
péché par Son sang répandu. L'Évangile, qui déclare d'emblée ce que nous
sommes, a par avance pourvu à un sacrifice pour notre péché. Jésus est l'Agneau
immolé pour le péché, dès la fondation du monde. En lui, qui les a portés dans
l'humilité, mes péchés sont effacés ; tandis que, dans un brisement véritable,
je les confesse et crois en l'efficace de son sang, ils sont purifiés et ôtés.
La paix de Dieu et la communion
avec lui me sont immédiatement rendues, et je reprends ma marche avec Lui, en
vêtements blancs.
Le simple fait de donner raison à Dieu et de reconnaître
que le sang nous purifie, nous met à même, comme jamais auparavant, de marcher
dans une étroite communion avec Jésus et de demeurer avec Lui dans le lieu Très
Saint. Tandis que nous marcherons avec Lui dans la lumière, il nous montrera
les premières racines de choses qui, si nous les laissons prendre pied,
l'affligent et arrêtent le cours de sa vie en nous, car elles sont l'expression
du vieux moi orgueilleux pour lequel Dieu n'a rien d'autre en réserve que le
jugement. En aucun cas nous ne sommes autorisés à protester de notre innocence
quant à ce qu'Il nous montre ; nous devons être constamment prêts à lui donner
raison et à dire : « Oui, Seigneur, tu as raison : cela montre ce que je suis ;
je te l'apporte afin que tu me purifies ». Son sang pourra alors nous purifier
continuellement du péché qui sera arrêté à la source, et nous pourrons aussi
être continuellement remplis du Saint-Esprit. Pour cela, il faut avoir un
esprit «humble et contrit», c'est-à -dire être prêts à reconnaître les plus
petites choses.
Tels sont ceux dont Dieu déclare qu'ils « habitent avec
Lui dans les lieux élevés et dans la sainteté » (Esaïe 57 : 15) ; ils
connaissent un Réveil qui ne cesse jamais.
Or, voici, nous
avons le choix : protester de notre innocence et rentrer dans notre maison sans
avoir reçu de bénédiction, l'âme desséchée et séparée de Dieu ; ou bien donner
raison à Dieu et entrer dans la paix, la communion et la victoire par le sang
de Jésus.
Amen.
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