1. C'est en premier lieu une question morale.
2. Tout acte intelligent accompli par un être moralement libre
doit forcément être bon ou mauvais. Il n'y a rien d'innocent dans les actes
d'un être moralement libre qui ne vit pas en accord avec la loi et l'Evangile
de Dieu.
3. Le caractère moral de tous les actes accomplis par un être
moralement libre réside dans les motivations profondes de ces actes. Je
considère cette remarque comme évidente et universellement admise.
4. Quel est donc le critère de jugement dans ce cas ? Comment
décider qu'un certain divertissement sera bon ou mauvais, innocent ou coupable
?
Voici ma réponse :
a) Par la loi morale
suivante : "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de
toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme
toi-même." Un acte intelligent accompli par un être moralement libre
ne peut être innocent ou juste que s'il procède d'un amour suprême pour Dieu et
pour le prochain. Cet acte doit donc être un acte d'amour.
b) Par l'Evangile, qui
dit : "Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous
fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu."
"Et quoi que vous fassiez, en parole ou en Å“uvre, faites tout au Nom du
Seigneur Jésus."
c) Par une raison
saine. Celle-ci affirme les mêmes choses. A la lumière de ces critères, il est
clair qu'il n'est pas innocent de s'engager dans des divertissements pour le
seul désir de s'amuser. En voulant satisfaire notre besoin de manger ou de
boire, nous n'agissons pas innocemment. Si nous étions des animaux, nous
agirions innocemment en voulant satisfaire notre appétit pour la nourriture ou
la boisson. Mais ceci est un péché, pour un être moralement libre.
Un être
moralement libre devrait avoir une motivation plus élevée. Il ne devrait manger
et boire que pour être plein de force et de santé pour le service de Dieu. Dieu
a fait en sorte que le fait de manger et de boire puisse être un plaisir pour
nous. Mais ce plaisir ne doit pas devenir notre raison essentielle de manger et
de boire.
Les divertissements sont certes agréables. Mais cela ne justifie pas
que nous recherchions des divertissements simplement pour satisfaire nos
désirs. De simples animaux peuvent le faire en toute innocence, parce qu'ils
sont incapables d'avoir des motivations plus élevées. Mais des êtres moralement
libres doivent obéir à une loi plus haute que celle de vouloir simplement
satisfaire leur désir de s'amuser. Par conséquent, un divertissement recherché
pour le seul plaisir de s'amuser n'est pas un divertissement innocent. De même,
il ne serait pas innocent de manger ou de boire pour la seule recherche de
notre plaisir. Ainsi, un divertissement n'est pas innocent s'il n'est recherché
que parce que nous avons besoin de nous amuser. Nous avons besoin de manger et
de boire. Mais cela ne justifie pas que nous acceptions de manger et de boire
simplement parce que nous en éprouvons le besoin.
La loi de Dieu ne dit pas :
"Faites tout parce que vous en avez besoin," mais : "Faites tout
par amour pour Dieu et pour les hommes." Un pécheur peut manger et boire
par égoïsme, c'est-à -dire qu'il peut rendre son corps fort pour accomplir ses
projets égoïstes. Mais cela serait tout de même un péché, malgré son besoin de
manger et de boire. Rien n'est innocent si cela n'est pas motivé par un amour
suprême pour Dieu et pour le prochain, et si la motivation suprême n'est pas de
plaire à Dieu et de L'honorer. En d'autres termes, un divertissement, pour
être innocent, doit plaire à Dieu au moment où nous nous y engageons. Il doit
avoir pour but de Lui rendre un service. Il doit L'honorer plus que tout autre
chose que nous aurions pu faire à ce moment-là . Je considère cela
comme une évidence. Qu'en résulte-t-il ? Seuls sont innocents les
divertissements motivés par l'amour. La chasse ou la pêche ne sont pas des divertissements
innocents, si elles sont pratiquées pour le seul plaisir. Nous sommes autorisés
à chasser et à pêcher, mais pour les mêmes raisons que le manger et le boire,
pour fournir des aliments à notre corps, afin d'être forts pour le service de
Dieu. Nous pouvons chasser pour détruire des animaux nuisibles, pour la gloire
de Dieu et les intérêts de Son Royaume.
Mais chasser et pêcher pour satisfaire
une passion, cela n'est pas innocent. De même, si nous nous amusons en
gaspillant un temps précieux, qui pourrait être mieux employé pour la gloire de
Dieu et le bien des hommes, cela n'est pas innocent. La vie est courte. Notre
temps est précieux. Nous n'avons qu'une seule vie à vivre. Nous avons beaucoup
à faire. Le monde est dans les ténèbres. Un monde de pécheurs doit être éclairé
et, si possible, sauvé. Dieu nous demande de travailler tant qu'il
fait encore jour. Notre mission et notre travail exigent de la diligence. Nous
ne devons perdre aucune minute. Si nos cœurs sont droits, nous prenons plaisir
à notre travail. Si nous le faisons avec une juste motivation, il nous
procurera la plus grande joie et constituera en soi un divertissement suprême.
Si nous allons nous amuser en perdant
inutilement notre temps, cela ne peut pas être une activité innocente. Si nous
comprenons la grandeur de la tâche à accomplir, et si nous aimons cette tâche,
nous n'accepterons jamais d'aller nous amuser si nous savons que nous allons
perdre notre temps. De même, si un divertissement implique une dépense inutile
de l'argent du Seigneur, cela n'est pas innocent. Tout notre temps et
tout notre argent appartiennent au Seigneur. Nous appartenons nous-mêmes au
Seigneur. Nous pouvons en toute innocence utiliser notre temps et notre argent
pour servir les intérêts du Seigneur et les intérêts suprêmes des hommes, qui
sont aussi les intérêts de Dieu. Mais si nous le faisons pour notre propre
plaisir et notre satisfaction, cela n'est plus innocent. Si nous dépensons
beaucoup d'argent à voyager pour notre plaisir, sans nous préoccuper le moins
du monde de la gloire de Dieu, nous n'aurons pas le droit de dire que nous nous
engageons dans des divertissements innocents. Nous péchons.
A la lumière des critères que nous avons définis, nous voyons donc
qu'aucun divertissement n'est innocent, pour un pécheur inconverti. Rien n'est
innocent pour lui. Tant qu'il ne se repent pas, tant qu'il reste incrédule,
tant qu'il n'aime ni Dieu ni son prochain comme le Seigneur le demande, il ne
peut rien faire d'innocent, ni dans son travail ni dans ses loisirs. Tout est
péché. Sur ce point précis, je crains fort que beaucoup n'agissent dans une
grande séduction. Je suis surpris et alarmé de voir avec quelle légèreté les
chrétiens et même les pasteurs considèrent ce sujet. Il y a quelque temps, dans
l'un de mes sermons, j'ai dit qu'il n'y avait rien d'innocent ni de juste dans
tout ce que pouvaient faire des pécheurs. Un pasteur âgé me dit, évidence.
Qu'en résulte-t-il ?
Seuls sont innocents les divertissements motivés par l'amour. La
chasse ou la pêche ne sont pas des divertissements innocents, si elles sont
pratiquées pour le seul plaisir. Nous sommes autorisés à chasser et à pêcher,
mais pour les mêmes raisons que le manger et le boire, pour fournir des
aliments à notre corps, afin d'être forts pour le service de Dieu. Nous pouvons
chasser pour détruire des animaux nuisibles, pour la gloire de Dieu et les
intérêts de Son Royaume. Mais chasser et pêcher pour satisfaire une passion,
cela n'est pas innocent. De même, si nous nous amusons en gaspillant un temps
précieux, qui pourrait être mieux employé pour la gloire de Dieu et le bien des
hommes, cela n'est pas innocent. La vie est courte. Notre temps est précieux.
Nous n'avons qu'une seule vie à vivre. Nous avons beaucoup à faire. Le monde
est dans les ténèbres. Un monde de pécheurs doit être éclairé et, si possible,
sauvé. Dieu nous demande de travailler tant qu'il fait encore jour. Notre mission et
notre travail exigent de la diligence. Nous ne devons perdre aucune minute. Si
nos cœurs sont droits, nous prenons plaisir à notre travail. Si nous le faisons
avec une juste motivation, il nous procurera la plus grande joie et constituera
en soi un divertissement suprême.
Si nous allons nous amuser en perdant inutilement notre temps,
cela ne peut pas être une activité innocente. Si nous comprenons la grandeur de
la tâche à accomplir, et si nous aimons cette tâche, nous n'accepterons jamais
d'aller nous amuser si nous savons que nous allons perdre notre temps. De même,
si un divertissement implique une dépense inutile de l'argent du Seigneur, cela
n'est pas innocent. Tout notre temps et tout notre argent appartiennent au
Seigneur. Nous appartenons nous-mêmes au Seigneur. Nous pouvons en toute
innocence utiliser notre temps et notre argent pour servir les intérêts du
Seigneur et les intérêts suprêmes des hommes, qui sont aussi les intérêts de
Dieu. Mais si nous le faisons pour notre propre plaisir et notre satisfaction,
cela n'est plus innocent. Si nous dépensons beaucoup d'argent à voyager pour
notre plaisir, sans nous préoccuper le moins du monde de la gloire de Dieu,
nous n'aurons pas le droit de dire que nous nous engageons dans des
divertissements innocents. Nous péchons.
A la lumière des critères que nous avons définis, nous voyons donc
qu'aucun divertissement n'est innocent, pour un pécheur inconverti. Rien n'est
innocent pour lui. Tant qu'il ne se repent pas, tant qu'il reste incrédule,
tant qu'il n'aime ni Dieu ni son prochain comme le Seigneur le demande, il ne
peut rien faire d'innocent, ni dans son travail ni dans ses loisirs. Tout est
péché. Sur ce point précis, je crains fort que beaucoup n'agissent dans une
grande séduction. Je suis surpris et alarmé de voir avec quelle légèreté les
chrétiens et même les pasteurs considèrent ce sujet. Il y a quelque temps, dans
l'un de mes sermons, j'ai dit qu'il n'y avait rien d'innocent ni de juste dans
tout ce que pouvaient faire des pécheurs. Un pasteur âgé me dit, après la
réunion, qu'il était ridicule de soutenir qu'un pécheur impénitent ne pouvait
rien faire de juste ou d'innocent. Je lui répondis : "Je croyais que vous
connaissiez la saine doctrine. Ne croyez-vous donc pas que tous les hommes ont
besoin d'être régénérés par le Saint-Esprit?" Il répondit : "Si
!" J'ajoutai : "Croyez-vous qu'une âme non régénérée puisse faire quoi
que ce soit d'agréable à Dieu ? Avant d'avoir son cœur changé, un pécheur
peut-il agir avec une motivation que Dieu juge acceptable, dans n'importe quel
domaine ? N'est-il pas totalement dépravé ? Puisque son cœur est mauvais, ses
actions ne sont-elles donc pas toutes mauvaises ?" Il parut embarrassé,
comprit l'argument, et s'esquiva.
Si un être moralement libre s'engage dans ce qui est permis par
Dieu ou conforme à la loi de Dieu, il fait bien. Si donc nous nous engageons
dans une activité ou un divertissement que Dieu permet, nous devons le faire
par amour suprême pour Dieu et pour le prochain. Nous ne sommes pas des
pécheurs impénitents, mais des chrétiens. Il est absurde de dire qu'un pécheur
impénitent puisse faire, dire, ou omettre quoi que ce soit, avec un cœur droit.
C'est une contradiction. S'il est impénitent, toutes ses motivations sont
nécessairement mauvaises. Par conséquent, il n'y a rien d'innocent en lui. Tout
est nécessairement souillé par le péché.
Qu'est-ce donc qu'un divertissement innocent
? Cela ne peut être qu'une activité entièrement faite pour la gloire de Dieu et
pour les intérêts de Son Royaume. Si tel n'est pas son unique et suprême
objectif, il ne s'agit pas d'un divertissement innocent, mais d'un péché. C'est là que
beaucoup sont séduits. Quand ils parlent des divertissements, ils disent :
"Quel mal y a-t- il à faire cela ?" En répondant à cette question,
ils ne vont pas jusqu'au fond des choses. Parce qu'ils ne voient en apparence
rien de mal à ce divertissement, ils en concluent qu'il est innocent. Ils ne
cherchent pas à connaître quelle est la motivation profonde et unique qui est Ã
la source de cette activité, et qui seule permet de juger si elle est innocente
ou coupable. Si l'on ne considère pas la nature de cette motivation, on ne peut
juger du caractère bon ou mauvais d'un divertissement, pas plus qu'on ne
pourrait dire que l'activité d'une machine ou d'un animal soit bonne ou
mauvaise en soi. Il faut donc absolument connaître la motivation de la personne
qui agit.
Enseigner, directement ou implicitement, que les divertissements
d'un pécheur impénitent ou d'un chrétien rétrograde sont des divertissements
innocents, revient à enseigner une grossière et mortelle hérésie. Les parents
ne devraient jamais l'oublier quand ils observent les divertissements de leurs
enfants inconvertis. Il y a des moniteurs d'école du dimanche qui organisent
des activités amusantes pour leurs groupes, des pasteurs qui passent leur temps
à programmer des divertissements pour leurs jeunes, qui conduisent leurs
assemblées à des pique-niques, des excursions agréables, et qui justifient la
pratique de toutes sortes de jeux. Ils devraient se rappeler que ces activités
doivent être faites avec un cœur pur, par amour pour Dieu, et pour Sa plus
grande gloire. Si cela n'est pas le cas, non seulement ces passe-temps ne sont
pas innocents, mais ils représentent des activités parfaitement criminelles.
Ceux qui entraînent les autres dans ces activités les conduisent dans des
chemins qui encourageront tous leurs mauvais penchants à se manifester.
N'oublions jamais, il faut le répéter, que toutes ces choses, pour être
considérées comme innocentes, doivent être motivées par un amour pur pour Dieu,
et faites uniquement pour Sa seule gloire. Il ne suffit pas que ces activités
soient celles qui plaisent le plus à Dieu, au moment où on les pratique. Il faut surtout que
notre motivation fondamentale soit un amour suprême pour Dieu, et le désir de
Le glorifier.
Si telle est la véritable définition d'un divertissement innocent,
il est donc impossible à un pécheur impénitent ou à un chrétien rétrograde de
supposer qu'il puisse s'engager dans un quelconque divertissement innocent.
S'ils pouvaient le faire, comme le croyait le pasteur âgé dont j'ai parlé, cela
signifierait que l'inconverti aurait eu d'abord son cœur changé, et que le
chrétien rétrograde serait retourné à Dieu. Un divertissement innocent est un
service d'amour rendu à Dieu, le meilleur service que l'on puisse Lui rendre Ã
ce moment précis.
Il faut bien se rappeler tout cela quand on se propose de
s'engager dans un divertissement quelconque. Il ne faut pas se
demander : "Quel mal y a-t-il à cela ?" Mais : "Quel bien cela
peut-il faire ?" "Est-ce la meilleure façon pour moi de passer mon
temps ?" "Est-ce la meilleure activité que je puisse faire en ce
moment pour glorifier Dieu et étendre Son Royaume ?" Sinon, il ne s'agit
pas d'un divertissement innocent, mais d'un péché.
Si l'on pose la question : "Ne
devons-nous donc jamais chercher à nous amuser ?" je
répondrais : "C'est notre privilège et notre devoir de nous élever
au-dessus du désir de nous amuser. Tous nos désirs doivent être soumis à notre
soif de vivre dans la lumière de Dieu, et d'être dans une communion si profonde
avec Lui que nous n'aurons plus aucun intérêt pour toute forme divertissement."
C'est certainement notre privilège d'enfant de Dieu, de marcher si près de Lui,
et de rester en communion si étroite avec Lui, que nous n'aurons plus besoin de
nous engager dans tout ce qui fait la joie et l'excitation du monde : sports,
passe-temps et loisirs de toutes sortes. Nous n'aurons pas besoin de cela pour
être comblés et joyeux. Quand un chrétien apprécie vraiment son privilège de
pouvoir être en communion avec Dieu, il repoussera instinctivement toute sollicitation
de s'engager dans des divertissements mondains. De tels passe-temps lui
apparaîtront bien ternes, bien peu satisfaisants, et même répugnants. S'il
est attiré par les choses d'en haut, comme il devrait l'être, il lui semblera
qu'il ne peut pas se permettre de descendre au niveau du monde pour en
rechercher les plaisirs.
Un chrétien qui met sa joie à pratiquer les sports et les
passe-temps de ce monde, ou qui a besoin de les pratiquer, a certainement
abandonné son premier amour pour retourner dans le monde. Un homme spirituel ne
peut trouver aucune joie dans la compagnie du monde. Une telle compagnie ne
provoque en lui que de la répulsion. La compagnie du monde est pleine
d'hypocrisie, elle est superficielle, elle est souvent même une honte. Quel plaisir
un homme spirituel peut-il retirer des bavardages insipides d'une réunion
mondaine ? Certainement aucun. Pour un homme qui est en communion avec Dieu,
l'esprit, les pratiques, les conversations et la folie du monde sont une cause
de répulsion et de douleur. Cela ne fait que lui rappeler la tendance des
pécheurs à s'enfoncer toujours plus bas, et le sort affreux qui les attend.
J'ai pleinement vécu des deux côtés de la barrière, et je suis certain de ne
pas me tromper à ce sujet. Peu de gens ont plus que moi profité des plaisirs du
monde avant leur conversion. Mais ma conversion, ainsi que le baptême du
Saint-Esprit qui l'a immédiatement suivi, ont complètement éteint en moi tout
désir de m'engager dans les divertissements et les sports de ce monde. J'ai été
instantanément transporté sur un autre plan, où j'ai connu une tout autre
joie. Auparavant, je recherchais avec délice la pratique des
divertissements, des sports et des passe-temps du monde. Après ma conversion,
ces choses ne m'ont plus intéressé. Bien plus, je les avais à présent
complètement en aversion. Je ne les ai jamais considérées comme nécessaires Ã
une joie véritablement rationnelle, ni même comme compatibles avec une telle
joie.
Je ne dis pas cela pour me vanter. Je peux
dire, pour l'honneur de Christ et de la foi chrétienne, que j'ai eu une vie
chrétienne heureuse. J'ai éprouvé autant de joie qu'il est sans doute possible
à un homme d'en éprouver sur cette terre. Pas un instant je n'ai eu le désir de
retourner en arrière, pour mettre mon plaisir dans tout ce que le monde peut
offrir. Quelqu'un pourrait demander : "Supposez
que nous ne puissions pas trouver assez de joie dans notre foi, et que nous
ayons réellement le désir de nous amuser comme le fait le monde. Si nous avons
les dispositions nécessaires, n'est-il pas bon de le faire ? Si l'on cherche
seulement à s'amuser, sans entretenir un désir ardent de le faire, est-ce un
péché ?" Je répondrais que nous ne devons jamais entretenir le désir
ardent de nous amuser. C'est le privilège et le devoir de tous les
chrétiens de s'élever, par la grâce de Dieu, au-dessus du désir de consommer
les viandes de l'Egypte, et de ne pas perdre leur temps dans les
divertissements et les passe-temps du monde. Se laisser aller à pratiquer
ces choses n'est pas innocent. Ce qu'il faut faire, c'est se demander non pas
comment satisfaire ce besoin, mais comment le remplacer par le besoin de
glorifier Dieu et de chercher Son Royaume.
Les chrétiens doivent vivre une vie qui soit
compatible avec leur engagement. Pour l'honneur de leur foi, ils doivent
renoncer aux convoitises mondaines. Ils ne doivent pas donner à ceux du monde
l'occasion de se moquer des chrétiens, ni de dire que les chrétiens aiment le
monde tout autant qu'eux. Si des chrétiens sont rétrogrades dans leur cœur, et
s'ils désirent se lancer dans les divertissements et les sports de ce monde,
ils devraient absolument, par décence et par devoir, s'abstenir de manifester
leurs convoitises cachées. Certains prétendent que nous devrions nous conformer
à certaines pratiques du monde, du moins dans une certaine mesure, pour prouver
aux pécheurs que nous sommes capables d'être spirituels tout en profitant des
plaisirs du monde. Ils disent que nous ne devrions pas dégoûter les
inconvertis de se convertir, en arrêtant complètement de pratiquer ce qu'ils
appellent leurs divertissements innocents.
Je dis que nous
devons plutôt représenter la foi chrétienne telle qu'elle est en réalité : une
vie au-dessus du monde, une attirance pour les choses célestes. Nous devons
prouver que cette vie nous procure une joie tellement spirituelle et céleste,
que nous aurons du dégoût et de la répulsion pour les plaisirs que recherche ce
monde.
Il est triste de constater que beaucoup de chrétiens sont des pierres
d'achoppement pour les inconvertis, quand ceux-ci les voient chercher leur
plaisir et leur bonheur dans ce monde.
Cela donne une très mauvaise image de la foi
en Jésus. Cela trompe, confond et stupéfie les observateurs extérieurs. S'ils
lisent une Bible, ils ne peuvent que s'étonner de voir des âmes, nées de Dieu
et en communion avec Lui, avoir encore le besoin de rechercher les plaisirs du
monde.
En réalité, les inconvertis qui savent
réfléchir n'ont aucune confiance en ces chrétiens qui mettent leur plaisir dans
ce monde. Ils peuvent faire semblant d'avoir confiance en eux. Ils peuvent à la
rigueur penser que ce sont des chrétiens larges d'esprit ou de bons chrétiens.
Ils peuvent même les flatter, et leur dire que leur religion est à l'opposé de
la bigoterie et du fanatisme. En réalité, c'est une religion qui leur convient
très bien. Mais il n'y a aucune sincérité dans de telles déclarations faites
par des pécheurs.
Au début de ma vie chrétienne, j'ai entendu un
évêque Méthodiste, originaire du Sud, raconter une histoire qui m'a profondément
impressionné. C'était l'histoire d'un homme de distinction, fortuné,
propriétaire d'esclaves, homme gai et agréable, très adonné à la pratique de
divers sports et divertissements.
Il fréquentait beaucoup son pasteur, et
l'invitait souvent à dîner ou à l'accompagner dans ses pratiques sportives ou
ses diverses excursions. Le pasteur se pliait de très bonne grâce à ces
demandes. Une amitié se développa entre le pasteur et son paroissien, jusqu'au
moment où cet homme jovial et riche contracta une maladie incurable. Quand
l'épouse de cet homme mondain apprit qu'il n'avait que peu de temps à vivre,
elle s'inquiéta beaucoup de l'état de son âme, et lui demanda tendrement s'il
ne voulait pas appeler son pasteur pour avoir un entretien et prier avec lui. Il
lui répondit avec émotion : "Non, ma chérie. Ce n'est pas l'homme dont
j'ai besoin en ce moment. Il a été mon compagnon, tu le sais, pour la pratique
du sport et la recherche des plaisirs. Il aimait la bonne chère et la vie
facile. J'ai apprécié sa compagnie. Il a été pour moi un compagnon agréable.
Mais je vois à présent que je n'ai jamais eu vraiment confiance en sa piété. Et
je n'ai maintenant aucune confiance en l'efficacité de ses prières. Je vais
bientôt mourir. J'ai besoin des instructions et des prières de quelqu'un qui a
vraiment foi en Dieu. J'ai été souvent avec lui, mais notre pasteur n'a jamais
pris au sérieux le salut de mon âme. Ce n'est pas lui qui pourra m'aider en ce
moment." Son épouse fut très affectée, et lui dit : "Que dois-je donc
faire ?" Il répondit : "Tom, mon cocher, est un homme pieux. J'ai
confiance en ses prières. Je l'ai souvent entendu prier dans la grange ou dans
les écuries. J'ai été toujours frappé par le sérieux et la sincérité de ses
prières. Je ne l'ai jamais entendu dire quelque chose d'insensé. Il a toujours
été un chrétien honnête et sérieux. Appelle-le."
Tom fut appelé, et se présenta à la porte. Il
ôta son chapeau et regarda avec tendresse et compassion son maître mourant. Le
mourant étendit la main, et dit : "Approche-toi, Tom. Prends ma main. Tom,
peux-tu prier pour ton maître qui est en train de mourir ?" Tom mit toute
son âme dans une prière sincère. Je ne me rappelle plus le nom de cet évêque,
cela fait si longtemps. Mais je me rappelle très bien cette histoire. Elle
illustre l'erreur dans laquelle tombent tant de chrétiens et de pasteurs, qui
croient pouvoir amener des inconvertis à la foi en partageant leurs plaisirs et
en se précipitant avec eux dans leurs divertissements. J'ai souvent été le
témoin de telles erreurs. Les chrétiens doivent vivre bien au-dessus de ce
monde. Ils ne doivent pas avoir besoin des plaisirs qu'il offre, ni les
rechercher. Ils doivent démontrer au monde que leur foi est la source du
bonheur le plus grand et le plus pur.
Un inconverti doit
être attiré à la foi par l'apparence paisible, l'aspect joyeux, la sérénité
spirituelle et la bonne humeur d'un chrétien plein de vie ! Quand les païens
voient un chrétien heureux en Dieu, rempli d'une sainte joie, vivant au-dessus
du monde et fuyant ses divertissements, il ne peut manquer d'être impressionné.
Il ressent la nécessité et l'attrait de la vie chrétienne. Mais que personne ne
pense influencer les inconvertis en manifestant de la sympathie pour leurs
aspirations mondaines ! Peut-on dire qu'une telle règle soit un joug et un
esclavage ? Cela ne m'étonne pas qu'elle ait profondément troublé certains
esprits ! Les chrétiens qui aiment et recherchent le plaisir considèrent cette
règle comme impraticable. Pour eux, elle est un corset ou une chaîne. Mais qui
sont donc ces chrétiens ? Sûrement pas ceux qui aiment Dieu de tout leur cœur
et leur prochain comme eux-mêmes ! Les vrais chrétiens ne trouvent pas cette
règle impraticable, car les vrais chrétiens aiment Dieu par-dessus
tout. Leurs intérêts et leur plaisir ne sont rien comparés aux intérêts et au
bon plaisir de Dieu. Ils ne recherchent donc pour eux-mêmes aucun
divertissement, Ã moins que Dieu ne le leur demande. Il est naturel pour
nous de chercher à plaire à ceux que nous aimons par-dessus tout. Nous trouvons
notre plus grand bonheur à leur faire plaisir. Et nous éprouvons un plaisir
suprême à rechercher non pas notre propre plaisir, mais le plaisir de ceux qui
sont l'objet de toute notre affection. Les chrétiens éprouvent donc leur plus
grande joie et leur plus grand plaisir quand ils peuvent plaire à Dieu, et
quand ils peuvent faire du bien à leurs semblables. Leur joie est d'autant plus
grande qu'ils ne le font pas pour être joyeux, mais parce qu'ils obéissent à la
loi de leur nouvelle nature. Ceci est une réalité de la conscience
chrétienne.
Le meilleur et le plus pur divertissement d'un chrétien est de
faire la volonté de Dieu. Les divertissements
du monde sont insipides et sans valeur aucune, comparés à la joie que nous
éprouvons à faire la volonté de Dieu. Celui qui aime Dieu plus que tout
trouvera naturel de ne rechercher que la gloire de Dieu dans ses
divertissements, comme dans tout ce qu'il fait. Pourquoi donc
considérer cette règle comme trop stricte, comme un carcan et un esclavage ? Comment
comprendre ceux qui plaident pour plus de divertissements mondains ?
D'après tout ce qu'ont dit et écrit ces
dernières années ceux qui veulent plus de divertissements, j'ai constaté qu'ils
prétendent trouver plus de plaisir dans ces divertissements que dans le service
de Dieu. Cela me rappelle le texte d'une rédaction qui m'a été donnée quand
j'étais écolier : "A toujours travailler les enfants
s'abrutissent." Ils semblent croire que le service de Dieu est un
travail pénible et imposé. Comme si prier, prêcher, gagner des âmes à Christ,
communier avec Dieu et accomplir nos devoirs spirituels était tellement
ennuyeux, voire ingrat, qu'il nous fallait beaucoup de bonnes journées de
détente pour récupérer ! Comme si notre amour pour Christ ne nous apportait
aucune satisfaction ! Comme si nous devions avoir fréquemment recours aux
divertissements mondains pour rendre notre vie tolérable !
Un jour, Christ a dit à Ses disciples : "Venez
à l'écart dans un lieu désert, et reposez-vous un peu." N'est-il pas
merveilleux de voir qu'ils étaient si souvent pressés de toute part qu'ils
n'avaient même pas le temps de prendre leurs repas habituels ! Mais ce
n'étaient pas les divertissements qu'ils recherchaient.
Ils devaient simplement se reposer des
fatigues qu'ils avaient acceptées avec amour. C'est dans leur labeur
qu'ils trouvaient leur plus grande joie.
Je me demande souvent : "Pourquoi donc tant
de nos prédicateurs les plus populaires et les plus repus réclament-ils plus de
divertissements ?" Ils semblent conduire l'Eglise dans une direction où
elle court les plus grands dangers. Il n'est pas étonnant que tant de chrétiens
soient si facilement entraînés dans cette direction. Car ces enseignements vont
parfaitement dans le sens des tentations innombrables qui assaillent l'Eglise,
et qui cherchent à l'entraîner dans le monde. Sur ce sujet, la Bible est pleine
d'enseignements qui sont en contradiction directe avec ces appels à s'engager
dans des divertissements mondains. Ces docteurs chrétiens appellent Ã
faire la fête, à rire, à gesticuler, à jouer, et à rechercher tout ce que le
monde aime.
la Bible nous
exhorte à rechercher la sobriété, à penser aux choses d'en haut, à prier sans
cesse, et à marcher constamment tout près de Dieu. La Bible affirme
partout que nous pouvons trouver une joie véritable dans cette vie, mais que
toute véritable paix de l'esprit réside dans notre communion avec Dieu et dans
notre consécration à rechercher Sa gloire. Cela doit être le seul et unique but
de notre vie. La Bible nous exhorte à veiller, et nous affirme que nous devrons
rendre compte de toute parole vaine, au Jour du Jugement. Elle ne nous dit
nulle part que la fête et l'hilarité sont la source de notre joie. Elle ne nous promet
nulle part de pouvoir rester tout près de Dieu et de garder la paix de l'esprit
et la joie dans le Saint-Esprit, si nous courons partout à la recherche de
divertissements.
D'ailleurs, cet enseignement de la Bible
n'est-il pas en accord complet avec l'expérience humaine ? Avons-nous besoin
que ceux qui nous enseignent nous poussent à rechercher les divertissements
mondains ? La dépravation de la nature humaine ne suffit-elle pas à nous
entraîner dans cette direction, sans avoir besoin d'y être stimulée par la voix
d'un prédicateur ? Si l'Eglise a besoin que ses conducteurs la poussent à se
divertir et à s'amuser un peu, est-ce parce qu'elle a trop travaillé pour Dieu
et pour le salut des âmes ? Est-ce parce que les chrétiens sont trop surmenés
par les efforts qu'ils font pour arracher les pécheurs aux flammes de l'enfer ?
Est-ce parce que leur ferveur spirituelle risque de les rendre fous ? Qu'est-ce
que cela peut signifier ? N'est-il pas vrai qu'une telle attitude ouvre la
porte à presque tous les dangers que nous courons ? La nature humaine n'a que
trop tendance à aller dans cette direction. Ne devons-nous donc pas être sur
nos gardes, et constamment exhorter l'Eglise à ne pas chercher à faire la fête
et à se divertir, au péril de son âme ? Est-ce donc un esclavage que de
rechercher uniquement le bon plaisir et la gloire de Dieu dans tout ce que nous
faisons ? Qui donc trouve cela difficile ?
Christ a dit que Son joug était
doux, et Son fardeau léger. Devoir tout faire pour la gloire de Dieu, voilÃ
certainement le joug de Christ ! C'est Sa volonté clairement exprimée. Qui dira
que c'est un joug dur et un fardeau pesant ? Cela n'est ni dur ni pesant pour
celui qui aime Dieu et qui veut faire Sa volonté. Ce qui est demandé
ici est naturel à tous ceux qui aiment véritablement Dieu et qui sont consacrés
à leur Sauveur. Aimer Jésus, n'est-ce pas avoir un cœur décidé à Lui obéir en
toutes choses ? La liberté chrétienne n'est-elle pas le privilège de faire ce
que les chrétiens aiment le plus, c'est-à -dire plaire en toutes choses à leur
Seigneur ? Oser se détourner du salut des âmes pour chercher à se divertir !
Comme s'il existait un plus grand plaisir que celui de travailler au salut des
âmes ! Cela n'est pas possible ! Notre plus grande joie, dans ce monde,
est d'arracher des âmes aux flammes et de les amener à Christ ! Je suis
stupéfait d'entendre ces appels adressés à l'Eglise pour qu'elle se tourne
encore plus vers les divertissements du monde. Avons-nous besoin d'autre chose
que de marcher tout près de Dieu, dans l'amour et la sincérité, en coopérant
avec Lui pour attirer des âmes au ciel ?
Ceux qui encouragent le peuple de Dieu à se
divertir me semblent animés de l'esprit du monde. Ils ne sont pas
spirituels. Quand on est rempli de compassion pour des hommes qui vont
à la mort, quand on lutte et qu'on agonise chaque jour dans la prière pour
qu'ils soient sauvés, peut-on encore chercher à s'amuser ?
Est-il possible qu'un pasteur, dont
l'assemblée comprend beaucoup d'inconvertis et de chrétiens charnels, cherche Ã
entraîner son Eglise en arrière, pour rechercher les plaisirs du monde ? Il y a
déjà bien assez de gens, dans toutes les églises, qui ont naturellement
tendance à aller dans cette direction ! Qui sont ceux qui tombent le plus
facilement dans ce piège ? Qui sont les premiers à proposer un pique-nique, une
excursion agréable, une fête comme celles du monde, ou toute autre activité
plaisante ? Est-ce que ce sont ceux qui fréquentent le plus les réunions de
prière et qui sont toujours réveillés ? Est-ce que ce sont les chrétiens
spirituels, ceux qui parlent des choses célestes et qui ne pensent pas aux
choses de la terre ? Qui donc ignore que ce sont les chrétiens mondains
qui sont les premiers à se joindre aux activités mondaines et à se divertir ?
Les chrétiens vraiment spirituels, les chrétiens qui prient, qui sont attachés
aux choses d'en haut, n'aiment pas ces activités. Il faut les forcer à s'y
engager. Ils pleurent en secret en voyant leur pasteur encourager ce qui
est sans doute une si grande pierre d'achoppement pour l'Eglise et pour le
monde.
Charles Finney, en remettant à l'impression
les épreuves de cet article, après les avoir revues, écrivit une courte note Ã
l'intention du Dr Cullis, en ces termes : "Ces pages sont un résumé de
trois courts articles que j'ai écrits pour le journal Independant. L'éditeur du journal Advance, et l'un des éditeurs
de l'Independant, qui avaient publié des articles que je
considère comme mauvais, parce qu'ils approuvaient les divertissements du monde
et les recommandaient aux chrétiens, avaient critiqué mes articles avec une
aigreur qui me semblait indiquer que j'avais touché juste. Ils en ont tellement
tordu le sens qu'ils ont fait croire que j'enseignais l'ascétisme, et que je
voulais interdire tout repos, toute détente, et toute forme de divertissement.
Je considère mon article comme strictement conforme à la Bible, et comme étant
la vérité. Mais, pour éviter toute interprétation injuste et toute chicane,
veuillez ajouter le texte suivant :
« Que personne ne dise que cet article cherche
à interdire tout repos, toute détente, et toute forme de divertissement. Ce
serait faux. Je considère toutes ces choses comme parfaitement licites, pourvu
que ceux qui les pratiquent les envisagent comme des moyens de s'assurer la
vigueur et la santé de leur corps et de leur esprit, pour mieux servir Dieu. Cet article insiste
seulement, comme le fait la Bible, sur le fait que l'on doit tout faire comme
un service rendu à Dieu, que ce soit manger, boire, se reposer ou
s'amuser.
Nous ne devons jamais perdre Dieu de vue. Notre but est de Lui
plaire en toutes choses, sinon nous péchons. »
Référence: La Puissance d'En Haut,
Charles Finney - Editions Parole de Vie, 1997
Source: http://sentinellenehemie.free.fr