Par Jean Jr Landry
De toutes les
façons de faire mourir les désirs de la chair, le jeûne constitue probablement
la voie la plus efficace et expéditive. Il devrait faire partie de
l"arsenal de combat de tout chrétien. Lorsque nous nous privons de
nourriture, nous envoyons un message sans Ă©quivoque Ă notre chair: "Ce
n’est pas toi qui dirige. Ce n’est pas toi qui prends les décisions. Tu es
soumise à l’esprit et tu mangeras quand je te le dirai."
Le jeĂ»ne aide Ă
briser une faille de caractère que la plupart des dépendants ont en commun: la
tendance Ă ne rien se refuser. Nous nous sommes habituĂ©s pendant des annĂ©es Ă
placer la chair au poste de commande de notre vie. Si la chair disait: "Je
veux voir de la porno", nous disions: "Ok". Si la chair disait:
"Je veux trois barres de chocolat, deux sacs de croustilles et une grosse
bouteille de soda", nous disions: "Ok". Si la chair disait:
"Je veux de la bière, des cigarettes ou de l’herbe, nous disions:
"Ok". Si la chair disait: "Je veux louer un jeu vidéo et passer
la fin de semaine Ă jouer", nous disions "Ok". Bref, vous
saisissez le topo. Nous Ă©tions comme de dociles marionnettes, pratiquement
impuissantes devants ces pulsions qui tiraient les ficelles et menait notre vie
dans la direction que le diable avait déterminé pour nous. Mais pour ceux
d’entre nous qui sont sauvés, une autre autorité a pris les commandes:
L’Éternel Dieu. Nous avons donc échappé à la tyrannie de la chair pour nous
soumettre à une autre forme d’esclavage, mais celui-là sources de vie et de
bénédictions: l’esclavage de l’amour. Désormais, ce n’est plus la chair qui
dicte nos comportements, mais l’amour que nous avons pour Dieu et le prochain.
Malgré tout, la
chair ne dort pas. Elle tape du pied et réclame qu’on lui redonne ses titres de
noblesse. Elle veut se hisser Ă nouveau sur le trĂ´ne de notre vie et jouer aux
dicateurs comme dans le "bon vieux temps". La chair a gagné tant de
pouvoir au moment de la chute originelle. Elle a réussi à se donner un semblant
d’allure de divinité. Elle a réussi à se donner le sentiment d’être
auto-suffisante, d’être l’égale de Dieu. Et maintenant, la voilà ignorée, comme
un pauvre chien qu’on écarte du pied: "Et moi alors? Demande-t-elle avec
indignation. Qu’advient-il de mes désirs? Des mes besoins? De mes rêves? Ne
dit-on pas qu’il faut penser Ă soi avant tout? C’est ce qu’on rĂ©pète toujours Ă
la télé. Et même mon psy a dit que je devais penser davantage à moi-même. Après
tout, on ne peut pas vivre toujours dans le renoncement… il faut profiter de la
vie!"
Bien entendu, la
vie à laquelle la chair fait référence est la vie physique, matérielle, et tous
les plaisirs – permis ou non – qu’elle comporte. La chair n’a aucune
perspective de l’éternité. Elle ne se soucie pas le moins du monde de l’état de
votre esprit ou de votre salut. Elle n’a aucun égard à votre relation avec
Jésus, avec votre paix ou votre bonheur. Que vous soyez plongé en pleine
détresse émotionnelle, que vous soyez accro du sexe, du vin ou de la cocaïne
n’a absolument aucune importance pour elle. Du moment qu’elle mène la barque et
obtient ce qu’elle veut, vous… vous pouvez bien brûler en enfer. La chair est
ainsi constituée. Elle suit la trajectoire que le chute originelle a fixée:
vers le bas. Elle tend donc toujours vers le péché, la destruction et la mort.
Plusieurs personnes
qui confessent le nom de Jésus n’ont jamais résolu cette problématique. Elles
ont adhéré à l’idée de faire de Jésus leur sauveur personnel. Mais elles n’ont
pas destitué la chair de sa position d’autorité. Jésus est leur Sauveur. Mais
leur chair est leur Seigneur. Personne ne veut se trouver dans une telle
situation. Car s’il est vrai que la sanctification est un processus graduel et
que nous avons tous une partie charnelle qui reste Ă dompter, il ne faut teoutefois
pas s’imaginer que nous pouvons vivre une vie entière sans que l’autorité et la
domination de Dieu sur notre vie soit manifeste. Celui qui se dit chrétien et
qui obéit généralement à la voix de sa nature déchue plutôt qu’à la voix du bon
Berger est possiblement damné. C’est à dire que peu importe ses prétentions et
ses prières, sa vie témoigne qu’il est encore un fils de la perdition, qu’il ne
s’est jamais soumis véritablement à la royauté de Jésus Christ. Il tente
d’accéder à la résurrection des morts sans passer par le crucifixion. Il est
trop conditionné à se complaire dans le plaisir pour en venir à un renoncement
véritable. Il est tiède et ne réflète que rarement la gloire de Dieu. Il vit
encore pour lui-même. Et même s’il va à l’église tous les dimanches, qu’il
utilise un langage religieux et qu’il a un autocollant de Jésus sur son
pare-choc de voiture, il rencontrera à sa mort une porte fermée lorsqu’il
voudra accéder au Ciel. Et il entendra ces dures paroles de Christ:
"Éloigne-toi de moi, toi qui commet l’iniquité".
Ainsi donc, pour
mettre fin à cette tyrannie de la chair, outre la repentance véritable et une
relation Ă©troite avec Dieu, il existe certaines armes efficaces telles que le
jeûne.
Avant d’aller plus
loin, il est important de préciser que le jeûne n’est pas un sacrifice que vous
présentez à Dieu. Car le seul sacrifice valable que vous pouvez offrir à Dieu
est votre vie-même. Les actions que vous posez (jeûnes, privations, bonne oeuvres,
etc.) n’ont pas une valeur de sacrifice. Jésus a déjà offert sa vie en
sacrifice pour vous et ce sacrifice parfait couvre toutes vos fautes. Alors ne
tombez pas dans le piège de jeûner en ayant l’impression que vous gagnez ainsi
la faveur de Dieu. Le jeûne n’est pas une monnaie d’échange ou un outil de
persuation Ă utiliser avec Dieu. Vous avez peut-ĂŞtre lu des passages de
l’Ancien Testament qui montrent des gens qui jeĂ»naient pour ajouter du poids Ă
leurs prières ou pour demander pardon à Dieu mais ces pratique n’étaient
valables que sous l’ancienne Alliance. En tant que chrétien, vous êtes sous la
nouvelle Alliance et le jeûne est désormais une discipline spirituelle pour
vous-mêmes. Il sert à vous rapprocher de Dieu, à favoriser la vie selon l’esprit.
Comment jeûner?
Le jeûne n’étant
pas un rituel ou une obligation religieuse, il peut prendre différentes formes.
Il peut être fait de façon aléatoire dans l’année ou être planifié de façon
régulière. Il peut être un jeûne complet ou inclure certains aliments. Il peut
ĂŞtre rompu au souper ou se poursuivre sur 24 heures ou plus. Nous avons donc le
loisir de déterminer les paramètres selon l’inspiration… dans la mesure où
l’inspiration ne vient pas de la chair :)
La chair peut
intervenir entre autres de deux façons dans notre décision de jeûner. Elle peut
soit nous inciter à la complaisance et la tiédeur. Son but est alors de ne pas
trop ressentir l’effet de la privation. Ou au contraire, elle peut nous inciter
à verser dans un zèle exagéré, surtout si vous semblez très motivé dans votre
décision. Le but est alors de transformer votre jeûne en une performance
spirituelle dont la chair pourra ensuite tirer des mérites: "Oh, mon
frère, tu ne jeûnes pas, toi? Eh bien moi je jeûne souvent pendant trois jours
en ne buvant pas la moindre goutte d’eau… Ce n’est pas facile mais la grâce de
Dieu me soutient…"
L’esprit dans
lequel le jeûne doit être fait est donc celui d’une discipline que l’on
s’impose soi-même pour favoriser notre santé spirituelle. Nous jeûnons librement,
nous jeûnons avec joie, et nous jeûnons dans le secret. Le but de garder le
jeûne secret est évidemment de laisser la chair en-dehors de cette histoire.
Car nous savons qu’elle récupère tout ce qu’elle peut pour se gonfler
d’orgueil. Jésus a dit que celui qui jeûne pour être vu perd sa récompense. Car
toutes les bénédictions potentielles découlant du jeûne sont neutralisées par
l’orgueil spirituel que nous retirons de notre vantardise. Ce n’est pas un
péché de dire à quelqu’un que l’on jeûne. Mais si nous en parlons pour être
admiré, nous sommes commes les pharisiens. Si par contre nous en parlons pour
enseigner ou édifier nos frères, pour offrir des conseils ou exemples, il n’y a
rien de mal car nos motifs sont justes. Nous ne perderons alors pas notre récompense.
De toute façon – juste une petite note en passant – nous ne devrions pas être
motivé par les récompenses. Les caniches fonctionnent de cette façon quand on
les dresse à suivre les ordres. Mais les chrétiens devraient avoir une source
de motivation beaucoup plus noble, Ă savoir la gloire de Dieu. JĂ©sus a certes
parlé de récompenses à plusieurs reprises, mais ce n’était pas pour que nous
devenions des chrétiens qui agissent de façon intéressée et conditionnelle. Il
s’agit simplement d’encouragements de la part de Dieu, pour nous rappeler que
peu importe les difficultés qu’entraîne une vie selon l’Évangile, nous aurons
tôt ou tard l’occasion de nous réjouir et de goûter au fruit de notre labeur.
Le jeûne idéal est
un jeûne à l’eau seulement. Il est idéal parce qu’il est plus susceptible de
calmer la chair qu’un jeûne de sucreries, par exemple. Mais attention de ne pas
créer une loi avec ce que je dis. Si vous jeûnez autrement qu’à l’eau, vous ne
commettez aucun péché, vous ne décevez pas Dieu et vous n’êtes pas moins
spirituel. Je parle seulement en termes d’efficacité. Une privation totale de
nourriture crée un effet notable sur les appétits charnels qu’un jeune partiel
produira plus difficilement. Mais il se peut que pour des raisons de santé ou des
motifs personnels, vous ne puissiez ou ne vouliez pas jeûner à l’eau seulement.
Dans ce cas, allez-y avec un jeûne qui est à votre portée. Il vaut mieux faire
un jeûne partiel dans lequel vous honorerez Dieu que de faire un jeûne total
par principe ou culpabilité et devenir excécrable avec tout le monde autour de
vous. Le jeûne rend la plupart des gens plus irritables (y compris moi) mais si
l’irritation tourne à la crise de nerf, il vaut mieux réévaluer notre façon de
jeûner.
Pour donner un
exemple, je jeûne habituellement le mercredi. Le matin, je me fais quand même
un café, mais en n’y ajoutant pas de sucre. Le but est d’éviter les maux de
tête car même si je bois seulement 2 à 3 cafés par jour, je ressens facilement
les symptômes du sevrage. En n’ajoutant pas de sucre, je respecte l’esprit du
jeûne en refusant à la chair ses plaisirs quotidiens. Encore là , ce sont des
décisions strictement personnelles, en accord avec ma propre conscience. Dieu
nous parle de différentes façons alors il est important que vous suiviez votre
propre rythme et respectiez les directives de l’Esprit Saint à votre égard.
Ensuite, je vais au travail et bois de l’eau toute la journée. J’apporte
souvent un contenant de jus au travail, juste au cas oĂą la privation de
nourriture induirait un trop grand état de faiblesse. Généralement, le jeûne
m’énergise mais quand je suis très fatigué ou que j’ai peu dormi, je ressens au
contraire de la faiblesse. Le jus me permet alors d’avoir un apport de calories
qui me redonne de l’énergie et me permet de poursuivre mon jeûne sans manger.
Comme vous pouvez le constater, mon jeûne est flexible et s’adapte aux
situations.
Si je me fixe un
objectif (exemple: jeûner 24 heures) et que survient un imprévu, je n’ai aucun
problème à rompre mon jeûne. Par exemple, je peux revenir du travail et
constater que mon épouse a eu une journée difficile avec les enfants. Alors
rien ne m’empêche de rompre mon jeûne pour l’inviter au restaurant. Et lorsque
je le fais, je ne me sens pas coupable et je ne demande pas pardon Ă Dieu, car
je n’ai commis aucune faute. J’ai simplement mis fin à ma discipline pour
répondre à quelque chose de plus important: L’amour.
Dans d’autres cas
par contre, le désir de rompre le jeûne peut venir de la chair. Je suis souvent
revenu le soir à la maison pour réaliser que des crevettes étaient au menu ou
qu’une personne avait apportée des gâteries chocolatées. Et bien des fois, j’ai
pris la décision de mettre fin au jeûne afin de ne pas passer à côté du délice.
Même dans ce genre de situations, Dieu n’est pas en colère contre nous. Mais
nous donnons du pouvoir Ă la chair en lui laissant le pouvoir de mettre fin Ă
notre jeûne. Il faut donc être prudent, surtout si la situation se répète
souvent.
Peu importe notre
façon de jeûner, il faut toujours garder à l’esprit que nous le faisons d’abord
pour nous-mĂŞmes. Nous nous donnons des moyens concrets pour faire taire la
chair et nous rapprocher de Dieu. Il n’y a donc aucune règle préétablie, sinon
que nous devons jeûner avec humilité et amour, et non de façon religieuse et
légaliste. De toute façon, personne ne vas impressionner Dieu avec ses jeûnes.
Jésus, notre héros, a jeûné sans nourriture et sans eau en plein désert pendant
40 jours! Alors je crois que nous devrons être drôlement motivés pour réussir
le mĂŞme exploit.
Si nous
n’atteignons pas nos objectifs, nous n’avons rien à nous reprocher. Dieu n’est
pas déçu ou fâché, il se réjouit au contraire de nos efforts. Car même en ne
sautant qu’un seul repas, nous avons déjà franchi un pas qu’une vaste proportion
des croyants n’a jamais atteint. Comme dans toute discipline, nous pouvons être
confrontés à nos limites et réaliser que nous ne sommes pas parvenus à la
maturité spirituelle que nous recherchons. Mais si tel est le cas, nous n’avons
pas Ă nous auto-flageller ou Ă Ă©prouver de la honte. Nous pouvons simplement
aller vers le Père et lui demander la grâce de mieux réussir la prochaine fois.
DĂ©butez chaque
jeûne dans la prière, en demandant à Dieu son aide pour que vous puissiez
jeûner selon sa volonté et son coeur. Et vous verrez que la main de l’Éternel
sera fidèle pour vous soutenir tout au long de la journée.
Source : http://parsagrace.net/