Le bonheur de Dieu : la fondation de l’hédonisme chrétien
Un livre de John Piper[2]
Jeremie 32:36-41 : «Et maintenant, voilà pourquoi
l’Éternel, le Dieu d’Israël, parle
ainsi
sur cette
ville dont vous dites :
eElle sera
livrée entre les mains du roi de Babylone,
(vaincue) par l’épée, par la famine et
par la peste :
Voici : je les rassemblerai
de tous
les pays où je les ai bannis
dans ma
colère, dans ma fureur
et dans ma
grande indignation;
je les
ramènerai dans ce lieu
et je les
ferai habiter en sécurité.
Ils seront
mon peuple,
et je
serai leur Dieu.
Je leur
donnerai un même cœur
et une même
conduite,
afin
qu’ils me craignent pour toujours,
pour leur bonheur et celui de leurs fils après eux.
Je conclurai avec eux une alliance
éternelle,
je ne me
détournerai plus d’eux,
je leur
ferai du bien,
et je
mettrai ma crainte dans leur cœur,
afin qu’ils ne s’écartent pas de moi.
Je me réjouirai à leur sujet, pour
leur faire du bien,
et je les planterai
véritablement dans ce pays,
te tout
mon cœur et de toute mon âme».
J’ai évoqué l’idée de l’hédonisme chrétien dans un culte de dimanche et, après,
un parent est venu me parler et me disait, « Savez-vous que
notre fille a cru que vous disiez ‘paganisme chrétien‘ ? »(Note du
traducteur : en anglais, hedonism, « hédonisme », se prononce Ã
peu près comme heathenism, « paganisme »). Je sais que, même si je réussis à le
prononcer clairement (Hédonisme Chrétien), il y en a parmi vous ceux qui
penseront toujours au « paganisme », car vous croyez que l’hédonisme
est une philosophie de vie païenne. Et vous avez probablement raison, car le
sens populaire du mot hédonisme est la recherche du plaisir et l’indifférence
morale.
En 2 Timothée 3/4 Paul a prévenu qu’Ã
la fin des temps les hommes aimeront « leur plaisir
plus que Dieu ». Et
nous sommes sans doute dans ces temps.
Commentaire du Sarment : L’hédonisme (du grec ancien : ἡδονή / hēdonḗ, « plaisir » et du suffixe -ισμός /
-ismós) est une doctrine philosophique grecque selon laquelle la recherche du
plaisir et l’évitement du déplaisir constituent l’objectif de l’existence
humaine. On y développe la motivation de l’activité économique par la recherche
du maximum de satisfaction par le minimum d’efforts. Pour l’hédonisme, le
plaisir est le bien unique et suprême dans la vie, et la recherche du plaisir
représente la fin idéale de toute conduite. Dans la Grèce antique, deux
importantes théories hédonistes furent exposées, les cyrénaïques et les
épicuriens.[3]
Le paganisme chrétien ?
Il y a deux ans,
Daniel Yankelovitch a publié un livre dont le titre est New Rules: Searching for Self-Fulfillment in a World Turned
Upside Down [Les
nouvelles règles : Cherchant l’épanouissement de soi dans un monde Ã
l’envers]. Il explique, en s’appuyant sur plusieurs interviews et des sondages
nationaux, qu’il y a eu des immenses modifications dans notre culture, que la
quête pour l’épanouissement de soi a créé de nouvelles règles qui gouvernent la
manière dont nous, en tant qu’Américains, pensons et nous sentons. Il
dit : « Dans leur forme
extrême, ces règles ne font que retourner les vieilles règles et à la place de
l’ancienne morale de sacrifice de soi on trouve des gens qui refusent de se
priver de quoi que ce soit – pas à cause d’un appétit sans fond, mais par
l’étrange principe moral que ‘j’ai un devoir envers moi-même’ » (p. xviii). Il raconte l’histoire
d’une jeune trentenaire qui se plaignait à son psychothérapeute qu’elle
devenait angoissée et irritable car la vie était devenue trop effrénée – trop
de grands weekends, trop de discos, trop de longues soirées, trop de bavardage,
trop de vin, trop d’herbe (canabis), trop d’ébats amoureux.
« Pourquoi ne vous arrêtez-vous
pas ? », proposa
gentiment le thérapeute.
La patiente le fixa d’un regard absent
un petit moment, et puis son visage s’éclaira, comme éblouie d’une
illumination : « Vous voulez dire
que je ne suis pas vraiment obligée de faire ce que j’ai envie de
faire ? » s’exclama-t-
elle, stupéfaite.
La marque de reconnaissance de ces
nouveaux consommateurs qui cherchent l’épanouissement de soi est qu’ils « opèrent en supposant que les envies
émotionnelles soient des objets sacrées, et que ce serait un crime contre la
nature de contenir un besoin émotionnel » (p. 59). « Notre ère, est la première dans laquelle
des dizaines de millions de gens offrent, en tant que justification morale pour
leurs actions, l’idée qu’un ‘soi’ intériorisé, et peut être même plus ‘réel’,
ne correspond pas bien à leur rôle social qui leur a été attribué. »
Il se peut que l’espace dans lequel
ces comportements et leurs nouvelles règles aient causé d’énormes
bouleversement soit l’institution du mariage. Yankelovitch a une bonne analyse
lorsqu’il dit, « les mariages réussis
sont tressés de plusieurs fils de désirs inhibés – des accessions aux désirs de
l’autre ; l’acceptation des infractions sur ses propres désirs ; des
déceptions ravalées, des confrontations évitées ; des occasions de se
fâcher qui ont été laissées de côté ; des occasions de s’exprimer qui ont
été atténuées. D’introduire cette forte impulsion de l’épanouissement de soi
dans ce processus est comme si on arrachait une délicate toile d’araignée avec
un balai. Souvent, tout ce qui reste n’est que la matière collante qui adhère
au balai ; la structure de la toile est détruite » (76).
J’ai alors une profonde empathie avec
ceux et celles d’entre vous qui sont assez libres de notre culture afin de
pouvoir réagir au mot hédonisme en disant, « C’est bien assez ! Nos maisons, nos
écoles, nos entreprises et notre société sont en train d’être détruites par ces
hédonistes qui cherchent l’épanouissement de soi qui n’ont plus rien du courage
moral, du sacrifice de soi, du rude engagement ni de l’alliance sacrificielle
qui maintiennent les structures précieuses de la vie et qui apportent une
noblesse à notre culture. On n’a pas besoin d’hédonisme ; on a besoin de
retourner vers la rectitude, l’intégrité, la prudence, la justice, la
tempérance, au caractère et la maîtrise de soi ! » Croyez-moi, on est (l’auteur parle du
christianisme) probablement plus près de cet hédonisme qu’on ne le pense. Tout
ce que je vous demande c’est que vous m’accordiez votre attention avec
discernement pendant les neuf semaines qui suivent avant de faire vos jugements
définitifs sur l’hédonisme chrétien.
Des exemples bibliques de l’hédonisme
chrétien
Parfois une illustration vaut mille
mots d’une définition abstraite. Ainsi, au lieu de vous donner une définition
précise de l’hédonisme chrétien,
commençons en donnant quelques exemples bibliques.
David donne des conseils dans l’axe de l’hédonisme chrétien lorsqu’il commande, « Fais de l’Éternel tes délices, et il te
donnera ce que ton cœur désire » (Psaume 37 : 4). Il démontre
aussi le noyau de l’hédonisme chrétien lorsqu’il s’écrit, « Comme une biche soupire après des courants
d’eau, ainsi mon âme soupire après toi, ô mon Dieu ! Mon âme a soif de
Dieu, de Dieu vivant » (Psaume
42 : 2-3). Moïse était un
hédoniste chrétien (selon
Hébreux 11 : 24-27) car il rejetait la « jouissance amère
du péché », mais « estimait en effet que l’opprobre du Christ
était une plus grande richesse que les trésors de l’Égypte ; car il
regardait plus loin, vers la récompense ». Les saints décrits en Hébreux
10.34 étaient des hédonistes
chrétiens car ils
ont choisi de prendre le risque pour visiter des prisonniers chrétiens et ont
accepté avec joie le pillage de leurs propres biens, car ils savaient qu’ils
possédaient quelque chose de bien meilleur qui ne périrait jamais. L’apôtre
Paul a loué l’hédonisme chrétien lorsqu’il disait en Romains 12 :
8, « que celui qui exhorte [le fasse]
avec joie ». Et Jésus Christ, celui qui est l’auteur de la foi
et qui mène à la perfection, a établi la norme de
l’hédonisme chrétien, car « il respirera
(son plaisir est) dans la crainte de l’Éternel » (Ésaïe 11 : 3), et à cause de la
joie qui l’attendait, il a supporté la croix, méprisé la honte, et s’est assis
à la droite du trône de Dieu (Hébreux 12 : 2).
Commentaire du Sarment : Après avoir établi clairement qu’il
existe une définition traditionnelle de l’hédonisme qui relève du paganisme
(son premier paragraphe), John Piper s’emploie à christianiser cette
philosophie. Les références bibliques évoquant le plaisir de connaître Dieu, la
joie de marcher dans ses voies, sont reprises et intégrées dans un hédonisme
sanctifié, pour faire de la joie et du plaisir spirituel un but, ce qui n’est
pas enseigné dans les Écritures.
Ce qui ressort de cette entreprise
(et de l’emploi de l’expression « hédonisme/iste chrétien» à 24 reprises
dans cet article), c’est la volonté de légitimer une idée : le
christianisme serait le vrai plaisir, la vraie joie, le vrai bonheur. Il n’y a
donc plus de honte à rechercher du plaisir dans la vie chrétienne, ni
d’associer ce mot à la foi.
Il s’agit d’un exercice probablement
sincère de dépoussiérage d’un vieux christianisme religieux et névrosé, Ã
l’intérieur d’une culture religieuse américaine à la dérive, comme le dénoncent
certains prophètes modernes[4].
L’hédonisme chrétien enseigne que le désir d’être heureux
est un don de Dieu qui ne doit être ni refusé ni résisté, mais qui devrait être
dirigé vers Dieu afin d’être satisfait.L’hédonisme chrétien ne dit absolument pas que tout ce que
vous aimez est bien. Il dit que Dieu vous a montré ce qui est bien, et de le
faire devrait vous donner de la joie (Michée 6 : 8).
Commentaire du Sarment : C’est un point très important.
L’auteur nous dit que l’hédonisme chrétien consiste à aimer la volonté de Dieu,
et à être heureux en la faisant. Jadis, on appelait ça l’obéissance, la foi, ou
la consécration. C’est ainsi qu’on identifiait la marche chrétienne et la vie
de l’Esprit. Aujourd’hui on rebaptise les anciens chemins en leur donnant des
noms qui sonnent mieux, qui font moins peur : obéir à Dieu par plaisir,
marcher par la foi dans la joie, c’est beaucoup plus attractif.
Il se pose malgré tout la question du
renoncement à sa volonté propre, qui est la marque caractéristique de la vie du
disciple[5]. Il s’agit là d’une somme d’expériences qui ne portent pas la
marque du plaisir, ni de la joie, mais qui cependant donneront un fruit
spirituel extraordinaire : «Or aucune discipline,
pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus
tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par
elle»(Hébreux 12/11).
Puisque faire la volonté de Dieu
devrait vous apporter de la joie, la recherche de la joie est une partie
essentielle de tout effort moral.
Commentaire du Sarment : Il faut
savoir de quelle joie nous parlons. S’il s’agit de la joie de Dieu, alors c’est
l’affaire de Dieu de nous donner d’expérimenter sa joie, la joie de l’Esprit.
C’est lui qui administre cette économie, et nous voyons bien au travers des
Écritures que les enseignants, témoins et prophètes, parlent davantage de la foi
que de la joie. En revanche, s’il s’agit de notre joie, c’est-à -dire de la satisfaction
de bien faire, alors c’est tout autre chose. Si j’obéis à Dieu pour être
heureux, alors ce n’est pas Dieu que je cherche, mais c’est moi-même. Je fais
de Dieu le moyen de mon bonheur, alors que les Écritures révèlent que Dieu
désire se révéler comme le But.
Le fondement de la philosophie
hédoniste consiste à positiver l’ensemble de l’existence, afin de faire de la
recherche du plaisir (dans le sens de plaisant) un art de vivre, l’alpha et
l’omega de la vie.
Si vous abandonnez la recherche de la
joie (et ainsi refusez d’être hédoniste,
dans le sens que j’utilise ce terme), vous ne pouvez pas réaliser la volonté de
Dieu
Commentaire du Sarment : il s’agit ici d’une phrase-clé, qui
va faire passer l’esprit du lecteur en mode verrouillage. C’est bien davantage
qu’un conseil, davantage qu’un défi, c’est une porte à franchir: si tu ne
l’ouvres pas, tu seras coupé de l’accomplissement de la volonté de Dieu, donc
coupé de Dieu. Ce qui signifie que tout chrétien qui ne souscrirait pas à cette
vision de l’hédonisme chrétien sera déclaré dans l’erreur …
L’hédonisme chrétien affirme que les saints les plus pieux
de chaque époque n’ont découvert aucune contradiction en disant, d’un côté, « l’on nous met à mort tout le jour. On
nous considère comme des brebis qu’on égorge » (Romains 8 : 36), et de l’autre
côté, « Réjouissez-vous toujours dans le
Seigneur ; je le répète, réjouissez-vous » (Philippiens 4 : 4).
Commentaire du Sarment : L’idée présentée ici est
fausse. L’exhortation biblique à se réjouir s’appuye sur les choses invisibles
et futures, tandis que l’hédonisme (chrétien ou pas) a besoin de trouver une
joie, un plaisir, qui devient une raison d’être de la relation et de la marche,
sinon ça n’a pas de sens. La Bible parle de FOI, l’hédonisme chrétien en a-t-il
besoin ? puisque son objectif déclaré est le plaisir et la joie.
L’intention est sans doute de faire du christianisme la religion du bonheur,
une vie spirituelle basée sur la joie. Il est rigoureusement exact que la Bible
parle de joie (et de plaisirs), mais elle situe clairement le centre de gravité
de l’Esprit – a minima – entre la souffrance et la joie. Certains parmi les
pères de la foi disaient même que le véritable point d’origine de la vie de
l’Esprit (de laquelle découle toute joie authentique) ne pouvait provenir que
de la mort et de la croix…
Hébreux 12 (cité par John Piper au
paragraphe précédent) précise d’ailleurs très bien les choses : « Christ … EN VUE de la joie qui lui était
réservée … a souffert la croix» : ce qui était clairement
annoncé par Esaïe 53/10 : «S’il livre son âme en
sacrifice (à la souffrance), il verra …». Nous pourrions dire que le fondement
chrétien personnel de chacun est similaire dans le principe : « Je vous exhorte donc, frères, par les
compassions de Dieu, Ã offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint,
agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Romains 12:1).
La joie qui naît de l’obéissance de
la croix est une réalité précieuse. Si nous voulons enseigner cette joie, il
nous faut enseigner au préalable la croix, le renoncement et la confiance qui
mène à l’obéissance. La Bible ne dit jamais qu’on entre dans notre héritage par
la joie, mais par la foi et l’obéissance. Enseigner que tout commence par la
joie, c’est commencer son repas par le dessert — ce qui est typiquement
hédoniste ! «L’héritage acquis avec
hâte au début, ne sera pas béni à la fin » (Proverbes 20/21).
L’hédonisme chrétien ne se rejoint pas
à la culture d’auto-gratification qui vous rend esclave de vos élans de
pécheur. L’hédonisme chrétien nous ordonne de ne pas nous conformer au monde
présent, mais qu’on soit transformé par le renouvellement de l’intelligence
(Romains 12 : 2), afin de pouvoir prendre plaisir en la volonté de notre
Père céleste.
Commentaire du Sarment : Ce n’est
pas l’hédonisme chrétien qui nous ordonne de ne pas nous conformer au siècle
présent, mais c’est la Parole de
Dieu.On entend bien la substitution du concept par
l’auteur !Et elle le fait (la Bible) en condamnant nos pratiques
naturelles et en nous exhortant à les abandonner, ce qui permettra alors le
renouvellement de notre intelligence. Et ce processus sera rarement sans prix,
entraînera bien des combats, bien des luttes qui seront rarement des sujets de
joie, mais qui seront parfois des sujets de souffrance. La joie peut venir
après, mais il serait faux d’enseigner aujourd’hui le christianisme en
déconstruisant la prédication de la croix pour lui substituer le concept de l’hédonisme
chrétien !
Selon l’hédonisme chrétien, la joie en
Dieu n’est pas la cerise sur le gâteau du Christianisme. Quand vous y pensez,
la joie en Dieu est une partie essentielle d’une foi qui sauve.
Commentaire du Sarment
: L’auteur concède que la joie peut être réservée à une expérience future
(en citant Hébreux 12/2) et que le chrétien peut se trouver en situation de
marcher dans la volonté de Dieu sans la joie … puis il nous dit que la joie en
Dieu n’est pas la cerise sur le gâteau du christianisme… C’est parce qu’il
n’est pas simple de conceptualiser la joie spirituelle ! On ne peut pas
l’enfermer dans un schéma, un comportement. John Piper a raison de donner de
l’importance à la joie spirituelle, mais son insistance à en faire la porte et
le crédo de la vie chrétienne est excessive. Ce genre d’enseignement peut sans
doute trouver plus facilement un auditoire complaisant aux Etats-Unis qu’en
Europe, tout simplement parce qu’en dépit des efforts de l’auteur pour le
légitimer bibliquement, l’hédonisme chrétien est une pure invention du
christianisme de la fin des temps, qui ne sait plus quoi inventer pour faire
oublier ce qui fait la véritable force de la piété. Et qui peut contribuer Ã
amener à renier ce qui fait la force de la piété.
Aujourd’hui je veux dévoiler pour vous
la fondation de l’hédonisme chrétien :
le bonheur de Dieu. Je vais essayer d’appuyer trois observations des
Écritures : 1) Dieu est content, car il trouve du plaisir en lui-même. 2)
Dieu est content parce qu’il est souverain. 3) Le bonheur de Dieu est la
fondation de l’hédonisme chrétien,
car le résultat pour nous est la miséricorde.
Dieu trouve son plaisir en lui-même
D’abord, Dieu est content, car il
trouve du plaisir en lui-même. Dieu serait injuste s’il estimait quelque chose
plus que ce qui a une valeur suprême. Et c’est lui qui a la valeur suprême.
S’il ne prenait pas un plaisir infini en sa propre gloire il serait injuste,
car c’est bien de prendre du plaisir en quelqu’un selon l’excellence de leur
gloire
Commentaire du Sarment : Tentative
anthropomorphique[6] de définition de Dieu qui ne sert qu’à justifier le propos
de l’auteur. La joie qui a besoin d’une cause, ce n’est pas de la joie, c’est
du plaisir.[7]
Les Écritures sont saturées des textes
qui montrent comment Dieu agit selon un amour inébranlable pour sa propre
gloire
« C’est pour l’amour de moi, pour
l’amour de moi que je veux agir ; car comment mon nom serait-il
profané ? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre » (Ésaïe 48 : 11)
La même chose apparaît lorsqu’on pense
à la relation entre Dieu le Père et Dieu le Fils. Il y a là un mystère qui
surpasse la compréhension humaine. Et il faut admettre que nos efforts en
théologie de décrire la manière dont Dieu est conscient de soi-même et de sa
relation avec la Trinité sont comme le bégaiement d’un jeune enfant lorsqu’il
tente de décrire son père.
Mais, selon les Écritures, même par la
bouche des enfants peut venir de la sagesse. Les Écritures enseignent que Jésus
Christ, le Fils de Dieu, est Dieu (Jean 1 : 1). Et en Hébreux 1 : 3
il est dit qu’il « est le
rayonnement de [la gloire de Dieu] et l’expression de son être. » 2 Corinthiens 4 : 4 parle de la
gloire de Christ, qui est l’image de Dieu. De ces passages on apprend que,
depuis toute l’éternité, Dieu le Père contempla l’image de sa propre gloire qui
est parfaitement représentée en la personne de son Fils. Une des meilleures
façons de penser à l’immense joie que Dieu a dans sa gloire est d’y penser
comme étant la joie qu’il a dans son Fils, qui est l’image de cette gloire. Lorsque
Jésus entra dans le monde, Dieu le Père dit,« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui
j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3 : 17). Quand
Dieu le Père perçoit la gloire de sa propre essence incarnée dans le personnage
de son Fils, il est infiniment heureux.
« Voici mon serviteur auquel je
tiens fermement » (Ésaïe 42 : 1). Alors la première observation c’est
que Dieu est content car il trouve du plaisir en lui-même, surtout lorsque sa
nature se reflète dans son Fils bien-aimé.
Dieu est souverain
Deuxièmement, Dieu est content parce
qu’il est souverain.
Psaume 115 : 3 déclare : « Notre Dieu est au ciel, il fait tout ce
qu’il veut ». Ce verset implique que la souveraineté de Dieu
est son droit et son pouvoir de faire tout ce qui le rend heureux.
Notre Dieu est au ciel – il est
au-dessus de tout et sujet de personne . C’est pourquoi, il fait tout ce
qu’il veut – il agit toujours avec le but de préserver sa joie maximale. Dieu
est content, car ses actes justes, qu’il fait toujours par amour de sa propre
gloire, ne peuvent jamais être frustrés au-delà de sa volonté. Ésaïe 43 :
13, « C’est moi qui suis Dieu. Je le suis
dès avant que le jour fût, et nul ne délivre de ma main ; j’agirai et qui
s’opposera ? » Ésaïe
46 : 10, « Mon projet
tiendra bon, et j’exécuterai tout ce que je désire. » Daniel 4 : 35, « il agit comme il lui plaît avec l’armée des
cieux et avec les habitants de la terre, et il n’y a personne qui résiste à sa
main et lui dise : Que fais-tu ? ’» On peut alors être sûr que Dieu soit
infiniment heureux, car il a le droit et le pouvoir absolus, en tant que
Créateur, de surmonter toute obstacle à sa joie.
Il vaut la peine de se demander ici,
comme parenthèse, comment exactement un Dieu bon peut être heureux lorsque le
monde est traversé par le péché et le mal. C’est une question bien grande et
difficile.
Il y a deux choses qui m’aident
face à cette question. L’une est : que cela ne sert pas à grand-chose
de tenter de sauver la réputation de Dieu en disant qu’il n’est pas vraiment
responsable. Si quelqu’un avait tenté de me consoler en décembre 1974 lorsque
ma mère fut tuée dans un incident d’autobus, en disant que, « Dieu ne
voulait pas que cela arrive; tu peux toujours avoir de la confiance en
lui ; il est bon, » j’aurais répondu en disant, « ma consolation
ne vient pas de la pensée que Dieu est tellement faible qu’il n’a pas pu
détourner le bois de construction sur le toit d’une fourgonnette VW. Mon Dieu
est souverain. C’est lui qui l’a prise à son heure nommée; et je crois
fermement maintenant qu’un jour dans l’avenir, je verrai que c’était pour le
bien. Car j’ai appris en Jésus-Christ, que Dieu est bon ». La solution
biblique pour le problème du mal n’est pas de dérober à Dieu sa souveraineté.
L’autre observation qui m’aide Ã
répondre à cette question est que l’attitude de Dieu envers les événements
tragiques dépend de la mise au point de l’objectif. Dieu ne prend aucun plaisir
en la douleur et le mal tout simplement. Quand son objectif est étroit et
seulement concentré sur cela, il peut être comblé de chagrin et de douleur.
Mais, quand il ouvre son objectif pour voir toutes les connections et tout les
effets d’un événement, même jusqu’à l’éternité, cet événement crée un scénario
ou bien une mosaïque en lequel il prend plaisir et qui suit sa volonté. Par
exemple, la mort du Christ fut l’œuvre de Dieu le Père. « Et nous, nous l’avons considéré comme
atteint d’une plaie ; comme frappé par Dieu et humilié…il a plu Ã
l’Éternel de le briser par la souffrance » (Ésaïe 53 : 4, 10). Mais, bien
que Dieu le Père ait certainement vu l’angoisse de son Fils bien-aimé et la
perversité qui l’a mené à la croix, il n’a pas ressenti du plaisir en ses
événements eux-mêmes. Le péché en lui-même et la souffrance de l’innocent en
elle-même est une horreur pour Dieu. Mais selon Hébreux 2 : 10, Il
convenait en effet à Dieu le Père d’élever à la perfection, par la souffrance,
l’auteur de notre salut. Dieu a voulu ce qu’il abhorre dans l’objectif étroit,
car en la vue de l’objectif large de l’éternité, ce fut une manière convenable
de montrer sa justice (Romains 3 : 25), et pour conduire plusieurs à la
gloire (Hébreux 2 : 10). Lorsque Dieu, dans son omniscience, examine
l’étendue de l’histoire de la rédemption du tout début jusqu’à la fin, il prend
plaisir en ce qu’il voit. En conclusion, je dirai qu’il n’y a rien dans le
monde entier qui soit capable de frustrer la joie ultime de Dieu. Il prend
infiniment de plaisir à sa propre gloire, et dans sa souveraineté, il fait tout
ce qui lui plaît.
Le bonheur de Dieu déborde de
miséricorde envers nous
Tout cela nous mène à la dernière
observation: Le bonheur de Dieu est la base del’hédonisme chrétien, car
son bonheur déborde de miséricorde envers nous. Pouvez-vous imaginer comment ce
serait si le Dieu qui règne sur le monde entier n’était par heureux ?
Si Dieu était enclin à se plaindre, de
faire la moue, d’être dépressif comme le géant dans les cieux de Jaques et le
haricot magique ? Si Dieu était découragé, lugubre, sinistre, mécontent,
abattu et énervé ? Pourrions-nous alors chanter ensemble avec David les
paroles, « O Dieu ! Tu
es mon dieu, je te cherche, mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi,
dans une terre aride, desséchée, sans eau » (Psaume 63 : 2) ? Pas du
tout ! On s’identifiera à lui tout comme les petits enfants s’identifient
à un père qui est découragé, lugubre, sinistre et énervé. Ils ne peuvent pas se
plaire avec lui, ils peuvent seulement essayer de l’éviter et, peut être, de
travailler pour lui pour but de lui remonter le morale. C’est pourquoi la
fondation del’hédonisme
chrétien est que
Dieu est infiniment heureux, car le but de l’hédonisme chrétien, c’est de
prendre plaisir en Dieu, d’être heureux en lui, d’aimer et de chérir notre
communion avec lui.
Mais les enfants ne peuvent pas se
plaire dans la présence de leur père s’il est lugubre, sinistre et énervé. Donc
la base de l’hédonisme chrétien est que Dieu est le plus heureux de
tous les êtres vivants.
En d’autres termes, pour qu’un pécheur
puisse poursuivre sa joie en Dieu, il faut qu’il soit confiant que Dieu ne lui
fermera pas la porte au nez lorsqu’il vient chercher le pardon et la communion.
Comment pourrions-nous être encouragé que Dieu nous traitera avec miséricorde
lorsqu’on se repent de nos péchés et qu’on vienne chercher la joie en
lui ? Considérons cet encouragement de Jérémie 9 : 24, « ‘Je suis l’Éternel, qui exerce la
bienveillance, le droit et la justice sur la terre ; car c’est à cela que
je prends plaisir.’ » Dieu
a de la miséricorde envers nous, parce que ça lui donne du plaisir. Dieu n’est
pas forcé de sauver à cause d’un principe formel ou d’une règle fixe. La base
de notre confiance en la miséricorde de Dieu est qu’il soitl’hédoniste chrétien
parfait. Avant toute chose, il prend plaisir en son excellence
divine. Son bonheur est si complet qu’il s’exprime par le plaisir qu’il ressent
en le partageant avec les autres.
Écoutez le pouls de l’hédoniste parfait en Jérémie 32 : 40-41. Pourquoi
Dieu fait-il le bien ? Comment fait-il pour t’aimer ? Ecoute :
Je conclurai avec eux une alliance
éternelle, je ne me détournerai plus d’eux, je leur ferai du bien, et je
mettrai ma crainte dans leur cœur, afin qu’ils ne s’écartent pas de moi. Je me
réjouirai à leur sujet, pour leur faire du bien, et je les planterai
véritablement dans ce pays, de tout mon cœur et de toute mon âme.
Dieu te fait du bien, car cela lui
fait tellement plaisir! Il s’occupe de t’aimer de tout son cœur et de toute son
âme. Le bonheur de Dieu qui déborde en l’amour joyeux est la base et l’exemple
de l’hédonisme chrétien.
Commentaire du Sarment : La
synthèse de l’amour de Dieu ici présentée, à partir de la déclaration de
Jérémie, a singulièrement besoin d’être complétée. Cette alliance promise avec
ce peuple est extraordinaire et montre effectivement l’étendue de Son amour.
Mais elle intervient après des circonstances de jugements qui ont sanctionné
sans appel un peuple rebelle. Il ne serait aps honnête de passer sous silence
les épisodes qui ont conduit à cette déclaration, et qui parlent eux aussi de
l’amour de Dieu, qui l’a conduit à abandonner ce peuple, à prononcer la
destruction de Jérusalem, et une déportation finale. Alors oui : «Dieu
veut te faire du bien parce que cela lui fait tellement plaisir !» Mais
sans la foi, il sera impossible de lui plaire, et sans la croix, tu ne pourras
pas être son disciple … ce qui signifie que tu seras privé de toute forme de
joie de l’Esprit.
Je vais conclure avec une invitation.
Ces promesses étonnantes et précieuses de la faveur de Dieu ne sont pas pour
tous. Il y a une condition. Elle n’est pas une condition de travail ni de
paiement. Un être souverain qui est infiniment heureux n’a pas besoin de ton
travail et possède déjà tout ce que tu puisses posséder. La condition, est que tu deviennes un hédoniste
chrétien – que tu
arrêtes d’essayer de le payer ou de travailler pour lui ou de le fuir. Et, à la
place, que tu commences à chercher, de tout ton cœur, la joie incomparable
d’être en communion avec le Dieu vivant.
Ce n’est pas dans la vigueur du cheval
qu’il se complaît,
Ce n’est
pas la robustesse de l’homme qu’il agrée ;
L’Éternel agrée ceux qui le craignent,
Ceux qui s’attendent à sa bienveillance. (Psaume 147 :
10-11)
La condition pour hériter toutes les
promesses de Dieu, est que tu détournes vers lui tout l’espoir de bonheur que
tu places sur toi-même, sur ta famille, ton emploi, et tes loisirs.« L’Éternel agrée
ceux qui s’attendent à sa bienveillance ». « Fais de l’Éternel tes
délices, et il te donnera ce que ton cœur désire » (Psaume 37 : 4).
Commentaire du Sarment : la citation de 2 Timothée qui est
faite par l’auteur au premier paragraphe de cet article, est centrale, sur
cette question du plaisir, de l’amour du plaisir, en association avec la vie
chrétienne. John Piper : «En 2 Timothée 3/4 Paul a prévenu qu’à la fin des
temps les hommes aimeront « leur plaisir
plus que Dieu ». Et
nous sommes sans doute dans ces temps.»
En effet, l’apôtre ne parle pas
seulement de l’état du monde non-chrétien, mais malheureusement aussi du monde
chrétien, comme le prouve le verset suivant (5) : «ayant les apparences de la piété, tout en ayant
renié ce qui en fait la force ». Les
incroyants n’ont absolument pas à chercher à conserver «les apparences de la
piété» puisque cette dernière les indiffère ! C’est donc bien Ã
l’intérieur de la sphère de ceux qui croient en l’existence de Dieu, que
l’intégration de la notion de plaisir doit prophétiquement poser problème. Et
un enseignant sage se garderait sans doute soigneusement d’ouvrir une telle
porte.
Dans le temps dont parle Paul à Timothée
(«Or sache ceci, que dans les derniers jours il surviendra des temps facheux…»)
et pour ces croyants-là , la frontière entre le monde et l’Église sera devenue
si poreuse, que l’hédonisme ambiant (qui est une pensée naturelle) aura fini
par réussir à pénétrer la doctrine et la pratique chrétienne, comme nous avons
déjà commencé à le constater un peu partout, et particulièrement aux
Etats-Unis, pays de John Piper.
Il semble que ce que l’auteur
cherche, c’est à rendre son importance à la joie de connaître Dieu, de le
servir, de donner sa vie pour lui. Mais le concept de l’hédonisme est
irrémédiablement associé à la recherche du plaisir, aux antipodes de la vie de
l’Esprit. Et non seulement la recherche du plaisir, mais la défiance de toute
forme de déplaisir et de souffrance, ce qui représente l’antithèse de la Croix.
Source : www.lesarment.com
__________________________________
[1]http://www.desiringgod.org/sermons/the-happiness-of-god-foundation-for-christian-hedonism?lang=fr
[2]
Présentation de John Piper sur le site de la CLC, qui vend son livre « Prendre
plaisir en Dieu, Réflexions d’un hédoniste chrétien» : John Piper est né aux
États-Unis. Il est pasteur retraité depuis 2011. Il est titulaire d’un doctorat
de théologie de l’Université de Munich et a enseigné l’exégèse biblique au
Bethel College à Saint Paul, Minnesota (États-Unis). Il est l’auteur de plus de
trente livres dont plusieurs best-sellers. John et son épouse Noël ont cinq
enfants.
[3]
Sources : Encyclopédia Universalis, Wikipedia, Compilhistoire
[4]
Voir notamment les écrits de David Wilkerson
[5]
Luc 14, 25-27 : « De grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna
et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme,
ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être
mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne
peut pas être mon disciple».
[6]
L’anthropomorphisme est l’attribution de caractéristiques du comportement ou de
la morphologie humaines à d’autres entités comme des dieux, des animaux, des
objets, des phénomènes, voire des idées.
[7] Gustav Meyrink
[8]
http://www.topchretien.com/topmessages/view/312/prendre-plaisir-en-dieu.html
[9]Gérald
Emery est le Doyen Académique de l’Institut Biblique du Québec de Longueuil,
sur la Rive Sud de Montréal (QC). Lui et son épouse Françoise sont aussi
impliqués à l’Église Nouvelle Vie de Longueuil au sein du Ministère En toute
Fraternité qui vient en aide aux personnes sans conjoint.