Article d’Arthur Katz
Chers frères et
soeurs,
Alors que je tente
d’aborder un sujet qui a déjà divisé une partie de peuple de Dieu en deux camps
qui sont l’un et l’autre sur la défensive, je vous demande d’être
bienveillants. Celui qui lance un appel à la prudence se retrouve en effet dans
une situation difficile, si ce n’est dangereuse, car aux yeux de beaucoup, il a
l’air de s’opposer à des choses saintes qui procèdent de l’Esprit de Dieu.
En quoi les
« signes et prodiges » menteurs à venir diffèreront-ils de ce qui se
passe déjà sous nos yeux ? Avons-nous dès maintenant une maturité suffisante
pour discerner ces différences capitales? Par quels moyens parviendrons-nous Ã
cette maturité si d’ores et déjà nous sommes enclins à traiter d’ennemis ceux
qui ne font que poser des questions?
Certains chrétiens
dont nous connaissons la maturité et qui nous sont très chers témoignent des
bénédictions indiscutables qu’ils ont reçues. Que Dieu nous garde de discuter
ou de dénigrer ce qui est réellement de Lui. Cependant, par fidélité à notre
vocation et à notre responsabilité devant le Seigneur et devant les siens,
après avoir longuement réfléchi, prié, et parlé entre nous de ces choses, nous
vous soumettons les pensées suivantes, en vous demandant d’y réfléchir
vous-mêmes et de prier à ce sujet.
Non sans tremblement,
je vais avoir l’audace de poser certaines questions à propos d’un phénomène qui
rend perplexes beaucoup de gens. S’il est vrai que dans le passé des actions de
Dieu telles que le réveil du Pays de Galles furent marquées dès leur début par
une sainteté manifeste, le réveil actuel provoque des comptes-rendus
contradictoires allant de l’enthousiasme le plus pur au rejet le plus total, en
passant par le scepticisme et la critique. Certains estiment qu’il existe plus
d’un courant, et que parallèlement à ce qui est authentiquement divin il y a
aussi des contrefaçons charnelles. En ce qui me concerne, des enregistrements
vidéo provenant du courant principal, et émanant manifestement de la source
n’ont suscité en moi que de la répugnance. Des ministres de la Parole étaient
si ostensiblement ivres dans l’Esprit qu’ils en devenaient incohérents, puis
s’effondraient hébétés. Il m’a semblé que pareille attitude était incompatible
avec la vocation dont ils faisaient profession. C’est dénigrer la Parole
prêchée, me semble-t-il, que de faire des allusions moqueuses aux faibles
résultats obtenus par cette dernière, à côté des effets obtenus par
l’expérience « de puissance » dont ils rendaient témoignage. Etait-ce
mon imagination ? J’avais l’impression, en présence de ceux qui étaient en
proie à un fou rire irrésistible, que ce qui les avait saisis échappait
totalement à leur contrôle et engendrait chez eux à la fois panique et
souffrance physique. On peut se demander si un tel phénomène est
« saint » ou non; il me semble au contraire qu’il indique un manque
de respect. Peut-être même est-il démoniaque et infernal.
Certains assurent
avoir retiré d’indiscutables bénédictions de réunions de cette sorte. En
recevant « la bénédiction », ils ont été instantanément libérés de la
dépression ou d’autres troubles opiniâtres de la personnalité. Il ne nous est
pas possible de condamner catégoriquement les bénédictions manifestes dont
beaucoup témoignent, de les traiter de contrefaçons: Dieu est toujours libre de
bénir qui Il veut. Mais ce que je veux faire ressortir, c’est que si l’ennemi
parvenait à faire que l’Eglise voie dans la bénédiction le critère déterminant
pour juger si tel phénomène est d’origine divine ou non, alors plus rien
n’empêcherait la séduction de jouer à plein. Quant à moi, je choisis de prendre
mes distances par rapport à de tels phénomènes, en me confiant dans le Seigneur
pour que si jamais je passe à côté de quelque chose, ce que je perdrai ne soit
pas plus grand que ce que je chéris et protège; en espérant que le Seigneur
n’est pas offensé par une prudence qui aime mieux pécher par jalousie pour Sa
sainteté que de risquer de pervertir les choses pures et vraies qu’Il a déjÃ
données. Je veux parler de ce dépôt procédant d’une connaissance de la sainteté
de Dieu, cette connaissance qu’on obtient par le moyen de l’obéissance à Dieu
et de la communion avec Lui: voilà le trésor que nous chérissons et préservons
depuis bien des années. Quel chrétien, après avoir connu ne serait-ce qu’une
fois cette Présence-là pourrait supporter l’ambiance carnavalesque
caractérisant l’enregistrement évoqué précédemment ?
Je ne me suis jamais
remis, et j’espère ne jamais me remettre d’une étrange expérience qui remonte Ã
vingt ans. Au cours d’une convention internationale, j’étais sur l’estrade, et
les gens s’effondraient de tous les côtés, « tombant dans l’Esprit »
avec ostentation, alors que tout sentiment de la présence de Dieu faisait
défaut ! Une manifestation de puissance sans la présence de Dieu, au milieu des
cris aigus d’exaltation charnelle et ces éclairs des flashs photographiques
était au-delà de ce que je pouvais supporter. Au risque de pécher contre la
bienséance et contre les bonnes relations avec d’autres ministres de
l’Evangile, je me sentis obligé de partir.
Comme c’est étrange.
Nous avons reçu des mises en garde explicites contre les « signes et
prodiges » menteurs qui surviendront dans les derniers temps.(Matt.24:24,
et II Thess. 2:9). Nous nous figurons pourtant que toutes ces choses sont
encore à venir, et sans réfléchir, nous faisons naïvement confiance à des
personnalités peu claires qui remportent du jour au lendemain des succès
retentissants auprès des foules, tant nous sommes friands d’expériences, de
libérations, de manifestations de puissance. J’ai un profond respect pour la
manière dont Dieu se sert des choses folles et faibles, mais je ne peux pour
autant cautionner les manifestations criardes, superficielles, et grossières.
« Sainteté à l’Eternel », tel est encore le mot d’ordre dans la
maison de Dieu, même si aux yeux du monde ou à nos propres yeux cela nous rend
modestes et peu impressionnants.
J’en suis sûr, au
moment où tant de voix portent aux nues le réveil (ou le renouveau) actuel, un
chrétien sérieux ne s’offusquera pas de mes propos modérés, qui visent Ã
édifier. Une des choses les plus inquiétantes, en ce moment, c’est peut-être la
note de mise en garde qu’on fait retentir à propos de ceux qui émettent des
réserves: on voit en eux « des obstructeurs », « des
ennemis », « des menaces » pour les bienfaits que Dieu répand.
On nous invite, semble-t-il, à abandonner toute retenue. « Allez-y,
jetez-vous à l’eau ! Ou alors si vous en êtes incapables, poussez-vous, laissez
passer les autres ! » Dieu est bien capable, j’en suis persuadé, de
protéger comme de perfectionner ce qui est à Lui (Col.1:28). Je ne peux que me
poser la question: Ne sont-ce pas là des intérêts humains qu’on défend avec
tant de véhémence ? Ne sommes-nous pas au début d’un processus qui à terme
pourrait nous mettre dans la situation annoncée par le Seigneur: « l’heure
vient où quiconque vous fera mourir pensera offrir un culte à Dieu ».
(Jean 16:2).Je voudrais citer ici un avertissement que donnait T. Austin
Sparks, et qui est peut-être encore plus d’actualité maintenant que lorsque
l’auteur l’a écrit il y a quelques décennies, au sujet de la soif qu’avaient
les Corinthiens de « preuves spectaculaires ».
On dirait bien que
nous récoltons à présent ce qui fut semé à la légère dans le Mouvement
Charismatique. On a, alors, entretenu l’immaturité chez beaucoup de gens en
leur enjoignant de prendre des « décisions » faciles; on a encouragé
l’indolence, le refus de la croix, un style de vie désordonné, un culte effréné
de la personnalité, la superficialité et la légèreté dans les réunions.
Actuellement, nous vivons des temps semblables. Cet âge est de plus en plus ‘psychique’.
Nous sommes en un temps où l’on cultive les débordements de l’âme, laquelle
s’affirme elle-même et se met à tout contrôler dans la chrétienté et hors de la
chrétienté. C’est l’âge du psychisme: alors veillez à ne pas retourner en
arrière, ne soupirez pas après ce domaine-là . Avez-vous soif de signes ? J’ai
vu de chers frères et soeurs prostrés sur le sol, gémissant, pleurant, et
réclamant des signes et des preuves à grands cris. Des chrétiens, de chers
serviteurs de Dieu, puissamment utilisés par Lui sont en train de susciter une
ambiance où l’émotion est reine, une ambiance psychique. Cela entraîne les âmes
sensibles et simples dans des comportements qui tôt ou tard provoqueront de
graves désillusions et seront une occasion de chute. Pour certains, le Seigneur
sera une occasion de chute (Matt. 11:6) et c’est très exactement ce que
recherche le diable. » (« Called Unto the Fellowship of His Son »,
page 46, publications Emmanuel Church, 12000 E. 14th Street, TULSA, 0K 74128,
U.S.A.)
Personnellement, je
me crois prêt à tout risquer, à tout oser pour le Seigneur, mais sûrement pas
pour obtenir une « bénédiction », ou quelque expérience douteuse
véhiculant un bienfait apparent. Je préfère (en conformité, je crois, avec
l’Ecriture) chercher la racine de la dépression selon ce que dit la Parole. En
général, il s’agit de désobéissances qui ne sont pas reconnues comme telles.
Cette démarche s’accomplira pour l’essentiel en présence de la partie du Corps
devant lequel je suis responsable et auquel je suis véritablement relié (Eph.
4:15). Préférer « une expérience » comme remède instantané plutôt que
de se soumettre à cette discipline, c’est courir des dangers spirituels. Le
Seigneur n’est-il pas proche de tous ceux qui Le cherchent ? Peut-on parler de
bienfait durable, là où nous avons seulement éprouvé un soulagement au niveau
des symptômes découlant d’une faille grave dans la personnalité, si cette
faille demeure ? Quoiqu’il advienne du présent réveil, il se peut que la chose
la plus remarquable à l’avenir soit la repentance profonde de milliers de personnes
brisées qui reconnaîtront qu’elles se sont laissé séduire, qu’elles ont manqué
du discernement le plus élémentaire en se hâtant de courir après des
démonstrations de puissance dans des ambiances si contraires à ce qu’on sait de
la sainteté de Dieu et de Sa nature.Il est évident qu’une puissance est Ã
l’oeuvre. Il s’agit de savoir de qui elle émane.
Qui donc dispense des
solutions de substitution, une joie inférieure en qualité à celle de Dieu, au
« bénéfice » des gens immatures, charnels, et dépourvus de
discernement ? Cela nous peine de constater que parmi ceux qui ont reçu
« la bénédiction », certains ont cessé de s’intéresser à la vision
apostolique ou sont allés jusqu’à la répudier ! Tout se passe comme s’il
s’agissait de réalités qui s’excluent réciproquement ! A supposer que nos
craintes soient exagérées et si les phénomènes en question sont de Dieu (tout
en s’accompagnant de certains excès manifestes), en quoi les « signes et
prodiges » menteurs à venir diffèreront-ils de ce qui se passe déjà sous
nos yeux ? Sur quels critères établira-t-on ces différences ? Avons-nous dès
maintenant une maturité suffisante pour discerner ces différences capitales ?
Par quels moyens parviendrons-nous à cette maturité si d’ores et déjà nous
sommes enclins à traiter d’ennemis ceux qui ne font que poser des questions ?
Ceux qui se les posent se voient ridiculiser avec tant de véhémence par les
tenants du réveil que les affirmations de ces derniers en deviennent suspectes.
Le fait qu’un phénomène entraîne une bénédiction, une libération ou une
délivrance ne garantit nullement que ce phénomène soit de Dieu. (Matt. 24:24).
Les mêmes puissances ténébreuses qui ont profité de l’indiscipline ou de
l’impureté pour infliger une oppression peuvent tout aussi bien lever cette oppression.
Elles sont capables de restaurer les relations qu’elles ont brisées ou
saccagées, et cela pour une raison bien simple: pour provoquer une séduction
encore pire.
Même l’expérience la
plus délectable de « l’amour de Dieu » peut être une pseudo sensation
provoquée par des esprits, chez des personnes aveugles ou paresseuses qui
répugnent aux sacrifices nécessaires pour chercher la face de Dieu selon la
vérité. Est-ce réellement de Dieu qu’on a faim, ou alors a-t-on faim d’une
expérience de Dieu donnant à l’âme angoissée l’assurance que Dieu la connaît et
l’accepte ? N’est-ce pas là le motif inconscient qui fait courir tant de gens,
actuellement, après les prophètes d’aujourd’hui, en quête d’une « parole
prophétique » de ce genre ? Et encourager ce penchant, n’est-ce pas
entretenir l’immaturité plutôt qu’encourager les chrétiens à acquérir la foi
qui convient à des fils ? N’aimons-nous pas mieux être les objets d’une action
miraculeuse entièrement subie, que de rechercher avec diligence le Seigneur en
nous fondant sur les promesses de Sa Parole ? « Vous me chercherez et vous
me trouverez, car vous me chercherez de tout votre coeur ». (Jérémie
29:13).Ne sommes-nous pas dans ces derniers temps à propos desquels on nous a
bien dit de nous garder de toute séduction et d’éprouver tous les esprits ?
(1Jean 4:1 et 1Thess. 5:21). Quelle est notre attente eschatologique (=se
rapportant à la fin de toutes choses), et sur quoi se fonde notre foi ? Ces
questions-là ont sûrement une incidence sur notre degré de réceptivité à toutes
ces nouveautés qui promettent de nous bénir et de nous enraciner dans
l’existence présente, tout en nous privant de la vigilance qui autrement serait
la nôtre – et qui doit être la nôtre. Faut-il
Faut-il ne rien dire
de cette « louange » qui nous crève les tympans, de ces
« offrandes » sous haute pression, de ces attitudes théâtrales, de
ces paillardises carnavalesques, de ces cris aigus qui rappellent ceux des
damnés et qui ponctuent le déroulement de certaines réunions ? Faut-il ne rien
dire de cette absence flagrante d’une prédication de la Parole (sinon à titre
tout à fait symbolique), de ces « témoignages » interminables qui
émoussent les esprits, produisant un état d’hébétude incompatible avec la
dignité de Dieu – ces témoignages qui sortent même de la bouche des serviteurs
de la Parole ? De tels phénomènes n’auraient pas été tolérés un seul instant
pendant ce réveil historique qu’a connu le Pays de Calles, et où l’on veillait
constamment à éviter même la musique instrumentale ou une quelconque intrusion
humaine; et voilà qu’on se sert de ces choses à présent, et qu’or les glorifie.
Ce réveil gallois ne fut que « sainteté à l’Eternel » tant que ces
critères furent sauvegardés.
Dieu a-t-Il cessé
d’être le Seigneur qui exigeait que Ses prêtres accèdent à l’autel par un plan
incliné et non par des marches, afin que la nudité de la chair humaine
« ne soit pas découverte » ? (Exode 20:26). N’est-Il plus Celui qui
leur faisait porter en permanence un diadème d’or avec l’inscription « Sainteté
à l’Eternel » sur le front, cette partie que nous offrons si facilement
maintenant à l’attouchement qui doit communiquer « la bénédiction » ?
N’est-il plus le Seigneur qui prescrivait, au sujet de l’huile sainte pour
l’onction, qu’il ne fallait rien fabriquer de semblable pour en oindre la chair
humaine ? (Exode 30:32-38). Mon désir brûlant est de voir à nouveau ces mots
« Sainteté à l’Eternel » sur le front d’hommes et de femmes ayant
vocation de sacrificateurs, et qui se lèveront pour Dieu en ces temps où des vulgarités
sordides menacent de s’infiltrer jusque dans la Maison de Dieu. C’est le cri
que pousse Esaïe (Es.52:11): « Partez, partez, sortez de là ! Ne touchez
rien d’impur ! purifiez-vous, vous qui portez les vases de l’Eternel ! »
Oui, « purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en
développant jusqu’à son terme la sainteté dans la crainte de Dieu. » (II
Co.7:1).Alors que nous voyons le monde chanceler sous la violence, les guerres,
les désastres comme les tremblements de terre, les famines, les inondations et
les incendies, alors que l’Eglise n’est pas prête, qu’elle est actuellement
dans un tel état de superficialité, ne conviendrait-il pas plutôt de nous
affliger, de prendre le deuil et de verser des larmes, de changer nos rires en
pleurs, et notre joie en affliction ? Pardonnez-nous, si nous allons trop loin
dans le sens de la prudence. Mais nous serions naïfs de penser que seuls les
chrétiens charnels et sensuels peuvent être la proie des séductions. Les
ultimes séductions des derniers jours seront d’ordre spirituel, « car
Satan lui-même se déguise en ange de lumière ». (II Co.11:14). La fin de
toutes choses est proche: soyez donc sobres, veillez et priez. (1Pierre 4:7).
http://www.lesarment.com/