Cet article est
extrait de l'un des livres de A.W. Tozer : "Man : The Dwelling
Place of God" (L'homme, habitation de Dieu).
Source http://www.apologeticsindex.org/sva-06a.html
Nous vivons à une
époque où l'âme des hommes est éprouvée. L'Esprit nous a dit expressément que,
"dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour
s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons, par
l'hypocrisie de faux docteurs portant la marque de la flétrissure dans leur
propre conscience" (1 Timothée 4 :1-2). Nous sommes entrés dans ces
jours, nous ne pourrons pas les éviter. Il nous faut triompher tout en vivant
dans ces jours, car c'est la volonté de Dieu à notre égard.
Cela peut vous
sembler étrange, mais le danger est aujourd'hui plus grand pour les Chrétiens
fervents que pour ceux qui sont tièdes et satisfaits d'eux-mêmes. Celui qui
recherche le meilleur de Dieu a soif d'écouter tous ceux qui peuvent lui offrir
le moyen de l'obtenir. Il languit après de nouvelles expériences, de nouvelles
révélations de la vérité, de nouvelles opérations de l'Esprit, qui pourront le
hisser au-dessus de la médiocrité et de la religiosité qu'il voit partout
autour de lui. C'est pour cela qu'il est prêt à écouter avec intérêt ceux qui
lui offrent quelque chose de nouveau et de merveilleux, surtout si ces
personnes bénéficient d'une personnalité attirante et d'une réputation de haute
sainteté.
Mais notre Seigneur
Jésus, le Grand Berger des brebis, n'a pas abandonné Son troupeau à la merci
des loups. Il nous a donné les Ecritures, le Saint-Esprit, et des facultés
naturelles d'observation. Il veut que nous ayons constamment recours à l'aide
de ces dons. "Examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon"
(1 Thes. 5 :21). "Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit ;
mais éprouvez les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux
prophètes sont venus dans le monde" (1 Jean 4 :1). Notre Seigneur a
aussi dit : "Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en
vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs" (Mat.
7 :15). Puis Il a précisé de quelle manière nous pourrions les
reconnaître : "Vous les reconnaîtrez à leurs fruits".
Il est donc clair que
des esprits séducteurs et mensongers sont à l'œuvre, mettant en danger notre
vie chrétienne. Mais nous savons de quelle manière les identifier. Nous pouvons
apprendre à déjouer leurs manœuvres et les reconnaître pour ce qu'ils sont.
Bien entendu, ils perdent tout pouvoir, quand nous sommes parvenus à les
identifier et à déjouer leurs ruses. "Mais en vain jette-t-on le filet
devant les yeux de tout ce qui a des ailes" (Prov. 1 :17).
Je me propose donc de
vous présenter une méthode qui vous permettra d'éprouver les esprits, et
d'évaluer tout ce qui peut nous être présenté sous couvert de religion ou de
morale. En étudiant ces questions, nous ne devons pas oublier que les
déviations doctrinales ne sont pas toutes l'œuvre de Satan. L'intelligence de
l'homme est capable de concevoir une multitude d'erreurs sans l'aide du
diable ! Certaines personnes semblent douées d'un véritable génie pour se
fourvoyer, et continueront à prendre des vessies pour des lanternes, même avec
une Bible bien ouverte sous leurs yeux ! Pierre pensait sans doute à ces
personnes, quand il écrivait : "Croyez que la patience de notre
Seigneur est votre salut, comme notre bien-aimé frère Paul vous l'a aussi
écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C'est ce qu'il fait dans toutes
les lettres, où il parle de ces choses, dans lesquelles il y a des points
difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent
le sens, comme celui des autres Ecritures, pour leur propre ruine" (2
Pierre 3 :15-16).
Il est peu probable
que des apôtres confirmés de la confusion tirent grand profit de ces conseils,
à supposer qu'ils les lisent. Mais beaucoup de Chrétiens sensibles, qui ont été
un temps séduits, ont eu assez d'humilité pour reconnaître leurs erreurs et
pour retourner au Pasteur et au Berger de leurs âmes. Ce sont ceux-là qui
peuvent être arrachés des sentiers de l'erreur. Il y a sans doute aussi un
grand nombre de Chrétiens qui n'ont jamais quitté le droit chemin, mais qui
souhaitent disposer d'un moyen sûr pour éprouver la qualité des enseignements
qu'ils reçoivent, ou des expériences qu'ils peuvent faire, tout au long de leur
existence bien remplie. C'est à tous ceux-là que j'offre ce petit secret
personnel, qui m'a été très utile, depuis de nombreuses années, pour éprouver
mes propres aspirations et expériences spirituelles.
Voici comment je pourrais résumer ce test
spirituel :
Quand j'ai besoin de
juger une nouvelle révélation de la vérité, une nouvelle expérience
spirituelle, ou une nouvelle pratique, je me pose toujours la question
suivante : "De quelle manière cette nouveauté influence-t-elle mes
relations avec Dieu,
avec Christ,
avec les Saintes
Ecritures, avec la vie du
"moi", avec les autres
Chrétiens, avec le monde,
et avec le péché ?"
En analysant les conséquences de toute nouveauté, dans ces sept
domaines, nous pourrons éprouver toutes choses et voir immédiatement si elles
viennent de Dieu ou non. C'est par le fruit de l'arbre que nous reconnaissons
s'il est bon ou non. Ainsi, lorsque vous êtes confrontés à une nouvelle
doctrine ou à une nouvelle expérience, si vous examinez ses conséquences dans
votre vie, dans chacun des sept domaines ci-dessus, vous saurez immédiatement
si cette doctrine ou cette expérience vient d'en haut ou d'en bas !
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation
avec Dieu ?
Nous devons
soigneusement examiner de quelle manière toute expérience spirituelle nouvelle
affecte notre relation avec Dieu, notre conception de Dieu, et notre attitude
envers Dieu.
Dieu, étant ce qu'Il
est, doit toujours rester l'arbitre suprême de toutes les choses spirituelles.
L'univers est venu à l'existence pour que son Créateur puisse manifester Ses
perfections dans tous les êtres pensants et moraux qu'Il a créés. "Je suis
l'Eternel, c'est là mon nom ; et je ne donnerai pas ma gloire à un autre,
ni mon honneur aux idoles" (Esaïe 42 :8). "Tu es digne, notre
Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire et l'honneur et la
puissance ; car tu as créé toutes choses, et c'est par ta volonté qu'elles
existent et qu'elles ont été créées" (Apoc. 4 :11).
La bonne santé et
l'équilibre de l'univers exigent que Dieu soit magnifié en toutes choses :
"L'Eternel est grand et très digne de louange, et sa grandeur est
insondable" (Psaume 145 :3). Toutes les Å“uvres de Dieu sont faites
pour Sa seule gloire. Tout ce qui provient de Lui doit concourir exclusivement
à Son honneur et à Sa gloire. Ainsi, toute doctrine et toute expérience qui ont
pour conséquence de magnifier le Seigneur sont sans doute inspirées par Lui. En
revanche, tout ce qui obscurcit Sa gloire, ou qui diminue en quoi que ce soit
Sa grandeur et Ses mérites, provient certainement de la chair ou du diable.
Le cœur de l'homme
ressemble à un instrument de musique, qui peut être actionné pat l'Esprit de
Dieu, par un mauvais esprit, ou par l'esprit de l'homme lui-même. Les émotions
religieuses ressenties par l'homme restent les mêmes, quelle que soit la main
qui fait fonctionner l'instrument. De nombreuses émotions très agréables
peuvent être déclenchées dans l'âme humaine par un culte charnel ou même
idolâtre. La religieuse qui s'agenouille, dans une adoration éperdue, devant
une image de la Vierge Marie, éprouve une expérience religieuse très réelle et
très forte. Elle éprouve de l'amour, un profond respect, et toutes sortes
d'émotions merveilleuses, tout autant que si elle adorait Dieu Lui-même. On ne
peut pas écarter d'un revers de main les expériences mystiques des Hindous et
des Soufis, comme s'il s'agissait de simulations. Nous ne devons pas non plus
sous-estimer la profondeur des expériences spirituelles des spirites et des
occultistes, comme s'il s'agissait de purs produits de leur imagination. Ils
peuvent parfois faire des rencontres très réelles avec des puissances
spirituelles qui les dépassent. De même, certains Chrétiens peuvent parfois
être conduits dans des expériences personnelles qu'ils n'ont pas la faculté de
comprendre. J'ai rencontré de tels Chrétiens, qui avaient avidement cherché Ã
savoir si leurs expériences venaient de Dieu ou non.
Le vrai test est donc le suivant : Quelles ont été les
conséquences de cette nouvelle révélation de la vérité, ou de cette nouvelle
expérience, sur ma relation avec Dieu le Père et avec notre Seigneur
Jésus-Christ ? Ai-je à présent plus d'amour pour Dieu ? Dieu a-t-Il
été magnifié à mes yeux ? Est-ce que cela a purifié la conception que
j'avais du Seigneur ? Est-ce que je Le connais à présent comme un Etre
encore plus merveilleux qu'auparavant ? Si je peux répondre "oui"
à toutes ces questions, alors il est probable que je ne me suis pas égaré dans
les chemins agréables mais dangereux et interdits de l'erreur et du mensonge.
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation
avec le Seigneur Jésus-Christ ?
Quelle que soit la
place réservée aujourd'hui à Christ par la religion, Dieu a élevé le Seigneur
Jésus-Christ à la toute première place sur la terre et dans les cieux.
"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon
affection : écoutez-le !" (Matthieu 17 :5). C'est Dieu Lui-même
qui a fait du haut des cieux cette déclaration concernant Son Fils Jésus.
Pierre, rempli du Saint-Esprit, a déclaré : "Que toute la maison
d'Israël sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus
que vous avez crucifié" (Actes 2 :36). Jésus a dit de Lui-même :
" Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par
moi" (Jean 14 :6). L'apôtre Pierre a aussi dit du Seigneur
Jésus : "Il n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a sous le
ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous
devions être sauvés" (Actes 4 :12). Toute l'épître aux Hébreux est
consacrée à développer cette vérité que Christ est au-dessus de tous. Il est
au-dessus d'Aaron et de Moïse, et les anges eux-mêmes sont appelés à se
prosterner devant Lui pour L'adorer. Paul dit qu'Il est l'image du Dieu
invisible, qu'en Lui habite corporellement la plénitude de la divinité, et
qu'en toutes choses Il doit avoir la prééminence. Le temps me manquerait pour
vous décrire la gloire qui Lui a été réservée par les prophètes, les
patriarches, les apôtres, les saints, les anciens, les psalmistes, les rois et
les séraphins. Il a été fait pour nous sagesse, justice, sanctification et
rédemption. Il est notre espérance, notre vie, notre tout en tous, pour
maintenant et pour l'éternité !
Cela étant proclamé,
il est clair que Jésus-Christ doit Se trouver au centre de toute véritable
doctrine, de toute pratique acceptable, et de toute expérience chrétienne
authentique. Tout ce qui tendrait à rabaisser Christ au-dessous de Sa position,
celle que Dieu Lui a accordée, n'est qu'une séduction pure et simple, et doit
être rejeté, quels que soient les avantages ou les satisfactions que l'on
pourrait en retirer.
Un Christianisme sans
Christ, cela semble contradictoire, mais c'est un phénomène bien réel
aujourd'hui. Beaucoup de choses faites au nom de Christ ne sont pas inspirées
par Christ, car elles ont été conçues par la chair, emploient des méthodes
charnelles, ou poursuivent des buts charnels. Christ est mentionné de temps en
temps, comme certains politiciens égoïstes peuvent mentionner Lincoln et le
drapeau américain, afin de fournir une couverture "sacrée" à des
activités charnelles, et tromper les auditeurs naïfs. En réalité, Christ n'est
pas au centre : Il n'est pas tout en tous !
Je le répète, il
existe des expériences religieuses ou occultes qui enthousiasment ceux qui les
font, et qui leur font croire qu'ils ont vraiment rencontré le Seigneur, ou
qu'ils sont montés au troisième ciel. Mais ils découvrent plus tard la vraie
nature de ces phénomènes, lorsque la face de Christ commence à s'éloigner de la
conscience de ces dupes, qui dépendent de plus en plus de ces
"cuites" émotionnelles pour se convaincre qu'ils sont spirituels.
Si, en revanche, une nouvelle expérience tend à nous rendre
Christ plus indispensable, si elle nous permet de nous détacher de nos
sensations et de nos sentiments pour nous rapprocher de Christ, nous sommes sur
le bon chemin. Tout ce qui nous rapproche de Christ ne peut que provenir de
Dieu.
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation
avec les Saintes Ecritures ?
Un autre test
révélateur, qui nous permet de voir si une expérience spirituelle vient bien de
Dieu, concerne les effets qu'elle peut produire sur notre relation avec les
Saintes Ecritures.
Est-ce que cette
nouvelle expérience, ou cette nouvelle révélation de la vérité, provient
directement de la Bible, ou d'une source extérieure à la Parole de Dieu ?
Les Chrétiens sensibles sont souvent les victimes de fortes pressions
psychologiques provenant, inconsciemment ou non, de certains témoignages
personnels, ou de certains messages très convaincants apportés par un
prédicateur fervent, qui peut parler d'une manière qui semble prophétique, mais
qui n'a pas assez vérifié ce qu'il avance, ou qui ne l'a pas suffisamment
contrôlé à la lumière de la Parole de Dieu.
Tout ce qui ne
provient pas des Ecritures doit, pour cette raison même, être considéré avec
beaucoup de suspicion, tant que cela n'a pas été confirmé par la Bible. En
outre, si nous découvrons que quelque chose est contraire à la vérité révélée
par la Bible, et si nous sommes des Chrétiens authentiques, nous ne
l'accepterons jamais comme venant de Dieu. Quelle que soit la grandeur de notre
expérience émotionnelle, nous devrons veiller à ne pas la considérer comme
authentique, tant que les Ecritures ne nous l'auront pas expressément et
clairement confirmée. "A la loi et au témoignage !" Cela doit
constituer pour nous la preuve ultime et définitive.
Tout ce qui est
nouveau et singulier doit également être considéré avec beaucoup de prudence,
tant que nous n'aurons pas trouvé une confirmation solide dans la Bible à ce
sujet. Au cours de la dernière moitié de ce vingtième siècle, un grand nombre
de doctrines non scripturaires ont été acceptées par les Chrétiens, sous
prétexte qu'il s'agissait de vérités qui devaient être "révélées dans les
derniers jours" ! Les avocats de cette théorie des "révélations
des derniers jours" affirment que Saint Augustin n'avait pas reçu toute la
révélation, ni Luther, ni John Knox, ni Spurgeon. Aucun d'eux n'avait reçu ces
"révélations" à son époque ! Ils nous disent donc que le peuple
de Dieu doit bénéficier d'une plus grande lumière et de révélations plus
profondes à la fin des temps. Il faudrait donc que nous ne remettions pas en
question ces nouvelles doctrines, et que nous acceptions toutes ces expériences
nouvelles, sous prétexte que le Seigneur est en train de préparer Son Epouse
pour les noces de l'Agneau ! Il nous faudrait donc nous abandonner
pleinement à ces prétendus mouvements de l'Esprit !
En vérité, la Bible
ne nous enseigne nullement que nous allons recevoir une nouvelle lumière et de
nouvelles expériences plus profondes dans les derniers jours. Elle enseigne
même exactement le contraire ! Nous ne pouvons invoquer aucun verset de
Daniel ou des épîtres du Nouveau Testament, en en tordant le sens, pour
soutenir l'idée que les Chrétiens bénéficieront à la fin des temps d'une
lumière plus grande qu'au commencement de l'Eglise. Méfiez-vous de tout homme
qui prétendrait être plus sage que les apôtres, ou plus saint que les martyrs
de l'Eglise primitive ! Ce que vous avez de mieux à faire, si vous vous
trouvez en présence d'un tel homme, c'est de vous lever et de partir. Vous ne
pouvez rien pour lui, et il est certain qu'il ne peut rien pour vous !
Certes, les Ecritures
ne sont pas toujours claires, et il existe des différences d'interprétations
entre hommes très sincères. Toutefois, le petit test que je vous propose reste
valable. Nous devons soigneusement étudier quelle est l'influence de toute
expérience ou révélation nouvelle sur notre amour et notre respect de la Bible.
La véritable
puissance des Ecritures ne réside pas dans la lettre, mais dans l'Esprit qui
les a inspirées. Mais nous ne devons jamais sous-estimer la valeur de la
lettre ! Le texte de la vérité a la même relation avec la vérité que le
rayon de miel avec le miel ! Le texte sert de réceptacle à la vérité. Mais
cette analogie est incomplète. On peut enlever le miel de son rayon, mais
l'Esprit de Vérité ne peut pas opérer en dehors de la lettre des Saintes
Ecritures. C'est pour cela que, plus nous connaîtrons le Saint-Esprit, et plus
nous aimerons la Bible. Les Ecritures sont l'expression imprimée de ce que
Christ est en personne ! La Parole inspirée est comme un portrait fidèle
de Christ. LÃ encore, l'analogie est insuffisante : jamais personne ne
sera présent dans son portrait, comme Christ est présent dans la Bible, car la
Bible est le livre des pensées saintes de Dieu. La Parole éternelle du Père
demeure à toujours dans les pensées qu'Il a Lui-même inspirées. Les pensées
sont des objets, et les pensées des Saintes Ecritures forment le saint temple
de la présence vivante de Dieu dans Sa Parole.
La conséquence de tout
cela, c'est que tout Chrétien qui aime véritablement Dieu aimera toujours aussi
véritablement Sa Parole. Tout ce qui provient du Dieu de la Parole doit
approfondir notre amour pour la Parole de Dieu ! Cela est logique. Mais
cela est aussi confirmé par un témoignage bien plus sûr que celui de la
logique. Je veux parler du témoignage collectif de cette grande armée de
témoins, vivants ou morts. Tous ceux-là déclarent d'une même voix que leur
amour pour les Ecritures s'est accru quand leur foi a grandi, et que leur
obéissance est devenue de plus en plus joyeuse et cohérente.
Si une nouvelle doctrine, un nouvel enseignement, ou une
nouvelle expérience émotionnelle, remplissent mon cœur d'une grande soif de
méditer les Ecritures jour et nuit, j'ai toutes les raisons de croire que Dieu
a bien parlé à mon âme, et que j'ai vécu une expérience qui vient
authentiquement du Seigneur. En revanche, si mon amour pour les Ecritures s'est
refroidi, même un peu, si mon désir ardent de manger et de boire la Parole
inspirée s'est atténué, même légèrement, je dois humblement admettre que je
n'ai pas remarqué le signal de Dieu, que j'ai rétrogradé, et que j'ai besoin de
me remettre sur le droit chemin.
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne la vie du
"moi" ?
LÃ encore, nous
pouvons évaluer la qualité d'une expérience spirituelle par ses effets sur la
vie du "moi".
Le "moi",
c'est-à -dire notre nature humaine déchue, est radicalement opposé au
Saint-Esprit. "Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et
l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre
eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez" (Galates
5 :17). "Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent
aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l'esprit
s'affectionnent aux choses de l'esprit. Et l'affection de la chair, c'est la
mort, tandis que l'affection de l'esprit, c'est la vie et la paix ; car
l'affection de la chair est inimitié contre Dieu, parce qu'elle ne se soumet
pas à la loi de Dieu, et qu'elle ne le peut même pas" (Romains
8 :5-7).
Avant que l'Esprit de
Dieu puisse œuvrer d'une manière créatrice dans notre cœur, il doit condamner
et mettre à mort la chair en nous. Il doit obtenir notre plein consentement
pour remplacer notre "moi" naturel par la personne de Christ. Ce
remplacement nous est clairement expliqué par Paul dans les chapitres 6, 7 et 8
de l'épître aux Romains. Un Chrétien qui cherche la Vérité, et qui est passé
par les expériences crucifiantes décrites aux chapitres 6 et 7, peut alors
entrer dans la liberté spirituelle du chapitre 8. Car le "moi" est
alors détrôné, et Christ règne pour toujours sur le trône de notre coeur !
A la lumière de ce
que je viens de dire, il n'est pas difficile de comprendre comment l'attitude
des Chrétiens face à leur "moi" est un excellent test de la validité
d'une expérience quelconque. La plupart des grands maîtres d'une vie
spirituelle profonde, comme Fénelon, Molinos, Jean de la Croix, Madame Guyon,
et bien d'autres encore, nous ont mis en garde contre des expériences pseudo
spirituelles, qui flattent, réjouissent et nourrissent la chair, en remplissant
le cœur d'un amour pour soi qui ne vient pas de Dieu.
Voici une bonne règle : si cette expérience a eu pour effet
de m'humilier, de me rendre petit et vil à mes propres yeux, elle vient bien de
Dieu. Mais si elle a satisfait mon "moi", elle est mensongère. Je ne
dois en tenir aucun compte, car elle provient du "moi" non régénéré
ou du diable. Ce qui vient de Dieu ne flattera jamais ni mon orgueil ni mon
"moi" charnel. Si je suis tenté d'être complaisant et de me sentir
supérieur, parce que j'ai reçu une révélation remarquable, ou que je suis passé
par une expérience spirituelle "supérieure", je dois me mettre
aussitôt à genoux et m'en repentir profondément. Car je suis tombé dans le
piège de l'ennemi.
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation
avec les autres Chrétiens ?
C'est là un domaine
important pour me permettre de tester toute nouvelle expérience.
Parfois, un Chrétien
sérieux, quand il est passé par une expérience spirituelle remarquable, se
coupe de la communion fraternelle, et développe un esprit de critique. Il peut
être honnêtement convaincu que son expérience est supérieure, et qu'il a
atteint un palier de grâce plus élevé. Il peut aussi penser que le "commun
des mortels" de l'église qu'il fréquente ne constitue qu'une multitude
profane, et qu'il est le seul à être un "vrai fils d'Israël". Il peut
lutter pour se montrer patient envers ces "mondains religieux". Mais
son doux langage et son sourire condescendant révèlent ce qu'il pense
réellement d'eux, et de lui-même. Un tel état d'esprit est dangereux, et
d'autant plus dangereux qu'il peut être confirmé par les faits. Ce frère a pu
avoir effectivement une expérience remarquable. Il a pu recevoir une révélation
remarquable des Ecritures, il a pu pénétrer dans un territoire spirituel
exaltant, qu'il ne connaissait pas auparavant. Le problème ne réside donc pas
dans le fait qu'il aurait été induit en erreur. Mais c'est sa réaction qui est
charnelle. Sa nouvelle spiritualité l'a rendu moins charitable !
Lady Julian, dans son
langage suranné, nous explique de quelle manière la vraie grâce chrétienne peut
influencer nos relations avec les autres : "Notre contemplation et notre
amour pour notre Créateur nous permettent de nous considérer comme plus petits
à nos propres yeux, et d'être remplis d'une crainte respectueuse de Dieu, d'une
véritable douceur, et de beaucoup d'amour pour nos frères Chrétiens".
Toute expérience spirituelle qui n'aboutit pas à approfondir notre amour pour
nos frères Chrétiens peut certainement être considérée comme mensongère.
L'apôtre Jean dit que
l'amour pour nos frères Chrétiens est vraiment le signe d'une foi authentique.
"Petits enfants, n'aimons pas en paroles et avec la langue, mais en
actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité,
et nous rassurerons nos cœurs devant lui" (1 Jean 3 :18-19). Il
ajoute : "Bien-aimés, aimons nous les uns les autres ; car
l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui
qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour" (1 Jean
4 :7-8).
Quand nous
grandissons dans la grâce de Dieu, notre amour pour le peuple de Dieu grandit
aussi. "Quiconque aime celui qui l'a engendré aime aussi celui qui est né
de lui" (1 Jean 5 :1). Cela signifie simplement que si nous aimons
Dieu, nous aimons aussi Ses enfants. Toute expérience chrétienne véritable ne
peut qu'approfondir notre amour pour nos frères Chrétiens.
Nous pouvons donc conclure que tout ce qui tend à nous séparer
de nos frères Chrétiens, dans notre cœur ou effectivement, ne vient pas de
Dieu, mais vient de la chair ou du diable. En revanche, tout ce qui aboutit Ã
nous faire aimer davantage les enfants de Dieu vient sans doute du Seigneur.
"A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de
l'amour les uns pour les autres" (Jean 13 :35).
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne ma relation
avec le monde ?
Quand je parle du
"monde", je ne veux pas parler de l'ordre magnifique de la nature que
Dieu a créée pour que nous en jouissions. Je ne veux pas non plus parler du
monde des hommes perdus, dans le sens ou notre Seigneur a dit : "Car
Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque
croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle. Dieu, en effet,
n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu'il juge le monde, mais pour que
le monde soit sauvé par lui" (Jean 3 :16-17). Il est clair que lorsque
nous sommes véritablement touchés par le Seigneur, nous apprécierons encore
plus la beauté de la nature, et nous recevrons un amour plus profond pour tous
ceux qui sont perdus. Mais je veux parler d'autre chose que tout cela.
Je laisse un apôtre
le dire à ma place : "Car tout ce qui est dans le monde, la
convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie, ne
vient point du Père, mais vient du monde. Et le monde passe, et sa convoitise
aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement"
(1 Jean 2 :16-17).
C'est ce monde dont
nous devons éprouver les esprits. Il s'agit du monde des joies charnelles, des
réjouissances profanes, de la poursuite des richesses matérielles, de la gloire
des hommes, et du plaisir du péché. Ce sont des choses qui sont bien loin de
Christ, mais que recherchent les impies, et qui sont inspirées par le prince de
la puissance de l'air, par l'esprit qui agit maintenant dans les fils de la
rébellion (Ephésiens 2 :2). Il s'agit aussi d'une religion qui garde
l'apparence de la piété, mais sans puissance, qui semble vivre mais qui est
morte. Bref, il s'agit de notre société humaine non régénérée, qui est en route
vers l'Enfer. C'est tout le contraire de la véritable Eglise de Dieu, qui est
composée de tous ceux qui sont passés par une nouvelle naissance, et qui sont
en route joyeusement et calmement vers le Ciel.
Toute œuvre authentique de Dieu dans notre cœur tend à nous
détacher de tout amour pour le monde. "N'aimez point le monde, ni les
choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père
n'est point en lui" (1 Jean 2 :15). "Ne vous mettez pas avec les
infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et
l'iniquité ? Ou qu'y a-t-il de commun entre la lumière et les
ténèbres ?" (2 Cor. 6 :14). On peut donc dire sans équivoque que
tout esprit qui autorise le compromis avec le monde est un esprit mensonger.
Tout mouvement religieux qui imite le monde, dans l'une quelconque de ses
manifestations, est un esprit qui est ennemi de la croix de Christ, et qui
travaille avec le diable, même si l'on y pousse les gens à "accepter
Christ", ou à "laisser Dieu conduire leurs affaires" !
Quelles sont les conséquences en ce qui concerne mon attitude
envers le péché ?
Une expérience
authentiquement chrétienne aura une influence claire sur notre attitude envers
le péché.
Quand la grâce de
Dieu agit dans le cœur d'un être humain, elle le détournera toujours du péché,
pour l'attirer vers la sainteté. "Car la grâce de Dieu, source de salut
pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer Ã
l'impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon
la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et
la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur
Jésus-Christ" (Tite 2 :11-13).
Je ne vois pas
comment cela pourrait être plus clair ! C'est la même grâce qui sauve et
qui enseigne. Son enseignement peut être à la fois négatif et positif. Elle
nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines. Mais elle
nous enseigne aussi à vivre selon la sagesse, la justice et la piété dans le
monde qui nous entoure.
Ceux qui ont cœur
honnête n'auront aucun problème à reconnaître cela. Ils doivent simplement s'examiner
à la lumière de Dieu, pour voir s'ils se soucient davantage du péché dans leur
vie, depuis que la grâce est censée avoir œuvré en eux. Tout ce qui affaiblit
notre haine pour le péché peut immédiatement être identifié comme mensonger.
Cela ne peut que porter tort aux Ecritures, à notre Sauveur, et à notre propre
âme ! En revanche, tout ce qui nous rend la sainteté plus attirante, et le
péché plus intolérable, peut être considéré comme venant de Dieu. "Car tu
n'es point un Dieu qui prenne plaisir au mal ; le méchant n'a pas sa
demeure auprès de toi. Les insensés ne subsistent pas devant tes yeux ; tu
hais tous ceux qui commettent l'iniquité" (Psaume 5 :4-5).
Jésus nous a
avertis : "Car il s'élèvera de faux Christs et de faux
prophètes ; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de
séduire, s'il était possible, même les élus" (Matthieu 24 :24). Ces
paroles décrivent tellement bien notre monde actuel qu'elles ne peuvent pas
être accidentelles ! C'est dans l'espoir que les "élus" en
tireront bénéfice que j'ai mis au point ce simple test. Les résultats sont
entre les mains de Dieu !
Aiden Wilson Tozer
naquit en Pennsylvanie en 1897. Dès 1919, il devint pasteur d'une Eglise de
l'Alliance à Nutter Fort, en Virginie-Occidentale. Il fut aussi le pasteur de
plusieurs églises à Morgantown, en Virginie-Occidentale, à Toledo, dans l'Ohio,
et à Indianapolis, dans l'Indiana. En 1928, il devint pasteur de l'Eglise de
L'Alliance Southside à Chicago. Il y exerça son ministère jusqu'en novembre
1959, date à laquelle il devint pasteur de l'Eglise de l'Avenue Road, Ã
Toronto. Une soudaine crise cardiaque mit fin à son ministère en 1963.
Source :
http://www.latrompette.net